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 Article publié le 31 octobre 2009.

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Sa musique ouvrait sur un monde où il n’avait pas le temps d’habiter…

Sa peinture ouvrait sur un monde où rien ne se passait que son regard sur des images qui passaient en elle…

Notre oreille, butant depuis maintenant près d’un siècle sur le mur du son tonal… La modernité musicale, au pied du mur tonal, invente en la personne d’Arnold Schönberg une échelle de douze sons organisée en séries. La musique sérielle, tant décriée, est née… Force est de constater qu’à près d’un siècle de distance, le geste, construit, mûrement réfléchi, fruit d’une longue et patiente élaboration, donnant lieu à des méandres ou des trajectoires esthétiques nombreuses, ce geste, dis-je, reste pour ainsi dire lettre morte pour la majorité de nos contemporains en ce vingt et unième siècle commençant. L’oreille reste fermée à l’atonalité, s’ouvre au bruit certes ou plus exactement à son faux-semblant électronique, mais sans jamais lâcher le primat de la mélodie mélodieuse…

Expérience paradoxale que nourrit la fuite du temps  : à l’écoute, dans le jardin de son enfance qui s’agrandit toujours, il cherche l’au-delà de l’image première dans la pâte des mots tels quels, matière sonore d’avant le sens  ; une bêche à la main souvent, étant enfant, il remuait la terre lourde dans ses mains calleuses pour, le repos venu et reprenant son souffle, plonger son regard dans le bleu du ciel ou plus rarement dans sa grisaille.

Sur le chemin de son regard, il rencontre constamment l’abîme ou la faille par où le son l’invite à faire fi de lui, lui laissant entrevoir comme l’au-delà du son musical… Cette constante invite à s’abîmer dans un au-delà du son, sans cesse mourante et renaissante, refluait sur elle-même, le ramenait et le ramène toujours à la sensation première, à la perception pure et simple du flux sonore. Le son, ainsi, se présente à lui sous la forme d’une image indéterminée qui reflue sans cesse vers le son initialement perçu et perdu. C’est cette perte qui fait pour lui tout le charme des musiques qu’il aime… Les images en lui renaissent mourantes. C’est le son qui, toujours, a le dernier mot dans ce «  dialogue de l’ombre double  ». L’image n’est que l’ombre d’une ombre qui la redouble. À la fin, le son regagne sa demeure de lumière  ; tout s’éteint, dans une étreinte  : son corps vibre aux rythmes béants. Cette béance du rythme ouvre sur un monde de lignes et de signes que seul son corps est en mesure de vivre…

La musique atonale est par excellence imprévisible dans son déroulement  ; elle ménage toujours des imprévus qui laissent perplexes bon nombre d’auditeurs. Son imprévisibilité, c’est elle qui ménage à l’imagination le temps nécessaire à sa respiration. La musique, cet art du temps, donne à ressentir, au-delà de l’horizontalité du temps qui passe, du temps vécu, une verticalité que l’oreille perd au moment où elle la perçoit, expérience paradoxale d’une présence absence qui est l’essence même du temps organisé en sons continus. Même le legato le plus épais laisse transparaître une faille où cette verticalité se dissout dès l’instant où elle est perçue. C’est qu’elle est perçue pour se dissoudre, ne peut être perçue que se dissolvant, toujours déjà dissoute…

Densité oppressante du vide qui la détourne un temps de sa peinture… Sa peinture revient en réponse à l’angoisse qu’elle ressent. Elle ne se détourne pas de l’angoisse  ; sa peinture en vit dans une large mesure. À l’envi, elle repasse par les mêmes chemins qui, d’entrelacs en entrelacs, couche après couche, composent un monde vivable.

S’oublier dans la contemplation d’un paysage, faire de ce paysage, après l’oubli, un objet de souvenir sous la forme d’une image, d’un souvenir ou d’un tableau… Impossible de retenir la présence qui n’est telle qu’en elle-même qu’en s’absentant. Sa peinture donnait une densité d’abîme à ce paradoxe. Aussi, sa peinture allait-elle constamment aux confins d’une abstraction aux contours mal définis. Elle aimait cette indéfinition qui lui permettait de toujours remettre à plus tard un achèvement improbable. Elle se sentait en cela fidèle au temps qui ne passe que ne passant pas. Le cadre de sa peinture, c’était sa vie dont elle rêvait de faire un tableau sans bord ni bordure, comme au fil de l’eau la rivière grossit, jusqu’à se perdre dans la mer. C’est quand, après quelques traits, une figure se dessinait qu’elle était heureuse  ; cette figure, elle allait s’employer à la définir sans jamais la laisser envahir le trait, car c’est le trait, un jet, qui était décisif, la décision même.

