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 Article publié le 24 mars 2019.

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L’île existe, tous les faits s’y rapportant ne sont que pure invention, enfin presque….  

 

 

 15 Octobre 2015.

  Surmonté d’un fort que n’aurait pas renié le sieur Vauban (si environ un siècle et demi avant sa naissante il n’était déjà construit) le port profitant d’une petite baie encastrée entre deux avancées rocheuses n’a guère changé depuis bientôt… hé oui, vingt quatre ans déjà. Les vedettes qui assurent la rapide traversée vers l’île n’ont que peu grandi, elles ne pourraient manœuvrer tant la place est restreinte. Etonnant qu’il n’y ait jamais de bobo. La dextérité des capitaines à la barre, cette répétitive habitude qui a créé des automatismes, permet l’accostage et l’appareillage des monstres. Bourrés de passagers en saison ou en fin de semaine, ils assurent néanmoins une petite dizaine d’allers-retours quotidiens, sauf par grosse tempête.

 Découvrir Porquerolles ravit tous les sens. Les yeux écarquillés pour mieux apprécier la beauté de cette perle qui permet de se révéler avant même d’être abordée. Les narines dilatées emplies de sel et d’iode, oubliant le gasoil du bateau, reniflent un parfum supplémentaire, celui de l’aventure. Les mains se crampent à tous les points d’appuie possibles pour lutter contre le roulis et le tangage, toutes prêtes à saisir un morceau de terre entourée d’eau, quelque chose de différant. Les oreilles troublées et un peu meurtries par les puissants moteurs qui parfois rugissent, captent aussi le vent, les chocs incessants de la coque contre la mer quand le temps est mauvais, les cris des goélands, bien d’autres bruits inhabituels aux non-initiés. La bouche se remplit du gout de la découverte, de l’imagination du pirate trouvant ou retrouvant son île, celle de son trésor. Attention, le mal de mer parfois peut faire remonter des effluves peu ragoutants.

 Le trajet est court. Rarement plus de vingt minutes.

 La première navette quitte de l’île à 6 heures 55. Chrono ! Son chargement : des enfants à livrer aux autobus du continent qui les emporteront vers leurs écoles ou lycées respectifs, à Hyères pour la plus part. Retour vers Porquerolles à 8 heures moins le quart. Généralement peu de passagers. Ce jour là Gabriel est l’un deux.

  Venu de nulle part, l’homme sait par contre très bien où il se dirige et ce qu’il va faire.

 Essayant de reconnaître des visages, ou des similitudes entre des jeunes présents et ceux qu’il a fort bien connus autrefois… certainement vieux désormais. Son observation méticuleuse mais non ostentatoire des hommes et des femmes embarqués à ses côtés, lui permet, du moins il le suppose, d’imaginer des liens de parenté.

 -Tiens, celui-là doit être le petit d’Untel, c’est son portrait tout craché !

 Ou encore :

 - Cette jeunette est certainement la fille de…

Mais sur cette île si petite, cet espace restreint qui voit se développer des mœurs si particulières, il ne faut jurer de rien. Cela à peut-être changé, mais du temps où Gabriel vivait à Porquerolles, l’infidélité était un sport pratiqué avec une forte intensité et une dissimulation qui elle au moins ne trompait personne.

 

 Gabriel scrute lui aussi l’île qui s’approche dans la proue. Personne ne l’a vu descendre du premier bus de Hyères, ni d’un taxi ni d’aucune des voitures restées sur le parking… autrefois gratuit, aujourd’hui payant !....

 

***

 

15 octobre 1981.

 Jour de son anniversaire. Dépité par un tour du monde qui c’était arrêté au nord de la Sardaigne, le propriétaire d’un beau voilier en acier de dix mètre avait oublié que la liberté se payait. Et cher ! Le prix des ports n’était pas à la portée de sa misérable bourse. Adieu veaux vaches cochons couvées, il allait falloir gagner des sous pour pouvoir repartir plus loin. Cap au nord, dans une brume cotonneuse, l’île était apparue juste à temps pour que les cailloux au bas des falaises ne stoppent définitivement la grande aventure.

