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Article publié le 7 janvier 2006. oOo Le refus de nous...
D’où est venu ce refus de céder ? D’où est venu ce refus d’être des ombres qui rasent les murs de notre ville ? D’où est venue cette envie d’occuper la rue de crier notre refus d’être refusées d’être ? Peut-être de Fathma N’Soumer, cette guerrière qui a tenu tête avec des armes à l’invasion française ? Peut-être de Hassiba Benboulaid, cette porteuse de bombe qui est morte dans sa cachette, entre deux murs de la casbah pendant la guerre de libération ? Peut-être de toutes ces guerrières, De toutes ces femmes connues ou anonymes Qui se sont battues pour leur dignité ? Ce refus de céder est venu -peut-être- De toutes ces femmes silencieuses auprès de qui nous avons grandi. Nos tantes, nos grands-mères, nos cousines, nos voisines... Ces femmes seules, silencieuses, sans maris. Leurs maris morts ou devenus fous pendant la guerre. Elles portent sur leur corps le poids des refus Qu’elles ont essuyés, Des oui qu’elles ont du chuchoter juste pour ne pas être marginalisées. Femmes reléguées, Oubliées, Ombres furtives dans les villages et les villes, Fagots de bois sur leur corps écrasés. Jeunes, elles ont nié leurs désirs pour élever leurs enfants, Elles ont tu leur amour. Oui notre langue est née de leur silence, de leur cri étouffé. Elles ont subi les décisions de leurs pères, de leurs frères, de leurs cousins et oncles. Elles ont été contraintes de revêtir l’habit du deuil Pour occuper l’espace public sans devoir subir les accusations des autres. Elles se taisent et sous leurs haïks elles continuent à porter des fagots, Elles colportent leur magie dans les maisons de la ville. Elles connaissent bien les patios des maisons. Vendeuses d’or, de linges, de tapis, de couscous et de gâteaux. Elles tissent leur monde à partir des intérieurs de ces maisons qu’elles visitent. Elles côtoient l’enferment des femmes. Elles boivent un verre d’eau pour se désaltérer, en souvenir des sources claires de leur enfance. Elles proposent des dentelles, des lingeries, pour les trousseaux des futures mariées. Elles sont couturières, Fabricantes de tabac à chiquer ou d’épices à couscous. Le pilant travaille toute la nuit, Elles s’acharnent sur cet instrument qui réduit tout en poudre. Elles tapent de ce mouvement régulier sur cet instrument mythique qui était devenu la voix des femmes dans les nuits de couvre feux pendant la guerre. Parfois une odeur de musc ou d’encens embaume les maisons, Cette odeur sort des murs, Une façon pour elles de dire qu’elles sont là... Odeur d’encens, Bruit de pilant, Cris de claustration dans les nuits silencieuses, Youyous lancés comme la dernière slave du prisonnier... C’est à partir de ces gestes, de ces bruits, que nous avons construit notre refus !
Poème sans titre
Son rire timide Effleure mes émotions. Ses mots absents Parlent de moi.
Je m’enroule sur elle, L’aube de l’appel à la prière. Celle qui me sépare de mon amant Dieu ! Que le temps se taise.
Sur le moment j’ai cru l’aimer, Lui, l’éternel sens Qui me parle de l’au-delà Comme si demain j’y allais !
Fêlure éternelle dans mon corps Rupture silencieuse Elle signifie l’union du temps Ce temps qui n’appartient ni à lui ni à moi.
Je tais mes mots qui se bousculent Je fragmente mon rire pour rire... Il enfourche un chameau imaginaire Boit du lait et ignore les dattes.
Ses mains incertaines, Mes regards audacieux, Ses prières tourmentées Mes libertés consumées
Encore une fois L’éternité se livre à l’éphémère Demain, peut être... Qu’est ce demain ?
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