"La littérature n’est-elle pas la forme suprême de rébellion face à l’absurdité du monde ?" S.P
Paraphrasant Michel de Montaigne, je songe à l’élasticité suprême de la littérature qui s’étire jusqu’à se confondre avec le temps.
Avec la pensée.
L’œuvre, par essence, n’est-elle pas fabrication de la démesure ?
D’une démesure sans limite ?
Oui, démesure de l’œuvre qui s’inscrit dans la démesure de la vie. L’auteur ou le prototype, engagé dans une voie initialement matérialisée par le temps, remarque le progressif effacement de celui-ci, ainsi que de sa propre personne ou subjectivité qui ne cesse d’œuvrer, les livres ou les textes se multipliant tels des lépidoptères groupés en nuées mobiles et pressées.
La notion de finitude recouvre toute son ambiguïté.
L’abstraction du temps se fait de plus en plus concrète, à l’instar de l’épaisseur de l’œuvre.
Le gigantisme ou monumentalisme artistique se substitue à l’être, à l’étant, devenant en quelque sorte un prétexte. Oui, un prétexte pour effectuer le grand voyage dans le meilleur état d’esprit.
Au début était le verbe. A la fin, aussi.
S’il existe une seule et unique problématique philosophique, il s’agit de celle-ci : est-on capable d’ériger un sens suffisamment compact pour que sa vie affronte son terme avec sagesse ?
Sommes-nous capables d’ériger un cursus suffisamment dense pour affronter la grande inconnue ?