 Gabriel connaissait déjà cette perle de la Méditerranée ; il espérait pouvoir y renflouer sa caisse de bord rendue au désespoir de la platitude totale. Bien lui en pris, car en ce lieu paradisiaque les hommes ne cultivent pas les poils dans la main… uniquement par la pratique d’un autre de leur sport favori, la pétanque. Alors, celui qui ne craint pas de mouiller sa chemise trouve vite de quoi remplir sa besace. A cette époque, personne n’entretenait vraiment bien le plan d’eau, surtout dans ses fonds. Son équipement de plongeur sous-marin lui permis rapidement de ponctionner la caisse noire (chuuuut, ne rien dire) d’une chambre de commerce ravie d’avoir un gars présent sur place, et toujours disponible. A moindre frais qu’un professionnel venu du continent bien sûr !

 Hors de l’eau, quelques petits boulots, au black toujours, lui permirent de se faire connaître en bien et, petit à petit d’exiger une décente rémunération. A prendre ou à laisser. En peu de temps le navigateur redevint terrien vivant sur un bateau. Et les filles et femmes de l’île s’intéressèrent à cet individu nouvellement débarqué. De la chaire fraîche à essayer ! La bourse avec joie se remplit enfin, les bourses avec plus de plaisir encore se vidèrent. Donc…

 Peu de temps après son arrivée, Gabriel le barbu était connu comme le loup blanc des trois-cent quarante habitants et de la centaine de gendarmes de l’école de formation, En ce lieu, chacun défend âprement sa part du gâteau au moment du plumage du pékin-touriste. Les coups vaches pleuvent ; et surtout par derrière de la part de gens pour beaucoup francs comme des ânes qui reculent. Quelques gnons bien mérités et judicieusement distribués permirent au barbu de se faire respecter. Les années de commando dans la glorieuse armée française enfin portèrent leurs fruits. Il y eut des exceptions, fort heureusement, qui firent naitre sinon une durable amitié, mais surement une franche et loyale camaraderie. Mais vingt quatre ans, c’est long ! Qui se rappelle encore ?

 

 Entre 1981 et 1991, maintes fois l’île fut laissée dans son sillage. Mais la nécessité de regagner quelque argent voyait le petit voilier rouge revenir régulièrement, souvent au début du printemps. En été, le club de plongé offrit au barbu bronzé l’opportunité de travailler. Exploité honteusement, ne comptant pas les nombreuses heures supplémentaires impayées, Gabriel a tenu le coup malgré tout. Les nanas plongeuses en tenues légères et souvent disponibles se relayaient la nuit pour faire balancer le mat, même par temps calme…

 Dix années pleines de croustillantes anecdotes, mais aussi de drames. Dont un…

 

***

 

 Retour au 15 Octobre 2015.

 

 A quelques encablures de la Pointe Prime, la navette ralentit, enfonçant sa proue qui jusqu’à ce moment fendait l’eau, elle provoque une vague qui se ressentira jusqu’au fond de la minuscule baie. Le phare rouge d’entrée est laissé à bâbord puis, en une manœuvre parfaite, le petit monstre métallique s’immobilise sur une panne, juste en face de la capitainerie. Ici du changement. L’édifice a été refait, il faut dire qu’il en avait réellement besoin, mais le style pagode polynésienne est resté, simple et agréable à l’œil !

 Gabriel se sent observé. Impossible qu’un étranger ne débarque hors saison sans qu’il ne soit attentivement scruté, détaillé. Mieux vaut que personne ne le reconnaisse. Encore qu’il n’aurait rien d’autre à perdre que des blablablas sur le temps passé et des questions inintéressantes sur presque un quart de siècle de sa vie. Gabriel n’a pas envie de parler, sauf à deux personnes. Une vielle dame dont seul le prénom parfois écouté par hasard lui a toujours mis du baume au cœur mais aussi une infinie tristesse. Et son fils Eli qui lui n’a pas encore dépassé son vingt-quatrième anniversaire.

 Eli, le seul policier municipal de Porquerolles. Un des rares de toute la France qui ne trimballe pas tout un attirail à son ceinturon. Ici pas de pistolet, pas de matraque, pas de menottes, juste un simple talkie-walkie. Probablement qu’il est également un des rares qui soit bègue. Ce handicap léger s’accentue quand il est énervé et certains gentils cons de l’île s’évertuent trop souvent pour le rendre maboul puis rire méchamment à ses dépends autour des innombrables anisettes ingurgitées.

 Eli aime son île si belle et hait ses habitants. Il sait aussi, bien qu’ignorant comment et pourquoi, que bientôt il partira.