De l’impossible portrait, elle gardait dans la bouche le goût du temps qui, de cercle en cercle, déroulait indéfiniment le mensonge délicieux de l’instant. Sur la toile, elle aurait voulu composer un visage sans âge, un visage enfin où tous les âges se seraient superposés, pour n’y faire qu’une seule image. Vérité de cet instant toujours en instance  !

C’est en poursuivant sa route qu’il trouverait son chemin… Cette affirmation ne souffrait aucune restriction, et voilà qu’il était déjà pris dans une de ces contradictions performatives qu’il affectionnait. «  La destinée de toute affirmation  » pensait-il en souriant. Cette force creusante, au cœur de toute affirmation, le conduisait par des méandres sans fin qu’il ne désespérait pas de suivre tous. C’était là une sage illusion, celle qui le menait là où il allait. À l’horizontalité agrégative de son propos s’opposait une verticalité vertigineuse  ; il se tenait devant un gouffre, n’y tenant plus. Il lui fallait, d’un bond, franchir tous les obstacles de la profondeur, retrouver la joie sinueuse. En cela, son propos gagnait en teneur ce qu’il perdait en densité. Toujours, il lui fallait tenir l’équilibre entre ces deux pôles de son écriture. «  Aller, soit, mais à la profondeur  » se répétait-il, conscient d’être pris dans une contradiction indépassable qui était comme le moteur de ses textes.

De l’impossibilité d’être musicien, il avait gardé le goût de l’impossible. Il était ce musicien de l’impossible qui entend une musique dans une porte qui grince, un jeu de clefs qui tinte. Tout tentait de chanter, tentait sa chance dans les tintements de l’espace mémoriel. Cela survenait toujours après l’audition d’une musique infiniment riche qui l’avait laissé pantois. On ne revenait pas d’une telle musique, on la portait avec soi  ; l’oreille la prolongeait indéfiniment, en accord avec les choses les plus simples.

Il noyait souvent son ennui dans des volutes de fumée  ; sa pipe fumait comme une chaumière, il faisait froid dans son cœur. Il allait d’une pensée à l’autre, en quête d’un lien, d’une idée d’où jaillir. Absorbé qu’il était par son travail de rumination, il laissait là sa pipe qui achevait de se consumer dans la solitude. C’était décidemment un bien mauvais compagnon. Il ne fallait plus compter sur lui quand la plume le prenait. La fumée n’a pas d’ailes, tant pis pour elle, se disait-il. Néanmoins, il veillait jalousement sur cette pipe des mauvais jours. Parviendrait-il un jour à s’en débarrasser  ? Pour l’heure, peu lui importait, absorbé qu’il était dans le creux des heures par cette montée en puissance de l’abîme qu’il appelait sa tendre compagne lointaine. Elle était bien loin, il est vrai, assez loin pour lui laisser une marge de manœuvre suffisante, propice aux rêveries de toutes sortes. Son sexe dressé dans la nuit, il ne l’avait jamais vu  ; c’est une femme qui en parlait dans un de ses admirables récits. Il n’était pas fait pour ce jeu d’ombres-là. Il aimait trop la lumière. Des paroles blessantes, il en avait prononcées comme tout le monde. Cela le peinait néanmoins d’être ne serait-ce qu’à la source du moindre malentendu. Aussi, passait-il beaucoup de temps avec sa tendre compagne lointaine, loin des apostrophes hargneuses et du babil anodin de ses proches. Il lui fallait pourtant revenir à la vie commune, qu’il aimait aussi. C’est là que sa main revenait vers sa pipe chérie, tout à l’heure encore délaissée. Un nouveau cycle commençait. L’ennui  ? Ce n’était jamais un réel problème, une gêne tout au plus, rien qui valût qu’on s’y arrêtât. La fumée chassait dans sa lenteur même cet ennui d’emprunt, et chassée à son tour, remisée dans un tiroir, la fumée de sa pipe – la pipe et sa fumée, c’était tout un – faisait place à la douce chaleur de ces mots qui l’emportaient loin, au plus profond d’un lui-même qu’il voulait ignorer au profit d’une parole souveraine. Non lieu de cette parole qui l’abandonnait là, face à rien.

«  Loin des miens, éloignée de cette terre qui fut mienne oh combien, proche de la fin…  » Quand bien même cela serait vrai, il lui resterait à se demander peut-être sans fin, pourquoi elle en était arrivé là.

