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Poésies de Pascal Leray
Tonne de nuit, énième série.

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 Article publié le 21 octobre 2013.

oOo

Incantation de ces tonnes de nuit que véhiculent peu de brouettes, que véhiculent peu de mes brouettes mentales faites de fragilité, d’ossements

Ainsi charrie la nuit avec ses morts bien-mal aimés de l’oubli en tout cas qui est une posture que peu observent dignement, crois-moi

Mais la tonne est là pour rectifier le tir et imprègne la nuit comme une pluie de plomb, la caresser d’un corps-tromblon, de bon conseil.

Perfusion d’une toute petite cuillère de nuit (égale : une tonne) à même la gorge sodomite (on comprendra après). La mauvaise conseillère.

C’est sous les pores de ta peau que s’échangent par parcelles scandaleuses la respiration et la transpiration. On les transportera en vain.

Et c’est logique, non ?

Tonne de nuit. Tonne de registres de nuit. Conclave. Certitude que là : bien des choses ont été " enfermées ". D’autres se sont refermées.

Pas la mémoire. Pas les mêmes certitudes vis-à-vis de la mémoire. L’enfermement ne peut pas concerner la mémoire. Ne peut pas discerner.

Mais présenter une facture. Une tonne de nuit peut valoir dix mille sacs de ces ossements secs, pulvérins, qui reprennent vie sous terre.

Sous tes doigts. À supposer que tu aies des doigts sous tes draps. À supposer que l’univers y existe, sous ces draps. Ton être psychique est un tronc.

Les brouettes percées sont les pires divisions de la nuit. Une répartition mal fichue, maladroitement exhumée. Porteurs en grève.

Purges.

L’espace politique de cette nuit est une démocratie de guerre. Chacun vote avec sa violence intestine. Et la victoire revient : une tonne de nuit dédiée à la soif. Les précipices se succèdent, les mauvais conseillers. Les champs de têtes de mort empoisonnées. Mon vote est un bubon.

Vertige malingre que ne résolvent pas les draps, incapables d’allocution à mon corps. Le tronc humain est un psychisme pour la forme.

Et le matin revient. Il faut un halo grêle pour ta peau de blastula post-noctivore. Regagne la tranchée. Ouvre une boîte de conserve.

Décide de ce qui tourmente fructueusement la nuit. C’est un oratorio. C’est un spectacle pour les fleurs à tête de mort - si elles rayonnent et seulement si elles rayonnent, seulement si elles pèsent. Si elles pèsent une tonne, parfois. Une tonne de nuit, entre autres.

Maman ?

 

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