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Article publié le 17 juillet 2012. oOo La paradoxale intersection. Ce qui, de tout temps, arrache au temps sa mesure sans mesure, distord l’abîme autant que les brumes éparses pour en faire un chant qui se tienne et soutienne le monde. La conviction à l’œuvre que sans ce chant tout basculerait dans le chaos. De toi à moi, indéfiniment. Des opinions, on discourt sans relâche. La ferme doxa, la philosophie aux prises avec le réel transcendant, l’absolu des religions révélées, le petit bout de chemin fait le long de ces voies larges ou étroites, leur abandon progressif pour une seule mesure : la philosophie qui recommence, se remet à l’ouvrage comme au premier jour, Pénélope pénétrée du retour d’Ulysse, la ruse de Pénélope qui défait la trame pour refaire le lien perdu qui attend le triomphe de son retour. Drame autant que trame, c’est le corps à l’ouvrage dans l’œuvre de l’esprit. Pleine féminité de la finitude et réjection de la clôture. L’accueil en son sein de l’écart : écartement à naître. Véritable passeuse d’être, la mère. Et ce n’est pas le silence, disait Char. D’une mort à l’autre, en ce passage, vivre l’écart qui ne s’écarte pas, mais laisse passer dans ce corps à corps la roue du temps qui, d’un homme, fait un hommage vibrant au contact des pleins et des déliés d’une femmes tendrement aimée, vouée à l’azur éblouissant qu’elle refoule en son sein pour accueillir dignement cette part d’énigme qu’elle appelle son enfant. L’enfant à naître, dans cette foison, comme on aimerait qu’il ne connaisse que le bonheur.
Jean-Michel Guyot |
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