Je t’ai cherchée partout,
à l’école sur le tableau couvert de poussière,
dans mes cahiers d’écolier naïf,
dans les livres et les encyclopédies.
Je t’ai cherchée dehors,dans les rues,
sous les ponts où dorment les mendiants,
dans les hôpitaux couleur de craie,
dans les tombes lézardées par le temps,
dans les musées où trône l’histoire.
J’ai parcouru les mers et les continents,
traversé les déserts brûlés par le soleil,
erré dans les jungles avec les fauves et les sauvages,
prié avec les bonzes et les imams,
participé à toutes les djihads au nom d’Allah
et à toutes les insurrections du tires-monde.
J’ai été sur le net,
dans les marches antimondialisation,
dans les forums du G-7,
dans les conférences onusiennes pour la paix
teintées d’indifférence et d’hypocrisie
mais je ne t’ai pas trouvée.
J’ai alors lu Marx, Lénine et Mao.
Je me suis jeté dans mille luttes
pour la justice,pour la liberté,
j’ai pris part à des révolutions rouges,blanches,noires,
sans lendemains.
Je t’ai cherchée dans les canons des tanks d’acier,
dans le train sifflant de rage dans le métro,
dans le tabac et l’alcool-poison,
dans les discours des dictateurs
et les yeux froids du bourreau ;
mais sans jamais te trouver.
Qui es-tu donc démocratie ?
Mais qui es-tu ?
Es-tu cette farouche blonde aux seins nus
que nous présentent les peintres et les poètes,
guidant les foules en fureur vers la liberté ?
Es-tu cette mère de justice et d’égalité
que célèbrent les livres des pays du Nord ?
Ou cette déesse sans couleur
qui brille pour tous, même pour les peuples du tiers-monde ?
Réponds-moi,démocratie ;
le père de mon père ne t’a jamais connue,
je n’ai jamais vu tes yeux
mais je t’ai souvent rêvé :
souveraine idéale combattant les abus
et gouvernant sans passion.
Qui es-tu véritablement, démocratie ?
Et le petit écolier noir, dans son cerveau d’enfant,
se demande si la démocratie préfère les riches
pour être toujours restée chez les Anglo-saxons.