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Article publié le 1er octobre 2010. oOo « Dès que l’on me nomme Je n’existe plus » De qui parle-t-on ? Le silence Dès qu’il est nommé, il n’existe plus Silence, alors chut, écoutons-le, écoutons-nous ! … (Silence)
Dans un monde verbeux Monde où le verbe à moitié vide nous encombre le verbe à moitié plein Monde où le verbe médiatique nous assomme Monde où le verbe cathodique nous accable Monde où le silence devient exception Plus d’espace entre les mots Plus d’espace entre les images Plus d’espace dans les rues Charabia des mots Charabia des messages Bruit de mots Torrent de mots Plus d’espace entre ces mots Charabia, charabia, charabia Monticule de mots qui se masturbent Monticule des verbes qui s’enculent Plus d’espace Et plus d’espèce Charabia, charabia sans espace Plus de respiration silencieuse
Et pourtant Pourtant Monde où verbes et silence Monde où paroles et silence Monde où mots et silence sont inséparables indispensables indissociables Sont
Crier plus fort que les mots pour entendre le silence qui nous échappe
Crier encore plus fort pour entendre le silence qui s’en échappe
Crier au-delà des mots
Creuser au-delà du mot
Paroles, paroles encore des paroles toujours des paroles Pour mieux en extraire son silence Chut ! Et rechute ! … (Silence)
Servir le mot comme un bon repas pour n’en croquer que sa respiration
Imaginons un instant Imaginons Se taire Me taire Silence … (Silence) …. Ecouter sans entendre les mots … (Silence) … Ecouter sans dire un mot … (Silence) … Ecouter ce silence d’Être … (Silence) … Ecouter ce silence lumineux qui nous traverse Egrégore, écoutez, écoutons … (Silence, cette fois plus long) … …
Puis poursuivons modestement la parole en écoutant le silence qui le soutient Puisque le silence est dans le bruit Puisque je parle Je vous parle Je vous parle et je fais du bruit avec mes mots Avec ces mots, avec lesquels j’essaie humblement d’éveiller le silence De lui redonner place De lui retrouver place même dans le bruit des mots prononcés Mais prononcés dans cet espace sacré intérieur qui porte Les pieds bien encrés sur cette terre, elle aussi sacrée Mots qui, alors, ne font plus le même bruit Qui ne sont plus du même bruit Vaniteux ? Non En passant la porte du Temple de la vie En foulant la poussière de cette terre bruyante Seuls, nous faisons vœux de silence dans la parole et par la parole La lumière éclaire de ce silence sacralisé dans l’instant sacrément sacré Silence d’amour, Silence d’énergie Offrons-nous alors la prétention, l’ambition Offrons-nous la mission de porter ce silence d’amour, d’énergie Hors de cet instant sacré Concomitamment Et imperturbablement
Ce n’est pas seulement un lieu, un instant qu’on habite mais son cœur
Et ce silence c’est le temps de l’assimilation … (Silence)
C’est le plus haut niveau de réflexion que l’homme peut atteindre … C’est l’amour de l’Amour que nous tentons de rejoindre La partie divine de notre Être … C’est dans ce sacré que nous puisons la justesse du comportement Tempérance … Il nous est alors permis et réjouissons-nous, d’imaginer que le silence peut être dans le bruit cathodique, médiatique… et autres « tics », « tacs » et « toques » de nos sociétés postmodernes Il Est, Le Silence Silence porté et vécu hors de tout espace sacralisé Même si le bruit assourdissant qui entoure semble paraître comme un obstacle au silence Que nenni, le silence est dans le bruit Et le bruit créé le silence Sans silence pas de bruit
Tous ses mots accolés les uns autres construisent le langage Et le langage, lui aussi, et à lui seul, ne remplit pas nécessairement l’intention d’une pensée ou de la pensée Il lui faut plus Il lui faut le silence Ce silence, ce temps d’assimilation « Discuter au milieu des ivres est injuste
Se tenir au silence Tout au moins en paroles Le silence Rite initiatique Cheminement initiatique Passage pour chacun de l’intuition directe à la « connaissance silencieuse » C’est un instant de création non manifesté qui précède la pensée Énergie qui tient le monde Énergie qui lie le monde Énergie qui fait le monde Qui fait la terre C’est un silence dynamique C’est un silence énergique C’est un silence énergétique C’est un silence spirituel
Symboliquement l’origine de la création c’est l’Orient On va donc de l’Occident à l’Orient On pourrait dire du bruit au raffiné Du bruit au Silence Du bruit à la Lumière, évidemment
Lumière Cette lumière qui est le principe créateur de la matière Nous sommes « matière » donc nous sommes « lumière » Le Divin est donc matière Mise en scène du cosmos
Rapport Occident / Orient Artaud dans « Le théâtre et son double » voyait « la dégénérescence (…) du théâtre occidental quelque chose de purement "profane", tandis que le théâtre oriental a toujours conservé sa valeur spirituelle. » Il expliquera plus tard avoir voulu « fuir la civilisation européenne, issue de sept à huit siècles de culture bourgeoise » afin de se rendre au Mexique, « le seul endroit (selon lui) de la terre qui nous propose une vie occulte, et la propose à la surface de la vie ».
