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Article publié le 21 octobre 2018. oOo La nuit, je cherchais l’oiseau Ou ce que j’avais pris Pour un oiseau de compagnie. Mais le plafond ne sert pas de ciel A ceux qui couchent dans leur lit. Et le chien dormait sur le tapis Comme il avait jadis dormi Sur le paillasson de ma mère. Comment rêver dans ces conditions ? Comment trouver le sommeil ? Comment exister autrement Qu’en pensée retravaillée Sur l’enclume du désir ? La fenêtre je l’ouvrais. Et au premier rayon de soleil Je la fermais en douceur Pour ne pas éveiller l’attention De mon voisin le plus proche. L’oiseau n’est jamais revenu Hanter mes ciels d’angoisse. J’étais seul avec le chien, Toute la nuit qui me créait, Et le jour il sortait dans la rue Pour recevoir le panégyrique De la populace assemblée.
Et ainsi de chaque jour, Chaque nuit, chaque soleil, Seule fenêtre sur la vie. On n’avançait pas, Le chien ni moi. On recommençait Ce qui lui plaisait Aux antipodes De ce que j’étais. Ainsi le temps retrouve La cadence infernale Du tarissement existentiel. Fragments parfaitement égaux, Unité sans cesse reproduite Pour former la fable de Jéhan, Jéhan Babelin, pauvre aède Dont la rhapsodie canine Charme les oreilles et le cœur, Seuls organes à la mode En ces temps de disette mentale.
Le temps était-il venu Pour Jéhan de sortir De la maison héritée ? Mon voisin en était Convaincu jusqu’à l’os Tandis que je sombrais Dans le redoutable soupçon Qui crée les pédants notoires. Poésie ! Mais où est ta philosophie ? Comment sort-on de l’inaction Pour plonger tête baissée Dans l’homme et son humanité ?
« Sortez ! Sortez ! Voisin Qui ne sortez jamais ! Sortez de la maison. Sortez dehors, voisin du dedans ! Et tant pis pour la redondance ! Je ne suis pas voisin pour rien. Vous verrez, j’ai de l’expérience. Jadis je fus serviteur de l’État. J’ai de quoi le prouver, vous verrez ! Prenez exemple sur votre chien, Ce chien voleur de rimes léonines. Venez jouer de la guitare Avec moi qui sais jouer De la guitare et d’un tas D’autres choses enchanteresses. Je joue ! Je joue ! Je suis dehors Et vous vous attendez la saint Glinglin Qui ne viendra jamais Parce que c’est écrit Dans le Grand Livre Tautologique. »
Je n’avais pas encore Lu ce livre ni les autres Ce qui expliquait Selon mon voisin Mon ignorance en matière De truisme et de redite. Le chien avait revu et corrigé Mon propre texte dans ce sens. Et tout le monde applaudissait, Même moi qui suis l’auteur Incontestable de la légende Du Géant de Babel au pays des Sots. |
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