Les ponts nous regardent.
Les tours, elles,nous guettent, mais sont d’un autre temps.
Et le silence embaume.
Bougie odorante, réfractaire au froid regard de l’aube.
La nuit veille. Il n’en faut pas plus à la renarde étoilée.
La fée du givre habille les herbes.
Bientôt, un épais manteau de neige recouvrira les épicéas qui nous disent : Viens, viens !
Il sera bientôt temps de fouler les arpents de neige, de rire aux éclats dans la poudreuse.
La neige, cette foudre qui fige tout dans la blancheur,émonde le ciel, aplanit les hauteurs qui se penchent sur la vallée endormie.
Les rênes du rêve se traînent. Un traîneau passe en vitesse. Juste le temps d’attraper un sourire.
Elle était nue sous sa cape bleue.
Royauté de l’abîme. Retour au chaud. Feu dans l’âtre. Le feu crépite. Les sarments de vigne font merveille.
Se peut-il que l’ivresse de tous les matins du monde se trouve là, dans l’âtre affamée ?
Tu regardes le pont qui dort dans la gravure accrochée au-dessus de la cheminée. Et puis la tour de guet qui veille dans le lointain de l’autre tableau.
Le givre cogne aux vitres.
Il est temps de boire le vin chaud.
Toute la pièce embaume la cannelle. La soirée s’annonce belle. Musicale, elle lancera ses trilles et ses quintes dans la chaude atmosphère de la pièce.
Tu ne manquesde rien. Le temps fait le reste.
Le silence n’a plus lieu d’être.
Jean-Michel Guyot
3 décembre 2013