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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 25 (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 8 septembre 2019. oOo Et je ne ferai rien pour que ça change : Ni travaux d’utilité publique ni crimes. Plutôt crever que de vous ressembler. Même si je sens en moi remuer le ver De l’hypocrisie / héritage sans doute : Je suis si pauvre que ça n’a pas d’importance. Mettons. Je vous parle d’un voyage Que je fis / mais c’est fini maintenant : Je ne reviens plus donc : ce n’est plus Un voyage / j’encule des êtres sans malice Ici : et je vous envoie des cartes postales.
Que le facteur en lèche Les coulures d’océan ! Je suis loin si loin au bout De ce monde provisoire. Que sa langue y trouve donc De quoi fonder l’exégèse. Îles sous-marines là-bas / au fin fond du désespoir : Le seul sentiment à même De traduire la complexité De la chose qu’on rencontre Tous les jours que je fais. Lèche, pourlèche ô rapide Coursier de l’administration : Tant que les réseaux in progress Le veulent / car tôt ou tard Ce dernier signe du passé Fera oublier toutes les guerres. Interprétation (improvisée ou pas) Entre l’impression et le poème : Sans la langue du facteur (et Sa salive nécessaire) cet océan Ne constitue plus 70% de la surface. Lèche, pourlèche ô vaincu Des courses dans l’éphémère.
Fusion des fusions. Ouvrier au travail Dans cette lumière. « l’art est une sottise » Il le sait maintenant / Moi je l’ai toujours su / j’ai ri contre les murs Fusion de toutes les fusions. L’art est un divertissement : Qu’on le veuille ou non. Nous ne croyons plus. Nous avons trop cru. Ouvriers sans toutefois Aimer le travail en cours : « toute l’écriture… » cochons Le groin dans la mangeoire. L’idiot du bruit et de la fureur. Des siècles d’attente Et à bord de sa belle bagnole De publiciste ou d’ingénieur Il rentre chez lui ou part en Vacances : comment s’appelle -t-elle ? L’ai-je connue sur La même plage ensoleillée ? J’ai tellement enculé de salopes ! Promis les monts et leurs merveilles. Qu’est-ce qu’il y a de beau là-haut ? À part la mort qui donne un sens Aux chutes vertigineuses : ceci Est le corps de l’écriture et Le vin du cochon : mangez et Buvez si ça vous chante : il va Aussi au concert pour écouter Ça / en compagnie de sa compagne Du moment : « tout le monde écrit / aujourd’hui » / il n’y a que Moi pour ne pas m’en enorgueillir : J’ai cette envie de disparaître Avant de passer pour un sot / Mais qui détruira ce que j’ai Conçu une fois que j’aurais Disparu ? / sottises et cochonneries En tous genres / « confieso que he vivido » / il y a un tas de choses Que je fais sans savoir exactement Pourquoi je ne les fais pas /
Les crétins de notre temps veulent des preuves de Nos compétences en matière d’art et de littérature : Donnons-leur de l’académisme pur pour clore leur Bec / faut les voir interloqués mais toujours incrédules / panteler devant la preuve : mais ils sont si ignares Qu’ils continueront à se poser les mauvaises questions : avec eux le temps est perdu d’avance : ne pas fréquenter Cette engeance : un humanisme sans les abrutis / suffit D’essayer de les impressionner pour les repérer : temps Perdu en opérations parallèles sur le terrain des rencontres : D’autres attendant l’amour / ou la perfection d’un essai Transformé / « ce qu’on perd comme temps (sous-entendu : précieux) au lieu de vivre notre vie (sous-entendu : chère) » / preuve, perfection, prix / les trois axes du malheur /
Le sens de ce chemin (pas de tous les chemins) Qui s’achève en festin Sans invités pour apprécier Ce moment de pure folie.
Prisonniers du mouvement (je ne parle pas de tout le monde) Nous avançons dans le soleil / comme aujourd’hui le soleil Qui manque à l’ombre où L’herbe gelée est inhabitée.
Qui vient à travers champ ? Ou qui traverse la rue pour Frotter ses pieds sur le seuil Et demander à entrer pour Partager les toxiques du jour ?
La belle bagnole rutile rouge Entre sol y sombra / quelqu’un Veut toujours se jeter par la Fenêtre toujours ouverte : nuit Toujours à l’approche du jour /
« regarde comme la vie est belle ! » Il dit : je vois et rejoint ses saints Au paradis des exténuations nettes : « j’ai la publicité dans le sang / » Regard mouillé de vitre blanche.
Ombres chinoises des rideaux Qu’on a tirés pour ne plus voir : Insectes et reflets des parodies De commerce plus bas sur le Trottoir / quel effet sur ton esprit !
Une ode en préparation / écrans Superposés des « j’aime » / sans Jeu de mot : bourgeons, pierres / Le sens du prix / jouant l’acteur Entre les apparences et le rêve :
Espèces de romances / on conduit Les morts en silence / festin des Sanctuaires ivres / la belle bagnole Porte un crêpe noir au rétroviseur : « j’ai jamais vu un visage si nettement
affecté par » / ce contenant de chair Destiné à la pourriture puis au désert : « j’ai toujours su que je ferai ce boulot » Des clodos se désoiffaient sur les bancs Par dix degrés en dessous de zéro.
Régions obscures des voyages en saison. À la ville comme à la campagne / sans Transition / jouant de la cacozélie avec Une « joie non dissimulée » / cette route N’aime pas les pieds / deux allées d’arbres Nus / « où étiez-vous quand à Guadalcanal » …/ parcours semé de batailles / une belle Femme aux casinos / la même mais sa peau Change de couleur / je reconnais les yeux : Kafka prend une note dans son journal / « m’aimerez-vous si je vous dis qui j’étais ? » Cahotant dans un western / les bisons à l’horizon
La publicité noie l’information Comme l’information tue la poésie.
Discours d’un pot de fleurs à la fenêtre Au-dessus de la rue qui s’illumine des feux De ses vitrines / dispositif connecté au Monde / « je crois en Dieu » / la porte joue un air De comptine / « j’ai jamais essuyé mes pieds » Levant la tête (n’oublions pas que vous êtes en train de lire un roman) il rencontre ses yeux Pers / les fleurs sont des jacinthes en effet / Et il passe son chemin / il ne lui a jamais parlé.
« cette existence faite de zaps… » / Plus loin au croisement de leurs rues Respectives / citant Coppée à chaque Rencontre d’un panneau / malheureux De n’être pas devenu ce qu’il avait Rêvé d’être dans son enfance solitaire : Soledades / « je vais l’emmener pour La première fois sur la Côte » la belle bagnole
« n’oubliez pas ce que je vous ai dit à propos De ces tristes endroits du monde où nous vivons » On ne meurt pas de cette façon / le noir cortège Aux nénies noires prend le train à deux heures De l’après-midi : pas le temps d’en écrire quelque Chose / « n’oubliez pas que tout est roman » /
Belle bagnole filant sur la route des vacances Non payées par la nation / il emmène la fille Qui a joué dans sa publicité / capote pliée / « jamais entendu ce genre de moteur / même au cinéma »
fille de l’air
actualités en jaune / il se récite une fleur sans penser à mal / ou Sade en son château / saluant le gendarme comme s’il s’agissait d’un intellectuel ou d’un artiste / il n’a pas pensé au savant ni au philosophe / « un café doublé d’hormones nous réveillera de ce cauchemar » / la radio crachait des publicités maintenant /
Il déconnait : je suis l’homme le plus riche du Monde. / disant vrai certes mais sans malice : « descendant du nord au sud » La mer en perspective bleue Comme dans un tableau / « pensez-vous que je serai assez belle pour tout ce monde que je ne connais pas aussi bien que vous ? » Ils font de la poésie avec des petits riens Ou des grands touts / Boîte de vitesses à sept rapports / nous serons arrivés Avant tout le monde.
