|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 14 février 2019. oOo Texte intégral PDF et EPUB [ICI] luce est le personnage de LUCE. Fille de bonne famille parisienne, elle refuse la révolution des déclassés. Elle devient anarchiste, casseuse et connaît des ennuis avec la Justice. Puis, le plaisir aidant, elle rencontre Karim et devient avec lui pourvoyeuse des financements du terrorisme. De casse en casse, elle finit par participer à un meurtre. Enfermée, violée, droguée et sans amour elle s’évade enfin. Mais est-ce une évasion, ce récit ? En tout cas, la voici « ouvrière des petits pains du terrorisme », ce qui constitue peut-être une allégorie. Texte sans syntaxe, sans musique, sans rien. Entrecoupé des « branlettes* » de Karim qui croupit, dit-elle, dans une prison turque (un WC ?). *La "branlette" est une sorte de nouvelle — une paresse narrative... invention de Patrick Cintas que LUCE s’est fourrée dans la chatte... On peut lire ces branlettes [ICI] Ainsi, Phénomérides serait un "branlo" comme Niebla est une nivola et Paludes une sotie... : il était une fois une conasse d’emmerdeuse de française parisienne qui passait ses vacances de merde en andalousie en compagnie d’un terroriste que les turcs ont fini d’achever sans toutefois mettre la main sur son œuvre littéraire considérée aujourd’hui comme l’expression la plus nationale de l’idéal musulman :: : est-ce que quelqu’un connaît le fin mot de l’histoire… ? ô svp
Le plan actuel est le suivant (mais ça peut changer...) :
I - MINUTES DU PROCÈS (Bagdad) [section IV]
II - VOYAGE EN FRANCE (Dream) [sections I, II, III & VI] III -BRANLETTES [section V] (0) AUCUNE BRANLETTE POUR L’INSTANT Le yacht LongSong os de cachalot anus de Jim John comme une huître et Karen qui se pâme cadavres sur l’eau Karen envoie en l’air une fusée signal attendu la barque pirogue se lance entre deux vagues Jim vomit il en a assez à la barre Karogne gueule d’ici je vois le Monde j’ai l’intention d’en profiter ô sirènes d
Vive l’Islam cria l’ami de toujours projet insensé cul du monde occidental déchiré l’Occident qui se sert quand ça lui chante Karim justifie ainsi la mort du douanier pauvre type trois gosses il se balançait au bout de la corde Jim bandant lui aussi masturbé par John qui gueula plus fort que Karogne quand la pirogue toucha notre coque blonk ! on a assez de pognon pour recommencer s’écria Karen ô missives
À Brindisi l’os dans le nez des boucles tombaient de ce visage enfantin John fit le tour du jardin je me souviens trois grammes à l’aéroport il lisait ou relisait Moby Dick on ne sait jamais bombes quelque part à Gaza le type nous proposa trois grammes et Jim paya avec son cul déjà Karogne était quelque part en mer aux commandes du LongSong une propriété familiale j’aimais Karim mais ô sourates
— explique-lui que je n’ai pas l’argent… — … — pas encore… — … — ensuite je t’injecte les mots du lexique kinoro © patrick cintas // je paierai avec les clopinettes de mon cul // dis-lui que j’ai jamais ô persée
Dans quel monde vivons-nous si celui-ci n’est pas le nôtre ? et Jim innova en tapissant le roof de faux billets — dollars arabes avec allah et compagnie / « j’ai besoin seulement d’un jour » et il le répétait ah ! ce que je peux en souffrir aujourd’hui parlant dans ce micro (j’ai pas l’habitude) extrait d’une chanson ô mes aïeux mes
Ça me revient ! Ça me revient ! Éteignez cette lumière ! Ne me regardez pas ! Je suis moche depuis // inventez un nouveau langage et j’injecte sa grammaire dans les veines de cet Arabe qui me veut du bien … ! une sorte de brique qu’il partagea entre lui et ce type que nous ne connaissions pas : dire que je suis née dans une bonne famille !!! j’avais tout l’avenir devant moi papa papa papa ô papa p
J’ai rencontré Karim chez Jim cul cul cul j’en avais mal ça vibrait du matin au soir sueur balcon avec vue sur la mer vacances de rêves je ne savais plus on a inventé un nouveau langage et on est allé sur un champ de bataille patrouille et encore patrouille portes défoncées murs écroulés // cadavre d’enfant tué en pleine joie son jouet sans trace de lutte mitraille du petit cul Jim bandait bandait ô je me souviens de toi fellah
Bref l’écran s’éteignit et on s’est mis à jouer aux cartes là sur le balcon plutôt une terrasse mais sans vue sur le voisinage la mer métallique cargos lointains des voiles blanches bleues l’écume d’un cachalot du moins dans l’imagination de Karim qui relisait lui aussi Moby Dick — tout le monde relisait Moby Dick et je suis descendue pour trouver un exemplaire que personne n’a encore touché hôtel espagnol avec un parvis où des gosses jouaient avec leurs tongs j’ai joué moi aussi Bang ! Braoum ! et j’ai failli perdre une jambe ô miss France
Nous nous battrons jusqu’à ce que l’un de nous gagne et quand je dis gagner je parle de tout rafler le jackpot plus de blancs plus de noirs plus de juifs plus de tout ce que vous voudrez tuer sauf ma race ô minarets comme j’aime la voix de tes muezzins ! … dit Karim en caressant mes seins mes cuisses ô minaret d’Andalousie ô
La Puissance (divine ou autre) — la Domesticité (présidentielle, salariale, enculée et tout ce que vous voudrez mettre dans cette catégorie) — et NOUS / les autres / esclaves et hommes libres / N O U S les animaux couverts de la poussière de vos déserts — le matin (depuis longtemps) je me réveillais avec ce désir de commettre ce que vous appelez un crime ; prouesse du bienfaiteur qui brandit le mot d’ordre — CHANGEZ LE LANGAGE POUR UNE SECONDE DE JOIE SANGLANTE — apologies … ! apologies … ! je suivais des quidams des cons des merdes et je rêvais d’en tuer au moins un ô mes juges Ulysse
— Dis-lui ! — Il comprend mais il a des devoirs… — J’ai l’argent ! Je l’aurais demain ! — Il vient avec nous… c’est ce qu’il dit… — Pas de bougnoule sur mon rafiot ! lança Karogne. Et on s’est mis à souquer ô anus
Cartes jetées sur le tapis dans la nuit mes cris de chatte montée au ciel avec les héros Karim me montra la vidéo ô promesse de m’empaler avec ce canon d’invention soviétique — impossible de me retourner sans risquer le coup de feu (un jour tu deviendras la cochonne d’un député au fin fond de la campagne française avec des rubans rouges et bleus dans les cheveux ô cérémonie ô) « ils ont tué tellement de Palestiniens qu’ils peuvent plus passer eux-mêmes pour les seules victimes de l’Occident en phase de purification — la purification gagnée sur toute idée de perfection ô »
À Rome dans le métro avec un exemplaire de Madame dans la poche il cherchait le langage et Karim lui mit le Koran sous le nez « enfer ô enfer » madame se plia sous lui et s’échappa le gaz qu’il injecta dans l’anus déjà douloureux de la petite fille que j’étais en apprentissage car ces types n’avaient aucune idée de la manière d’inventer un langage capable de se substituer aux réseaux — belle bite presque rose qui giclait sur l’écran à un mètre de distance // John rentra la sienne dans son slip maudit de luthérien ô façons
On est alors tombés sur ces filles — des danseuses nues — et Karim les a invitées à prendre un verre dans un endroit tranquille où elle pourraient montrer leurs cuisses sans attirer le badaud parisien qui empeste les valeurs républicaines — et Jim brandissait le fouet en montrant mes fesses mon anus et sa petite merde et les poupées confectionnées par maman qui en savait long sur les langages de la bourgeoisie en gésine façon Blanqui et consort (vous n’aurez pas l’alsace et la lorraine) « écartez-vous c’est plus grave qu’on pensait » et John s’est accroupi sur le parapet façon Utrillo ne riez pas ô mes sœurs
Et ainsi en voyage dans le monde de papa qui n’a jamais enculé maman — molestant le petit bourgeois parisien qui se plaint d’être mal payé et le provincial qui ne veut plus travailler dans ces conditions — luce la pute s’envoya en l’air avec les plus dégueulasses d’entre eux :: : des types dont personne ne voulaient pas même pour travailler au service de l’entreprise :: : j’ai prié moi-même pour qu’on m’encule — plages de ces pays de rêve où le rêve est entre les mains d’allah — et papa me suivait sur sa bicyclette façon outil municipal — des enfilades à même le sol des corridors de la mort — tandis que Karim inventait un nouveau langage antijuif anticapitaliste antipaganiste antipoétique « ô vous »
Le LongSong prenait l’eau par la quille à cause de Moby Dick — Karogne n’en pouvait plus de gueuler mais on s’est fait dix mille dollars chacun et personne n’a été volé — les vedettes juives patrouillaient au large des côtes libyennes — le capitaine avait appris la marine dans un bar de Marseille où son papa avait ses habitudes pendant que maman était la mienne — dix mille dollars que Karim m’a proposé de dépenser à Málaga où il connaissait d’autres fourgueurs et on y est allé par le chemin le plus court — à travers les écrans qui parlaient le même langage malgré les nations en périls ô Islam
Remarquez bien que je n’ai pas de thèse à soumettre à votre esprit en cavale dure… la liberté c’est le pognon — et le pognon c’est le vol — voire l’assassinat — considéré comme un des beaux arts — on a évité de tenir le pinceau des murs et on a fini par trouver l’endroit idéal pour s’abandonner à l’autre — Karim brancha le PC et on a communiqué avec la pédophilie l’islamisme l’antisémitisme la pornographie les idées interdites et les libertés d’expression en danger… Karim aux anges dans la poussière d’ange… « trouver du fric et le dépenser » voilà la seule grammaire possible si on veut vivre jeune… ! ô maman
Mais n’allez pas croire qu’on faisait tout pour se faire remarquer ! Que non ! Jamais ! Des gardes civils prenaient le frais dans le bar en attendant que l’heure tourne dans le bon sens (jamais une cuisse dans le profil de cet escalier qui montait plus vite qu’il descendait de toute façon Karim avait une gueule de chanteur andalou on l’entendait imiter la guitare pendant qu’il me sautait dessus — même qu’un académicien royal est passé pour prendre la mesure de l’endroit — un hôtel sur le bord de la route avec des eucalyptus comme des bites alentour — et je n’ai connu aucun autre amant ô jamais ô
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des foutoirs à humanité en berne — et le fric coulait doucement de nos poches — sauf qu’il a fallu se ravitailler et on a tué quelqu’un — tellement bêtement que je savais plus si c’était de ma main ou de celle de Karim qui pleurait comme un gosse quand on a pas osé retourner à l’hôtel — on a descendu la route jusqu’à la côte et on a appelé John qui sévissait pas loin à Cadix — Karogne avait eu le temps de faire le tour de la Méditerranée — et des innocents aux mains pleines étaient tombés sur le champ d’honneur à Paris — j’en avais marre de réfléchir — et je n’avais pas l’intention de mourir à la place des autres ô Hamas
[non mais écoutez ce péteux !... :: : « faut aimer la France, son drapeau et son hymne… » — hé ben non… ! foireux… ! moi j’aime pas la France : et tu sais pourquoi hé proxo… ? :: : parce que c’est pas une république : lis Rousseau avant d’ouvrir ta fiole à poison libéral : et puis j’en ai rien à foutre des drapeaux : en général : et des croix : et des croix sans : et des croix croix : hé corbeau : anonyme… ! quant à ta musiquette de kiosque : c’est très simple : j’adhère pas à ce genre : et je parle pas des paroles : je me vois pas les prononcer : surtout en public : c’est les tiennes si tu veux : mais pas les miennes : je fais ce que je veux de ma parole : et la mienne c’est pas du fake hé putain de la com !... j’ai le cœur et la raison en république moi !... pas en banque hé pisseux discours !.. mets-toi-le où je pense : ton ballon !... te manque plus que le saucisson-beurre du prolo : mais avec ta gueule d’ado à sa maman : ça fait fake ô miches]
Tiens t’as des mecs qui se prennent pour les poètes des temps modernes et qui montrent leurs petits culs dans des films que j’aurais honte d’être dedans si ça arrivait — ah ! ça manque pas d’études ces fils du déclassement socialiste ! et des leçons en veux-tu en voilà avec des pages et des pages que ça ressemble à du cut-up et que c’en est pas ! Je passais justement à Paris… j’entre pour feuilleter (les librairies c’est des bibliothèques gratuites) et qui je vois si c’est pas cette crevure de Jim qui se branle dans les pages de modiano en poussant de petits cris façon camus ! — ah ! que je lui dis en me voyant dans un miroir sécuritaire ah ! mais je reconnais bien là ta philo ! — c’est pas ici que je voulais entrer, dit-il en ânonnant, mais pisque t’es là… et on est allé se faire enculer par John qui créchait lui aussi dans la rue ô légion
On n’a pas grand-chose à faire quand on ne fait rien — dans ce monde qui n’est fait que pour faire sinon on est fait — c’est Jim qui s’exprimait de la sorte — moi je disais plus rien depuis que John m’avait entreprise — je faisais faillite dans un canapé qui avait connu pire — et j’étais loin des questions de langage « is a virus » — d’ailleurs des lunes que je me suis pas payé un prof pour en savoir plus sur la façon de vivre en animal domestique donneur de leçon à ceux qui n’y arrivent pas — « Ah j’ai une de ces envies d’écrire un roman » dit John qui cherchait une raison d’enculer Jim — et de verre en verre on en est arrivé à ô messires
