L’automne…
Sous ma fenêtre, l’automne comme un adieu
Pleure dans la complainte du vent qui dévêt les arbres,
L’automne derrière ma vitre est un regret
Aux couleurs d’un départ qui voile l’horizon.
Pénétrante est cette heure où le jour s’étiole
Comme une fleur en peine,
Et douce jusqu’à la mélancolie,
La dernière clarté du soleil engourdi.
Songeur, je regarde l’envolée de mes rêves
Avec une chute de feuilles mortes
Et le voyage triangulaire des oiseaux qui tracent dans le ciel
L’itinéraire d’un périple vers l’infini.
Dans ma mémoire, l’angle acéré de l’exil
Et tes yeux qui n’en finissent pas d’évoquer la douleur…
Dans ma mémoire, une terre et sa part de tristesse…
Une pluie fine comme des larmes de chagrin
Mouille l’allée déserte où tes pas ont dessiné l’errance,
Et sur la vitre de ma chambre,
Le cristal d’un goutte glisse, glisse, glisse
Jusqu’à l’abandon de sa forme :
Le temps pleure sur tes joues.
Tes yeux
Mes yeux, en quête de ton ombre, se noient
Dans la grisaille de l’absence.
Le silence m’envoûte,
La solitude m’étreint,
Ton souvenir me hante et me dévore…
Dans ma mémoire, la mélodie monotone de la mer
M’appelle à la démence.
Non, je ne veux que toi
Au regard de frissonnante lumière
Qui distille les nuages au seuil du crépuscule.
Chaque feuille qui tombe est un poème
Aux couleurs multiples de l’adieu,
Une blessure, un regret.
Seul,
Je découvre l’automne dans l’attente de tes yeux
Qui ne parlent que par moi,
Tes yeux, écho de ta tendresse
Dans la sérénité d’un soir de mélancolie.
Viendras-tu ?
Viendras-tu par ce temps de grisaille et d’ennui,
Viendras-tu ?
Je hume ta présence dans l’air frais de novembre :
Il souffle un vent nomade, ta senteur de lilas
S’infiltre dans la terre
Et dans l’haleine des érables nus,
Je hume ta douceur …
Viendras-tu ?
Viendras-tu dans la langueur du fleuve indolent
Qui coule dans nos regrets ?
J’interroge le soir et le regard d’une étoile
Solitaire
Dont la lumière transperce les nuages.
Mais ton absence est une rose éternelle dans mon attente :
Tu ne viendras jamais.
J’ai besoin de ta vie
Amoureux de ton ombre,
Je cherche dans l’espace rien qu’un fragment
De ta mémoire, ma terre de poésie,
Je ne vis que de toi.
Viendras-tu, ma compagne de nuit
Féconder mes rêves avec le pollen de tes baisers ?
Viendras-tu ressusciter les enfants
Qui jouent encore à la marelle
Dans leur sommeil sous les décombres ?
Viendras-tu essuyer les larmes de leurs mamans ?
Viendras-tu dans la nudité de la lune translucide
Qui voyage dans leurs yeux, feu de brousse dans l’heure creuse
De l’attente ? Viendras-tu ?
Je t’attendrai jusqu’au lever du jour,
Quand le cri de l’oiseau se fait laudes,
Quand le silence de la fleur se fait tendresse :
J’ai besoin de ta vie pour inventer la vie.