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 Article publié le 26 juin 2005.

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D’aucunes pensent que ce terme est une insulte. Certes, la première des définitions susceptible de venir à l’esprit n’est pas éloignée du Petit Robert : terme d’injure pour désigner une femme qu’on méprise. Soit.

Le sujet est loin d’être clos cependant. Cet adjectif-substantif, dans la bouche masculine, peut signifier l’admiration profonde, pour ne pas dire la dévotion, de même qu’il peut prendre de multiples significations avant d’arriver à ce total dédain du sexe dit faible.

Loin de moi l’idée d’être exhaustif ; je souhaite simplement éclairer d’un jour nouveau ce petit mot de deux syllabes et demie afin que celles qui l’entendront à leur endroit aient une ouverture d’esprit suffisamment grande pour ne plus s’offusquer systématiquement de cette appellation protéiforme.

Il faut toujours se référer au contexte, lequel donne très vite la connotation du substantif.

Murmuré en pleine nuit, quand, tous vos sens frémissants, vous laissez votre douce main caresser le vit endormi jusqu’à le rendre apte à se faire enfourcher  ; que d’une bouche chaude vous réchauffez le membre assoupi et laissez sentir à l’autre, émergeant d’un demi-sommeil, que la femme amoureuse et gourmande qui est en vous vient frotter ses hanches contre un ventre que vous rendez à la folie incontrôlable de l’amour physique alors, à ce moment-là, Madame, c’est un des plus beaux compliments, sinon le plus beau qui vous puisse être fait. Soyez donc heureuse : c’est un bel hommage que votre compagnon vous rend... Si la fidélité s’allie à cette virtuosité de catin, le mot est incommensurablement plus beau, sans cesse repris, par pur émerveillement masculin. Jouissez alors avec délice du petit possessif affectueux qui précède souvent le terme en question et qu’accompagnent parfois les adjectifs grande, petite, belle... vous rendant merveilleusement unique.

Je vous informe que vous serez quasiment déifiée à votre insu lorsque, le jour venu, votre mari (restons pour ce court instant dans la plus commune des situations familiales), vous observant en mère exemplaire, à la fois tendre, espiègle, affectueuse, stricte juste ce qu’il faut pour parler aux enfants que vous aurez eu le bon goût de concevoir et d’élever à deux, repensera à ce que vous lui aurez fait vivre dans la nuit et reprendra mentalement l’expression en question tout en vous souriant benoîtement. Mais ceci reste entre nous.

Dans le même registre sexuel, vous pourrez être un peu vexée -encore en est-il qui apprécient- si ce mot n’est le fruit que d’une nuit extraordinaire qui ne reviendra plus, soit que vous ayez été la femme d’un soir, la maîtresse d’une nuit, soit qu’au titre de légitime, vous eussiez vu un film classé X et vous fussiez laissé aller à vous encanailler, pour voir. L’homme, guidé par la surprise, étonné d’un délire nymphomane pour le moins inhabituel, n’aura que le refuge de ce mot pour exprimer son joyeux étonnement face à un tel appétit.

Il peut légitimement provoquer une certaine jalousie de votre part si votre compagnon, mari, partenaire ou autre, le dit en s’émerveillant des prouesses d’une actrice vue à la télé... C’est par envie, par manque de piment érotique dans votre propre vie que cela aura été prononcé. Considérez-le en quelque sorte comme un petit reproche interposé et ce malgré les dénégations qui pourraient suivre votre réaction offusquée en de telles circonstances.

Prenez-le comme amical, empreint d’une ironie généreuse quand, au détour d’une discussion sérieuse, d’un jeu demandant une certaine concentration (Trivial Pursuit, échecs, scrabble...), vous triomphez de la bêtise masculine. L’homme perd moins la face en étant vulgaire. Il vous en veut gentiment de vous découvrir ses faiblesses. Si, au jugé de la prononciation, vous sentez une vraie rancœur, une réelle animosité, c’est que, Madame, vous êtes en compagnie d’un con. Cela arrive parfois. D’ailleurs ce terme aussi mériterait que l’on s’y attarde et, avec tout le respect que je dois au poète, je vous renvoie à Brassens dont la chanson Le temps ne fait rien à l’affaire vaut, en ce domaine, toutes les introductions et préambules universitaires[1].