« Tuer ? » ben oui on l’avait fait et c’était pas écrit dans un roman — on risquait vraiment de se faire arrêter et juger et jeter dans un cul de basse fausse — Karim avait disparu dans un train en partance pour la Turquie… il me restait du fric mais pas assez pour réinventer l’injection — on a pété une vitrine pas très grande et on a filé dans l’ombre avec le butin — et comme y avait à bouffer chez les nazis on y est allé avec les bouteilles et les dattes… Karogne brandit son bras olympique tellement qu’il a failli éborgner John « Z’avez pas encore inventé un langage ? » s’offusqua-t-il et on s’est assis avec les autres pour bouffer du juif ô Ismaël
« Qu’est-ce qui va se passer maintenant… ? — Ça dépend si c’est moi ou si c’est Karim qui l’a tué… — Tu crois qu’ils savent déjà de quoi il retourne… ? — Je crois en rien, moi ! Je sais même pas ce que ça fait de tuer quelqu’un ! — Et si ça te faisait rien… ? — Et ben il faudra qu’on me dise… Ô misère d’avoir eu une mère pour maman ! »
On a beau dire mais chez les nazis la fraternité ça compte et on bouffe bien quand on boit ! On a prié pour le salut de ceux qui sont morts pour rien et on est rentré dehors pour se coucher et rêver chacun dans son carton doublé d’angoisse — mon rêve c’était que j’étais née dans la domesticité d’une famille royale et j’avais appris à parler comme il faut — ce qui m’a réveillée pour la nuit / obligée de me lever pour chercher l’amour et j’ai trouvé dix euros par terre juste avant de me faire embarquer par un fonctionnaire provincial en vadrouille parisienne — « si c’est te faire enculer que tu veux va falloir que tu regardes à deux fois avant de demander ! » et le mec m’a quitté avec l’idée que j’étais un mec — le crime m’avait changée à ce point ô missel
Le lendemain j’achète un bouquin tout neuf avec mes dix euros et je m’en vais le lire à la campagne au bord d’une rivière que si Bashô l’avait connue il serait mort en France — le livre contenait les idées d’un jeune type qui savait pas grand-chose mais qui en parlait tout en trafiquant le langage des mortels au point que je me suis dit que j’aurais mieux fait de tuer pour une idée au lieu de me laisser embringuer à le faire pour de l’argent — vite une AK47 ! pour faire des trous dans ce bouquin à dix euros (des idées j’en ai moi aussi mais j’ai pas encore le langage) « vous aimez les chips, mademoiselle ? » si je les aimais ! à douze ans je m’étais vendue pour moins que ça ! Et on a loué une barque pour visiter le dessus de la Marne ô Du Guesclin
Ah ! J’évoluais ! Je l’avais mon bourgeois déclassé ! Et bien peigné avec ça ! Il rêvait de faire du cinéma « maman en faisait dit-il mais papa est mort avant » j’ai pas cherché à approfondir le sujet de la relation sans doute complexe mais le type avait une queue grande comme l’Oural et on en a parlé des heures avant de peaufiner des projets qui n’avaient plus rien à voir avec Karogne et son équipage — des fois on a le droit de changer les rails de l’existence pas vrai ô oui que c’était vrai et on est retourné en Espagne sans que je change de nom mon passeport était resté à l’hôtel mais j’avais ma carte d’identité avec mon ancienne gueule — et puis j’aime le risque surtout que j’avais aussi envie de Karim et de ses projets d’attentats ô pastilla
Je vous raconte pas tout parce que c’est long et ennuyeux — Jasmin ne voulait rien savoir… il me prenait comme j’étais… avec mes poils et mon odeur… et ma seringue autoinjectante — « quand tu le trouveras, ton langage… — Ah mais c’est pas le mien mon coco ! Je m’en voudrais ! — De l’universel dis-tu ! — Que si c’en était pas, tu t’appellerais Persil ! » Et on en est resté là — à la télé Paris avait encore morflé — pas de sang sur les murs mais ça sentait les tripes et la cervelle même n baissant le son ! Ah ! le petit procureur au visage blême comme une pizza sans sauce ! « le voilà ton langage ! s’écria mon mentor qui savait pas ce qui allait lui arriver parce qu’il pensant à autre chose. — Même que j’ai étudié le Droit ! Ah ! j’étais bonne en religion ! » ô Sorbonne
Le yacht LongSong en panne à Alicante — Karogne avait perdu un bras (il nous offrit des sucreries turques) mais rien sur Karim — John et Jim s’enculaient dans un camping sévillan — « Jim encule John ! » et Jasmin qui s’étonne — « j’ai plus besoin de fric expliquai-je au capitaine j’ai trouvé ma fontaine et je dépasse pas les limites — ça durera pas ma vieille t’es un cloche je te connais » et Jasmin tomba presque mort au premier round (il faut dire que Karogne avait forcé la dose pour m’avoir à lui seul et on a passé le reste de la nuit à se raconter des histoires ô confessionnal de mon enfance
« des fois je supporte des fois non ça dépend de je sais pas quoi — il faudra qu’on t’explique mon pauvre jasmin » il a répété le mot pauvre et j’ai entrepris de lui soutirer une goutte de sperme parce que j’avais les poches pleines ô monde sans argent qui m’appartienne de droit ! et la journée s’est passée sans nouvelles d’orient à peine si deux flics m’ont regardée comme s’il m’avaient déjà vu — à la télé peut-être — je regarde pas la télé espagnole « nous irons manger des clovisses avec du pain et du vin rosé » mais oui mon coco les soirées sont agréables à cette époque de l’année même si je pense à Karim qu’est pas encore dans les journaux comme il en rêve ô Palestine
Je vais te le distiller moi ton roman sans langage nouveau ! et que je m’interrogerai sur les grandes questions de constitution et de morale personnelle !... tiens quand j’étais ado j’avais un ami qui écrivait des choses que lui seul comprenait mais qui résonnaient très bien dans le corps de sa guitare classique — aujourd’hui je le cherche sur la toile et je ne trouve rien qui y ressemble — ah cette nostalgie des moments passés en analyse de la phrase ! et Jasmin me tenait la main dans son assiette de coquilles vides — moi qui prenais le risque de me faire arrêter pour meurtre en relation avec l’argent en compagnie d’un terroriste qui ne parlait que sa langue ! ô mes yeux
Mots dévalisés par des flics — j’ai reconnu l’eau de toilette du sargento Yúpala — on se connaissait lui et moi — lui parachutiste à Bayonne et moi serveuse dans la boulangerie qui fait coin ? : saut dans le vide d’une poignée de billets qui avaient déjà servi à Kolwezi // tulipán negro des poissonnières de la Marina à San Juan de Luz — à la gare on se frottait le nez contre ces culs qui avaient connu la trouille ? : et encore des valises de mots qui arrivaient de Syrie par la Turquie : Karim pris pour un messager : et moi pour radio-daesh : ? le sargento renvoya ses sbires et s’excusa pour l’accueil : qui était Jasmin ? ô Joyce
Carabanchel transformé en centre culturel avec des tas de poètes disciple des mots-valises ! en fait j’avais rêvé à cause d’un marin qui s’appelait lui aussi Yúpala originaire des Andes avec la marque de la misère sur la paupière gauche — « Creo en Dios » yo no ? pero me dieron la llave — et Karim épuisait son inspiration dans un nouveau bouquin qui allait changer le monde en monde et les cachalots en cachalots / merde en stock . épuisement. je reconnaissais ces signes de fatigue intellectuelle. il m’avait habituée à ça. tripoli sous un soleil blanc comme la forge de mon papa. les cathédrales et les palais de Matorral. bourgeoisie inaccessible. c’est par accident qu’on devient esclave aux ordres des domestiques. Karim se sentait libre. Mots dans mots et les valises de nos voyages ô Elpenor
Yúpala (l’un ou l’autre) langue en moi . . . les clovisses de Jasmin pimentées aguardiente ou machaquito — verres était-ce bien le sargento que j’avais aperçu sur le paseo ? Jasmin reluquait le contenu d’une vitrine dédiée à l’armurerie et je l’ai tiré par la manche — on descendit vers le port. putes en sueur. le pied sur le bord du trottoir. et nous remontâmes pour rentrer à l’hôtel. je vivais plus. mais qu’est-ce qui m’avait pris de revenir sur les lieux du crime ? sans Karim à la clé (qu’est-ce qu’il foutait maintenant) et le réceptionniste me remit les lettres. mots dévalisés par des flics. peut-être Yúpala. j’avais pas ma photo dans les journaux. je pouvais aller consulter les adresses du passé à l’hémérothèque. Jasmin commanda des clovisses et moi du pain et du saucisson. avec du beurre oui ô salades
les minables de ce monde font la guerre . et ils la perdent . Karim n’avait pas disparu à Bagdad… . qui disparaissait maintenant. Karogne débarqua dans notre chambre. je lui présentai Jasmin qui se remettait lentement des évènements de la veille . quelqu’un l’avait pris pour Karim . mais qui ? il a vomi avant de me renseigner sur ce point crucial de mon futur de prêtresse . sifflez serpents !... ouais ouais dit Karogne tous des minables et nous on profite de la vie j’ai une valise sans mots dedans je sais pas si monsieur… ? mais Jasmin roupillait dans les coussins… « une valise sans mots dedans ? » et bien d’autres ! fit Karogne et on s’est donné un rendez-vous sans Jasmin mais avec des clovisses pimentées ô marées
Karogne me renseigna. Il avait conservé les coupures de journaux. J’étais dedans. Photo en deux pièces mini… ? et moi quand j’étais petite ? mon papa témoignait « elle a jamais fait de mal à personne / mais les fréquentations ô monsieur les fréquentations ! » et la gueule de Karim enturbannée façon assassin du Vieux de la Montagne — rien sur sa pratique des mots-valises ? rien sur Ulysse et ses voyages circulaires ? rien sur les sentiments ? « heureusement que tu as changé de gueule ! — Sinon Jasmin s’expliquerait pas… — Il a du pognon ? — Pas des tas… mais on profite. Ah ! ça oui ! On profite ! » Karogne baissa la lumière // injection et fulguration ? mots dévalisés par un type qui n’en avait rien à foutre de ce que Karim espérait de la poésie de combat ô culuc
mettons que j’ai pas donné . je m’appelle luce . en ce jour ensoleillé je me réveille la tête en bas . Jasmin ronfle entre mes cuisses. cuissssses . tu te sentirais pas si bien si je m’ouvrais vraiment ? vrais cadavres . à la télé les gens étaient heureux comme des fous . en veux-tu en voilà des raisons de ne pas te plaindre — (le rideau plein de soleil rouge) — je suis recherchée et on me trouvera . mais ne comptez pas sur moi pour le documentaire de ma cavale . Karin m’avait prévenue : « ils ne comprendront pas / ils n’ont qu’une idée en tête — ouais mais ce type le mort le tué — qui c’était j’en sais rien ? » tout Karin en ce rien ! il m’envoyait des lettres remplies d’inventions poétiques / « mais comment sait-il où tu te trouves ? » vrai que je m’étais pas posé la question ? Jasmin ! ô trahisons ô châteaux cuisssssses
Yúpala revient me hanter. « Jasmin m’a tout dit ! » ainsi il sait tout… si Jasmin se met à dire tout… ! tu imagines l’épaisseur du manuscrit !... ouvrait-il mon courrier quand j’étais pas là (j’étais avec Karogne si j’étais pas là ? nouvelle aventure sans lendemain) ? cette fois je vérifie l’intégrité de l’enveloppe . le réceptionniste en position de défense « oh ! Madame ! » Edwarda que je m’appellerais si j’étais toi ! et on s’est regardé comme si l’un en savait plus que l’autre et que cet autre voulait savoir — mais rien n’indiquait une ouverture à la vapeur « j’ai encore rien dit conard ! » mais peut-être en voulait-il seulement à ma chair — j’avais changé de gueule . certes . mais pas à ce point ô tempora
en cavale ? mais qui le dit ? je savais même pas si j’étais coupable ? je vis en marge ? et les valises de Karim ne me renseignent pas ? j’ai même pas de goût pour les cruautés que l’homme peut infliger à l’homme avec ou sans son accord ? « ne mélange pas l’eau et l’huile » conseilla Yúpala et Jasmin se met à la mayonnaise et au morceau de pain trempé dans le gaspacho ? c’est tout l’effet de la substance que Karogne m’injecte quand j’arrive plus à jouir sans — « on ira en croisière toi et moi — on passe par Tripoli et on met le cap sur Saint-Jean-D’acre » toute une vie devant l’écran avec les alertes dans un coin — intermezzo : le Bataclan et ses morts traversés par le feu d’un combat qui n’était pas le leur — l’union qui s’ensuit — Jim mima un instant la douleur d’un ventre mais John se jeta entre ses jambes pour imiter le cri du nouveau né — qu’est-ce qu’on pouvait s’amuser à cette époque-là ô France
pluie de manifestes dans ma chambre — je lis tout — j’arrive pas à me décider — Karim me montre la photo d’un Palestinien qui se plaint d’avoir perdu une jambe ou un enfant . je sais plus . « je vais écrire le roman de cette jambe ! — ou ce cet enfant… — tu seras mon égérie ! » et on est allé voir des photos d’Israël dans la vitrine de l’Atalante — belles juives en maillot — on est rarement parfaite . et pas pour longtemps . et les manifestes pleuvaient comme si le toit s’était ouvert pour que je connaisse le monde sans la télé . « faut que tu te décides luce ! tu peux pas rester comme ça à rien faire ! Ou tu travailles ou tu te révoltes ! Mais rien faire ah ça non ! » ô maîtres
