LE GRAND VOYAGE

Tout a commencé il y a bien longtemps dans un monde où le monde était mien.

Petit à petit, une sorte de cassure, d’éclatement, a commencé à me ronger lentement : le voyage apparaissait pour la première fois, brisant mon existence. L’extériorité devint étrangère : corps, esprit et altérité, ces trois entités, se perdent dans l’espace et le temps pour plus de souffrance et de déchirement. Mon corps et mon esprit, séparés, j’erre dans l’existence tel un voyageur dans la matérialité. Ce voyage est souffrance et quand mon esprit se déstructure, j’aimerais me joindre à la réalité comme si elle ne m’avait jamais abandonnée.

Je traverse des mondes divergents, des mondes étrangers et bizarres où la lucidité n’a plus sa place. Ma connexion à la réalité est difficile et j’appréhende le monde avec beaucoup de douleur.

Toujours cette impression de se perdre en soi- même, de quitter la vie pour se replier sur soi, engendre un voyage à travers le corps, où l’esprit se promène : mon corps vide erre dans l’extériorité, perdu dans l’espace et le temps.

Au sein de ces grands moments d’angoisse, l’altérité ne peut plus rien : il faut que je revienne seule.