Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
Navigation
Les textes publiés dans les Goruriennes sont souvent extraits des livres du catalogue : brochés et ebooks chez Amazon.fr + Lecture intégrale en ligne gratuite sur le site www.patrickcintas.fr
Seriatim 3 - [in "Seriatim"]
Seriatim 3 - Ce que vous voyez est ce qui arrivera... (Patrick Cintas)

[E-mail]
 Article publié le 28 mars 2021.

oOo

Les barreaux sont rouillés, la chaux écaillée,

La porte sans porte, rose toujours du seuil,

On y reconnaît la craie qui laissa sa trace

Pour imiter ce qui se chantait, comme je

T’aimais ! Sans rideau la fenêtre est l’absente.

Bris des conversations habituelles plus que

Saisies de traditions qui n’ont rien perdu

De leur sens, certes, mais qui datent ce jour

Avant la nuit qui tombera cette fois pour

Toujours. Nous aimions les tombes et les

Allées. L’eau du barrage ponctuait le silence.

Qui est-ce ? Si lointain et pourtant si proche

De nous ? Ne réduisant pas la distance mais

Lui donnant son nom. « Comme si c’était

À moi qu’il parlait. » Nous le vîmes (dit le

Blog en question) plonger du haut de la

Tour de guet puis s’envoler vers la mer

Comme s’il y habitait ou qu’il était hanté

Par elle. Plus haut encore les restaurants

Sentent bon la truite et le jambon. Gloire

À ceux qui ne sont pas revenus pour être

Ce que nous sommes nous-mêmes devenus !

 

J’voudrais pas vous embêter avec ça,

Mais cette chose m’appartient de droit.

Ne lui donnez pas mon nom si ce que

Vous voulez n’a rien à voir avec ce que

Je suis.

 

Cette tragédie d’acte en acte ressemble

À un voyage en mer en compagnie des

Plus riches d’entre nous (qui sommes

Pauvres ou peu s’en faut) / Poeta, dime

Si me equivoco / couteau des parturitions

Sur l’horizon ainsi peint un jour d’orage

En un autre pays / j’voudrais pas, voyez-

Vous, vous ennuyer avec ce que je

Possède, mais si mon nom efface

Celui de cette terre, alors prenez-

Le et ne revenez pas avant l’été

/ disait-il : nous ne comprenions

Pas. Les poètes, voyez-vous, sont

Différents de nous : le verbe y

Pousse comme l’herbe entre les

Pierres de nos adrets : Égypte des

Phénomènes touristiques : peau

Arrachée à son cri / je vous disais :

C’est à moi, mais prenez-le, comme

Si vous finirez par le posséder :

Je vous le dis : je n’ai pas vécu !

 

Étrangeté des poèmes d’eau.

Vous finirez par m’aimer comme

Je vous aime / comme je regrette

De n’avoir pas suivi le chemin

Tracé par mon père ! / comme

Je suis fatigué de m’entendre !

 

L’eau descend avec ses fleurs.

La pierre rénovée des chemins

Tracés pour ne pas se perdre.

Les cassures des angles morts.

Les usinages retrouvés par hasard.

Comme je suis fatigué, mes amours !

 

Où finit l’eau je m’achève en terre.

Je suis déjà venu ici, mais par la voix

De je ne sais plus quel poète mort

De ciel et de terre / sans saison

À la clé : sinon le cœur ne bat plus.

Des racines deviennent épithètes.

Et je reviens sur ce que j’ai dit.

 

L’eau ne s’arrête pas en chemin.

Poursuivre la feuille morte ou

La lettre perdue ne sert à rien.

Les traces ne figurent plus au

Programme : nous sommes morts

Tous les deux / à Grenade morts

Sans éternité ni mots pour le dire.

 

Le soleil laisse tomber ses faux

Présages dans le fond de la tasse.

Qui est-il, si proche et si lointain ?

Si jeune et si vieux ? Qui peut-il

Être maintenant que l’eau suit

Nos propres traces ? L’eau des

Murs et des arbres / citerne

Profonde des sièges meurtriers

Comme la poésie les aime !

Sais-tu

Au moins

Où tu te

Trouves ?

 

Vous embêter ? Oh non, pas moi !

Je n’ai plus le cœur à l’ouvrage

De nos chants ! Je donne mais

Je ne reprends pas. Je suis ce

Que vous voulez que je sois !

 

Ainsi poursuivant les scorpions blancs.

Dans un sens ou dans l’autre, poursuite

De ce bonheur d’exister sans langage

Sous la langue, assassiné par le soleil,

Sans mythe en guise de clé, ni amour

Pour en écrire l’amnésie séquentielle.

 

Tenez ! Je vous le donne. C’est de bon

Cœur ! Prenez-le et continuez de rêver

Que vous n’êtes pas venus pour le prendre.

Ici, les rues sont des coups de crayons.

Et les chants des rideaux au vent des seuils.