Elle avait fini par partir  ; elle s’était promise de ne jamais revenir. On l’avait retrouvée nue, mais le corps couvert de peinture à l’orée d’un bois non loin de chez elle… La peinture lui faisait des croûtes affreuses sur le visage et les bras surtout. Il avait fallu frotter avec précaution pour ne pas la blesser. Elle, l’écorchée vive, avait apprécié, dans un éclair de lucidité, cette délicate attention… Et puis, elle était tombée de sommeil, épuisée. Au matin, la grisaille du ciel l’avait saluée à travers la vitre de sa chambre d’hôpital. Elle n’avait pas bronché  ; tout au plus avait-elle d’abord refusé de manger, avant de se raviser. Elle avait fini par parler pour demander des nouvelles de sa peinture  ! La vie revenait, pas sa raison. Il lui faudrait du temps pour détacher son corps de la couleur qui courait d’elle au monde en passant par la toile qui hantait ses rêves…

Il avait du mal à dire je sans sourire tant son moi lui faisait l’effet d’un questionnaire à choix multiples… Ainsi, de questions en questions, il se trouvait placé devant des choix à l’élaboration desquels il n’avait jamais été associé. C’est cette impréparation imposée d’on ne sait quel en haut qui, paradoxalement, lui rendait sa fierté. Il ne se sentait pas si pauvre que cela  ; le fond était riche, luxuriant même, mais il lui était impossible d’y puiser quelque substance que ce soit. C’était le prix exorbitant de la liberté.

«  Liberté, couleur d’homme…  » La couleur, c’était aussi un problème pour bon nombre de ses contemporains. C’était sans doute la métonymie qu’il détestait le plus  ; quant à parler de races… Il imaginait toujours à ce mot un élevage de chevaux au fin fond de l’Angleterre. Races de chevaux, races de chiens, dûment sélectionnées, répertoriées, classées, avec chacune leur spécificité, leurs qualités. Un monde de gentlemen-farmer qui avait gagné toute la planète. Des hommes, partout sur la terre, il ne restait que l’ombre, car enfin tous partageaient le même soleil, la même lumière, partage difficile  ; des hommes, il ne restait que le nom. Le partage, c’était le grand mot qui devait jeter un pont entre les deux rives d’un même fleuve. Aussi, les hommes partageaient-ils la terre. Cela n’allait pas sans conflit de territoire et d’influence. Tout imbus de leur race qu’ils étaient, c’était d’abord leur peau qu’ils entendaient sauver et celle de leurs proches. Plus enfouis en eux que la couleur de leur peau, il y avait ce qu’on appelait en Europe leur culture. Ce mot aussi avait subi une telle dégradation de son sens initial qu’il en était devenu méconnaissable. Récemment, ce mot, de métaphore agricole qu’il était à ses débuts, avait pris le sens vulgaire d’habitude  : on parlait désormais sans sourire de culture d’entreprise, et même, dans le petit monde immense du sport, de culture du dopage… Ceci avait au moins un avantage aux yeux de nos démagogues  : on pouvait maintenant parler de culture chez tout un chacun  ; même le plus arriéré, le plus inculte des hommes pouvait passer pour avoir une culture. Et la liberté, dans tout ça  ? Envolée depuis belle lurette  ! Les hommes n’aiment pas leur liberté. Sartre nous l’avait magistralement appris il y a déjà fort longtemps… Vous souvenez-vous du garçon de café qui joue au garçon de café  ? Sans doute. Les chemins de la liberté sont tortueux, mais, même dans l’impasse, la liberté est au détour du chemin. L’aporie, elle-même, est une liberté épuisée, sans ressource, du moins dans l’immédiat. Et quand cet immédiat dure tant et tant qu’il s’installe dans la longue durée, on parle de problème insoluble, d’énigme vivante. Condamné à être libre, ne pas être enfermé dans une essence, un vaste programme biologico-social aux contours mal définis. La liberté est d’abord, avant tout caprice et toute licence, la nécessité de se choisir tel ou tel, tout en sachant bien que s’enfermer dans un rôle relève de la mauvaise foi pure et simple. Nous sommes tous tentés d’être de ces acteurs qui en font trop, qui débordent sur leur rôle pour mieux convaincre. Les autres, d’ailleurs, n’en attendent pas moins de nous  ; ça les rassure de savoir qu’un épicier n’est qu’un épicier autant que l’épicier est rassuré de voir dans le regard des autres qu’il est bien un épicier et rien d’autre. Ça repose… Alors la couleur, la race dans toute cette aventure  ? Une imposture de plus, rien qu’une imposture dans la comédie de l’existence.

Quand il écrivait à la première personne, il avait, dès les premiers mots, la désagréable impression, de se fermer à de multiples possibilités qui couraient à deux pas de lui. Sous couvert de dire les choses crûment, il s’enfonçait dans la pure mauvaise foi. Aucun crédit à apporter à cette inflation du moi qui telle une rivière, grossissait, enflait, prenait des proportions ridicules jusqu’à s’étaler, à former une sorte de delta méandreux, bourbeux dans lequel aucun séjour n’était possible. Les autres – quel vilain mot – n’étaient pas non plus les bienvenus quand ils se plantaient devant lui, placidement, avec toute la tranquillité de leur moi aux aguets, prêts à lui asséner leur personnalité comme un coup de massue, bref et précis. Ni grenouille ni bœuf, en cela parfaitement libre de dire non ou de s’esquiver, il voulait bien qu’on dise je ceci, je cela, mais comme par distraction, à la manière d’un rêve auquel on ne croit guère, dont il était aisé de s’extraire quand les images devenaient trop insistantes.