  Cent mètres seulement pour arriver aux pieds du village. Gabriel ne peut passer inaperçu et quand on le verra parler à Eli, les langues vont une fois de plus se délier en interminables questions, suppositions.  Normalement le policier devrait prendre son habituel café crème du matin au bar de l’Alycastre, encore quelques mètres plus loin. Juste à l’angle de la Place d’Arme. Dans la légère montée une dame âgée le croise, une qui plus que certain fut d’un blond vénitien, aujourd’hui d’un blanc étincelant. Elle s’arête puis se retourne en demandant :

 -Gabriel ?

 Ne pas répondre ! La barbe disparue et bien des années peuvent totalement changer un physique, mais sa voix si caractéristique le trahirait sûrement. Une moue d’incompréhension puis un sourire forment sa réponse. Il reprend son chemin laissant dans son dos celle que lui aussi a reconnue creuser sa mémoire… comment pouvait-elle se tromper à ce point ? 

 Celui qu’il est venu voir sort du bar et se dirige à pas lents justement vers le port. Dix mètres avant qu’ils ne se rencontrent.

 -Monsieur le policier !

 -Bonjour monsieur, que que puis-je pour vous !

 -Me mener auprès de Céline, vôtre mère !

 Une simple émotion et le bégaiement se renforce…

 -Et et et qu’est-ce que vous vous lui voulez à ma ma mère ?

 -Je m’appelle comme vous Eli, Eli Constant. Je suis écrivain et je dois vous parler, à tous les deux.

 -Je je doute qu’ qu’ qu’elle puisse vous en en entendre. Sa sa surdité s’est s’est aggravée dernièrement et l’Alzheimer n’arrange pas les ch choses.

 Le jeune policier observe son interlocuteur. Rien de menaçant dans son attitude, pourtant l’aura que parfois il peut voir autour des corps ne se révèle pas. Le bonhomme n’est visiblement pas dangereux et les questions qui courent maintenant dans la tête d’Eli Lebon vont probablement trouver réponses d’ici peu.

 -Elle ne vit plus dans les HLM de la montée du fort Sainte Agathe ?

 -N n non, elle vit avec moi, près près du ph phare ! Je vous emmène.

 Les routes et chemins de Porquerolles sont interdits pour tous les véhicules à moteur sauf dérogation bien sûr. Le municipal quant à lui, bénéficie d’une voiturette électrique. Pendant le trajet, bien que fort préoccupé, il s’abstient de toute autre interrogation.

 -Nous, nous y voilà ! Ma mère doit être dans le ja jardin der derrière la maison. J’ai j’ai obtenu l’au l’autorisation de poser une ba barrière avant la falaise. Passons par le côté.

 -Maman, maman, ya un monsieur qui veut te voir !

 Alertée plus par instinct que par la voix de son fils, Céline qui regardait l’horizon vers le sud se retourne.

 -Gabriel !

 Puis elle s’évanouit. Elle ne reprend ses sens qu’allongée sur le canapé, il est trop difficile de la porter dans sa chambre à l’étage. Mais ses yeux ne se rappellent déjà plus.

 -Bonjour monsieur !

 -Bonjour Céline ! Je suis venu te raconter une histoire, ancienne et douloureuse. Et si tu ne me comprends pas, notre fils ici présent, lui au moins saura. Tout.

 Assieds-toi Eli. Et écoute.

 Non je ne t’ai pas menti en affirmant que je m’appelais Eli Constant. En fait c’est mon pseudonyme. Celui que j’ai choisi pour écrire une flopée de romans, des nouvelles, des contes pour enfants, des pamphlets satyriques et autres essais littéraires. Inconnu du grand public, j’ai pourtant beaucoup écrit pour des auteurs de renommé. Je suis ce que l’on nomme un nègre, et cela m’a permis de fort bien vivre. Eli, le prénom de mon fils, né de la femme que j’ai la plus aimée. Ce beau prénom je l’ai utilisé aussi, c’est lui qui a guidé ma plume.

 Ecoute Eli, mon véritable nom est Gabriel Johannot, et peut-être que cela te dit quelque chose. Tu es venu au monde et ton père, plus exactement le mari de ta mère, tu ne l’as jamais connu. Il a mystérieusement disparu en automne 1991. Accroche-toi Eli…Accroche toi bien.

 C’est moi qui l’ai tué. S’il te plait, ne parle pas encore !

 Alors que Céline, les yeux perdus dans on ne saura jamais quelle contemplation, sourit béatement, Eli se lève et va se servir un verre de la seule liqueur à laquelle parfois il se laisse aller. Un vieil Armagnac aujourd’hui bien tassé. Des larmes, rares au début du monologue de son véritable père, coulent maintenant abondement. Sans la moindre tentative de retenue.

 -Ecoute encore mon fils. C’est un salopard pourtant nommé Lebon qui t’a rendu bègue. Un immonde qui battait Céline comme plâtre alors qu’elle te portait en son sein.

 La mauvaise réputation de Jean Pierre est fondée. Tout ce que tu as pu entendre sur lui n’est peut-être pas totalement vrai, car les absents ne peuvent se défendre. Mais sa méchanceté était bien réelle. Et tu ne serais probablement pas né si je ne m’étais pas occupé de lui. Il voulait te « faire passer », il savait que cet enfant tardif, ce petit dernier comme on dit, ne pouvait être de lui. Céline sous les coups a tenu bon. Et j’ai agi sachant que c’était elle qui allait y passer !

 Je continue ?

 Un reniflement accompagné d’un hochement affirmatif de la tête confirme l’accord muet.

 -Je ne t’épargne aucun détail ?

 -N n non !

 Jean Pierre n’avait pas reçu de véritable salaire depuis son arrivée sur l’île, votre petite famille vivotait grâce aux nombreux ménages que Céline faisait. Un peu aussi avec l’argent piqué au seul arabe de l’île. Ce plongeur dans l’arrière cuisine d’un restaurant avait fâcheuse tendance de jouer au poker alors que l’alcool embrumait sa vue. Facile pour deux salopards que de le plumer tous les mois en une ou deux parties « amicales ». Autre source de revenu, les pleins congélateurs de petits oiseaux capturés au piège à fourmis puis livrés dans les cuisines des environs, toutes sur le continent.

 Le complice de Jean Pierre était Lucien, l’éboueur-cantonnier. Un autre sacré loustic. J’ai accueilli sa fille sur mon bateau le jour où il essaya de la violer. La petite n’a jamais voulu porter plainte de peur des tannées qu’elle allait recevoir. 

  Tu sais, j’étais prêt à payer mon crime. J’ai agit avec une longue préméditation et la chance m’a accompagné. Il faut préciser que mon scénario fut parfait. Tu vas maintenant savoir où est le corps de ce salopard. Puis tu feras ce que tu voudras.

 La petite digue qui s’avance en face du phare d’entrée du port, depuis longtemps était bien abimée par les coups de boutoir des vagues levées par le vent d’est. Il devenait impératif de la réparer, la renforcer voir l’allonger de quelques mètres. Le club de plongée fut chargé des travaux. Or j’y travaillais régulièrement, bien que seulement déclaré à mi-temps, et encore…pas toujours !

  Qui a préparé l’armature de fers à béton pour l’encastrement sur les rochers ? Qui a positionné le coffrage ? Et enfin qui était là, en tenue néoprène, à la première heure au premier puis au deuxième coulage des camions-cuves venus par bateaux spéciaux ?

  -Jai tué Jean Pierre Lebon la veille et fort heureusement, à la nuitée, personne ne m’a vu transporter le corps avec le vieux Tube Citron du club. J’ai prétendu une dernière inspection. J’ai toujours aimé le boulot bien fait.

 Là j’ai été génial ! Quand pendant plusieurs jours de suite, parée de la sempiternelle veste de treillis militaire et de l’incontournable bob marqué Pastis 51 (la boisson préférée de l’individu), ce couvre-chef qui rarement redevenait blanc… la silhouette caractéristique a été vue aux endroits où on avait précisément l’habitude de la voir.

  Madame Bellemont, la fille de la grande cocotte comme tout le monde l’appelait sur l’île, a affirmé plus tard à l’inspecteur de police venu enquêter, que comme souvent au petit matin, le Jean Pierre faisait sa tournée des pièges entre sa parcelle et les premiers rangs de vignes de La Plaine. Les poches pleines d’infortunés petits volatils venus y mourir. Ce n’était que moi vêtu de gros pullovers masquant ma maigreur trop évidente. Mais le policier était un amoureux des petits oiseaux, et les congélateurs furent trouvés chez le complice…qui passa, pour récidive, trois mois fermes aux frais de la princesse.

  Un pêcheur également a pu voir Jean Pierre et son fameux bob, De nuit, là où des lignes de fonds étaient régulièrement posées. La bicyclette s’est déplacée sur les chemins de l’île, souvent avec les zigzags qu’on lui connaissait… avant d’être retrouvée abandonnée à l’extrême est près de la minuscule plage de galets des Mèdes. Céline interrogée n’a pu mentir en affirmant ne rien savoir. Il était fréquent que son bon à rien de mari ne rentre à la maison plusieurs jours d’affilée.

  Jamais inquiété, je suis parti définitivement de Porquerolles tout début 92. La tempête d’un fort Mistral allié de la Tramontane, non prévue par monsieur météo, a failli envoyer par le fond mon petit bateau rouge dans le difficile canal qui sépare Minorque de Majorque.

  Voila mon garçon, mon fils. Je ne veux toujours rien entendre de toi. Une seule chose que je te demande, dés mon retour sur le continent tu pourras regarder ma page web sur internet. Pratiquement tous mes textes s’y trouvent, gratuitement à la lecture. Tu taperas sur ton clavier : Une plume trempée dans le vitriol. Tu sauras alors qui je suis. Je vais repartir en prenant la navette de midi,

  Tiens, mieux encore : Tapes directement Eli Constant. 

  Ne me raccompagne pas, je crains que jamais plus nous puissions nous voir.

 Gabriel se lève, pose un léger baiser sur le front de Céline qui parait aux anges et donne une forte accolade à une fontaine bègue devenue muette. Bientôt sa silhouette disparait dans la descente qui fille vers le village.

 Le talkie-walkie demande au policier de redescendre lui aussi.

 -Ma ma mère ne va pas très bien. Ja ja j’arrive au plus vite.

  -Tranquille Eli, prenez votre matinée. Voulez vous que le docteur monte ?

 -Non, pas la peine de le dé déranger. Merci !

 Impossible d’attendre. Qui est Eli Constant ?

 

L’ordinateur s’affiche avec Google Chrome comme moteur de recherche et monsieur Internet répond à la question posée en une fraction de seconde.

   Eli Constant : Pseudonyme d’un auteur français qui se disait né le 15 octobre 1943 à Barcelonnette. Le registre civil de cette petite ville ayant brulé l’hors d’un bombardement le 4 janvier 1944, on peut supposer grâce à des recoupements que sa véritable identité était Gabriel Johannot.

La page web d’Eli Constant « Une plume trempée dans le vitriol » reste lue par les très nombreux amateurs d’un style de littérature bien particulier. Sa fille Julie, sans s’identifier avec la moindre preuve, a confirmé sur le site la date de son dernier départ.

Etranges coïncidences de noms et de dates, Gabriel Johannot probablement allias Eli Constant est décédé des suites d’un accident de moto à Barcelone le 15 octobre 2014, le jour de son soixante et onzième anniversaire.

Bibliographie…… 

 

  La tête tourne ! Ce n’est pas possible ! Eli jamais ne va aussi vite sur la route. Tout n’est qu’un rêve. La navette n’est pas encore partie et la petite voiture électrique aurait du dépasser avant le village Gabriel Johannot mieux connu sous le nom de Eli Constant. Ce père qui ne devrait pas partir avant que tous deux ne fassent meilleure connaissance.

Mais l’impossible personnage s’est volatilisé et si certains se souviennent de son arrivée, personne n’assistera à son départ.

  Trente cinq mètres en face de la capitainerie, un ponton de béton qui s’avance dans la minuscule rade semble appeler si fort le policier qu’il décide d’y aller. Voyons, en réfléchissant, combien de fois a-t-il foulé cette dalle ? Peu en vérité, et toujours cela lui a procuré une sensation très désagréable. Il reprend sa voiturette et contourne la baie. Face au portail de l’ex propriété des Simenon, celle que Mylène Demongeot a vendue mais qui garde le nom de Simenon pour les locaux, il stoppe et poursuit à pied,  longeant le bord de mer sur le sentier des douaniers.

 Pas de houle aujourd’hui, seul un léger clapotis qui amène des vaguelettes incapables de recouvrir le ponton peu élevé. Le cœur d’Eli bat la chamade, son souffle se fait court avec une sensation d’étouffement. Malgré sa peur il s’avance.

 Dix petits pas et une émotion extrême le submerge. L’angoisse ! Un choc violent dans la poitrine suivi d’une chaleur intense…Puis lentement, une détente, un bien être qu’il n’a jamais connu auparavant entre en son corps et, il le devine, en son âme aussi.

 Eli quittera bientôt Porquerolles pour partir à la recherche d’une certaine Julie. Il ne le sait pas encore en se retournant sur le ponton, mais plus jamais il ne bégaiera.

 

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