Qui passe ne fait que ça ! Yeux pris au piège

Du marc. Ainsi naît l’angoisse qui ne quitte

Pas sa matrice. Prenez et ne me demandez

Pas pourquoi. Nos pays sont ennemis !

 

Oui, oui, bien sûr : on écoute même si la langue

Nous est étrangère : on reconnaît les accords.

Masques festifs sous les orangers de la mosquée.

La terre est la même pour tout le monde.

L’eau est l’eau et le soleil le soleil. Pas moyen

De changer la pluie en roman de gare !

Comme la poésie est poésie quand ça y est !

 

Nous lisons aussi bien que les autres / ressacs

Des marées hautes à fleur de rocher / lamparo

Des nuits denses comme le sens à donner aux

Choses qui n’ont pas lieu / ce qui est donné prend

Un sens : et nous entrons pour accepter de boire

L’eau du puits / comme l’enfant est enfant si

C’est l’heure ! Chanson des rois et des reines.

Qui invente ne ment pas. Conditions et rémission.

Martèle dans la pierre des chemins, jours et nuits.

Ne sait plus s’il a chanté ou si le silence l’a emporté.

 

J’voudrais pas vous embêter.

Mes amis, c’est une tragédie.

Je ne sais rien d’autre de la vie.

Et pourtant j’en ai bu, des verres !

J’ai suivi le chemin de mes pères.

Quelle mère ne s’en souvient plus,

Morte qu’elle est, et pour toujours !

Redevient enfant qui ne veut pas

Mourir de cette façon, tragiquement.

Mais je ne suis pas celui qui meurt.

J’ai toujours eu l’âme d’un valet

Et je l’ai gardée comme mon bien.

Voilà ce que je vous donne ce soir.

Prenez et sortez ! La rue est pleine

De gens parce que c’est la nuit,

Sinon ce ne sont pas des gens !

J’ai le pop-corn facile ce soir.

Les mots me viennent à l’esprit

Comme l’eau des toits, tributaires

De vos pluies, et elles sont versatiles

Hors saison. Vous embêter, non !

Je n’ai pas la gloire en nœud.

Je regarde mourir les coulisses

Et renaître le souffleur mort

D’hier et même d’avant-hier.

Pour moi pas de pluie sur le crâne,

Sans pébroque ni suroît, ni

Prestige (cela va de soi), ni

Voiles toutes dehors / je suis

Ce que vous voulez que je sois.

Mettons que je ne m’appelle pas.

 

Comme c’est difficile quand c’est facile !

(dit-elle un peu naïvement) Et plus c’est

Facile, moins j’y crois ! (rit-elle enfin)

 

Quelle tragédie je suis en train d’écrire !

Et ce n’est même pas la mienne ! (dit-il)

Si encore nous respirions le même air…

Mais nous ne parlons pas la même langue.

(oui, oui, c’est la même langue mais nous

N’en pratiquons pas les mêmes signes)

Gloire à ceux qui n’écrivent rien pour écrire !

Nous irons à Venise saluer le petit lion marrant.

Ou nous n’irons nulle part histoire d’y aller.

Nous aurons des conversations éclairées

À propos de l’eau, de la terre et des migrations

Qui compliquent les vécus.

C’est déjà arrivé à mon père.

Dire que je ne sais rien de ma

Mère et tout (peut-être) de toi !

Qui sait écrire sait ne pas écrire.

Rêvez d’être le premier

À la hune du seul encore

En vue de la dernière île.

Comme c’est difficile quand c’est facile !

Et comme les baleines sont bleues !

Les mots me manquent pour te dire à quel point

[il écrivait des lettres et les postait après l’apéritif]

Comme c’est facile d’être difficile !

Prenez ! Prenez tout ! Sans compter.

Sans revenir. Sans aimer mon pays.

Prenez ce que je donne, le marc, le

Café, la porcelaine bleue de Chine,

Le guéridon sous le soleil, son ombre

Portée, la vitesse des gens pressés

De rentrer avant la pluie, le théâtre

Où je vis de ne jamais en mourir !

Voyez comme il est facile de recommencer.

Un jour vous reviendrez

Avec ce que vous possédez.

 

Vous voyez. Et ce que vous voyez est ce qui arrivera si c’est écrit. Je ne vends rien, mais si vous aimez savoir ce que personne ne sait encore, un don, même symbolique, sera le bienvenu, car l’avenir n’est qu’un fragment du Temps. Lors de ma conférence (je vous ai distinguée parmi les autres), vous avez compris que je suis revenu d’un long voyage et que le Diable n’y est pour rien. Que diriez-vous d’une rencontre avant l’été ? Nous pourrions élaborer ensemble quelque projet d’envergure. J’ai ma petite idée sur le sujet. Et vous, ma chère… ?

 

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

 

www.patrickcintas.fr

Nouveau - La Trilogie de l'Oge - in progress >>

 

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -