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Histoire de Jéhan Babelin 41
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 Article publié le 21 octobre 2018.

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La nuit, je cherchais l’oiseau

Ou ce que j’avais pris

Pour un oiseau de compagnie.

Mais le plafond ne sert pas de ciel

A ceux qui couchent dans leur lit.

Et le chien dormait sur le tapis

Comme il avait jadis dormi

Sur le paillasson de ma mère.

Comment rêver dans ces conditions ?

Comment trouver le sommeil ?

Comment exister autrement

Qu’en pensée retravaillée

Sur l’enclume du désir ?

La fenêtre je l’ouvrais.

Et au premier rayon de soleil

Je la fermais en douceur

Pour ne pas éveiller l’attention

De mon voisin le plus proche.

L’oiseau n’est jamais revenu

Hanter mes ciels d’angoisse.

J’étais seul avec le chien,

Toute la nuit qui me créait,

Et le jour il sortait dans la rue

Pour recevoir le panégyrique

De la populace assemblée.

 

Et ainsi de chaque jour,

Chaque nuit, chaque soleil,

Seule fenêtre sur la vie.

On n’avançait pas,

Le chien ni moi.

On recommençait

Ce qui lui plaisait

Aux antipodes

De ce que j’étais.

Ainsi le temps retrouve

La cadence infernale

Du tarissement existentiel.

Fragments parfaitement égaux,

Unité sans cesse reproduite

Pour former la fable de Jéhan,

Jéhan Babelin, pauvre aède

Dont la rhapsodie canine

Charme les oreilles et le cœur,

Seuls organes à la mode

En ces temps de disette mentale.

 

Le temps était-il venu

Pour Jéhan de sortir

De la maison héritée ?

Mon voisin en était

Convaincu jusqu’à l’os

Tandis que je sombrais

Dans le redoutable soupçon

Qui crée les pédants notoires.

Poésie ! Mais où est ta philosophie ?

Comment sort-on de l’inaction

Pour plonger tête baissée

Dans l’homme et son humanité ?

 

« Sortez ! Sortez ! Voisin

Qui ne sortez jamais !

Sortez de la maison.

Sortez dehors, voisin du dedans !

Et tant pis pour la redondance !

Je ne suis pas voisin pour rien.

Vous verrez, j’ai de l’expérience.

Jadis je fus serviteur de l’État.

J’ai de quoi le prouver, vous verrez !

Prenez exemple sur votre chien,

Ce chien voleur de rimes léonines.

Venez jouer de la guitare

Avec moi qui sais jouer

De la guitare et d’un tas

D’autres choses enchanteresses.

Je joue ! Je joue ! Je suis dehors

Et vous vous attendez la saint Glinglin

Qui ne viendra jamais

Parce que c’est écrit

Dans le Grand Livre Tautologique. »

 

Je n’avais pas encore

Lu ce livre ni les autres

Ce qui expliquait

Selon mon voisin

Mon ignorance en matière

De truisme et de redite.

Le chien avait revu et corrigé

Mon propre texte dans ce sens.

Et tout le monde applaudissait,

Même moi qui suis l’auteur

Incontestable de la légende

Du Géant de Babel au pays des Sots.

 

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