« ma pauvre chère enfant braoum mmmmm » elle me téléphonait d’Istanboul voyage payé par je ne sais quelle maison où elle « travaille » ? ils sont allés une fois à Rome et puis Séville et encore à Saint- ? braoum c’est dehors que ça se passe des tircs perdent leur moustache et des touristes reviendront sur les lieux pour se recueillir « j’ai perdu un proche » ma pauvre chère enfant ? elle savait ce que je pouvais attendre d’Interpol ? mais Jasmin appela l’hôtel braoum vlam crack et ils firent voile vers la Crète où les attendait la guide qui était tombé malade en cours de route . sur la route de Brindisi . un rhume de cerveau . Ida . hercules sur la plage . maman ? Elafonisi ? Jasmin racontant comment j’étais tombée dans les bras d’un guardia civil que j’ai appelé « Yúpala » . cellule de dégrisement . du noir au blanc . ? braoum à Istanboul ? et Karim m’a envoyé une valise pleine de mots que personne n’a dévalisée parce que je voulais être seule ô capitale
« je ne sais pas pourquoi je te raconte ça nous bourgeois de Paris ou domestiques importés des provinces classe tellement moyenne que j’ai honte de lui appartenir papa : mais comment veux-tu que le peuple . ignare par définition . fasse la révolution ? hein ? heu ! braoum ! qui est Karim ? Que dire ce mot qui n’est pas dans le dictionnaire ? Élevons nos enfants avec le journal télévisé » crack ? débris de missiles . ô librairie au passage de la petite bourgeoisie qui réinvente la poésie . fascicules des bibliothèques du mérite national . tous profs . ou en passe de l’être . c’est pas Yúpala qui me démentira . « cuidado con el machaquito mujer ! cuidado ! con el Karim ! cuidado ! a ver si nos entendemos” cavale des cucarachas sous le lit . ¿ Jasmin sur le balcon pour écouter les coplas et Karogne est arrivé avec Karen . LA Karen . Elle avait rencontré Karim à Jérusalem . il était avec une autre femme ô croix
¿ ¿ ¿ ¿ ¿ un poète français était tombé dans mon verre // ô rage ô désespoir ô mots valises sans qui la poésie n’est plus française ! et il s’est mis à nous vanter les mérites de la quatrième grammaire ? Karogne n’en pouvait plus ! il voulait parler du LongSong . mais en termes techniques . au Caire des frères l’attendaient pour prendre livraison d’un cadavre qui avait son importance politique . il le conservait dans un congélo à bord du LongSong . le poète qui s’appelait ou se faisait appeler Jarive voulait « voir ça de près » et Karogne . bon capitaine . a lu Moby Dick sans sauter de pages . Karogne lui demanda pourquoi il était nécessaire de compliquer la langue qui « l’est déjá assez comme ça nom d’une pipe à Achab » et le poète français qui ne parlait pas un mot de castillan se mit à faire des bruits avec sa bouche « ah mais j’ai connu ça s’écria Karogne / t’es en retard mon pote ! Tarive pas à l’heure ! » et on s’est marré jusqu’à l’heure de plus pouvoir distinguer la nuit du jour ô maurras
« elle où luce ? » toujours recherchée ? elle est revenue sans Karim qui écrit un bouquin quelque part dans le désert . alors Karen a sauté au cou de Jasmin et elle l’a emporté dans son sac à main parce qu’elle avait besoin de liquide . ? ¿ j’ai rien dit pour pas envenimer . et en effet Jasmin est revenu sans elle . qu’est-ce qu’il en avait fait ? « qu’est-ce que t’en as fait ? » et comme il savait pas Karogne a retourné le poète français sur l’autre face celle des poches et il a trouvé un dictionnaire de rimes ? elle est où Karen ? Jasmin n’avait pas son visage de d’habitude . je le connais dis-je à Karogne qui me parla tout de suite de viol avec étranglement de la victime « nous en tout cas on témoignera pas » et Jim et John se sont envoyés en l’air sur un canapé de soie rouge qu’on aurait fait exprès pour ça . je raconte ces choses c’est pas pour témoigner con se le dise une bonne fois pour toutes ô misses
sur l’écran l’anus de Jim avec dedans une fleur genre années soixante — le café préparé par Karogne était coriace ? on était maintenant à bord du LongSong ? sur le roof où John préparait des lignes en chassant le soleil du revers de la main ? ou les mouches ? machaquito ou aguardiente je me souviens plus ce que Jasmin vantait en secouant un ruban bleu sous le nez du poète français Jarive ou Tarive . la modernité prise au piège d’un manque flagrant d’imagination . moi j’avançais peut-être plus vite que Karim sur les traces du roman . et toujours pas de traces de Karen depuis que Jasmin . depuis que Jasmin . hé jasmin qu’est-ce que t’as fait de Karen ? « Ouais dit le poète qu’est-ce qui est arrivé à Karen ? J’avais rendez-vous avec elle ? — rendez-vous où ? s’étonna Karogne. — ici même… — sur le LongSong ? continua Karogne sur le même ton. — je vous crois ! moi . poète français . ami de l’homme et homme de l’ami . amiome . je suis l’amiome présent . écartez-vous, prêcheurs ! — il est dingue dit Jim et il changea de position » ô merde
toute la matinée avec de l’eau dans le machaquito et pas assez de machaquito pour retourner d’où on venait ? j’étais à poil dans une bouée jouant avec les doigt de John qui revenait bredouille de la pêche . alignement des lignes . une araignée tentait l’ascension d’un haïku (le poète frémit au son haï ou ku) ? « j’inventerai le Nord pour toi ! » et le flic que j’avais pas vu arriver mis sa carte sous le nez de Karogne qui faillit tomber de son fauteuil d’osier ? « vous connaissez ce mec ? » ah la la ! si c’était pas Karim c’était moi (j’avais des airs de mec à cette époque et j’ai pas beaucoup changé depuis ? je dis pour prévenir en cas de coup de foudre) — bref Karogne se lève et comme il est plus grand que le flic celui-ci se raidit comme une queue qu’on attrape par le n bout du prépuce ? je m’approche . j’ai tort de m’approcher . Karogne me le dit avec ses yeux de mérou ? ¿ Jim cessa de s’enfoncer des trucs dans le cul . John revenait de la pêche… alors… si c’est pas toi c’est Karim et inversement ? ? ? mais c’était Jasmin ! ! il dormait dans le gaillard d’avant ô charpentier
une vie que des emmerdes et encore je les regarde jamais de près de peur d’en devenir SDF — Jasmin recherché par la police . et l’espagnole que c’est pas la meilleure . on a tout de suite pensé à Karen . « il est à bord ou il est pas ? » demande le flic qui n’a pas l’intention de se laisser avoir par la bouteille qui rutile sur un plateau avec son torero dessus et ses promesses de paradis islamique . « il est pas à l’hôtel ? couinai-je lamentablement. — qui êtes-vous ? m’assène le flic. — lu… lu… — tartamuda fit Karogne en sortant la langue. — quel hôtel ? dit le flic sans sourire. — le mien… je veux dire… jasmin et moi… — il s’appelle Jasmin ! — C’est ce qu’il m’a dit… — Vous le connaissez comme ça… » le flic tourne sa main d’un côté de l’autre . je sais pas somment expliquer : pronation-supination . « pas plus » fit Karogne ô song
ça se complique — me dit le poète pendant que le flic saute sur le quai . on le regarde s’éloigner . il va à l’hôtel . Jasmin n’y est pas puisqu’il est ici . Karogne est déjà en bas . l’écoutille a volé dans les airs puis giclé sur le pont . une seconde plus tard (c’est peu) la tête de Jasmin apparaît dans l’écoutille . il est mal réveillé . « on est là pour se marrer / alors je me marre / un point c’est tout ! » et il gicle hors de l’écoutille pour se ramasser sur le pont parmi nos pieds nus . Karogne est encore en train de grogner là-dessous . « quand c’est-y que tu sors, Karogne ? On a besoin de toi ? » mais il sortait pas et continuait de grogner comme un ours en cage . il avait une raison de pas sortir – Jasmin pouvait nous renseigner . mais il se tenait accroupi les mains sur son visage . grelottant comme un gosse qui savait pas que ça pouvait faire si mal . moi-même j’ai rien dit . John dit : « le flic va revenir on ferait mieux d’appareiller j’ai le compas dans l’œil » & Karogne surgit à ce moment-là avec Karen dans une main et une valise dans l’autre ô Fram
Lettre de Karim (1) BRANLETTE DE LA COLÈRE finis
le poète français (quel que soit son nom) trouvait que ça devenait « vachement complexe comme situation dramatique » et je me suis dis que Karim ne penserait certainement pas comme lui . « elle a droit à une explication merde » rugit John en me caressant les cheveux . Karen n’avait pas envie de rire mais elle riait . et Jasmin se sentait plus mâle que jamais . « elle devrait s’en foutre dit Jim . après tout elle et Karim… — il est plus là Karim ! — elle s’est un peu foutue de moi dit Jasmin qui s’arrête de rire juste le temps de le dire. — ah les femmes et le pognon ! Ah ! tiens… j’en respire plus ! » c’est Karogne qui s’exprime de cette manière théâtrale . je suis au centre du texte . d’ailleurs c’est moi qui l’écrit . même si Karim est bien là . là . là . là . ô chouette
si y avait pas eu de flic dans la tourmente on aurait laissé pisser . chacun à sa place et Karogne à la barre . mais y avait un flic . et il allait revenir . qui éprouve l’envie de se tailler en douce ? nous si solidaires dans la guerre . Karogne, John et Jim, Jasmin Karen et moi… et Jarive qui n’a aucune raison de rester . il savait même pas de quoi on parlait . « et alors ? et alors ? me siffla-t-il dans l’oreille : Karim n’est pas là . jasmin vous a trahi . Jim et John sont ensemble . et Karogne est capitaine . vous et moi (ma chère luce) c’est possible . POSSIBLE . et quand je dis possible je dis pas autre chose . il est où votre hôtel ? » « bob bon : s’il revient… — il reviendra ! — on sera là pour l’accueillir. — et moi… ? — Jasmin à la baille ! » c’est comme ça qu’on a tué Jasmin ô Karen
donc quand le flic est revenu il a constaté qu’on était un de plus et il a reluqué Karen sans lui poser de questions . Jasmin n’était pas à l’hôtel . on s’en doutait . quand est-ce qu’il allait revenir j’étais seule à pouvoir le dire puisque j’étais avec lui . le flic avait réfléchi sur le chemin « quand il rentrera vous lui direz que le sargento Yúpala désire s’entretenir avec lui… — Yúpala ! Avec Jasmin ? Mais mais mais… — ya pas de perro ! — et s’il ne rentre pas… ? — il rentrera et vous direz que le sargento… — Yúpala ? Yúpala le sargento ? — Vous le connaissez madame ? — ¡ Ay ! » ô mamamía
étant donné que Jasmin n’était plus là . il ne rentrerait pas . et s’il ne rentrait pas . ô Yúpala . « tu peux pas rester là » dit Karogne . et on était là à penser la même chose : pourquoi Jasmin ? Avec Yúpala à la clé ? et moi avec Yúpala si Jasmin n’était pas avec Yúpala . « vous croyez que c’est facile m’écriai-je en larmes . ma carte d’identité est restée à l’hôtel ! — avec Jasmin ! — sans Jasmin ! pas de Jasmin à l’hôtel ! Et pas de carte d’identité ! — Oh ils la demandent rarement… — et s’ils la demandent ? — s’ils la trouvent, ouais… — ils la trouveront ! » j’étais cuite //// sans Jasmin chez Yúpala et avec ma carte d’identité entre les mains de ce sargento . j’étais cuite et recuite . « et les lettres de Karim ? Vous y avez pensé aux lettres de Karim ? ô Lettres
Ça devenait romanesque ! ? les ressorts de la comédie . au cinéma . ah ! j’ai eu la tentation de revenir au château . chez papa-maman . me cacher dans la cave . ou dans un trou du mur . comme Anne . moi aussi j’ai voulu devenir écrivaine . mais je suis pas morte assassinée . je mourrai dans une prison espagnole . mieux que dans le mur . ma vie comme un roman . et avec des ressorts . et que maintenant que tout est joué ? cartes sur table ? ya plus qu’à lasser couler le récit jusqu’à sa chape finale . de page en page ménageant la curiosité maladive du lecteur ? bougre extrait du métro . « veux pas aller travailler ! » et que ça gueule en soi . croquant la chocolatine du matin ? ? ? me lisant cartes sur table . comme si je jouis avec ma propre vie ? ô roman
plus de Jasmin pour la pitance . et s’ils avaient tué Karim ? ils tuent tout ce que je possède . un jour ou l’autre ce que je possède de mieux à ce moment-là . Jasmin attaché à un rocher sous l’eau . et Karim ? là-bas de l’autre côté de la Méditerranée . ils ont tué papa . et Alfred . et le joujou qui me possédait un peu lui aussi . ils tuent pour vous donner une raison de renaître . ô récit ! . récits . tous les récits que j’ai pu inventer pour me tirer de là ! dire que j’aurais pu avoir des enfants à la place ! — mais je ne serai jamais votre domestique ! même bien payée comme chez Google . et respectée façon bouddha . ah ! s’ils avaient aussi tué Karim ! s’ils m’avaient enlevé ma seule raison de vivre dans la merde ! ah ! mais alors MES AMIS qui a écrit les lettres de Karim s’il n’est plus là pour les écrire ? ô mystère
j’en avais des lettres . et de Karim . une ou deux de maman qui s’inquiétait pour mes diplômes . lettres de Karim . Yúpala tomberait dessus . il aurait vite fait de se faire une idée de ma situation romanesque . Yúpala la grosse queue ah ! Pas de Jasmin — ma carte d’identité — les lettres de Karim — écrites par je ne sais qui ? QUI a écrit les lettres de Karim ? — Karogne était en train de calculer comment COMMENT il allait me sortir de ce pétrin en forme de roman — il avait déjà tué Jasmin — et Karim ? s’il l’avait tué ô délire les lettres qui les avait écrites ? ô pas moi
Veuillez sortir de mon existence !
