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Article publié le 27 juin 2021. oOo Dans les livres de Bauer il n’existe plus place dans les livres de Bauer pour les colis fichés ni pour la verroterie sauf à y voir débarouler un éléphant. Bauer tente - simplement - et tant que faire se peut - l’évaporation des idées noires afin de nous amarrer à celle plus claires du lendemain matin : même lorsqu’il bâille saisi d’une « éternelle insolation » Bref Hervé Bauer inscrit une étrange poésie du réel selon une forme de « narration » dans un temps où la rapidité de lecture impose la forme la plus ramassée qui soit. On va enfin se taire à en rester même aphone. L’auteur refuse de jouer les inspirés et n’use pas du lyrisme. Le poème ne peut que déchanter. Son souffle ne laisse qu’une buée inaudible en fond d’air. Quant ils ne sont plus que "moisissure" pour les disparus. La trachée se relie à la tranchée fraichement ouverte et très vite refermée Plus que jamais, en lieu et place des fastes de l’emphase, Bauer possède la voix rêche et abrupte du tarissement. Rester à court, encourir la panne, se mettre en posture d’échec. Et au risque d’atteindre ainsi à l’inouïe que serait un parler fautif, disloquant, il touche « ce parlé à l’état pur qu’est le Poème » selon Heidegger là où la mort prend de multiples facettes. Car il faut non seulement faillir mais aussi fauter de la langue pour qu’un dire reste ainsi éminemment "mal dit" donc mieux là où tout forcément échoue à se dire. L’éloquence n’étant plus de mise, seul reste « un dispositif syllabique », « fatal », et dont l’emploi contraint le moindre vers à chuter et déchanter sur sa lancée, voire à se figer en plein vol. Jean-Paul Gavard-Perret
Hervé Bauer, La mort en faces, Julien Nègre Editeur, juin 2021.
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