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L’introduction des technologies numériques dans la poésie modifie considérablement
certaines données, en traitant réciproquement le son, le texte et l’image. L’intérêt qu’a porté la
poésie concrète du groupe Noigandres pour les nouvelles technologies n’est pas anodin, car
leurs productions repoussent déjà les frontières admises. En fait, certains principes de la
poésie concrète brésilienne annoncés dans le « Plano-piloto para Poesia Concreta » [« Plan
Pilote pour une Poésie Concrète »] de 1958 vont assurer et permettre le passage d’une poésie
concrète à une poésie technologique.1 Nous en rappelons quelques points. La réduction des
éléments poétiques amène un rejet de la syntaxe linéaire traditionnelle pour privilégier la
parataxe. L’ordre d’apparition des mots est variable et soumis à la configuration spatiale du
poème qui remplit le rôle précédemment attribué à la syntaxe. De plus, il est question d’une
poésie verbi-voco-visuelle, afin de souligner les dimensions textuelle, sonore et visuelle du
poème qui interagissent entre elles. L’image n’est pas rejetée et certains poèmes n’usent pas
de mots. La critique de la linéarité de la syntaxe, l’insatisfaction d’une poésie statique liée à la
page et l’intérêt pour la dimension visuelle et auditive de la poésie assurent une affinité entre
la poésie concrète et les nouvelles technologies.[...]