Je comprenais maintenant pourquoi Karogne s’était affublé de ce poète français — Jarive ou Tarive selon l’angle de prise de vue — si Karim était mort (donc assassiné) (donc par Karogne) alors il n’écrivait pas les lettres que je recevais et Yúpala aurait vite fait de se rendre compte que ce n’était pas des lettres de Karim . et non seulement j’aurais à m’expliquer sur la présence de lettres de Karim dans mon tiroir à culottes . mais il me faudrait aussi expliquer avec encore plus de détails pourquoi elles n’étaient pas écrites par Karim ! . « et en plus, gueula Yúpala (imité par Karogne) il va falloir que tu nous expliques QUI les a écrites ! » Ah ! les explications qu’il faut fournir quand one st en garde à vue ! ô pandores
Fuir ! là-bas fuir ! mais où là-bas ? MÉOULABA « ah ! le titre rêvé pour une adaptation littéraire de ton existence ! » exultait JTarive (on va l’appeler comme ça pour moins de confusion) à qui j’avais confié mes malheurs . MÉOULABA ça somme comme une rumba cordobaise ah ! CORDO BAISE ! encore ! encore ! beuglait le poète dans mes draps . « qui c’est Cordo ? me demanda-t-il après éjaculation. — qui c’est ? j’en sais rien ? quelqu’un… —mais quelqu’un qui ?... — c’est donc quelqu’un pisqu’il s’appelle… — Cordo ! ah ! ça me donne envie d’en écrire l’épopée ! — les popés… ? » et on dialoguait dans la soute en attendant que Karogne ait trouvé une solution ô Platon
« et ces lettres de Karim ? me demanda JTarive en m’explosant l’anus. — elles sont dans ma chambre à l’hôtel que je te dis ! et comme Jasmin n’arrivera pas au rendez-vous fixé par Yúpala / il va tomber dessus ? — Ah ! le salaud ! Si j’avais su ! — si t’avais su quoi JT… ? — rien… rien… — il a tué Karim n’est-ce pas ? » mais quand on a la bite coincée dans un anus on est plus en état d’avouer les crimes commis par les autres . surtout ceux qui vous emploient ô Granada
ah ! c’est qu’il cherchait le poète ! . et partout où y avait des trous assez grand pour contenir le microfilm d’une lettre . il trouvait pas . certes . mais qu’est-ce que j’y pouvais ? j’ai jamais eu le temps de compter mes trous . il devait y en avoir des tas . parce que le poète hexagonal n’arrêtait pas de fouiller . des lettres . oui . il en trouvait ? mais pas de Karim . il en avait rien à foutre des lettres de maman . « et Cordo ? hein ? sale pute ? qu’est-ce que t’en as fait de Cordo ? ah ! la fouille à merde ! — mais enfin j’en sais rien moi qui c’est ce Cardo dont j’ai jamais entendu parler ? — tu diras ça à Yúpala quand il te déchirera le cul avec sa machine à écrire ! » et Karogne qui trouvait rien pour m’éviter les ennuis ! ô des fois
« si jamais ils trouvent les lettres de Karim on est foutu ! » grogna Karogne en entrant lui aussi dans le lit . machaquito . torero en ribote . ça te met les jambes en enfilade : « et ma carte ! m’écriai-je entre deux. — on s’en fout de ta carte ! tu sais ce que tu peux en faire de ta carte ! — Yúpala sait ! il l’a déjà fait ! — t’es sûr de ton coup au sujet de Jasmin… ? — sûr comme si c’était moi qui l’avais fait… » ô la menteuse
le policier m’attendait sur le quai . des heures qu’il attendait . on aurait dit un panneau de signalisation genre stop . et j’arrivais pas : « quand est-ce qu’elle arrive vous avez dit ? — elle se maquille monsieur . les femmes ça sort pas avec des crottes dans les narines . monsieur peut comprendre ça ! » il comprenait . surtout que c’était Karen qui le disait . il reluquait ses jambes . ah ! elle pouvait attendre la luce qui avait rendez-vous avec Yúpala ! ô universités
ah ! on dit jamais tout ! même dans les meilleurs romans de la vérité en conserve . on en garde pour la faim . fallait que j’y aille : « bon ben quand vous aurez fini j’y vais… — ou elle veut aller la petite ? — chez Yúpala hé conard ! que j’ai un rendez-vous ! — ah ! mais il en est pas question ! » je pâlis ! . sans question pas de réponse . et sans réponse c’est qu’on a plus les moyens d’en donner . qu’on est mort quoi ! : « vous allez tout de même pas me tuer les mecs ! Jasmin ! Moi ! Karim.. — Quoi Karim ? — J’ai rien dit… — t’as dit Karim… — mais j’en sais rien moi ! — elle en sait trop ! » ô trot
Karen sauta sur le quai . jupette sans culotte . et sans poils . le flic aima ça . il en oublia pourquoi il était venu . à l’époque que je vous parle y avait pas de téléphone mobile . on se téléphonait pas librement et à crédit . on allait de cabine en cabine . comme à la pêche au cachalot : « des fois je supporte pas la chaleur fait la Karen en minaudant. — et des fois je la supporte, dit le flic en montrant la meilleure de ses dents. — vous voulez pas m’amener me rafraîchir… ? — ah ! mais non madame ! je peux pas boire en service… — mais j’ai pas parle de boire… je pensais à trempette… — trempette comment… c’est que ça peut en dire des choses TREMPETTE… — voyons comment que vous les disez… » ô sea
j’étais mal barrée . et sans savoir pourquoi que je l’étais . tellement mal barré que je commençais à me rappeler de comment qu’on raconte les faits sans passer pour un poète . ah ! c’était clair et j’avais deux mecs dans mon lit pour m’éclaircir la transparence : « t’as pas parlé de la tuer des fois… ? dit l’un ou l’autre. — si Karim est mort . va falloir expliquer comment qu’il fait pour écrire des lettres… — et les envoyer » ajoutai-je façon tremblote. fallait se rendre à l’évidence . : j’étais devenue le centre sur quoi tout pivotait . tuer le pivot et ça s’arrête . des mecs comme ça : ça réfléchit pas longtemps . et si Karim n’avait pas écrit les lettres : c’est qu’il était mort ? et moi avec ô sinon
ah ! ce que j’avais peur ! t’es partie pour écrire un pamphlet contre le monde qui te fait chier parce qu’il ne te donne pas l’argent gratuitement — et te voilà en plein merdier à chercher à t’en sortir même avec ou sans amputation . peut-être qu’ils m’attachaient par une patte au fond de la mer au rocher qui avait connu l’agonie de jasmin . peut-être que je m’amputerais rien qu’avec les dents comme un renard pris au collet . j’étais dans les plans . déjà . alors qu’il s’était pas passé grand-chose . et que ma langue retrouvait des accents néoclassique : « ah ! mais j’ai reconnu l’écriture ! lançai dans l’air raréfié de dessous les draps. vous pensez si je suis en mesure de dire si oui ou non c’est l’écriture de Karim : et ça l’est ! — forcément que ça l’est pisque c’est Karim qui les a écrites tes putains de lettres à la con qui vont nous foutre dans la merde si on fait pas quelque chose ! » Ça . c’était le la poésie . JTarive n’en revenait pas d’avoir pu s’exprimer avec autant de clarté . et avec une économie de vocabulaire qui méritait de la reconnaissance nationale . mais j’ai pas eu le temps de m’exprimer à mon tour sur ce sujet délicat comme une hémorroïde mise en vers à la mode alexandrine : Karogne avait son idée : ô ben
Karim était mort ou pas . là n’était plus la question . les lettres allaient être dévalisés par Yúpala . non pas Yúpala . il est trop con pour être autre chose qu’un flic . bref elle seraient dévalisées et leur contenu en apparence anodin révèlerait des choses que ça en expliquerait bien d’autres . et pendant que John enculait Jim . Karogne et JTarive m’ont piquousée de tous les côtés pour pouvoir réfléchir sans moi ô je vous quitte
C’est comme ça que je me suis mis à voyager… en attendant de crever… au fond de l’eau… attachée par une patte à un rocher ou une ancre… pas même une minute d’agonie… et au lieu de ça . je me retrouve à Phen . que ça s’écrit comme ça même pour les illettrés : Phen c’était le paradis de mes adolescences : : on y parlait le phenex :: : à la pelle qu’on le parlait ::: : mais comme le plus souvent on se parlait pas :::: : je le parlais mal quand j’y pensais ::::: : et je le pensais bien quand je n’avais plus que ça à faire ? ô patrie
l’ennui avec les bouées . c’est que tu remontes . mais si tu y mets du plomb à la place de l’air . tu remontes plus : j’aurais bien aimer y rester . mais j’avais encore du temps à faire avant d’arriver . alors une fois au fond je larguais le plomb . et j’avais assez d’air pour remonter / « mais pourquoi tu remontes si c’est pour revenir dans la même merde ? » on se demande : ou plutôt je ne me le demandais plus : au fond si tu y restes c’est pour toujours : : ça en fait du temps :: : et j’en ai pas autant / tandis qu’à la surface . même avec de la merde . ya assez de plomb pour recharger et descendre au fond pour au moins le temps d’une nuit / ? « ouais mais alors comment tu maîtrises ? » ? : je maîtrise pas . je tente ma chance . je fais durer . voir jusqu’où je peux endurer . et je deviens ce que tu vois ::::: : une phenex ô magie
ah ! je savais que le roman reprendrais où je l’avais laissé . pour plonger . aller au fond quand ça me chante . remonter et laisser le roman de ma vie reprendre son cours . mais seconde après seconde . pas plus d’une seconde : ? le temps de pousser un cri au lieu de me révolter avec les autres . les Palestiniens . les Quetchuas . les islamistes . les anarchistes . les cons . les miens . me voilà à la vitre . hôtel Phen . c’est là que j’ai rencontré Karim . les mots nous tombaient dessus descendus du plafond . et dessous la terre trahissait la présence d’une vie magmatique . ya que les poètes pour sentir ça . mais avant il fallait ? comment dire ? : démissionner : : déclarer forfait :: : pas seulement dire non ::: : ni s’avouer vaincue :::: : le cri au lieu de la révolte ::::: : ça ne concerne que soi ? les autres sont pas invités ? sauf pour crever dans l’explosion du martyr ? retraite spirituelle sans les bijoux de famille / sans la tradition nationale / sans les cahiers de l’enfance / pas invités les autres ? rien que Karim et moi dans un hôtel ? planète Phen & les phenex partout dans les rues et derrière les murs & les cris qu’on s’inflige & les cadavres des gentilles personnes aux terrasses des théâtres où se joue l’avenir du seul être qui compte & ô bateaux ivres
faut fuir le roman & tuer tout ce qui ressemble à un personnage : quidams des rues & clients des vitrines & spectateurs de séries & religieux & innocents & joueurs d’échecs & aventuriers des mers aux océans ventrus & bêtes immondes remontées des profondeurs & ces plages qui limitent le monde & ces horizons aux navires en fumée & ces chevaux qu’on ne monte pas & ces héroïnes flasques & ces héros nerveux et blancs de peur & ma poupée aux yeux arrachés par mon frère & toutes ces conneries qu’on m’a mis dans la tête pour que je ressemble à quelque chose d’humain & ces collègues pressés & toute cette valetaille qui se déplace à la vitesse des trains & ma main dans la poche qui caresse une crosse & personnages de vents et de papier : *histoire de sortir de là & de finir par accepter d’avoir vécu ô machines
*rarement nous sortons de notre coquille pour aller se faire foutre dans un roman ? moi je l’ai pas fait exprès ? qui qu’a compliqué j’en sais rien ? et si je savais ? si je savais qui a écrit les lettres de Karim (voir plus loin au moment où Yúpala les lit) ? qui n’est pas venu au rendez-vous pour me sortir de là ? 10000 dollars en espèce au douanier censé ne rien voir ne rien entendre ni même comprendre pourquoi & comment & la phen nous sortait par les yeux & on n’avait plus envie d’être là & l’argent : ce satané argent : : que tu as ou que tu n’as pas :: : que tu as gagné ou volé ::: : yen a même qui emprunte ? : « devine pourquoi je suis là ma chérie ? » (épouse embarquée à bord du Pequod) — j’avais juste de quoi passer une dizaine de nuit sans le capharnaüm qui sert de pyramidion au soleil ? je dis ça en note **parce que ce soir j’ai pas la peau assez tendu pour en jouer ô mes filles
***ce qu’il faut comprendre c’est que j’ai pas trouvé autre chose pour continuer de vivre (c’est pas faute d’avoir cherché mais faut croire ô Antonin que c’était pas le bon théâtre) & j’enfilais des perles sur le fil d’une histoire qui n’était pas la mienne : dans la fonction publique : : avec des devoirs à accomplir et des fers à tordre dans le rouge :: : ? forge de l’enfer bien payé & oh ah le joli maillot que tu portais en Grèce ::: : vacances payées par la Nation ou l’État je sais plus à quel saint me nouer dans ce pays de merde (que de pays de merde dans cet océan !) & moi griffonnant des kukus (sorte de haïkus mais en moins gentils) que mes collègues lisaient à la récré et sous le manteau & on se sentait bien dans la domesticité : bien que : : et voilà comment on en vient à crier au lieu de se révolter « mais dites quelque chose au nom de Dieu ! Dites ce qui vous passe par la tête ! on est là pour comprendre & une fois qu’on a compris :: : on n’est plus là ! » au suivant ô bordel
****ah ! je me lasse pas d’en prendre des notes ! après j’ai le temps de me forniquer toute seule & : ? je descends sur l’oblique des profondeurs (pas de verticale pour ce prix ma p’tite dame) & je réfléchissais à cette histoire qui m’arrivait & ce sac de nœuds que si j’avais su j’aurais pas venu « ne vous tenez pas ma bonne p’tite dame ne tenez rien laissez-vous aller comme si c’était le sein de votre maman ou la queue de votre papa papap papapap et braoum en plein le bataclan et ses spectacles nourris de messes et de popcorns » &&& des fois j’ai pas honte d’être là avec les autres : une galerie de bouées et de cartes postales & on se marre au crocodile & les chapeaux les fleurs les pipes en bois les coquillages les canifs suisse les naïls en pneu les & je suis là avec les autres : : pas plus conne :: : la même sans le cri qui me bouffe la vie ::: : personne se révoltait ni ne criait & y avait un chemin à suivre et on le suivait & et bien payés & la critique est facile & l’art est difficile & maintenant je descends toujours dans le même sens : lasse lassitude : : croisant la petite fille en slip orange & ah ! ces yeux de merlan frit & déjà dans le papapapap et les miammiammiammans s s s s & ô texte
« Ah ! ça pour être textue elle était textue ! mais elle a bien changé maintenant ! » merci papa maman et les autres & changée ouais mais j’ai pas l’air d’une Africaine & « ya de l’écossais là-dessous » me dit l’autre papap en me grattant la joue que j’ai déjà rose bonbon (biniou des papas ça en joue sans souffler dedans) ? . . . changée en poup& ? c’était juste avant que je rencontre Karim — je portais des binocles avec un petit cœur sur la branche droite — le nombril à l’air pour pas avoir l’air tarte en société & j’avais encore rien rencontré & je cherchais comme une guêpe voletant autour des hommes attablés : « vous écrivez des trucs vachement pas marrant mademoiselle luce ! — que si je les écrivais marrant vous en ririez ô prince William ? — que si ! ô ma branche ! mon pylône ! Oh ! que si ! — ah ! ben je va tâcher d’y mettre du vôtre ô mais c’est chaud ! — Aaaaaah ! je retire tout ce que j’ai dit ! » ô Dieu