Vitesse de la toxicité / Jamais posé la question : À moi-même / au spécialiste / j’arrive avant tout le monde / « il ne sera plus l’heure » Projeté dans un domaine Inconnu / saut par-dessus La clôture / des bisons dans Les marais / un des leurs Debout dans le plateau / Je m’identifie à cette vision : La vitesse acquise est un Phénomène en soi / ruses Des personnages secondaires / tout le monde s’impose Comme récitant / coulisses Aux muqueuses buccales / Glaires du temps / accidents Sans conséquences / vivez Tous en même temps / j’ar -rive
Tous en même temps vivez votre vie Chacun du côté de la mort de l’autre Vivez tous ensemble sans vous soucier Du temps qui passe ou ne passe plus Selon que vous écriviez ou que vous Vous donnez aux autres pour le meilleur Et pour le pire / sédimentation des Toxiques une fois tranquillisés les liquides / vous ne reviendrez pas / vous êtes mort Avant même d’avoir commencé / qui Comprend le mieux ? Ce qui vous arrive Chaque fois que vous acceptez de lever Les yeux vers les siens ? Jacinthes des pots / complémentaires tremblantes mais Sans débordement du cadre qui leur est Affecté par : la transmission des pensées.
Devient-on fou au point de se suicider… ?
« Citez vos sources Si vous êtes un bon universitaire ; Lavez-vous la langue Si vous agissez dans le cadre Des activités municipales. »
Nous ne saurons jamais qui nous sommes. La question est : qui le sait ? De là toutes ces convictions stupides !
Vertige intellectuel provoqué par les meilleurs esprits. Vous ne saurez jamais tout ce qu’il a voulu dire. Avouez cependant qu’il vous a ouvert la porte. Rien de plus agréable que d’emprunter la même route. Un bout de chemin ensemble. Vivons de ces croisements Sans croire un instant qu’il s’agit de rencontres. « Moi j’ai suivi son conseil et je m’en porte bien »
Craquelures des peintures Dues à la nature des pigments Ou au non respect des règles De superposition des couches.
« les musées en sont pleins » / ou Fins fendillements des connaisseurs. À Lorca les toiles incendiées sont Restées telles quelles / spectacle Signifiant pour le fidèle / quelque Chose de beau dans cette pratique De la leçon donnée aux despotes :
« nous reviendrons sur nos pas » Après avoir vu tant de choses ! Hurlé à la mort dans la citerne Vide et poussiéreuse : les aubes « Des moulins me disent quelque chose » / à Tolède les mains des Compagnons sont peintes par Un mal-voyant / aller à l’essentiel : « on ne demande pas l’aumône à Une statue à moins d’être fou »
Une technique sans spéculations : « c’est trop demander » / verbe En déclin des rues et des champs / même la douleur est sujette à Caution / mais toute pratique A ses limites : on en perd la joie Initiale / regardez-moi pleurer Sur mon sort / criant de vérité
« c’est pas la sagesse / mais l’intérêt qui : conduit nos pas dans la société des hommes et le voisinage des autres formes de présence terrestre » / Quand je lui ai posé la question De la Mort : il m’a demandé pourquoi cette Majuscule / ? / et sa femme l’a servi (trois Verres déjà et le soleil commençait à décliner Dans les arbres / la pluie ayant laissé la trace De ses gouttes sous les branches : un oiseau (merle au bec jaune) retrouvait son nid Dévasté par un débroussaillage / « vous reviendrez l’année prochaine avec la même question et ainsi jusqu’à ce que vous assistiez à ma propre mort : c’est ce qu’elle redoute le plus : plus que la maladie qui affecte ses seins/ » / commendes au fil des minutes : « vous reviendrez » / comme si c’était Inévitable / « ne composez plus avec les rimes : La langue française est morte depuis longtemps / »
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