Au matin, parfaitement dégrisé, il pouvait se lever, dire adieu à tout un fatras de suggestions endormies. Le rêve lui allait mal. Il n’aspirait qu’à la claire conscience de ses faits et gestes, en cela nullement porté à la rêverie mélancolique de celui qui, ne parvenant pas à endormir sa conscience en la coulant dans une pâte assez épaisse, celle des jours où il lui aurait fallu tenir son rôle comme d’autres tiennent leur rang, allait de décision en décision pour faire diversion. Sa mélancolie à lui était d’une espèce si particulière qu’il songeait souvent, en pensant à elle, ne la vivant déjà plus tout à fait, comme à une rivière au lit à sec, et qui laissait voir à ses rives déchirées quelle furie avait pris ses eaux quand la crue l’avait porté là où il ne saurait jamais être, je veux dire, là où d’une rive à l’autre un salut amical avait été possible en dépit du grondement des eaux mais n’avait pas eu lieu, faute de partenaire. Dans les bras de la rivière qui va et vient, il se voyait confronté aux sables mourants d’un fleuve desséché  ; la pleine lumière rendait le spectacle encore plus désagréable que s’il avait cheminé le long des berges en pleine nuit, à la poursuite d’un rêve. De tout cela, il retenait le goût pour la clarté. Il n’était pas à la terre ni au ciel, sauf à se faire musique céleste, musique d’une sphère qui n’existe pas. L’amitié, voilà le mot qui le tenait éveillé. Il ne le lâcherait plus, sûr qu’il était d’aller à la rencontre de l’ami encore inconnu qui lui ferait signe de l’autre rive. Fini le bavardage intarissable des mécontents, les grandes dissertations sur l’avenir, les lamentations sur les malheurs du temps et autres balivernes… L’amitié pure et simple, même absente, lui tenait lieu de conscience. Il voulait tout voir à travers elle. Sa transparence convenait bien à cette sorte d’oubli heureux qui le saisissait quand il marchait seul par les rues noires de monde. Il n’en voulait à personne, laissant chacun aller son chemin. Bien sûr, beaucoup ne se faisaient pas prier, passaient leur chemin sans un regard, parfois même sans égard quand ils le bousculaient. La ville était ainsi, pleine de vitesse, peu propice à la moindre des politesses. Presque invisible pour lui-même, comment en aurait-il voulu à qui que ce soit de le laisser à son sort  ? À ses côtés, son partenaire invisible, ivre de mots, mais presque toujours silencieux. Une ivresse très spéciale les faisait tenir l’un à l’autre, celle de jours sombres où tout déclinait, ne leur inspirant que mépris pour ceux qui ne saisissaient pas la chance qu’ils avaient de vivre. Bien sûr, les temps étaient durs  ; pensant cela, il ne visait pas les pauvres hères dont il aurait tout aussi bien partagé le sort si la chance avait tourné. La chance qui fait et défait les fortunes, ce n’est pas ça qui était en jeu. Par chance, il entendait ce qui, quoiqu’il advienne, le fait vivant, désirant l’impossible. Ce malheur, car c’était un malheur en quelque sorte, était un extraordinaire pourvoyeur de santé. Ni tout à fait heureux, ni parfaitement malheureux, en cela critiquable aux yeux de beaucoup de ses concitoyens qui ne connaissaient que l’opposition du jour et de la nuit, petits Zoroastres à la métaphysique étriquée, il ne se targuait de rien, ne se prétendant le souverain de rien ni de personne. Il était parfaitement maître de lui, cela lui suffisait, le remplissait même de contentement. De là, à consentir à se faire le directeur de conscience d’autre que lui, il n’y avait qu’un pas qu’il ne franchirait jamais. Il aimait trop sa liberté dans celle des autres. Et celle des autres aux abords de la sienne lui était comme sacrée. Il ne fallait pas toucher à ce serpent de mer qu’on appelait communément le libre arbitre. Il ne l’avait jamais cherché pour l’avoir toujours déjà trouvé en lui, hors de lui sans que le mot fût d’une quelconque utilité. Un mot, rien qu’un mot, et pas des meilleurs. La journée, il vaquait à ses occupations nombreuses et variées… Comme il aimait cette expression qui laissait libre cours à toutes les conjectures  ! Le soir venu, nullement mélancolique à la façon de ces affairistes contraints de remettre à demain ce qu’ils eussent aimé faire ce jour, il rentrait content, mécontent, fatigué, harassé parfois, mais sûr que le temps lui avait été d’un grand secours. Il revenait avec sa moisson d’hommes et de femmes dans la tête. Les femmes, surtout, allaient hanter ses rêves jusqu’au petit matin. Il en ferait de ces personnages de tragi-comédie, auxquels il insufflerait beaucoup de soi-même, mais un soi-même délesté de tout le poids d’un moi massif, personnel, sur lequel on aurait pu lire  : «  Attention  ! Propriété privée.  » Des femmes, il en avait connues de bien des sortes, mais toutes ne lui avaient laissé que deux options  : être choisi ou être délaissé… Ceci était une autre histoire, qui le faisait bien rire, d’ailleurs. Il y songeait parfois, mais distraitement, sans y accorder beaucoup d’importance.

