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Article publié le 2 septembre 2018. oOo Pour parler de Péret je ne ferai pas un poème surréaliste le temps est passé pas le surréalisme qui est aujourd’hui soluble dans ce temps où j’écris un poème sur Péret un poème où Péret n’est pas seulement l’ombre mais aussi le mur de ce poème qui est vertical comme sont tous les murs et les pas de Péret ont laissé leur empreinte sur ce mur-poème qu’il lira j’espère de ce ciel qui n’existe pas car le ciel c’est d’y croire et Benjamin Péret n’y croyait foutre pas
Péret c’était l’anti matraque de ce ciel qui regarde à la dépense de l’amour et du langage qui sublime et qui tache les draps de la vie son gigot sa salade mexicaine
il dormait dans les draps des pierres qu’Orphée transformait dit-on en cantatrices et gobait entre les cuisses des nageuses l’huitre qui est un ouvre boite ou rien car la poésie est l’ouvre monde ou rien dont la femme est la perle qui s’ouvre aux éclats à la croisée des vents dont Péret faisait ventre comme on dit de tout de sa meilleure cave nichée dans le feu de la source éblouie par les bonds de panthères du grisou Péret au poignard de vin blanc qui porte un toast Rosa à la cuvée des vents
et c’est dans le grand verre du sommeil Rosa qui est le sommelier de Benjamin Péret qu’il boit cette fêlure éblouie quatre à quatre de sa poésie de derrièr’ les fagots où meurent les cravates des aspirateurs et des lois sans oiseaux qu’elles mettent à mal à flèches de tout bois dont on brûle les flûtes auxquelles elles retirent la bouche des femmes comme aux pauvres le pain
Péret chante la giboulée entre les mots dans les mots sans les mots le bifteck et son bœuf la table désossée par la nappe à carreaux qui mets ses guillemets de fête perpétuelle sans calendriers
et l’anguille à sang chaud de l’amour avec son petit œil en trou de vitre comme le mea culpa d’un biberon trop chaud
chante le baobab et la mort de la mort l’agonie de l’amour ce bébé de la mort qui pisse dans les draps sérieux de l’avenir non pas en vagissant mais en vaguant partout là où les champs refusent l’engrais de l’honneur où les aubes s’avèrent les coupe-papier entre les plages nues comme des cerfs-volants où tous les parapluies ouvrent leurs seins de pluie en giboulées de Mars qui portent leur poisson déjà péché d’Avril entre les omoplates
chante l’omnipotence de la poésie chez les Inuits et les armements enrayés par les cris et le sang séché des historiens véritables qui sont les morts au champ d’horreur
et celle dont l’honneur est de s’opposer non au tyran régnant mais à la tyrannie
Péret ne chante pas quelque révolution il est révolution qui dit son nom de fleur de ventre et de salive cherchant la salive des phrases des mots que la bouche Rosa déverse dans la bouche Rosa de l’amant qui ose vérifier si les dents de Rosa n’ont pas entre les dents Rosa d’autres médailles que celles de la scarole ou la romaine
car le vert est le vert de poitrine de l’air où respire la terre avec son ver de terre son grand verre que vide sans cesse le plein de l’écriture de Péret qui joue le jeu en enfilant le gant de kangourou boxeur intransigeant qui met ko l’intransigeance dès le premier round d’un bon direct du gauche au bide un point c’est tout
lorsque je lis Péret je suis son Benjamin qui reprend sa parole entre deux pyjamas un de nuit un de jour un dernier pour la route que je ne prends jamais sans la laver avant avec la langue celle qui ne change pas le panier de sa bouche en panier à salade
je pense à ces foutus macchabées des cravates qui se prennent pour Jupiter aux petits pieds et qui puent des chaussettes de la bouche en cul de poule sous plastique avec un code barre en guise de quenottes trop élyséennes et trop blanches pour être franches du collier je pense aux trois névroses du livre mortel et pétrificateur de cervelles recuites et encrassées d’encens
je pense saladier d’endives caressantes et palétuviers nains de voyelles dansantes comme des nombrils
je Benjamine et je Péret à mon niveau afin que les orties ne soient plus mes enfants avec leur vieux babil de bavoir rosissant mais que Rosa soit ma Rosa mon seul congrès mon sol Péret mon seul sol sole-poésie meunière en sol et cerise qu’on pose sur le Parthénon toujours neuf de la vie |
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