des pages que je pourrais en mettre si j’étais pas limitée par © patrick cintas & de Shakespeare à Proust en passant par Melville et Jules Vallès :: : ne demandez rien à mes maîtres :::: : je suis en train de me la couler douce & avec des mecs que je connais pas mais qui s’y connaissent & cérémonie des soirs d’été en Espagne & en compagnie de fillettes à épouser & « mais où va-t-on ? » à l’heure précise du bonheur qui double la mise & c’est là que j’ai connu John : sans Jim à cette époque : : il avait pas encore goûté à l’anus : sa langue était la mienne : ? et j’avais pas l’âge de tout comprendre sans qu’on m’explique ? clé en main ? quid des enjeux de la poésie ? ça commençait à aller mal ? je sentais que ça pouvait pas aller mieux ? clé dans le cul et ailleurs ? raturant la moindre ligne qui ne ramenait rien ? des pages et des pages de ratures ? et tu voudrais que je ne te parle pas de poésie ô ma bite
& donc… on arrive au Pavillon . réception feutrée . « appelez-moi DOC . comme ça . sans rien d’autre . juste doc . doc doc doc . la porte d’une liberté comme il ne s’en vend pas en République . d’ailleurs je ne vends rien . je donne . mon ètre d’abord . vous saurez qu’il est infini . mais le vôtre l’est aussi . je vous le garantis . vous aurez des poils pour m’en convaincre . le repas est à 16 heures . un seul oui . tous ensemble . ô doigts de l’autre . bienvenue ! bienvenue ! et encore bienvenue ! » tant et si bien que je me retrouvai seule . SEULE DANS UN LIT !... : et tout de suite j’ai remarqué que le fenêtre n’était visible que dans le miroir au-dessus du lavabo qui avait l’air d’un évier : : faïence ancienne :: : bronze vert ::: : « si vous avez besoin d’une serviette nous vous la fournirons gratuitement : machère : : ici tout est gratuit ::: : VOUS NE PAYEZ RIEN !... » traduction : vous entrez dans la possibilité de devenir vous-même telle que d’autres vous ont rêvée avant de vous envoyer ICI . décision de justice IRRÉVOCABLE . le cul d’un prêtre de la Nouvelle Religion Qui N’en Est Pas Une : « tout ce qui n’est pas rentable ne vaut rien… ! on entend par rentable vous entendez par rentable etc. ô fraîche
« en fait… — continuez… continuez… — en fait… — continuez… continuez… — en fait… — continuez… continuez… — en fait… — continuez… continuez… — en fait… — continuez… continuez… — en fait… » ô faits
« j’étais… — vous étiez… ? — j’étais… — vous étiez… ? — j’étais… — vous étiez… ? — j’étais… — vous étiez… ? — j’étais… — vous étiez… ? — j’étais… — vous étiez… ? — ô y être »
« c’est… c’est toujours… c’est toujours un peu… c’est toujours un peu le même… — vous dites… ? — scénario… je dis… — le même… je vois… — vous voyez… ? — je VOUS voie… vous me voyez ? — nous sommes fous !... — toujours un peu… — le même… — ô scénario »
Lettre de Karim (2) BRANLETTE AU THÉÂTRE finis
& ils osent dire que le révolutionnaire n’est plus ce qu’il était . déclin du type révolutionnaire . pourtant ils se suicident toujours . enfin : je veux dire : : ils finissent tous comme ça :: : tués par les flics (à la fin le flic n’en peux plus : il tire dans le regard : : il voit le regard dans sa lunette :: : et il tire dedans :: : il n’en peut plus !) & la télé crépitait comme une vieille cheminée te souviens-tu du bois de charme c’était… ce n’était pas . nous étions… révolutionnaires !... sans suicide cependant . car nous avions beaucoup à faire . après la révolution . inutile de se tuer . on se souviendra de nous (et ils osent dire et répéter : « voyez comme ils ne se tuent plus eux-mêmes : : s’ils se tuaient comme ces… comme ces… » mais qui sont-ils s’ils ne sont pas révolutionnaires… ? ô Allah
télé crépitant au-dessus de nous . le match commence à . et il commence . et se finit . au lit… ! « je ne dormirai pas ce soir… cette nuit… — quoi cette nuit… ? — cette nuit je… — tu… ? — c’est là… en dedans… je tiens plus… ! faut que ça… — finisse… ce monde est conçu pour les fous et les crapules… nous ne sommes pas fait pour ce monde… et pourtant… le changer… nous le changerions si… — cette nuit… ? — peut-être… qui a gagné ? » ô tache sur le mur
rien à voir avec ces organisations complexes qui structurent le roman de l’aventure humaine :: : non :: : rien à voir :: : avec ces lunes envoyées dans l’espace conçu :: : je souligne conçu parce que :: : rien à voir :: : pas de personnage maître d’œuvre au-dessus de la hiérarchie des fonctions :: : pas de théorie délirante :: : pas d’anecdotes pour illustrer l’ampleur de la fresque :: : pas de fil d’Ariane :: : tout :: : est beaucoup plus trivial :: : tout :: : depuis l’entrée :: : un jour de pluie ou d’été :: : un jour comme il y en a des tas à passer avec ou sans les autres :: : jusqu’à la première manifestation de l’espoir d’en sortir :: : « serez-vous indemne ô ma petite dame qui ne fait pas son âge… ? » (si jamais ça arrive) (mais d’après le voisin de lit ÇA n’arrive qu’aux autres :: : comme les maladies qui déciment) tout :: : aussi simple qu’une feuille de papier blanc :: : rien d’écrit :: : rien à écrire :: : sinon le journal :: : petites inventions :: : genre haïkus :: : aphorismes des choses :: : ô ça alors
parano des complots pas possible sans organisme pour la secréter . vous verrez ça . le seul problème . c’est vous . vous et vôtre… & ne regardez pas derrière vous . les guerres . les travaux des jours . les systèmes relationnels . y compris ce qui vous manque . regardez-vous dans le miroir . il est fait pour ça . pas d’existence sans au moins une idée à propos de miroir . vous vous voyez et vous voyez les autres . sans les autres impossible de s’imaginer autrement . ça devient sacrément profond cette story on board… !... « cherchez l’animal qui correspond au fond de votre pensée… Melville et son cachalot… Valéry et son serpent… Hemingway et son taureau… Faulkner et son ours… cherchez vous ne trouverez rien… ! » qu’est-ce que je fous ici ?... mais qu’est-ce que je fous ici quand je serez mieux ailleurs ? :: : ailleurs :: : métabolisme des substances :: : religieuses :: : toxiques :: : intellectuelles :: : poétiques & regardez-les chercher encore alors qu’il est l’heure de manger :: : ensuite à l’heure de dormir ils trouvent et alors ô alors
ne cherchez pas à construire un pont & ni le mausolée & ni la route & ni l’amour d’une femme ou d’un homme :: : restez seul ! ne vous aventurez pas dans la fonction publique, privée ou spirituelle :: : gagnez du terrain et droppez juste !... pauvres déplacés du matin :: : minables revenants des soirs :: : ne cherchez rien qui vous projette sur l’écran des publicités :: : joies chèrement acquises :: : tout est beau si on a les moyens :: : un conard me chantait la Marseillaise en zézayant :: : « ah si j’avais une étoile pour expliquer l’inaccessible… ! » mais qui possède ce genre d’article dans sa boutique à Panurge ?... il ne s’agit que prendre place dans le train national :: : et d’être prêt à faire la guerre :: : ou en tout cas d’en accepter l’idée :: : et que d’autres la fassent :: : les volontaires :: : intermédiaires télévisuels denses & Jadis . le Grand Jadis . beau comme un fer de lance . la bite dans sa tirelire . et le cul en phase avec l’ambiance générale . le GJ percute de plein fouet la porte de votre chambre et Bobonne le prend pour la Constitution même . ah ! et ô styles
« vous avez commencé à raconter votre histoire… même qu’on y a cru… et maintenant vous ne racontez plus rien… ! Qu’est-il arrivé ensuite… ? Yúpala ? Le corps de jasmin ? L’Interrogatoire ? Ah ! L’Interrogatoire !!! & tout ce qui s’ensuit !... du moralisme et de l’aventure !... des leçons à recevoir avec le style qui s’impose aux grandes causes éthiques dont ce monde ne peut se passer ! & vous interrompez le fil pour vous reposer dans on ne sait quel organisme nécessaire à l’explication du Grand Foutoir qu’est devenu le monde à cause de personnes — si on peut appeler ça personne — comme vous qui ne désirez plus rien alors que jamais ô grand jamais on a été aussi proche de l’orgasme définitif… ! ô épectase »
et ça courait sur les murs comme au plafond . le sol était transparent . tellement que je voyais tout . aussi loin qu’il est possible de voir . et les murs et le plafond crépitaient sous les pattes, les ventres, les langues, les manuscrits… ça crépitait mais je voyais ce que je voyais : une distance impossible à décrire autrement qu’en termes poétiques : : inefficience des mathématiques en la matières : : au diable les religions et leur corollaire le Droit : : ah je sais pas comment expliquer ça ! : : je voyais ! et ÇA se voyait, ironisait le personnel interne : : feuilles volantes après l’horaire fixé par le règlement intérieur : : ils s’en allaient à bord de leurs bagnoles : : jamais d’accidents mortels : : ironies de retour dès le matin : : et de toutes façons il y avait un personnel de nuit :: : « mais non luce luce luce ! vous n’avez jamais tuez personne ! tout ça c’était dans votre premier roman et il n’a jamais été publié & les autres sont bien rangés dans votre dossier ::: : ah elle est belle votre postérité » ô luce
étages de vent ô façade et le type qui me regardait à travers la vitre répétait ça en souriant comme s’il m’avait déjà vue étages de vent ô façade et je le croyais ô dis donc ! dis donc ! dis donc ! et il pénétra & il pénétra & et je fus pénétrée & comme ça ne m’a jamais traumatisée & même n période de viol & j’ai pas dit un mot étages de vent ô façade ah c’est pas ce qui se fait de mieux question diversion mais j’en ai eu pour mon argent et le personnel nous a escortés et on a dû s’expliquer & on s’est & surtout lui :: : moi je :: : « réfléchissez ! » à quoi… ? étages de vent ô façade
je sais plus qui est qui :: : je l’ai su mais aujourd’hui je m’en fous :: : le couloir n’était pas celui de la mort :: : ma mort :: : au contraire on m’a poussée dehors « vous voyez… c’était pas difficile… vous avez même réussi mieux que beaucoup d’autres… » : des autres… ? des autres autres… ? alors que tout était si facile du temps de Karim… — quelqu’un est venu vous chercher… — quelqu’un… ? — vous verrez bien… — je n’ose pas dire son nom… — sortez et rejoignez le sas d’entrée… on vous attend… — si court ! si vite passé ! cette folie… — mais personne n’a dit que vous êtes malade ! pourtant… les commentaires… la famille… retour à la case départ… à la cause départ… sans révolutionnaire à la clé… — ne pensez plus au suicide des autres ô luce :: : ceux qui se sacrifient au nom ô nom
*****après tout c’est peut-être ça la poésie — ces matins avant de partir en voyage quotidien :: : « alors comme ça on vous a soupçonnée d’avoir ô d’avoir ô comme la justice peut se tromper quand elle n’a pas de chance ! » j’étais enceinte alors un poète entre deux âges m’a cédé sa place et on à fait la causette en attendant de se séparer sur le même quai :: : j’écrirai ça demain :: : promis juré :: : si j’oublie pas :: : toujours j’oublie :: : je sers à quelque chose :: : je sers à quelque chose :: : et en montant je répétai ça sans y croire :: : « tout le monde y croit ! » même ceux qui ne croient en rien :: : révolutionnaires du jour chômé :: : non ce n’était pas moi :: : j’ai voyagé avec Karim :: : et on a vécu avec l’argent :: : on l’a dépensé :: : durement gagné à le voler :: : et partagé entre nous :: : chacun sa peau mais ensemble :: : . . . dans la coupure : COUPLE DIABOLIQUE ETC. — ne pensez plus au suicide des autres ô luce . LE VÔTRE N’A PAS PLUS D’IMPORTANCE . qui se souvient de Juju… ? (un gosse du néolithique supérieur . son squelette fossilisé en témoigne) :: : Juju dans la bande dessinée . Juju ô Juju
******ô peut-être
« voilà… c’est ça… j’ai tout mis dans un sac… j’ai secoué… et voilà… le plus grand poème épique du XXe siècle… » putains d’ ???? . aaaaaaaaaaah proxénètes d’ ??????? : : l’anus est entre les fesses . pas ailleurs . aaaaaaaaaaaah ! quel pied !... pauvres cons d’ « auteurs » du Milieu ô pivot
Juju pète le feu ! & nous voilà torchant le cul de la société constituée démocratiquement avec la couverture des illus empruntés à une enfance hésitant entre papa et maman :: : Zembla Bleck X13 Tartine :: : tout ça foutu dans le sac à Pound :: : comme poulet à l’américaine :: : la fumée de la chair pique les yeux des collabos & ah Juju s’élance dans le ciel des missiles et y laisse sa trace & trace d’ange & sa petite queue pas encore déflorée par la voisine qui fréquente déjà l’adolescence & « tu veux que je te dise Karim… ? — dis toujours… — j’arrive pas à suicider l’enfant que j’ai été… — ya pas de solutions pacifiques nénette… — tu veux dire que la guerre est en nous… ? — où veux-tu qu’elle soit conasse ! » ô mores
alors comme ça ils sont venus te chercher et & & rien / je savais pas qui ils étaient / & ? & rien ! & tu les as suivis… ? & oui… & alors… ? & rien ! nada ! & ils t’ont violée ?... & ils étaient pas venus pour ça… je suppose… & le monde luce ! LE MONDE ! & j’en avais plus rien à foutre… & parce que t’avais appris des choses… & je savais pas tout & eux ? ils savaient… ? & ils n’ont même pas essayé ! ô Sade
phénoméride . n . fem . eth. montreuse de cuisses poe. court texte sur la trace du roman cit. « luce n’a pas vécu assez longtemps pour démontrer la pertinence de sa thèse » . arto . verset 3 . sourate 0 . « je dansais et forcément ça m’amusait je veux dire que ça a fini par m’amuser parce qu’au début ça m’amusait pas du tout j’étais payé au poil chaque poil tombé sur le zinc était comptabilisé dans la caisse enregistreuse glink glink ça vous fait (ici le nombre) poils divisé par (ici le taux d’intéressement) glink et je repartais chaque soir avec mon pognon de quoi passer le reste de la nuit oui j’en témoigne devant cet autel de la toxicité avérée ya pas de roman sans phénomérides et là je parle pas de moi mais de ô chougne
et donc je suis sortie et une fois dans la bagnole j’ai commencé à poser des questions sur mon avenir d’auteur de ma propre épopée & :: : « attendez luce ! » un silence à cet endroit . le moteur tourne à vide « allez Juju enclenche la première » « qu’est-ce que vous attendez de moi… ? » mais le silence s’installe entre nous & je vois les panneaux défiler :: : « un jour tu comprendras… » ou :: : comment on trahit son propre enfant :: : celui de sa propre chair :: : papa avait fait le service militaire dans le renseignement :: : « attendez luce ! » me voussoyant maintenant que je n’étais plus leur fille & « ah ! il s’en est passé du temps depuis cette sale histoire policière !... » la bagnole chavirant dans les fossés & le désert qui sentait la figue et le burnous & « luce ! luce ! luce ! tu n’es que ton propre personnage :: : ne t’occupe pas de ces cons :: : cette populace qui ne mérite que le travail non désiré :: : chômeurs en puissance :: : on en fait ce qu’on veut :: : des soldats :: : des ouvriers :: : des fonctionnaires :: : des prisonniers :: : des cobayes peut-être ô luce imagine le Laboratoire :: : et toi aux commandes d’un engin de malheur ô malheur
