|
![]() |
||||||
|
Navigation | ||
Seriatim 2
Seriatim 2 - Dieu est une idée agréable (Patrick Cintas)
![]() oOo Dieu est une idée agréable Mais la religion est une ignominie Et ses adeptes un savant mélange D’imposteurs et de bonnets d’âne. Mais ne peut-on pas en dire autant De toutes les planches de salut ? Maintenant mon chat / oui comme Sphynx sur le dossier / en contrejour Reçoit les lumières contradictoires / petit poète deviendra grand S’il vend son histoire aux communiants Et autres pratiquants de l’ablution Et de l’aumône / chat non pas De faïence mais de chair et d’os / à l’abri de la pluie derrière La vitre : tiquant à la goutte dure Ou aux craquements de la menuiserie / immobile et vide de tout sens Qui échappe à la symbolique Des aspects / la poussière scintille Dans un rayon qui a trouvé sa voie / se pose elle aussi mais cette fois Sur la feuille encore blanche / Quelle idée plus exquise invite À la rencontre ? Cons et paranos Assemblés sur les dalles ou les tapis / dans la fumée ou le clair contrejour Des ajours / le chat n’a pas de nom En poésie ou alors il a un sens / Or je n’en cherche pas : ridicule Prétention du croyant qui s’avance Sur le parvis des fontaines de jouvence / pieds nus et le cul à l’air sous la robe / cherchant une issue à sa pensée Du matin que le soir piquouse Au cœur de la veine et de ses arts Ses artifices / tu quoque / des pères Et des fils et la femme comme ventre À cultiver en chapelle ou dans l’ombre Des artesonados : d’autres chats parents Des patiences portuaires / chat hybride Venu de Chine et de ces contrées Où l’esclavage continue de nourrir Son homme et la femme de ses fils / Dieu renégat de la Philosophie / La religion élevant des palais Et étendant ses places dans le monde Jadis peuplé des seuls animaux En conversation avec la nature / Beaux arts des plafonds et des dômes / la Philo ne peut pas en dire autant / maintenant à la place du chien Qui connaît ses cuistres et ses loups : le chat qui en sait plus sur la folie Qui amuse ou terrorise les cons Selon que le temps est au beau Ou à la pluie / à l’abri de ce côté De la vitre tambourinée ou ensoleillée / mes pieds frottent la poussière du parquet À cet endroit sans tapis car c’est l’été / l’hiver j’écris (dit-il) dans mon lit mais Tous les matins se ressemblent / globes Réfléchissant toutes les lumières acquises Au fil de l’expérience : l’adepte est ennemi Du profane : il finit toujours par tuer Ou en tout cas par contraindre : les enfants Soumis aux principes familiaux qu’aime Et finance la patrie souvent reconnaissante / toujours ce n’est pas possible mais ne vois Aucune injustice dans cette évidence, Mon fils (ou ma fille ou toi que je possède Encore qui que tu seras) / on perd sans regret Son chien et son collier : mais le chat, poète, Qui se « promène » comme s’il était chez lui À l’intérieur de ce crâne : le chat ne s’oublie Pas : icône des murs achetés tels quels / ne riez pas si je vous en parle comme Si j’en possédais un exemplaire moi Aussi : Dieu n’est pas la meilleure idée / mais ses artistes sont subventionnés : querelles des faubourgs de la gloire / hypocrites et jaloux au cœur de la question De savoir qui est qui / des chattes Dans le jardin du voisin / ou plus loin Dans la rue / ce chat n’est pas le mien Mais il habite chez moi : tombé du ciel Avec les feuilles d’automne / à l’orée Du bois d’hiver et de ses promesses florales / seul l’été connaît mes érections Et leurs objets divers / aussi divers Que les dons prosodiques de la langue Qui me sert de fil à la place des récits / chat des coussins les mieux placés / sa patte douce ou non : interdite Dehors / s’exerce ici de jour comme De nuit / à moins que tu ne saches pas De quoi je parle entre tes cuisses /
Dieu se nourrit comme tout le monde Des illusions en cours et de désirs croissants. Partout des symboles de sa gloire imméritée. Mâts aux filins fous dans le vent qui zigzague. Tours des guets anciens, bite du sodomite. Même les millions d’années ne réduisent pas La concrétion. Accepte de mourir idiot mais pas Ici. Il faut partir un jour ou l’autre mais sans elle. Sans son chat et ses habitudes. Vitre brisée Des cris d’enfants. Passage de l’adolescence Qui revient à la même heure te hanter. Mon Dieu, faites que la poésie se libère de tout ! C’est elle qui existe et non pas ces architectures Où l’artiste trouve sa place entre deux colonnes.
Bref, Dieu ne parlait pas : donc il ne mentait pas. Ne parlait à personne, ni au lit ni ailleurs. Comme au comptoir ou sous le robinet. À la galène et au tison, rien, pas un mot, Ni sacré ni autre chose, des riens en veux-tu En voilà, et des fidèles en masse et en rond, Alors qu’on crève de faim ou d’ennui, Qu’on n’arrive à rien sinon à gagner Ce qui ce gagne ou se perd selon le jeu À jouer ou à rêver / personne n’a calculé La masse de la mort depuis que la terre Est humainement possible / personne n’a tenté Le Diable à ce point / mon chat n’en sait pas plus.
|
![]() |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |