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Article publié le 10 mars 2019. oOo Faire assaut d’abstraction, à mesure que le danger se précise, comme une fuite en avant au-devant du danger. Ainsi va le labyrinthe immobile dans les tréfonds. N’y demeure qu’un vide où la peur sévit. La peur de rien ni de personne. Le Minotaure a fui dans la lumière, épanche ses eaux parallèles dans l’azur. Dépense ses forces à tout va en pure perte. Le soleil -la grâce de son attrait - baigne dans la lumière des eaux jetées. Jetées comme on lance un appel à l’univers défait en train de se recomposer. Une beauté agit sur le réel environnant, crée un site où mémoire et conflits, conflits des mémoires et mémoire des conflits se résolvent. D’où provient ce regain d’énergie après le reflux ? Comme si, la mer retirée, la plage laissée vacante appelait le trop-plein du flux alluvial, en un mouvement de vient et de va qui emporte les alluvions au loin dans le retrait momentané des eaux marines. C’est un va pour un vient. Ma vie est peut-être à cette image près ce flux et ce regain, ce reflux et ce flux. Dans l’image, une vie s’éprouve. Aux images, il faut faire traverser l’épreuve du réel incoercible. C’est à ce prix, à ce prix seulement, qu’une image ou un flot d’images, valide le réel qui l’a inspiré en un détournement qui nous place à la croisée de deux chemins parallèles qu’il faut emprunter coup sur coup, en ayant constamment en tête l’autre voie. Cette géométrie de l’impossible - comme l’on dit : cet enfant est impossible ! - fait tout le prix de ce qu’il est convenu d’appeler imagination. Un prix modique qui passe l’entendement, en passe par lui pour confronter la raison avec ses raisons de ne pas se détruire. Le réel, dans sa toute simplicité, n’est ni vrai ni faux, ni un pur apparoir, mais un filtre posé sur un filtre, ce qui, au fil du temps, donne une structure feuilletée d’une extraordinaire densité.
Jean-Michel Guyot 1er mars 2019 |
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