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3 - La mort d’Ulysse
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Article publié le 24 juin 2005. oOo De nouveau la nuit, la chambre, le lit où ils sont couchés. La fenêtre est fermée. UNA - Monos, mon ami, vous ne dormez pas. MONOS - Je n’ai plus sommeil. Tout à l’heure, après cet abus, peut-être, de viande cuite sur la braise... UNA - ...et peut-être un peu après ce vin qui vous a fait chanter avec les autres. MONOS - Comment ne pas chanter quand tout vous y invite ? La viande saignait sous le couteau et je vous regardais chipoter des feuilles de salade. UNA - Vous vous moquiez de moi dans l’oreille de votre voisine. Le vin vous avait communiqué la rougeur de ses joues. Le bleu de ses yeux voyageait dans votre regard et le cuivre de ses épaules effleurait vos lèvres pour en dénaturer le discours. MONOS - Je ne sais pas ce qui m’a pris d’absorber ainsi tout ce qui s’offrait à ma curiosité. Je reconnais vous avoir un peu abandonnée. L’étranger revenait en habit de serveur. Il vous proposait ses liquides et renonçait à visiter les miens. Vous n’avez pas accepté de danser avec lui. UNA - Mais je n’ai pas refusé sa conversation. Il s’est assis pour me regarder. MONOS - Et je me suis levé pour ne plus vous voir ! UNA - Le vin commençait à trouver la douleur où vous savez la dissimuler. Vous chanceliez parmi ces marionnettes agitées de rythmes faciles. MONOS - C’est alors que le sommeil m’a ralenti à la limite du ridicule et je vous ai demandé de rentrer avec moi. UNA - Vous l’avez demandé par-dessus les têtes, les mains en porte-voix ! Il s’est levé et vous a salué. Nous ne le reverrons peut-être jamais plus. MONOS - Raven ! Vous m’en voulez d’être le témoin de vos recherches. UNA - Je suis la spectatrice des vôtres. MONOS - Mais vous ne témoignez pas ! En rentrant, j’ai cru être capable de tout écrire sans un seul instant de cette obscurité qui se cherche un style. UNA - Mais vous n’avez rien écrit. MONOS - Le sommeil... UNA - La nuit. Seulement la nuit. On s’agite dans la lumière artificielle, exactement comme ces insectes dont on se sent tellement différent. Les visages sont masqués, les jambes rapides, les regards fuyants. MONOS - Il vaut mieux être seul quand la nuit s’installe. Un bon lit... UNA - ...une fenêtre sur la ville en cas d’insomnie. MONOS - Scène courte, Mauvais, mauvais signe !
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