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Génèse des séries
Réflexe - Chantiers 7, 16 et 17

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 Article publié le 14 octobre 2018.

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Il y a un hiatus manifeste entre les livres intitulés Réflexe1(2008) et Réflexe 2 (2009) – textes auxquels il faudrait ajouter un troisième volume qui porte en sous-titre « Essais de poésie extraterrestre » - et le projet initial Réflexe dont, finalement, le Catalogue du sériographe pourrait bien être une expression indirecte.

Du coup, le titre « Réflexe » est devenu la serrure sans clé d’un épouvantable imbroglio.

Le livret « Réflexe » - écrit en 1995, dans la foulée des fascicules qui composent le cœur d’Avec l’arc noir, présente de timides tentatives d’insertion, dans le recueil de poèmes, de dessins encadrés ou de strips. L’essai, j’y insiste, est timide. Il ne doit compter que deux ou trois planches. D’autant que le projet n’était pas tant de concevoir un livre illustré que de présenter ensemble un bloc organique de texte, d’image (dessin et photographie), voire de musique sous la forme de partition (alors que je ne faisais que balbutier des rudiments de solfège). « Puisque tout cela avance ensemble, me disais-je, il faut bien que le résultat soit conforme au processus ! » Mais il n’y a rien d’évident à un tel assemblage, surtout si l’on cède au démon de la démonstration qui vous oblige à donner une fonction ou une valeur explicative à chaque terme de la série.

La première acception de « Réflexe » tient donc dans le désir d’organiser en un ensemble cohérent des productions relevant de différents champs de la création artistique. Assez tôt, cependant, le terme s’associe à cette forme radicale de lipogramme qui est mon principal tribut à l’Oulipo : au lieu d’exclure l’e je n’ai conservé, de toute la série, que cette seule voyelle. Ces essais n’ont pas intégré le projet « Réflexe » pourtant. D’une part, leur cheminement en moi était très lent (il faut incorporer la contrainte) et d’autre part, le projet « Réflexe » n’a pas été poursuivi, l’exercice menaçant d’aboutir à un assemblage des plus artificiels.

On était à l’époque où le CR-Rom symbolisait toute la modernité aux yeux de nos contemporains. On imaginait vaguement alors ce que serait l’informatique des années à venir. Sans doute ce contexte a-t-il joué. De l’autre côté, il y avait ce rêve de synesthésie qui devient « art total » chez Wagner mais prend d’autres formes, plus heureuses, chez Schoenberg et Kandinsky par exemple. Là, c’était différent. Je ne songeais guère au spectacle. La chose que j’imaginais devait être un livre, même si je n’en concevais ni la forme ni les articulations.

Par la suite, j’ai privilégié des rencontres accidentelles, comme peut l’être la combinaison de dessins abstraits nés du quadrillage de la feuille, même avec une série de poèmes impulsifs de plus de dix ans antérieures, « Les automates ». La volumétrie étant comparable, le mode d’engendrement observant lui aussi des parentés, il en résulte une composition binaire, certes mais cohérente.

Quand nous avons composé les livres parus chez Le chasseur abstrait avec Patrick Cintas et Valérie Constantin, l’adjonction d’éléments picturaux est vite devenue habituelle mais plutôt sous la forme de compléments documentaires. Plusieurs feuillets parcourent l’arc noir, une section iconographique conclut Le sens des réalités. Mais les recueils qui portent le titre Réflexe ont été épargnés. Il s’agissait moins à travers cette série de « petites séries » de reprendre le projet interdisciplinaire que de présenter une variété d’interprétations possibles du modèle sériel.

Quant au recueil primitif, il est resté dans les marges de l’arc. C’était un temps de répliques sismiques, si l’avènement d’Avec l’arc noir peut se comparer à un séisme psychique. Les répliques prenaient souvent la forme de feuillets expérimentaux d’une dizaine de page. L’expérimentation portait sur la saturation de la syntaxe combinée à une forte tension itérative. Mais il y avait encore un autre désordre sous-jacent.

Réflexe, c’est le terme des rêves empêchés en le règne de l’e. C’est le temps de l’enfer - et l’enfer est de répéter les mêmes gestes, de reprendre les mêmes pensées, de se représenter les mêmes scènes - l’enfer, le désert, les temples et les fermes des terres de perte - en des rêves fêlés, des rêves de verre et de verbe dément ! « Réflexe », terme de l’entente, est le sens de cette pensée sévèrement endêvée.

 

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