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Article publié le 8 mai 2022. oOo Comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises et sous différentes formes dans mes essais, la littérature abstraite est une manière de reconsidérer la littérature. Et donc de renommer le monde. De nouvelles sensations, de nouvelles, émotions, de nouvelles réflexions... pour une approche stylistique inédite et novatrice. Un nouvel étant comme aurait dit Heidegger... Après sans soute une longue période d’ouvrages conventionnels synonymes de décennies de publications pour la plupart commerciales qui n’ont cessé de nommer la réalité avec un regard collé et non distancié, il s’agit de tout renommer : le cadre, la structure narrative, le déroulement de la fiction, la description, la conscience narrative... La littérature abstraite est tout entière tendue vers la projection, à la suite de cycles phénoménologiques qui ont régénéré la littérature – et continueront à le faire – dans un Occident en ruines qui va probablement muter encore, peut-être par le biais d’une reprise des humanités, dans une littérature de masse ou post-industrielle diffusée par un libéralisme à tout crin. Et son langage est moins un lexique abstrait qu’une texture abstraite, comme en témoigne l’excellente critique ouverte de Jean-Michel Guyot, « Le baiser de Pucheu ». J’ai bien dit critique ouverte, ce qui renvoie, en miroir, à l’ouverture de ma propre littérature, qui n’est pas antinomique avec la détermination du flux narratif, soulignée par le même critique dans son commentaire intitulé « Travailler ». Avant même de s’embarquer dans un nouveau développement fictionnel, il y a une vision ou sensation préalable, dépouillée, décontextualisée, qui contient en elle la force de renommer les choses afin de construire le monde en cours, et par là-même participer à sa mutation car le fait de nommer sans cesse conduit à l’épuisement et donc l’affaiblissement de la littérature. Par un effet de boomerang, la fiction abstraite rejoint le monde tel qu’il est, prête à en découdre avec lui. A moins qu’il ne soit enclin à l’adouber, sinon la considérer...
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