La journée avait été riche même quand il ne s’était adonné qu’aux tâches usuelles  ; son travail, en effet, absorbait peut-être les trois quarts de son temps. Il n’en savait trop rien tant s’estompait vite en lui cet épisode de sa vie. Un épisode en chassait un autre, certes, mais c’était un jeu qu’il connaissait bien. L’amitié était toujours la plus forte. Ses amis le savaient bien qui le voyaient sourire quand ils lui demandaient de ses nouvelles, et comment il allait. Il y avait peu de nouvelles  ; l’essentiel se situait ailleurs, entre eux, dans l’entre-deux de leurs conversations où il mettait toujours le meilleur de lui-même. Il ne parlait jamais par distraction, comme s’il avait été loin, distrait par quelque pensée qui eût été infiniment plus intéressante que la conversation qu’il était en train de mener. Cet entre-deux rives où il lui était loisible de s’oublier, c’était là un vrai don du ciel, le don par excellence. Il était bien doué pour ce don qu’on lui faisait. Il serait toujours à la hauteur de ce don que lui faisaient ses amis. L’infini, il ne le tolérait que dans la fréquentation de quelques uns. Ceux-là seraient pour toujours ses proches lointains comme il aimait les surnommer.

Il n’en voulait à personne, mais tout de même, il était sur ses gardes. Étonnante, la capacité critique des autres. Lui-même n’était peut-être pas un modèle à suivre. Il se reprochait souvent son ironie mauvaise, et son humeur maussade qui faisaient de lui un homme à l’abord difficile. Il lui fallait le reconnaître  : il tenait les autres à distance. On l’avait blessé, on le blessait encore. Combien de fois son enthousiasme n’avait-il pas été refroidi par l’indifférence de ses proches ou leur humeur acariâtre  ! Sa femme était particulièrement critique à son égard, à tel point parfois qu’il se demandait à haute voix ce qui pouvait bien le retenir dans ses parages. La charge critique était si forte, si insistante qu’il en était blasé. Ça ne l’atteignait plus, tant la vérité de quelques remarques acerbes se mêlait à des affirmations sans fondement. Il mettait au-dessus de tout la probité intellectuelle  ; celle-ci avait au moins un désavantage, elle le menait à des réflexions parfois pénibles à suivre que ses adversaires prenaient pour autant de faux-fuyants, alors que, lui, s’efforçait réellement de cerner la vérité. Difficile d’y voir clair, surtout dans le feu d’une discussion désordonnée où tous les reproches y passaient, les petits et les grands… Mettre de l’ordre dans ses pensées n’était possible qu’à froid. C’est pour cela, d’ailleurs, qu’il passait pour froid et même cassant, tant la convocation abrupte de réflexions mûres pour la discussion laissait ses contradicteurs perplexes, désarmés, ce qui ne laissait pas de renforcer en eux leur méfiance à son égard. La méfiance, c’était le maître mot, celui qui, immanquablement lui venait à l’esprit quand il voulait évoquer ces moments pénibles à tête reposée. Une froideur l’envahissait dans ses moments-là, très pénible, à mille lieues de ce qu’il aimait être, lui, si épris de calme et de sérénité. Il eût aimé, dans une autre vie, se faire moine ou ermite, pour s’éloigner des autres. Mais ce n’était qu’une rêverie mauvaise, vite chassée dans les limbes d’un arrière monde auquel il n’accordait pas le moindre crédit. C’est qu’il n’avait pas la foi, ne l’aurait jamais, lui vivant. Peu lui importait un quelconque après  ; probable ou improbable, c’était tout un, rien qu’un calcul, un pari qui ne le séduisait pas. Il se contentait de l’ici et du maintenant. Il avait toujours tenu la main du hasard qu’il appelait sa chance. Il ne reculerait devant aucun sacrifice pour maintenir ouverte cette possibilité infime qui faisait sa force. Les autres pouvaient bien essayer de le tailler en pièces  ! Au nom de quoi se permettaient-ils de le critiquer, de l’attaquer, de faire de lui un être aux abois qui aurait dû se justifier de tout  ? Il riait à cette insolence. Il n’avait pas peur. Pour l’heure, il aimait à deviser avec des petits riens qui occupaient sa vie. La chaleur était tout ce qu’il recherchait, mais pas à n’importe quel prix. Maintenant que sa mère était morte, d’une certaine façon, il n’avait plus personne à qui parler. Elle seule pouvait lui tenir tête de façon acceptable par lui. Il y avait aussi ses amis qui jamais n’avaient tenté de l’éperonner, des gens simples au tempérament fort comme le sien. Il n’en demandait pas plus.