« alors comme ça on est contente d’avoir inventé sa propre unité de mesure… ? on en dépose les limites sur le plan sécant de la vie quotidienne & on en parle à la télé & phénoméride = ballon rond ou ovale selon la situation géopolitique & mais c’est qu’elle a un joli cul la luce ! lucez-moi svp avant qu’on me fusille ! :: : voici le fragment d’un chant qui ne vous concerne pas !... ah ! je suis moi et vous êtes ah ! vous êtes… ! vous êtes… ! plus perverse que la dernière des putes :: : qu’est-ce que vous faisiez avec cet Arabe… ? Et en Espagne par-dessus le marché… ! à part voler vos prochains… à part les assassiner… ? — mais on n’en a assassiné qu’un ! — qui le dit ? la Justice… ? — la Justice (celle des fous mais aussi la vôtre) dit que je n’ai rien vécu de tout ça & qu’il s’est passé autre chose & que ça n’a rien à voir avec Hollywood & ô laissez-moi »
on a traversé le désert en quatrième vitesse & vieille guimbarde des années 60 avec frein à main sous le volant . et les affiches exhibaient le visage déterminé du modèle à suivre . la viande est excellente à cette latitude . le Pequod sur une mer de sable tranquille . carcasses entre les bornes kilométriques . pas de cadavres . « la justice de ton pays t’a lavée . on est d’accord là-dessus mais explique pourquoi :: : qu’est-ce que tu foutais dans cet asile de fous… ? qu’est-ce qu’ils ont fait de toi… ? » ils se sont arrêtés chaque fois que j’ai exprimé mon envie de pisser . à force de thé . j’avais même pas une photo de Karim . ah ça avait failli mal tourner . avec Karogne sur le pont . défiant le flic imperturbable . où est Karim était la question récurrente :: : « ils te l’ont pas posée chez les fous — ah ! laisse-la tranquille ! ils y posent pas de question aux fous… ! laisse-nous vivre notre aventure :: : seul avec les autres :: : jamais abandonné :: : sacrifié ça oui !... mais jamais abandonné ! — fourre-toi ça dans le crâne ô guerrière »
moi qui aimais les récits en trois temps tout d’une pièce !... « vous êtes luce… ? on vous a vue à la télé… à l’époque on était en Espagne… Atocha… vous savez qu’ils ont fait un centre culturel de Carabanchel… ? tournez-vous… vous l’impure compagne de Karim… comment voulez-vous que je vous donne sa position sur le planisphère coranique en usage ici !... tournez-vous !... avancez !... les femmes c’est par là… non !... tournez maintenant… vous les voyez… ? appelez la première !... Karen !... c’est toi Karen !... ils t’on pas enfermée… ? explique-moi tout » ô femme
de l’asile de fous français au harem salafiste il n’y avait qu’un pas et je l’ai franchi & oh pas toute seule . dans la bagnole ils avaient ri parce que maintenant je retournais chez moi sans maman sans papa sans Karim sans Espagne et sans papiers . aventure loin des partisans de l’Ordre nouveau . et même sans un seul anar dans ma culotte . plus de poils à recompter pour pas se faire voler par l’employeur . « tu dois être propre luce & ici c’est la propreté qui fait force de loi & tant que t’as pas compris ça t’as rien compris à ce qui est en train de se passer dans le Monde & nous n’avons pas à nous préoccuper de perfection & au Diable la perfection !... ce qui importe est pur . ce qui est pur vient de loin . de très loin ô luce . et Karim est déjà en route ô terre
Karen était devenue poétesse . pas question de phénomérides ici !... la poésie doit rimer à quelque chose . attention au mensonge !... on te coupera la langue si tu mens… regarde le couteau :: : un couteau pour chaque langue :: : voici le tien :: : luce :: : le couteau qui coupera ta langue si ta poésie de rime pas avec :: : ô luce :: : comme il est difficile de rimer dans ce monde !... pourquoi n’es-tu pas restée avec les fous :: : en France :: : avec les extrêmes :: : cassant du flic en douceur :: : sans rimes :: : sans contraintes d’aucune sorte :: : alors qu’ici :: : mais qu’est-ce que je fais ici ?... oui Karen :: : qu’est-ce qui est arrivé ensuite ?... ô folie
« je vais t’apprendre à écrire de la poésie qui n’en est pas… — j’ai déjà donné en France… — ouais d’accord mais dans une optique perfectionniste !... — j’écrirai plus de poésie ! — ils t’ont enlevée pour ça ô luce ! — quoi !... c’était pas par amour… — tu parles… — mais c’est que je l’aime moi mon Karim !... » ensuite on leur a fait à bouffer . les uns revenaient de patrouiller au sein de la populace des marchés . les autres se réveillaient à cause de la nuit . et karen qui cherchait des rimes !... Karen qui ne m’avait pas oublié…ah ! si je vous racontais… ô partisans
comme si j’avais déjà écrit ce roman après en avoir écrit le récit complet . repassant plutôt deux fois qu’une sur les chemins qui mènent à la fin . the end . après ça on sort dans les rues passant devant les terrasses où la petite bourgeoisie parisienne jouit de ses salaires et de ses avantages sociaux . viande à munition . barbaque des plaisirs terroristes . inconsciente arrogance occidentale . tak tak tak . bouclier de la bourgeoisie de haute volée parisienne . la masse vrombissante des couches inférieures servant de cachette à ces soldats venus de la Montagne . HLM aux fenêtres soucieuses . ici on respecte les pelouse . et à Paris le pavé sonne le creux de ses libérations douteuses . et moi entre le pain qui monte à l’ombre des fenêtres de ce pays sans arbre . et le sac de couchage où je crois planquer mes proses . sans dico pour nuancer . sans mes volumes de connaissance . recevant les cartes postales . « mais enfin luce !... penses-tu un instant à ce qui t’arrive… ? » non… conards… anarchistes et fascistes… je ne pense pas… je ne suis pas… je m’éternise et ça ne va pas durer ô merde
800 pages que j’en avais mis . toute mon aventure . et des détails !... de la documentation… du Melville sans cachalots… « ah mais c’est que ça va pas être possible !... » s’est écrié mon éditeur à Mazères & « aujourd’hui plus personne ne lit !... le lecteur se fait rare en ces temps audiovisuels… pas plus de vingt minutes !... je vous accorde vingt minutes pas plus !... au-delà on ne publie plus… ! relisez en vitesse . foi d’éditeur !... » et c’est ce que j’ai fait . relire . et maintenant que je ne suis plus avec les fous . je relis ma relecture . et je crée un nouveau genre que j’appelle phénomérides (allez donc savoir où j’ai cueilli ce mot) & ah ! c’est que j’ai le temps de laisser perler cette sueur sur mon front de femme courbée devant le fourneau . ce que vous lisez là mes amis :: : c’est la troisième couche :: : après un roman tout ce qu’il y a de roman et la relecture entre deux piquouses dans la tête . ces miettes désertiques . ô Sahara
Karen écrivait de tellement bon poème qu’elle arrivait plus à les signer . elle revenait avec l’œil au beurre noir . ou en boitant . la lèvre pissant un sang presque noir . et pour pleurer ah ce qu’elle pleurait !... elle en mettait partout . et sans oser contester . juste pleurer . et un guerrier tout propre déposait un sac de farine à même le sol . ça sentait la levure de bière dans cette pièce . sans la bière . le mec qui revenait délirant avait une balle dans la tête . un autre l’empêchait de raconter sa vie finissante . le Diable inspire les mourants . surtout quand ils souffrent . la peur de ne plus être là demain . Karen écrivant le couplet . pendant que je pétrissais . Juju alimentant le feu avec des brindilles qui se consumaient trop vite . ah ce pain blanc comme ma conscience !... ô croissant
« t’as revu les autres… — les autres… ? quels autres ?... — hé bé les autres… du LongSong… — t’aurais dû rester chez les fous luce… — pas chez les fous !... en France… — t’as pas oublié le sel des fois… ? — j’oublie jamais rien ô Karen… — des fois tu ferais mieux… Karim… et les autres… mieux oublier… — je peux pas !... l’amour !... ma chair qui veut se reproduire… — bientôt tu pourras satisfaire ce saint désir ô luce… — tu crois… ? ô Karen en poésie !... — je crois pas la même chose que toi lulu mais j’en suis sûre… — ô la foi »
il a pas fallu longtemps pour qu’un mec (pas mal foutu d’ailleurs) se mette à me tourner autour & savait-il que j’avais compté mes poils sur le zinc avant d’être enlevée ?... et que j’avais fréquenté le milieu psychiatrique français de mauvaise réputation scientifique… ? et Yúpala ? connaissait-il l’Espagne… ? ses exigences de chant ? & il fallait bien que je lui parle de Karim avant qu’il ouvre lui-même sa bouche & Karen est sortie (soi-disant pour aller chercher quelques gouttes de fleur d’oranger dans l’immensité gluante du marché) — attention à la cuisson ma chérie !... et à peine sortie voilà le type qui se débarrasse de ses brêlages & il vole un instant au-dessus du fourneau . ses mains tâtant la tôle brûlante . il ignore tout du feu de cuisine . son genou touche la terre battue . ou la moquette en une autre occasion . mes mains brûlées au contact du pain . ou d’un verre . l’acier rutilant dans son cuir . ah la la ! ya rien de plus beau qu’un guerrier qui a reçu l’ordre de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants !... complètement tordus du ciboulot des ô islamistes
chaque fois que je suis sortie de ma coquille . ou qu’on m’en a jetée . chaque fois j’ai connu l’amour . et j’ai avorté . en Espagne . à bord du LongSong . sous les doigt expert de DOC qui se renseignait au fond d’un verre . et là on (Karen) me parle de cinq ou six gosses minimum . elle qui est stérile . qui vend sa poésie par amour . « on fait comment pour se débarrasser de six gosses merde !... » & j’avais pas de plan . juste cuire le pain et aller chercher du pétrole lampant . ma seule sortie parce que j’étais célibataire . quel type désirant épouser une phénoméride ?... dans la boutique à pétrole et autres consommables de la cuisine arabe . mon visage en sueur sous les voiles . et ma taille encombrée de sacs de légumes . ah ! je me voyais pas en mère de famille au service de Dieu et de ses ouilles assassines !... mais à qui écrire ?... à Karogne qui existait peut-être encore si le LongSong n’a pas coulé en plein bourbier internationalement conçu ô signes
entre voiles divers et moucharabié . j’étais mal partie pour revivre une aventure intense jusqu’à la condamnation ou l’enfermement . j’étais déjà enfermée !... je d’abord enfermée et ensuite :: : pas question d’être libérée :: : ici les histoires qu’on lit pour s’instruire ne commencent pas par la liberté :: : elles se finissent par où elle commencent :: : et ça fait des mortes sans visage :: : tout se passe dans l’enfermement :: : alors qu’avant :: : du temps de ma vie brève et heureuse :: : je commençais par la liberté :: : je la perdais pour une raison ou une autre :: : pénale ou mentale :: : et à la fin j’étais libérée ou j’étais en cavale :: : de pareilles conditions d’existence alimente le roman :: : autant dans ses ambitions philosophiques que commerciales :: : ah je promettais !... mais ici :: : dans cet étrange désert peuplé de villes grouillantes comme l’infection :: : toute mon aventure était confinée dans des murs que j’avais pas conçu et que jamais je considérerais d’un œil expert de cet extérieur signé Allah :: : « ne dis pas ça !... pas ici !... » s’écria Karen :: : certes mais c’est où que je le dis ô sibylle
tu vois comme ça va vite de phénoméride en phénoméride :: : pas de détails pour alimenter le récit :: : si t’as besoin de détails regarde la télé et écoute ce qu’on te dit avant de le répéter :: : j’étais sur le point de me marier :: : avec un type beau comme un dieu qui s’appellerait pas Allah :: : sauf que j’avais pas envie de faire des gosses :: : à moins de les confier aux bons soins d’Allah toujours assis sur son trône en tapis :: : et le guerrier et moi on aurait du bon temps :: : comptant les poils cette fois sur les tapis que le bon dieu a déserté pour aller se faire enculer ailleurs :: : ah quel beau destin pur et pas cher !... ô DASS
*******le pire c’est quand ils te mettent dans une bagnole et que tu sais pas où tu vas . et quand tu arrives sur les lieux de ton exécution on te donne un balai un seau et une serpillère et te voilà en train de préparer le décor idyllique d’une fiesta dont tu ignores les tenants et les aboutissants & et en plus tu entends une voix masculine qui répète le dernier poème de Karen :: : sans Karen :: : car elle est restée chez nous :: : si c’est chez nous :: : pour préparer les douceurs au glucose qui accompagneront le thé ou ce qui se cache dans la théière :: : et moi récurant la dalle aux interstices de missiles non explosés :: : écoutant le chant guerrier que Karen a composé pour son homme :: : le seul qui ne lui fait pas d’enfant :: : ah ce que j’ai aimé ce calme de Pequod entrant dans le pacifique !... ô merci
un seul peuple !... au four les Juifs !... et que les autres se tiennent à carreau… va falloir prier dur et construire des mosquées !... que tous les chemins mènent à Médine !... ah j’en ai entendu des vertes et des pas mûres !... j’en ai tombé des poils en secret !... « et Karim… ? t’as entendu quelque chose… ? il sait que je suis là… ? à l’attendre… » mais Karen ne savait rien . elle savait ce qu’elle savait et c’était tout . et pendant que l’Humanité continuait de se réduire à ce seul peuple qui allait un jour déterminer l’avenir de l’espèce :: : moi je me plaignais dans mon mouchoir :: : mon mouchoir sous les voiles :: : derrière le moucharabié visité par les mouches coraniques :: : drones avant-coureurs du pire :: : t’en écrase une et Allah te pétrifie sur place :: : toi folle jadis ::: : et aujourd’hui :::: : capable du pire ::::: : sait-on jamais ce qui peut arriver même à l’âme la plus pure si on lui met un couteau sous la gorge et un autre dans la main… ? hein ô naguère
manquerait plus que des coupures de journaux pour alimenter ce livre . avec des photos éloquentes à tous propos . honnêtement . moi enculée chaque soir par le guerrier qui doit m’épouser sinon il aura des problèmes . en attendant ce jour bénit . il m’encule :: : je vais bientôt parler sa langue couramment :: : et je saurai des poésies en arabe . langue de Dieu . si Dieu existe . et s’il n’existe pas :: : langue du meilleur de l’homme :: : son sperme éjecté de mon ampoule rectale chaque fois que je pète dans le Koran :: : parce que j’y pète les amis !... tellement j’en ai marre du rituel pain-enculade quand c’est pas serpillère-poésie :: : mais les journaux n’arrivent pas jusqu’ici :: : faut sortir pour les quémander :: : et recevoir sa part d’infos :: : mais juste cette part :: : rien de plus à se mettre sous la langue :: : et ce livre n’est pas le témoignage initialement conçu pour servir de scénario au meilleur film de l’année :: : ah j’y avais cru tellement j’y avais mis du mien :: : mais vingt minutes c’est le maximum que je peux vous accorder . avait dit l’éditeur . et je me suis mis à compter . non plus les poils comme sur le zinc . mais les minutes . minute alimentaire de la lecture contemporaine . ô épistémologie