Hum ! « A la surface de la vie » (Artaud)
« Suivre sa pente tout en la remontant » (Gide)
Chacun fait son temps Chacun est dans le temps Nous y sommes (intrinsèquement) confrontés Tous dans le temps et (naturellement) mortels Un autre silence que celui de la mort Définitif pour les uns Réincarné pour certains autres
Seul pied de nez à la mort : avoir une vie de mortel à soi Mortellement réussie Spiritualité appliquée au quotidien Rêverions-nous de dire, spiritualité ordinaire « Le bien ne fait pas de bruit »
Et dans le combat ordinaire du quotidien De la vie au jour le jour À chacun son silence À chacun ses silences
Sous le pavé des mots, le silence Et sous la plage des barricades et le sable mouvant des ténèbres ce quotidien qui charge du fardeau des non désirs
Car tous les silences ne brûlent pas du même bois Tous les silences ne créés pas la même lumière même si nous sommes en voie de silence
« Vouloir, savoir, oser et se taire » Encore du silence
« Tout voir… tout entendre… tout dire »
« Dominer l’Avoir et rester dans l’Être » Message primordial D’où vient ce message ? Du silence qui nous habite ? Du silence spirituel « Cette spiritualité est la reconnaissance profonde et vécue qui nous unis à l’ensemble de l’univers manifesté et non manifesté Univers où le Tout est égal à Un. Nous sommes les poussières d’un Tout. Et nous sommes responsables de ce Tout. Comme le Tout est responsable de nous. » (M.T.)
Comme une note de musique Comme les notes qui composent l’Anapeste, ce bruit du forgeron L’Anapeste : « Pieds composés de deux brèves et une longue » Pam/pam… pam Trois coups Pam/pam… pam Rythme irrégulier, trinitaire sur une base rythmique ternaire Deux premiers coups rapprochés Pam/pam Et un troisième plus éloigné et long Pam/pam… pam m m m m Battre la mesure en rythme A bout de bras Former un triangle Musicalement, un « trois temps » Symbole trinitaire Le choix divin du 3 de la filiation grecque de notre pensée 1 / 2 … 3 Dans cette battue musicale triangulaire se posent les « pam » Ce pourrait être ceux des coups d’un maillet, irréguliers Coups de maillet du constructeur de cathédrale intérieure Résonance poitrinaire « Poitrine » déployée pour accueillir le souffle nécessaire à la taille de la pierre Frapper L’Anapeste 1 / 2 … 3 (+ battue triangulaire avec le bras) 1 / 2 … 3 Pam/pam…pam (+ rythmer avec le pied en même temps que la battue)
Un premier « pam » (ou premier coup de maillet) pour représenter un temps d’initiation Un temps d’apprenti Court Très court, et très proche du second « pam » (ou deuxième coup de maillet) Lui représente le compagnon qui part faire son tour des mondes Frapper en plein « cœur » avec un peu plus de résonance Cette fois suivi d’un silence beaucoup plus long Car le chemin devient aussi plus long Pour pénétrer irréversiblement à « l’intérieur du cœur » Pam/pam… Se sont ces silences qui séparent ces « pam » qui donnent et offrent le temps de l’assimilation Puis vient le dernier « pam » (ou troisième coup de maillet) Beaucoup plus tard Pam/pam… pam m m m m Cette fois suivi d’un très long silence Plus long que tous les autres Mène à la « Quintessence » de l’Être Le silence s’allonge, il s’est allongé Et il ne cessera de s’allonger 1 / 2 … 3 (+ battue triangulaire avec le bras) Pam/pam… pam m m m m m (Rythmer en même temps que la battue) Puis… Chut !… (Silence)
Anapeste Pam/pam… pam m m m m m Ecoutez les silences qui séparent ces « pam » Car tout bruit est musique Toute musique est bruit du silence C’est pouvoir alors entendre le silence dans le bruit « Le silence qui suit Mozart, c’est encore du Mozart » « Cercle d’un poète « musical » disparu » Qui par ses silences musicaux Ces espaces musicaux créé des images Créé l’Œuvre
Ecrire, peindre, composer Dans le silence de la transe artistique « A la recherche su silence perdu » Dans cette quête, dans ce silence, c’est s’approcher s’abreuver au divin Transe du silence primordial
Laisser le silence de la musique intérieure s’extirper S’exprimer Cette « petite musique Célinienne » anime La sève monte « Manger du silence » « Manger du silence » face à la constance et l’inconsistance de l’Avoir On possède si on se possède soi-même Divin Divinement soi
