Si la poésie n’était pas facile...
Si la poésie n’était pas facile
elle serait difficile.
Et si elle était difficile
je ne serais pas poète.
Il faut que j’existe à peine.
Vous me voyez à la fenêtre
poursuivant du regard
des papillons coureurs
d’autres courants d’air.
Et vous vous dites c’est facile.
Heureusement pour moi !
Une fois, mais seulement une fois,
j’ai eu du mal.
Comme c’était difficile !
Et vous n’étiez pas là.
Je n’existais plus
et les papillons étaient des chenilles.
Vous êtes cette écorce
qu’elles gravissent lentement
pour atteindre les feuilles.
Et puis la mort.
La chenille devient nymphe.
Je ne vous vois plus à la fenêtre.
Cela ne me fait ni mal ni bien.
Et j’écris ce que je veux,
pas ce que vous voulez.
Vivrons-nous bien vieux comme ça ?
Si les choses recommençaient,
mais elles n’aiment pas la poésie
comme je vous aime.
Et c’est facile heureusement.
Sinon j’écrirais autre chose.
Qui sait ce qu’on écrit
quand on n’écrit plus facilement ?
Un deux trois je suis un poète.
Quatre cinq six je vous aime encore.
Six sept huit qui vient après moi
quand le papillon a fini de pondre ?
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