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Article publié le 16 février 2020. oOo -1- C’est mon petit bonheur à moi. Quand je le tiens, je le garde quelque temps sous mon aile, et puis, sans prévenir, un jour, il s’envole et pars semer de ces graines d’oubli qui essaiment dans les mémoires. Il ne renferme aucun secret, mais il est précieux. Ce volatile est aussi bien une pierre philosophale à usage intime qu’une pierre de chance, un talisman, une améthyste, un porte-bonheur invisible. -2- Les mots se courent après. C’est bien connu. Parfois, pour quelque temps, ils laissent des traces dans l’herbe grasse comme le passage d’un escargot après la pluie. On peut les suivre à la trace sans dommage. On les perd toujours de vue. Il en vient de partout. -3- Boules de feu passent par-dessus nos têtes ahuries, tombent loin en avant sur les lignes ennemies. Corps meurtris reprennent espoir. Corps indemnes se prennent à espérer des jours meilleurs. Toi, au cœur de la bataille, tu distends à plaisir tes plus belles contradictions pour mieux les tordre et les tendre à plaisir, boyaux encore à vif, et puis, n’y tenant plus, tu décoches un carreau en plein cœur de ce monde en furie. Mise en joue. Cible atteinte. Fermez le ban. Vous pouvez dormir tranquilles. La bataille qui s’est livrée là a rendu les âmes confuses et les armes indigestes à souhait. Amis, alliés et ennemis d’un jour ou de toujours - que le temps est long à se décider ! - discutent ferme jusqu’à point d’heure dans la grotte. Soudain, le fond de la grotte s’illumine doucement. En sort, radieuse, une femme tout sourire. L’éclat de sa robe safranée tranche sur le fond sombre de l’entrée de la grotte. Message de paix flotte dans ses yeux. La scène est si improbable. Ne convoque pas tes rêves à l’appui de tes dires. Laisse venir. Tu comprendras plus tard. En la matière, ce ne sont pas les intentions qui comptent ni même les conséquences de tes actes mineurs ou majeurs. Tes décisions n’engagent pas le destin du monde, que tu crois. Les décisions se prennent ailleurs, dans les centres de pouvoir. A ta mesure, cependant, comme tout le monde, tu fais l’histoire. -4- Les ressorts de ta parole. Le ressort de tes paroles. Dans ces singuliers, dans ce pluriel, parole plurielle se joue de toi en toi, mais tu gardes le sourire, quoi qu’il advienne.
Jean-Michel Guyot 26 janvier 2020 |
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