Il avait fait de ce cadavre sa demeure  ; il n’était tout au plus qu’une carcasse en sursis. Il en riait comme d’un bon mot lancé à la gueule de celle qu’il ne rencontrerait jamais, cette mort inopportune, qui l’attendait dans les replis de sa chair. La vie valait bien cette explication avec ce je ne sais quoi qui se dérobait. Il n’y songeait guère plus que monsieur tout le monde, d’ailleurs. Ça ne le travaillait pas plus que ça. C’est dans cette circularité neutre qu’il avait fait son nid. Ça en face de moi ou bien ça dans moi, moi qui ne suis moi qu’à chaque seconde me ressaisissant moi pour finir par n’être que «  ça  » aux yeux des survivants. Aventure dérisoire, peut-être, mais on n’avait pas le choix, il fallait suivre sa route jusqu’au bout. S’arrêter en chemin, rêver d’au-delà, pourquoi pas. Cette option l’avait retenu un temps, il y a bien longtemps. Il n’excluait pas dans sa vie la présence de l’infini, mais il ne s’agissait en aucun cas d’une présence stable, tangible  ; elle n’avait pas la solidité d’une tasse de café ou d’un arbre. Présence lointaine  ? Non plus. Le mot présence ne convenait pas. Trop chargé d’a priori visuel ou tactile. Tout au plus, pouvait-il en attester le souffle dans les mots qu’il prononçait, surtout quand il était seul, aux prises avec ce qu’il appelait, après d’autres, son écriture. Hölderlin l’avait laissé seul sur cette pente escarpée dont il ne savait trop s’il lui fallait la remonter ou bien la descendre. La remonter eût impliqué un effort déjà entrepris par d’autres, ce qu’il trouvait grotesque. Il ne savait trop. Tracer des signes sur la plage blanche, face à la mer, cela lui était un bonheur suffisant. Ce faisant, il se faisait fort de glisser «  au malheur de l’infini  » comme l’avait écrit un de ses maîtres. Ce malheur était tout autant un bonheur, un de ces je ne sais quoi qui ignore la différence. Alors, mort, vivant, cela ne faisait pas de différence. Il savait qu’un jour tout retomberait dans l’indifférence. Cette pensée le soutenait dans les pires heures. La solitude, décidemment, n’était pas un problème. Pensée de bien nourri, diront d’aucuns, et ils n’auront pas tort. Cette vie-là, celle qu’il partageait avec les autres hommes et les autres femmes, c’était un autre «  problème  », plus redoutable. Vivre ensemble  ? Le problème politique le taraudait comme nul autre. Cependant, il ne pouvait y consacrer toutes ses forces. À mi-distance de lui, l’infini et sa griserie, et toujours sur le point de s’éloigner, la préoccupation politique. Le gouvernement des hommes était assurément chose passionnante, mais tout à la tâche de gouverner, les hommes de pouvoir s’adonnaient au plaisir du pouvoir, recherchait l’estime de leurs concitoyens, en quête d’une probable gloire. Il n’était pas fait pour ce jeu-là. Non qu’il eut plaisir à le laisser à d’autres  ; cela lui était tout bonnement étranger. Non par fierté, ou par désir de ne pas se salir les mains. Il connaissait trop bien les hommes  ; il savait combien certains d’entre eux aimaient la merde et y plonger les mains. Changer quoi que ce soit à cet état de fait, plaider pour une politique propre, il n’avait pas cette naïveté ni cette prétention. Il laissait le problème à d’autres, convaincu qu’il avait mieux à faire qu’à faire le jeu du pouvoir. Les pantins tirent les ficelles, se disait-il, mais les pantins ont la panse pleine, et c’est là que le bas blesse. Alors, leur faire la peau  ? Il avait été tenté par cette idée. La révolution n’était pas son fort. 89, 17, des chiffres fatidiques, des dates sanglantes qui avaient marqué leur temps pour longtemps, des dates qui avaient fait date dans les annales de l’histoire, ouvert sur une autre donne. Et pourtant, que de chemin encore à parcourir pour que les hommes, tous les hommes mènent une vie d’homme, sans connaître la faim, la misère, le malheur d’être né  ! Il mourrait, c’était sûr. Il ne verrait jamais la mort en face. Mais entre temps, que de contretemps, d’espoirs déçus  ! Il ne se résignait pas à mourir. C’était autre chose. Il devait un jour laisser la place à d’autres, leur laisser la place pour qu’à leur tour ils vivent hors de cet infini qui les rejette, face à tant et tant de problèmes liés à l’existence commune.