J’en viens à celles d’entre vous qui se reconnaîtront ; les plus sournoises, les plus calculatrices, les plus fausses, celles qui se jouent de leur congénères des deux sexes, triomphantes devant une larme, exultant d’avoir déchiré un cœur, pire : indifférentes à leurs méfaits ; ces Valmont au féminin qui séduisent, par tous les moyens même les plus condamnables (mensonges, flatteries, correspondance aux mots bien choisis, laissant de fausses espérances parfumées -au propre comme au figuré- envoyant des photos contenant des mots doux). J’en viens à ces pseudo femmes libérées, égoïstes qui ne voient dans leur vie que leur propre avenir -mais savez-vous seulement ce que c’est qu’un avenir, nous en reparlerons dans une trentaine d’années, lorsque, décaties, salpêtrées, aucun fils ne vous prendra dans ses bras, vous faisant comprendre par ce simple geste ce qu’aurait été une vie digne de ce nom ; lorsque vous vous retrouverez seules, désespérément, pour n’avoir pas su voir plus loin que le bout de votre clitoris trentenaire et prétentieux - mesquines, petites, ambitieuses, prêtes à tout, à faire mal surtout ; j’entends moralement car c’est bien là que vous causez le plus de cicatrices, de ces irréversibles, qui sur la peau ne laissent rien mais ajoutent une ride au plus profond de l’âme. Tourbillons virevoltants, au rire de cristal mais qui ne laissez après vous que la coupure d’un éclat d’où jaillit notre sang.

Méprisables ordures, c’est vous que je dénonce ; vous, à la recherche de votre plaisir ou plutôt d’une lubrification vétérinaire de vos trompes de Fallope et de tout l’appareil génital qui vous tient chaud parfois plus que de raison. C’est vous que j’exècre et qui me dégoûtez, laissant confondre au pauvre bougre la simple animalité du coït avec l’acte sexuel auquel j’associe chez les humains (et quand ce n’est pas un métier respectable où personne ne se sent trompé) une petite once, au moins, de sentiment. Lâches femelles, qui préparez vos coups la tête froide avant de disparaître en catimini, méritez bien d’être ravalées au rang d’immonde salissure, renvoyées dans le lisier de la plus ignoble porcherie que même Hercule ne saurait nettoyer. Comprenez bien que c’est le reflet de votre esprit putréfié, tordu, instable et malsain de charogne, de harpie, qui accompagne alors l’injure que vous ne manquerez pas de recevoir en plein visage, tel le crachat maladif et huîtreux d’un tuberculeux à l’agonie : SALOPE.

Peu me chaut d’être taxé de misogynie. Que l’on dise de moi que je ne suis qu’un aigri, un pauvre malheureux tristement éloigné des bonheurs simples de l’existence m’est complètement égal. Mes propos, si violents soient-ils, ont valeur sociale, se veulent didactiques. J’ai souhaité essentiellement informer la gent féminine de quelques possibles variations sémantiques d’un mot trop souvent décrié, réduit à un sens unique. J’ai tenté de montrer que les hommes aiment les femmes ou les haïssent alors même qu’ils les traitent d’une façon identique dans leur vocabulaire. Je demande donc l’indulgence du tribunal féminin qui pointe déjà vers moi un doigt accusateur : mon dessein était noble, j’ai voulu instruire.

Que l’on me permette de conclure sur une note d’espoir : celle de la femme en devenir, la petite adolescente qui aux beaux jours se découvre Lolita et feint de ne pas vouloir que l’on regarde ce qu’elle laisse voir. Cet amusement de fillette qui se fait les griffes comme une jeune chatte est adorable. On y sent déjà les prémices d’une salope qui, dans l’instant, conserve le charme d’une petite allumeuse, d’une... salopette. L’avenir dira en quelle espèce elle s’est transformée. Un vœu : que son choix s’effectue avec intelligence et discernement...

 

[1]Pour les puristes, je signale aussi le texte intitulé Le Blason ; paroles et musique de Brassens, bien sûr ; admirable si l’on néglige l’aide précieuse, mais dénuée de poésie, de la science étymologique...

 

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