Voici qu’une série de la RAL,M prend fin avec ce numéro 85. Nous l’avions commencée avec le 81 sous l’égide de Timothy Leary et d’une critique des superstitions. Avec les deux numéros suivant, nous avons abordé les questions de la modernité (et donc de la tradition) et du pétainisme ambiant qui est bien plutôt une ambiance étatique tout au plus désagréable. Nous voulions conclure cette série par quelques remarques sur les nouvelles (déjà anciennes !) conditions de publication, non sans avoir au préalable dit notre mot sur l’hypertexte (avec cet autre penseur essentiel qu’est Ted Nelson — nº précédent).
L’ensemble, qu’il sérialise quelque chose ou pas, n’est au fond que de l’existence, celle de l’écrivain, ramenée par la force du texte à la question épineuse de l’édition. Le présent numéro, qui est à la fois une conclusion et une introduction (nous avons appris les lois sérielles chez Céline), est une récréation sentimentale et non pas la preuve d’une pensée. Nous disions : « La Tradition, voix polysémique, retient la connaissance et l’alimente infiniment. Évidemment, toujours à cause des nombrilistes, on nous a sucré le plagiat qui était, jusqu’à ce que l’avarice des gens de Lettres s’en mêle, le
meilleur moyen de retourner la tradition dans sa bouche. La Modernité, grosso modo, se passe de l’obligation de créer des objets, et se tourne, comme la langue, mais dans l’action, laquelle confine non pas à l’éthique, masque des nombrils, mais à l’esthétique qui, comme son nom l’indique, ne cache rien. Grosso modo... » Plutôt que nous livrer à un exercice de rhétorique, nous avons choisi Gor Ur pour donner dans le symbole et la parodie sans cesser de nous amuser des nombrils de l’autopromotion et des moralistes qui réussissent (mais comment !) à ménager la chèvre et le choux.
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