Quand le soir le prenait, il était placé devant plusieurs choix. Il se demandait quoi faire du temps précieux qui s’avançait. Lire, écrire, écouter de la musique  ? Toutes ces choses lui donnaient de la joie. Dans son esprit, il lui fallait d’abord chasser les mauvaises pensées du lendemain, et faire halte, laisser là les projets nécessaires à sa survie. Alors pouvait commencer un vrai travail de recherche patiente voué tout entier à la définition d’un centre imaginaire qu’il imaginait proche, extraordinairement proche, mais tellement proche qu’il était contraint de le poursuivre dans les mille et un détours d’un cheminement itératif. Sa parole, toute inchoative et hâtive qu’elle était, était vouée au malheur de l’itération  ; il se répétait beaucoup. Mais chaque halte lui révélait une perspective nouvelle, qu’il abandonnerait au bout de quelques lignes pour en considérer une nouvelle encore. C’était là sa prose, vibrante de soleil face à la mer. Parole solaire, débitée à l’ombre des grands arbres dans son jardin imaginaire, dans le jardin de son enfance où la sollicitude de sa mère avait veillé sur lui dans les premiers temps… À présent, il veillait seul, sûr de la chance qu’il courait. Le moi abrupt des autres, proches ou lointains, il le voyait tantôt ombrageux, tantôt éclipsé, parfois même lumineux. Ce jeu d’ombres et de lumières, il le prenait de bon cœur, sans arrière-pensée. Il rayonnait souvent lui-même comme un astre froid quand il lui prenait l’envie de réfléchir sérieusement. Mais toujours le soleil, et pour les autres d’abord. Cette préséance était une donnée de bon sens. Malheur à ceux qui prenaient ombrage du peu de cas qu’il faisait de lui-même  ! Mieux valait le laisser à ses obscures réflexions, ç’eût été sinon courir le risque de le voir rire et ironiser. Il avait l’ironie facile, le verbe haut. Il le savait, ne s’en cachait pas, n’en faisait pas mystère. Tous ceux qui le connaissaient savaient combien il pouvait être cassant, grinçant même surtout quand le découragement le saisissait. Sa hargne, elle aussi, était saisissante. Il en avait fait l’expérience dans le regard des autres qu’il apercevait pleins de détresse. Comme ils étaient loin alors  ! Il revenait, s’excusait, redevenait abordable, pour un temps. Tout cela se déroulait sur la page blanche sans qu’il eût besoin de convoquer des ombres. Il marchait, c’était tout, d’un pas serein, jusqu’à ce que les mots, et d’autres, lui viennent. Ce soir, ce serait un peu de musique. Chez lui, un peu rimait avec feu. De la musique, il en écouterait jusqu’à ce qu’il tombe de fatigue. L’essentiel pour lui était de toujours faire de son temps une préoccupation heureuse, un sage déroulement propre à contrevenir aux contraintes de la vie quotidienne… Naître que cela, et puis devenir quelqu’un… N’être ensuite que cela. Il y avait bien ce jeu d’écriture propre à le contenter, et qui disait bien où il en était, un jeu de mots pour les yeux, qui ne disait rien  : n’aître que cela. Il avait devant les yeux, sur le bout de lèvres, ce «  n  » accompagné de toute sa charge négative. Il n’aimait guère cette labiodentale qui passait par le nez, faisait vibrer sa cloison nasale tout en produisant un infime rictus qui lui semblait résumer tout le mal-être dont il se voulait accabler. La naissance… Il lui fallait bien faire abstraction de toute la chaleur maternelle possible qui s’était employée, des années durant, à occulter ce qu’il ne tiendrait jamais pour une vérité, juste une pensée mauvaise et mal venue. Sa mère avait fait tout son possible pour qu’il aimât la vie  ; elle y était parvenue pleinement sans qu’il pût jamais savoir s’il lui avait donné entière satisfaction. Elle avait été, de toute façon, l’indulgence même, ce qui n’excluait pas de sa part une ferme exigence. Il y avait des choses à faire, et elles ne souffraient aucun retard  ; il en était encore ainsi, même après des années d’indépendance. La sollicitude active de sa mère lui avait épargné bien des déboires qu’il serait lassant d’énumérer. Grâce plutôt lui soit rendue d’avoir été là, dans les moments pénibles ou difficiles dont elle ne pouvait pas toujours saisir tous les tenants et aboutissants, car il était devenu secret, au fil du temps. Il avait tenté ce faisant de la ménager, de ne pas l’ennuyer avec ses soucis qu’il s’ingéniait à réduire à peu de chose. Il n’y était pas toujours parvenu, peu s’en faut… Ainsi avait-il balancé durant des années entre des confidences sans complaisance et des silences lourds de sous-entendus. Il se mêlait dans tout cela des réflexions faites à haute voix, des propos désabusés et malsonnants et des critiques virulentes envers ses contemporains qui l’avaient blessé. Cela était passé, avec le temps  ; il s’était rasséréné, assagi  ; il avait gagné en sérénité ce qu’il avait perdu en mordant. La chaleur humaine, voilà maintenant ce qui lui restait. Tu ne souris jamais, lui disait-elle, parfois. Elle avait raison. Au fil du temps, il avait retrouvé le sourire qu’il avait étant enfant. Le sourire de sa mère, et tout le courage qui en rayonnait, c’était une leçon ultime qu’il n’oublierait jamais. Il voulait sourire comme elle, garder le moral, comme on dit, même dans les moments difficiles. Le sourire de sa mère, il n’y avait pas assez de mots pour le décrire maintenant qu’elle n’était plus de ce monde. Un monde s’ouvrait devant lui, le même que celui que sa mère avait connu, auquel elle avait dû, jour après jour, faire face dans la simplicité des tâches quotidiennes. Oui, garder le sourire, faire un petit plaisir aux gens de passage, aux inconnus d’une heure, d’un jour à qui il devait d’être ce qu’il était. Le sourire, la respiration de la lumière dans une bouche qui s’ouvre et ne souffle mot  ; et la part d’ombre qui l’accompagne, le visage qui s’illumine dans la brièveté d’un signe amical. Les sujets d’étonnement, à cet égard, étaient inépuisables. Et la surprise qu’il suscitait par son sourire un objet de ravissement pour lui. Tel était le don que sa mère lui avait fait avant de partir. L’été était loin déjà qui l’avait vu s’approcher de la fin. Pourtant, il rayonnerait sur lui jusqu’à son dernier souffle. Une présence tutélaire, une complicité de tous les instants inscrite dans sa chair. L’été n’était rien sans ce sourire où perçait parfois un rien d’amertume, vite éclipsé, vite repris, non dans le souci de faire bonne mesure, mais pour l’amour de celui qui se tenait en face, en face de celui qu’il était. Alors n’être que cela n’était rien, n’était pas un malheur qui l’accablait  ; c’était, au contraire, un bien-être fou qui vivrait en lui jusqu’à son dernier souffle…

