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Article publié le 8 janvier 2023. oOo
Tous les 24 août nous bambochons entre rapins jusqu’à l’ivresse carminée ! Nous chauffons nos lèvres avec des mots, escafignon, galfâtre, prodrome, gravéolence, vermiculeux, squalide, conculqué, hiérophante, talapoin, singultueux, etc… puis armés de nos pinceaux vergés érigés en olisbos ( du grec ancien ὄλισβος , ólisbos (« phallus en cuir ») nous passons au sujet ! C’est primordial le sujet en peinture ! Et tous les 24 août, date anniversaire de la Saint-Barthélemy, le sujet s’impose à nous comme une hostie posée avec une délicatesse infinie sur le bout de notre langue. Sujet du 24 août 2021 : Ils arrêtent un passant, lui coupent des morceaux de chair, les font rôtir et le forcent à les manger. Ensuite, pour voir comme il les digère, ils lui ouvrent l’estomac ! Sujet du 24 août 2020 : Ils lui coupent le nez et les oreilles, lui arrachent les yeux et lui ouvrent le ventre qu’ils remplissent d’avoine pour faire une crèche pour les chevaux ! Sujet du 24 août 2022 : Ils les attachent deux à deux pour les pousser à s’entre-dévorer. Quand ils tardent trop, ils les placent sur des cordes tendues et les scient en deux. D’autres sont attachés à des pieux et brûlés à petit feu ! Etc. À la nuit tombée, l’un d’entre nous que nous avons baptisé le Cantor pour sa voix haute et nacrée nous lit des morceaux (des friandises, des viandes) extraits d’un ouvrage précieux sur notre peintre adulé le Greco : « Le Concile de Trente a donné à la peinture une victoire éclatante sur les pissefroids iconoclastes. Les protestants. « Ces porcs sangliers qui démolissent et arrachent la vigne de l’Église catholique, qu’ils tachent à abattre et à ruiner. » Simon Vigor, Sermons et prédications. Il nous incombe de massacrer ces arracheurs de vigne afin de les représenter. Passer de la main des tueurs à la main des peintres ! Que la fête recommence ! Tuez-les tous ! Il serre et enlève avec des tenailles le bout des seins et les coupe avec des ciseaux. Il coupe les deux poignets et cautérise avec un fer chaud. Il enlève un œil. Il coupe ras les deux oreilles. Les femmes enceintes excitent grandement. Il allume un feu sous le ventre d’une femme grosse. Il donne aux chiens un fœtus prêt à naître. Il broche une parturiente. Il oblige la mère à manger le fruit de ses entrailles. Le sang court dans les rues ! Arroser la vigne de leur sang de cochon ! Saignez, saignez ! La saignée en août est magique. » … Nous bandons comme des chiens !
Jacques Cauda |
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