Corps / anima / esprit L’anima moteur de l’esprit Ce qui anime l’esprit pour s’atteindre (« Anima » et non pas « âme » ou « état d’âme » comme souvent les ayatollahs ecclésiastiques et dogmatiques le considèrent) Les religions transforment et pervertissent l’homme en chose, en objet Dans un espace et dans un temps restreints Religion du pouvoir, Religion des pouvoirs Religions des manipulations Religions rétrogrades et dégradantes
Corps / anima / esprit, donc Ecrire avec son sang trinitaire Saigner avec ses mots Être dans ses mots Y Être cardiaquement silencieux
C’est le voyage
Nous sommes tous fourbus d’imagination Imagination scolaire Imagination codée Imagination acquise Dépasser cette imagination pour atteindre l’imagination divine L’imaginale Dimension spirituelle souvent de l’artiste ou de nous-mêmes, Dimension qui dépasse Qui transcende l’imagination formatée Dimension à surpasser Qui nous fait Etre
Imaginal La parole correspond à la Lettre Le mot en lui-même transcende Imaginal
Idéal divin, certes Mais tous les silences ne brûlent pas du même bois
Le silence de la non-communication que la vie quotidienne et pernicieuse installe Le pire ! Silence réducteur Silence dépersonnalisant Silence déshumanisant Silence d’angoisse, de souffrance Communication rompue Communication du silence aliénante Communication sans silence intérieur Silence de non communication Silences coupables Omerta face de la solitude fondamentale qui nous construit Mais silences coupables Ce silence du non-partage Ce silence de la non-communication de pensée Ce silence du non-amour
L’incapacité de pouvoir communiquer
Silence couvert par le bruit cathodique d’un poste de télévision invariablement allumé Bruit de fond Réflexe pavlovien atrophiant pour tuer le silence coupable qui encombre Souffrance de l’exister en cherchant à s’étourdir Quoi de plus facile S’étourdir au bavardage continuel Le fuir Oui Fuir ce silence bruyant Pour se protéger Pour s’en protéger Catharsis, Oui Catharsis spirituel, Pour purger cette souffrance Pour purger la souffrance, gangrène imperturbable, définitivement
Retrouver cette solitude fondamentale Ce silence primordial Cette sagesse primordiale S’occuper soi-même S’occuper de soi afin de s’occuper de l’autre Travail d’amour avec soi-même Et travail d’amour avec l’autre Apprendre à se toucher Apprendre à se re-toucher
Partager Travail d’amour Je vais vers toi Je vais vers moi « Le bien ne fait pas de bruit »
Alors silence … (Silence)
« La sagesse pour inventer La sagesse pour orner La sagesse pour exécuter »
Justice divine du cœur des hommes
Dans tout cela Le juste milieu de l’équilibre silencieux de la bienfaisance Le silence de la méditation … (Silence)
La bienfaisance L’amour d’entre les « Être » Majuscules Bruit du dialogue de l’amour suspendu au silence Au silence du partage rassasié Après les paroles prononcées dans l’amour, par amour Le silence des « Être » Majuscules Qui ne font qu’Un Et ne feront toujours plus qu’Un Bienfaisance Du couple d’amoureux Ou des amitiés partageuses La force d’amour s’exprime dans la tranquille discrétion du service quotidien De la relation quotidienne Souvent silencieuse Moments sacrés Tout ce qui est beau est difficile autant que rare
Dans le silence Chacun fait son temps Chacun prend son temps Dans le silence On sent la parole du silence se perpétuer C’est un instant de création non manifesté qui engendre la pensée Silence dynamique Silence cardiaque Chaîne d’union et de silence « On se quitte sans la rompre » … (Silence)
Pour finir, Dernier bruit Dernier silence d’entre les paroles prononcées il y a 800 ans, par Rumi, poète Persan et grand mystique Soufi :
« Pourquoi avez-vous tellement peur du silence ? Le silence est la racine de tout. Si vous entrez dans la danse de ce vide, des centaines de voix feront résonner les messages que vous attendez depuis longtemps. » Et Rumi d’ajouter : « Un grand silence m’envahit, et je me demande comment j’ai même pu penser à utiliser le langage. » … (Silence)
La Dauberie, le 1er/04/2009 |
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