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Article publié le 14 décembre 2008. oOo [Mise en abyme]
Le silence s’est fermé sur moi comme l’eau qui enserre le noyé — et je coule les yeux ouverts — les oreilles pleines du bourbon de mon sang pressentant métamorphose —
et dormant je rêve ce songe d’outre-songe — Que la page encor vierge de la nuit porte mon chant jusqu’à l’aube métaphorique où posséder la vérité dans une âme et un corps !
SALTATION ET SALUT ! I
Endormissement à l’aube — La sylve obscure — La peur
Après nuit plus ajourée que dentelle sur fond de nuit, le jour — déjà — au carreau glauque et le sommeil de l’aube me rattrapa en ce matin d’avril — j’entrai dans la forêt hercynienne fortement racinée où l’on se meut par effusion de pensée dans une étrange absence d’émotion musculaire.
------Se gorger du bleu fouillis des racines, ------découdre à coups de dents le rets gordien des veines bleues et sifflantes — ------Gorgone a défait le tissu des chemins, délié les carrefours, mêlé les écheveaux ------et — ------l’enfant entravé pleure devant les grappes de nœuds sauvages et discords, ------— amas de boucles molles — obsédantes — ------nées de la bobine maternelle — ------il veut une arabesque sans fil ou le tranche-fil au rasoir des mots ------mais il a honte d’être libre !
------Arbres lascifs aux organes chauves et velus — ------Baubô ouvre sous l’enroncement le lit d’aiguilles lisses où s’invaginer — ------dans l’enrochement du jour la clairière matricielle où végètent des yeux carnassiers gros comme des ventres — ------la danse les pieds au ciel, le tressautement insensé des spasmes inverses — ------l’impénétrable pénétré, défaite du sens et de la voie — ------j’ai peur, la peur m’égorge, m’assèche le sang dans la langue, ce bois sans espoir —
------"Ariane ma sœur tu seras mon destin ! ------sœur terrible — sœur-filet : ------subtile tisseuse des manques — ------noueuse d’infarctus sur les réseaux du sang ------ourdisseuse de routes dévoyées — ------tu es la male araigne, la très noire, la velue celle qui reprend le matin ses promesses du soir — ------je ne t’aime pas, je ne suivrai pas ton faufil — ------j’ai peur, j’ai peur — ------je n’aime que la maison sans chemin…" II
Sortie de la forêt — Soif — La Voix — Sommeil second
Au sortir du bois noir le soleil tonnant de la soif — et le buvard de la langue aux cloisons des joues en un appel à l’eau première.
J’invente une grosse veine d’eau — résurgente — grossie par le détour — j’invente la source écumeuse où plonger la coupe des mains. — l’eau impossible au songe que le songe fait jaillir —
Et au moment de boire — portée par le vent multiple au crible incertain— LA VOIX me happe et me démène — sautillante comme le follet du désir — VOIX de Callas dénoyée mère et fille de toutes les soifs abouchées aux fontaines du plaisir et de la peur.
"Connais-tu le saut de Lefkas, de l’antique Leucade au nom de lait ?" — cette VOIX — -------------le saut sapphique dans le vin des remous -------------un puits de lumière où tourne une lueur en----------poudre -------------le sursaut de l’Adam sauvage, -------------homme des buissons -------------en fuite vers les fourrés natifs —
Et ne pus boire — Dire que je n’ai pas eu souci de boire !
Au pied d’un chêne me suis jeté me suis jeté pour sommeiller — et pour rêver que sommeillant je rêvais ce rêve…
III
La Ville morte — Le Passant et les Signes
Escalators éteints en plein désert autoroutes reprises par pissenlits et chardons — ils crèvent le macadam — une gigantesque gare de triage aux troupeaux de wagons esseulés — aux rails qui bifurquent : on voudrait entendre le choc sourd des tampons !
A travers la cité sans personne — parmi l’arrogance des tours dans des ruines dressées pour le spectacle et la promenade — pour le rêve ambulatoire — ces bâtiments inconnus sont délivrés du désordre de la vie géométrie — pure perspective un recueillement sans accueil — sans mémoire —
Façades-miroirs où s’apparaît et se défait le Passant — l’ignorant compagnon de la fêlure invisible et qui tue de la lézarde où s’engouffrent les apparences bâtisseuses surprises par le gel de leur mort (dans le ciel et sur la terre — ces grues éternelles, mobiles—immobiles) il se dit — mais sans trop y croire — qu’habiter le miroir c’est n’avoir plus à devenir — être inapparent
Malgré la poudre des souliers secoués derrière soi s’ouvrir les sentiers qui s’égaillent — atteindre l’usine-à-gaz parmi les ronces — dans le silence — le cri de l’épine sur la rouille comme signe de l’abandon ou de l’éveil.
À suivre… |
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