Sa vie trop courte, il n’en mesurerait jamais l’étendue. Il savait seulement que l’art est long et que le temps est court. Et de cette vita breva, il ne songeait pas à faire un sujet de polémique permanent, un lieu ouvert à tous les conflits que sa maladresse pouvait susciter avec son entourage. D’abord, il fallait vivre, s’y appliquer avec toute la patience et le recul nécessaire. C’était vital. Être quelqu’un lui était d’un grand secours et d’un grand poids. Il était toujours pour ainsi dire précédé par soi-même. Où qu’il allât et quoi qu’il fît, il était de la partie, un spectacle à lui tout seul qu’il se devait de contrer au plus vite afin de laisser l’événement se déployer… Il n’était pas de ceux qui se coulent dans un rôle à vie  ; il essayait des masques, des postures comme on essaye un manteau ou une veste qu’on ne porterait pas toute sa vie, mais qui, là, maintenant faisaient l’affaire. Aussi entreprendrait-il longuement, peut-être toute sa vie, de dépasser cette clôture sur soi qui le faisait n’être que ce qu’il était et désirer autre chose, un autre personnage, une autre peau, une autre image de soi, dans un corps qui, de toutes façons, était son seul bien, avec sa pensée aussi, qui, sourdement, mais également avec toute la légèreté d’un chant d’oiseau, accompagnait son corps à travers les vicissitudes du temps. Il allait vieillir, se racornir. Il ne voulait pas faire «  vieux cuir  », comme il disait en plaisantant. Accepter de n’être que cela, ce soi, qui, d’heure en heure, se déroule devant soi, se développe ou se roule en boule, accepter de n’être que ce qu’il était… Fêter cette naissance qui l’avait vu naître dans la chair et puis les yeux de sa mère, avec son père, tout près. Remercier, toujours penser à remercier ce don de l’existence qui lui avait été fait, comme la grâce d’un amour à la portée incalculable. Il se savait revivre, après être passé et repassé par tous les errements d’une démarche instinctive qu’il avait compliquée à dessein en se faisant le commentateur scrupuleux d’un fait inaccompli, d’une suite d’évènements imaginaires dont il souhaitait se défaire en oubliant ce qu’il avait été à certaines heures, une boule de nerf froide et agressive, sur ses gardes et prête à mordre. Il se détendait, allait de l’avant à la rencontre de demain en croisant les mains. Maintenant était tout ce qui importait, avec toi, avec eux, avec tout le silence possible dans le murmure des autres et le ramage du monde. Un chant s’élèverait qui viendrait de lui, pour l’amour des autres, de ces quelques uns qui, un jour, lui avaient fait signe, lui feraient signe tous les jours de sa vie…

 

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