la goutte s’émancipant . hors de son cul . chaque matin une goutte . comme traversant une hémorroïde . et s’émancipant entre les fesses écartées . comme pour chier . mais il ne chie pas . il est inspiré par l’envie d’écrire . d’allonger la liste de ses pages . de ses interventions rendues possibles par l’extension de la toile d’araignée . de ses réseaux . de ses connexions . goutte pleine de reflets . reflets comme sur la mer un soir de cavale marine . le monde jeté en poussière à la surface de l’eau . et bien ici c’est la surface de son tapis . de sa main peut-être . de n’importe quel objet faisant office de réceptacle . car il veut conserver cette trace . il en accumule l’apparition matinale et quotidienne . il a même donné un titre à l’ensemble . ça stimule ses raisons de penser qu’il en sait autant que les maîtres d’œuvre de sa connaissance du Monde . goutte grasse de vocabulaire . d’images reflétant les écrans . raclures d’écran . cristaux recomposant le modèle envisagé & puis la goutte se détache . elle ne vole pas car il n’est pas dans le vent . il est entouré de murs . pas de place au souffle dans ce cabinet de travail poétiquement conçu . la goutte tombe verticalement sur le plan qu’il lui présente . un plan blanc parfaitement uniforme . elle s’écrase selon des principes de goutte . et maintenant elle s’épanche . elle se limite . elle prend forme . et elle sèche . son eau s’évapore . il reste l’essence de la goutte . son fantôme . ce qui peut revenir . traverser les murs . hanter d¡abord son propre esprit : « ô moi le suis-je poète chaque jour recommencé puis revu par empilement sans transparence . ô moi le suis-je et si je le suis… » ô dis
le commun des mortels n’a pas de langage . pas de virus en dehors de la parlote . grand bavardage publicitaire définissant la politique à voter sous peine de perdre la paix . pais des ménages . des héritages . des circuits touristiques . des spectacles aux terrasses et dans les salles . on ne parle pas de la même maladie . quand on en parle . parce que parler peu souvent revient à lire ce qui a été écrit . et pensé avant d’être écrit . long couloir de la mort sans cellule en rivages . sol montant ou descendant selon des principes d’eau . l’horizontale réduisant toute verticale à sa perpendiculaire exacte . pas de langage la populace . et portant ce sont tes fils et tes filles . tes pères et mères . tes semblables par effet de miroir seulement . et dès qu’il est question de s’arrêter pour parler avec eux . n’as-tu pas ressenti le soulèvement de terre que ce simple fait provoque ? :: : reste à savoir si leurs maladies peuvent t’affecter comme le tienne (unique et vengeresse) s’en prend à tes neurones (cela dit en attendant une meilleure appréhension du phénomène cerveau) :: : en attendant :: : en attendant ô merveille
la chronique exacte (impossible à traduire en langage d’homme) réduite à la fable . celle-ci fricotant avec la fiction . « on voit ça tous les jours :: : mais bon Dieu quand vas-tu te permettre de ne plus regarder ?... » ah comme s’écrivent les livres en marge des écrans !... comme nous sommes emportés par ces vagues d’infos et de pubs… ! où va se loger le plaisir ?... de la simple tentation pédophile à la négociation internationale . collez vos coupures sur vos murs . et invitez vos voisins de palier à dormir avec vous . en tout bien tout honneur . vos coupures non pas de journaux ni d’écrans (on appelle cela des captures) ? ? ? ? Juju le poupon exutoire :: : nu maintenant qu’il n’a plus rien à se mettre :: : Juju sans sexe :: : quelquefois un petit trou par où il pisse quand on lui presse le ventre . ou il est programmé pour ça . familles entières déplacés sur le parcours historique de la guerre :: : après les missions internationales destinées à protéger l’avenir de la démocratie :: : jouet épars :: : conservés en bien meilleur état que les cadavres d’enfants :: : où est la fable dans ce merdier ?... et comme je ne trouvais pas de force dans la prière :: : on m’a injecté la substance divine dans les veines :: : directement du producteur au consommateur :: : ah ! quel spectacle devant mes yeux !... j’en redemandais !... ô Lockheed
à chacun sa tête !... par Dieu ne vous gourez pas les filles !... Dieu vous en voudrait !... chacun a sa propre tête dans la vie comme dans la mort :: : c’est un bon exercice question connexion entre les hémisphères :: : si vous sentez une douleur lancinante dans les genoux :: : demandez à votre voisine si elle ne s’est pas trompé de tête elle-même :: : et disputez-vous jusqu’au dernier ongle si c’est ce que vous croyez juste :: : ô ciel de Syrie et du Monde tangent :: : chacun doit avoir sa tête sur ses épaules :: : une tête à soi que ni la vie ni la mort ne peuvent se disputer :: : soulevez le sable de nos déserts pour rendre la tâche encore plus pénible pour les yeux :: : & ne lésinez pas sur la sueur de vos enfants :: : le jour viendra où tout ceci sera clair comme l’eau de nos roches sacrées :: : rien ne manquera à une explication :: : qui vous est due :: : chacune avec sa tête à elle :: : pas celle d’une inconnue rencontré dans l’expansion du combustible ou de l’explosif :: : toi aussi luce :: : toi aussi tu connaîtras le bout du chemin :: : ce moment de joie si intense que tu accepteras enfin de mourir pour les autres ô trahison
ô mes phénomérides horizontale :: : où sont les zincs d’antan ?... les poils tombés et comptabilisés… ? les disputes avec le gérant toujours enclin à ne pas payer son dû… ? où sont nos cavales à la périphérie des asiles et des prisons… ? nos cavales d’hôtel en hôtel et de Karim en Karogne… ? ô verticales des perspectives d’artiste :: : où sont nos temps perdus jamais retrouvés… ? & le soir au milieu des insectes virevoltant comme autant d’étoiles terrestres :: : la queue de Karim dressée vers la Lune ? ? ? élévation d’un corps noyé au-dessus des dalles ocres du paseo :: : élisions de tous les s :: : « aspirez vos jotas !:: : » et nous nous prenions pour des Andalous :: : traversant bains et creusets :: : sans que tout ceci ait le moindre sens :: : le temps passant sur nos lèvres :: : ô beaux hôtels blanc et bleu des rives montagneuses & la bagnole avalait vaux et prairies :: : pare-brise crevé de bestioles jaunes écrasées :: : comme à la surface de ce massacre que maintenant j’examine de près :: : pas écœurée parce que personne ne crie :: : personne ne mesure la caresse du vent & ce soir je réchaufferai le pain pour l’ouvrir avec toi ô Bédouin encalminé ici-bas & celui qui me donnera un enfant me verra danser sur un cadavre de baladin occidental comme celui qui m’inspire en ce moment ô chasseur
« toi pas pouvoir faire enfants donc :: : toi tuer enfants… ! » ah bé té pardi !... quand on manque de solutions on en trouve une de toute faite & si jamais vous n’êtes pas d’accord vous n’avez droit qu’à une explication conforme à l’idéologie / je me réveille en trombe parce que je suis en train de cauchemarder / et c’est moi qui fait parler les personnages :: : « il est bon ton pain ô luce… — moi pouvoir faire pain bon donc :: : toi tuer enfants… ! — courons à l’Occident pour y creuser nos tombes… celles qui serviront de berceaux à nos propres enfants !... » on ne parlait que de ça : les enfants . les leurs et ceux des autres . ceux qui avaient le droit de vivre et ceux que Dieu lui-même voulait exterminer :: : car Dieu ne tue pas . il donne la vie et la reprend par l’intermédiaire des Pères et des Assassins :: : il n’a jamais procédé autrement & ce n’est pas maintenant qu’il va changer de méthode pour parfaire son œuvre infinie… ! ainsi vas-tu ô peuple
comme le Monde est petit maintenant que les voyages forment la jeunesse !... ô grammaire
ces hommes et ces femmes qui n’ont plus qu’une envie : laisser courir leurs plumes où elle va quand il n’est plus question de concurrencer Homère ou Shakespeare — écrire comme on s’entend le dire — ne rien construire qu’un rien pourrait détruire — vents d’autan des lectures improbables — larges jamais atteints — il en vient de toutes parts — migrants et autochtones — la plume facile sans automatisme pur — épanchements du sang dans la sève des arbres — ô pléthore des loisirs et des travaux mercenaires — que de prix à la clé — quelle animalité les inspire ô zut
je ne procède pas par multiplication :: : j’étage mes paliers & ma tour ne dépassera pas la hauteur définie par ses fondations :: : voilà ce que je dis :: : ô toit
certes il est nécessaire de militer… n’êtes-vous pas assez nombreux pour ça ? / dans tous les domaines tangents… ? / voici l’argent des autres :: : je le prends et OH ! je me fais prendre la main dans le sac !... mais n’étais-je pas la folle du village ?... moi luce la garce :: : aujourd’hui sans majuscule :: : maintenant commise au fourneau :: : celui du pain qui nourrit le guerrier aussi bien que la parole de Dieu !... ô blasphèmes silencieux des garces qui se terrent !... n’est-ce pas Karim lui-même qui m’a fait enlever ?... quand m’épousera-t-il pour que je puisse enfin mourir sans descendance ?... ou ne m’épouse-t-il pas parce que je suis stérile… en termes clairs : qu’est-ce que je fous ici… ? . . . ah ! tragédienne née pour la comédie parisienne !... comme je suis seule !... et comme le monde est vaste quand on ne sort pas de chez soi !... ô contrainte
« assieds-toi belle poulette du désert !... laisse-moi admirer l’ampleur de tes voiles !... j’ai un message de Karim… — une lettre de Karim !... — ou de celui qui se fait passer pour lui auprès de toi… ô poulette… — encore cette histoire !... je croyais que la justice… — la justice de ton pays… pas du mien… — alors ce poète français :: : qui est-il ? — tu voudrais bien le savoir ô poulette… — le sais-tu toi-même ô Abbou… ? — Dieu le sait ! — mais toi Abbou ! — voici la lettre… — c’est la même écriture… celle de Karim… je la reconnais !... — tu ne connais rien ô poulette »
Lettre de Karim « Ma chère ô très chère LUCE mon prénom en majuscule comme avant voilà bien des mois, des années que je ne t’ai pas donné de mes nouvelles. C’est que pendant tout ce temps on m’a interdit non seulement d’expédier vers toi mes lettres d’amour mais de les écrire. Cette insupportable torture m’a changé, comme tu peux le deviner. Je ne peux même pas te dire où je suis enfermé ni pour combien de temps encore. Je suis désespéré, comme tu peux te l’imaginer. Mes jours sont remplis de ta personne, du matin au soir sans interruption. Et les nuits, quand je ne rêve pas de toi, je t’imagine et je te vois presque à te toucher. Comme je n’ai pas le droit de recevoir du courrier, inutile de m’écrire. Je ne sais pas ce qu’ils font du courrier reçu. Sans doute conservent-ils ces lettres dans leurs archives. Tu sais comme ils sont méticuleux et froids. Qui sont-ils ? te demanderas-tu. Là encore, je ne peux te le dire. Je ne peux même pas te parler de mes conditions de détention. Tu ne sauras rien de ce que je mange ni s’il m’arrive de lire. Comme je n’aime que toi, ils ont fini par accepter que je t’écrive afin de ne pas rompre le lien éternel qui nous unit. Alors de quoi parler ? me diras-tu. De tout et de rien, comme ils disent. Je n’ai plus le droit de penser, même s’ils ne peuvent entrer dans ma tête. Je n’ai plus que toi et je me désespère de ne pas pouvoir te le dire comme un homme le dit à la femme qu’il aime. J’espère que tu ne m’as pas oublié… On me dit avec enchantement que ton pain est de loin le meilleur du champ de bataille. Je suis fier de toi. Quant aux enfants que tu ne peux donner à Dieu, qu’Il continue de t’en priver s’ils ne sont pas miens. Nous ne vivrons certainement pas assez longtemps toi et moi pour assister à Son triomphe. C’est ainsi et nous n’y pouvons rien. Je t’écrirai chaque fois qu’ils le voudront, forcé d’imaginer à la fois les détails de ton existence de combattante et les mots que tu me destine en pétrissant le pain de la Victoire. Voici qu’ils m’ont autorisé à te communiquer un conte que j’ai imaginé pour toi. À ma grande surprise, ils n’en ont rien censuré. Mais pourquoi donc serait-ce à ma « grande surprise » puisque je n’ai pas même songé à y insérer je ne sais quelle idéologie contraire à leurs ambitions politiques ? N’est-ce pas, ma poulette ? Voici ce conte. Et d’abord son titre :
Lettre de Karim (3) BRANLETTE DU BATACLAN finis
J’ignore, et j’ignorerai toujours, si cette histoire t’a amusée comme j’ai pris plaisir à l’écrire, ô ma poulette. Ils m’ont promis de te la transmettre sans en toucher une virgule. Comme tu peux te l’imaginer, Constance n’a jamais existé. Tant mieux pour elle. Et pour ce pauvre personnage de papier à qui je n’ai même pas songé à donner un nom. Puisses-tu vivre assez longtemps pour entretenir mon souvenir ! Je t’aime comme si je t’avais créée de mes propres mains, dans la boue de ces déserts de l’Humanité que d’aucuns nomment l’Islam. Ton Karim, pour toujours. »
Jim jeté du haut d’un pont (de loin pas un cri) ? ou ce n’était pas Jim ? grand pédé devant l’Éternel / (ils jetaient les hommes et les femmes dernière vision de ce monde pas fait pour eux ? pourtant à Los Angeles Jim avait été heureux) ? et de ma fenêtre à odeur de levain écran sur la ville :: : Jim et d’autres encore jetés du haut des édifices rouges :: : indésirables comme du temps où le Juif s’en allait en fumée :: : non ce n’est pas la télé c’est la fenêtre « j’ai connu ça » la fenêtre sur la ville poussiéreuse :: : soulevé par les chenilles mal ajustées :: : des gosses jouant à détruire l’indésirable :: : car nos désirs ne naissent pas en nous :: : ils sont les fruits de nos prières ? ? ? enfin le cri de Jim (ou de John voyant l’écran à Los Angeles) :: : la minuterie du four vient de sonner… ! « comme il est bon ton pain ô luce » comme j’aimerais tant qu’un autre homme meure ainsi à la place de Jim :: : mais non c’était Jim venu me voir juste pour me voir ? Jim venu de Los Angeles avec un sac sur le dos et un gode dans la poche ô God
alors je reçois une deuxième lettre de Karim (ou du poète français qui a pris sa place dans mon cœur) ô poésie
Lettre de Karim « Ma chère ô très chère LUCE, l’heure est au combat. Le sang se coagule sur les verres de mes lunettes. Je ne sais pas s’il faut écrire ou tenter d’appuyer sur la détente au lieu de me demander si je suis capable de tuer. Je choisis d’écrire. Mes amis n’y voient pas d’inconvénient. Ils tirent à travers les murs. Tuent-ils autant qu’ils le disent ? Je n’en sais rien. Nous mangeons ton pain, mais il est si poussiéreux que notre langue en est affectée. Nous ne buvons pas. Quelqu’un a oublié de nous ravitailler en eau. Ou le porteur est mort en route. Hier j’ai ramené le corps d’un enfant que je connais. Il portait de l’eau lui aussi.
