"Créer, c’est se croire immortel". S.P
Le processus de création est probablement l’un des plus grands mystères de l’humanité.
Il est néanmoins tout à fait concret ou matériel dans la mesure où il met au jour, à nu la subjectivité du créateur, une subjectivité qui s’édifie au fil de l’oeuvre.
La construction de soi, ainsi, se déploie de manière esthétique, au détour d’une narration, d’un tableau ou d’une composition de musique classique. Ou encore d’un plan cinématographique. Cette matière artistique est assurément un don. Don de soi à l’humanité. Et ce don de soi recèle ce que l’on pourrait appeler le concept de transmission : la circulation d’une matière subjective à travers le temps.
A l’instar des souvenirs de famille, des événements historiques, l’art est un vecteur entre individus et groupes, à l’intérieur d’une même civilisation.
La puissance de l’art, c’est de provoquer un arrêt momentané de la mémoire pour laisser toute latitude à la concentration... avant de régénérer la mémoire, provisoirement en sommeil.
L’essence scandaleuse de ce médium - que serait un roman ou une nouvelle qui ne frappe les esprits ? - laisse des vestiges intemporels qui peuvent se dilater à tout moment, devenant l’objet de nouvelles conversations, de nouveaux échanges.
Elle modifie aussi certaines consciences, les sculpte, les fait advenir.
Maïeutique baroque ou classique, l’art est un vecteur essentiel de civilisation qui rappelle, précisément, le rôle prépondérant de la transmission.