Lettre de Karim (4) BRANLETTE DE L’OUVRIER finis
Ton Karim, pour toujours. »
je me vois morte . « je ne voulais pas mourir de cette manière » . nous les agenouillés de l’existence des autres . ceux qui recueillent les bons moments et en parlent savamment :: : il n’y a plus de vitrines dans ce pays . rideaux qu’on soulève à peine . de peur . des camions venaient de ramasser les corps tombés . la poussière que le vent dépose aussitôt . comme si Dieu avait honte : ? passant par là je me vois morte :: : non pas dans le reflet des vitrines comme à Paris :: : il n’y a plus de vitrines :: : souffles centrifuges balayant les surfaces écrasant les résistances suivant les chemins du quartier :: : je me vois morte :: : la nuit m’angoisse au point que je rêve d’un autre pays ? ? ? par exemple comme à Los Angeles avec Jim et John . partageant l’impossible pour goûter au possible ô oui
parle-leur simplement . parle-leur de ta mort . de ta soudaine vieillesse . alors que tu as l’âge d’exhiber ton anatomie sur les plages . sans te soucier d’autre chose que de ta jeunesse :: : ô slip
le rose de la vie sur les joues d’une enfant qui revient . cherchant ce qu’elle a perdu . encore essoufflée . les cheveux coiffés par le souffle . la robe déchirée sans ceinture . moi aussi j’avais perdu quelque chose :: : mais je n’ai rien fait pour la retrouver ô vitesse
devenu fou il enfonça sa bite tendue dans le pain encore chaud . et provoqua l’hilarité générale . je les avais toujours connu graves et silencieux . ce n’était plus des enfants . ils avaient même un nom maintenant que le feu avait léché leurs âmes en péril . ô porno
au moins dix anecdotes par jour :: : toutes se rejoignant ici même :: : à l’endroit où je me réduis au silence :: : de quoi alimenter au moins un volume de cris et de machines . ma tête les contiendra . le tissu se formera sur ma peau . je ne mourrai pas sans avoir achevé cet ouvrage de temps et de noms . ô édition
confusion globale qu’il est toutefois possible de raisonner dans son logis . ô douces pénates en forme de charentaises . avec cet écran qui ne reflète rien :: : qui envoie :: : jours et nuits au service de la réception :: : tatouage de l’esclave consommateur au détriment de l’esclave producteur misérable et écœurant . :: : nous la haine de la misère :: : compréhension de la misère :: : beaux objets inutiles des flux économiques :: : cherchant l’utile et ne le trouvant pas :: : ne trouvant plus rien là-dedans :: : comme si la poubelle n’était pas la poubelle d’une autre poubelle ô villes
où l’antan ? l’année ainsi passée . pain et poussière . voyages dans la ville à la recherche du camion . corps ici . enfants comme vieillard . dehors le temps est au beau . il ne manque que la plage des Sablettes . ses filles d’or . nues ou presque . spectacle du temps retrouvé après la lecture . ? ? ? où l’antan ? une année passée à espérer la fin de tout . « jette-toi sous un camion » mains crispées sur l’espagnolette . pendant que des corps silencieux chutent vraiment . jetés dans le vide . claquant comme drapeaux sur l’asphalte en fusion . « mais que s’est-il passé ? » nous demanderons-nous . une fois passé tant d’autres années . à revoir le même écran de gorges tranchées et de poussières noires . « de quel antan me parlais-tu ô mère ? » ô non
pourtant les filles ramenaient des couleurs du désert . revenant dans des robes aux mille et une couleurs . des filles que personne n’a encore violées . elles revenaient des déserts de l’Islam . dents au vent . foulards envolés . phénomérides heureuses de l’être . ici comme à Paris . ô les couleurs de ce désert éternel !... couleurs tissées ! couleurs broyées !... les chevaux soulevaient la poussière de la ville . petits seins aux tétons crispés . Dieu à la traîne :: : Dieu enchaîné :: : Dieu courant à perdre haleine :: : « nous sommes ce que nous sommes » :: : ô être
oui oui oui j’écris que je n’écris pas :: : oui mon corps n’en veut plus !... « luce ! » cette guerre interminable me cerne :: : journaux (quand je lis) :: : écrans :: : yeux :: : vitrines :: : guéridons tranquilles pour l’instant :: : à quatre pattes sur les trottoirs les guéridons de Paris :: : j’écris que je n’écris pas :: : dis-tu :: : sans le dire au passant :: : qui pourrait en prendre ombrage « ô ombrage des passants et des arbres » ô putes
les écrans mous de nos télés / n’ont pas le charme des vitraux / mêmes couleurs mais à l’envers / on dirait que tu n’es plus là ô cadavre
une enfant s’est enfermée elle-même dans un linceul de journaux :: : je l’ai seulement transportée du milieu de la chaussée au trottoir où s’ouvre la porte de l’immeuble qu’elle habite :: : je ne lui ai pas demandé son nom puis // … // « n’ouvre pas la porte ! je suis toute nue ! » j’entendais cela à travers la cloison puis // … // ? des fois je n’y crois plus :: : tu as peur :: : tu ne possède rien :: : voilà comment j’explique ta :: : « moi je n’explique rien . je cours sous la pluie . glissement à l’angle des rues . je n’explique rien ! » cette manie de tout expliquer !... là-bas : à Séville ou à Cordoue : les explications d’une vieille militante :: : « l’Islam ou autre chose… n’importe quoi pourvu qu’on soit en paix avec qui ? :: : soi-même :: : répétait-elle :: : soi-même ô ici »
« ils sauront le faire un jour… ils auront les hommes et les femmes… l’université… ils auront des usines sous le désert… mais qu’ils ne s’avisent pas d’occuper le ciel… ne serait-ce que pour organiser des voyages d’agrément…ah ! ça non !... » dans le Patio des Lions à Grenade . conversations des conversations . dans quel sens va le monde ? « et moi… où je vais ? » et le Turc s’empara de son passeport pour le lécher :: : « un jour ils auront assez de cran pour s’associer au Diable lui-même… » au bord du bassin du Generalife à Grenade . conversations de conversations . reluquant les murs couverts de signes plus ô moins
« tuez les gens armés… ! ne tuez pas l’innocent aux mains pleines !... les rues de Paris ne sont pas tranquilles . l’ont-elles jamais été ?... terroristes . pickpockets . commerçants . flics . curés . rabbins . musulmans . adeptes du thé et de la croix de fer . » et le type (à Málaga je crois) nous bassinait . banc face à la mer . brandissant sa pétoire d’enfant (c’était peut-être un enfant :: : tu les rencontres non pas par hasard mais parce que tu te balades avec les autres entre la plage et les terrasses :: : toujours ce goût inné pour les vacances de rêve :: : un enfant proposait ses beignets :: : huile noire des paellas :: :) « mais qu’est-ce que je fous ici . moi SDF parisien ? ::: : » comme le ciel est blanc en Andalousie !... ô salades
la colère . ce qui monte en soi . et finit par s’exprimer :: : dans la joie ou le cri :: : Allah Akbar :: : Vive l’Anarchie :: : l’Harmonie en forme d’Homme :: : lequel est représenté par une Femme :: : le patio où tout se décide :: : la cour des écoles communales :: : « connectez-vous avec le Monde !... » cette colère de l’individu qui ne parvient pas à rejoindre les siens . mais quel siens ?... qui sont les siens… ? à la balle et au couteau . colère sans résistance . ou après avoir résisté . mais était-ce de la résistance ?... ÇA :: : « ce que je vois de toi et du Monde que tu habites en étranger… » nous ne reviendront plus car nous avons été abattus par des flics ô échec scolaire
bruit de corps qu’on broie sous les roues . poitrail ouvert comme une valise . glissage dans l’hémoglobine . luges de la trouille . le cul par terre et tournoyant . happé par le sillage des balles . dans les chiottes n’en pouvant plus de retenir le cri . criant que ça n’a plus d’importance . seul ou seule dans ce réduit . la chasse automatique ponctuait l’attente . corps broyés . traversés . « on se serait cru à Utah Beach . plus tard on fouillera ces sols à la recherche des sensations que la mort a enterrées . « moi l’archéologue du terrorisme :: : fouillant sous les dalles :: : les pavés :: : les traces de pneus :: : grattant du bout des doigts les parois de la niche :: : ne trouvant rien conne de juste :: : c’était pas là qu’il fallait chercher !... » ô autres bruits
petites échappées de vapeur dense dans les fissures du couvercle sécuritaire :: : des cons s’habillent en flic :: : « on a la vocation ou on l’a pas » le mort et ses morts :: : on en oublie la chronologie :: : un ou deux noms demeurent :: : présidences en gloire :: : avec le ciel pour décor :: : et des trous dans la terre comme bouches de métro :: : voyagez avec eux !... entrez dans l’uniforme :: : vous ne serez plus vous-même :: : vous qui avez échoué à l’école :: : vous qui n’avez aucune chance dans le domaine de la connaissance :: : agissez par uniformité :: : vendez le peu qu’on vous a donné :: : et mettez le doigt dans ces fissures :: : 130 degrés Celsius :: : pas moins :: : et faites des enfants pour la suite :: : car il y aura toujours une suite :: : rivages des retraites :: : « ya assez de fric pour ça !... » ô éducation
« voilà comment je justifie ma colère !... » à la mode commando . la lame tranche l’artère . ô libération des substances apaisantes qui préparent la mort !... et tout ceci sans éprouver de plaisir :: : le travail bien fait :: : justifier sa colère en tuant l’inconnu :: : le porteur d’armes comme l’innocent aux mains plaines :: : salarié aux avantages sociaux :: : gréviste sans Histoire :: : même un enfant qui n’a pas encore voté :: : ô religion de la démocratie !... ce sentiment d’appartenir à la classe :: : cette recherche du héros :: : ô apologie
Dieu a voté !... et sortant du bureau électoral il prononça un discours attendu par des milliers d’électeurs . je le sais :: : j’étais là . il vota comme tout le monde . Dieu avec une majuscule . la majuscule qui le nomme . les autres dieux traînant leurs langues sur le trottoir avec les putes et les dealers . Dieu donc vota et sortit . il discourut et passa à la Une de la télé . et quand la bombe explosa sous ses pieds divins :: : il s’éleva avec les autres mais fut le seul à atteindre le ciel ô mathématique
je le suivis :: : pas jusqu’au ciel parce que l’air se raréfiait :: : on ne respire plus à l’approche des lieux saints :: : comme ils défendent pied à pied leurs murailles et leurs supplices !... bénissez les sacrifiés au nom de Dieu :: : le Dieu électeur qui descend sur terre pour donner l’exemple :: : je l’ai suivi :: : je ne suis pas entrée dans le ciel :: : j’ai touché ses voiles inconstants :: : et il s’est mis à pleuvoir dans ma maison :: : ô pas des gouttes froides de cumulonimbus :: : une pluie si fines que le soleil des fenêtres n’eut pas de mal à l’évaporer :: : des pages s’élevaient :: : j’étais si proche de ma victoire sur la colère :: : la colère que vous m’avez donnée pour ne rien me donner :: : voyez comme je suis !... je suis et donc je suis… ! je n’entre pas :: : je reviens chez moi :: : ô cette pluie qui lave mon visage noir de colère !... linges souillés pour le restant de mes jours :: : mes jours de condamnation :: : d’exécution :: : de lettres censurées :: : de gardiens illettrés :: : de justice moite dans son slip :: : ô votez pour moi !... une seule fois !... et promis !... je ne reviens plus ô naissance
partir avec les bagages des autres :: : ne pas partir sans ces bagages de domestiques :: : Dieu hait les valets :: : il s’entoure de guerriers et de mères :: : ô partir pour ne plus revenir . emportant avec soi les malles de l’aventure sociale :: : qui m’oubliera ?... ô solstices
petit à petit . entre le fourneau et la couche où je dormais seule . mon esprit s’est réduit à une seule pensée . vivre . voilà le verbe !... vivre… ne pas mourir encore . ne pas mourir de colère . vivre . avec les autres . le palier traversé par les gosses . le pain sortant de ma maison . ô patio mouillé . le beignet brillant de glucose . petit à petit . poquito a poco :: : disait notre SDF à Málaga ou ailleurs dans cette Andalousie où j’ai retrouvé mes racines . mon langage . mon hygiène . après la mort éclaboussante . ce patio sous ma fenêtre . la conversation discrètes des femmes :: : on ne rit plus :: : on s’observe :: : la vie commence ici :: : le verbe !... et toute la tragédie en lever de rideau :: : ô comme j’aimais me sentir vivre !... comme j’avais envie d’un homme pour moi seule ! ô poisson
John s’agitait sur l’écran . Karogne avait fait le tour du Monde . image clandestine diffusée par l’Occident . et John presque nu sur une plage exotiquement conçue . u autre Jim en carafe . sa bagnole au capot ouvert . ô allégorie . quel bonheur de chercher et de chercher encore !... « on finira bien par trouver… — on ne trouvera rien !... — mais pourquoi ô langue de vipère… ? — parce qu’il n’y a rien ô stupide amant… ! — mais l’espoir ?... où caches-tu l’espoir ô pendu ? — il n’y a pas d’espoir non plus !... nous sommes seuls… — toi et moi… — ni toi ni moi… eux ! » et Jim arrosait les fleurs de son urine chaude :: : ô salaison
à bord du LongSong :: : tout allait bien pour Karen qui voyageait :: : en mission :: : trouver la cible qui fera parler d’elle une fois morte :: : Karen qui avait été une bête d’amour et de fric :: : la plus belle choune jamais rencontrée sur la Croisette :: : graine de star nue :: : jamais autant de bites n’avaient applaudi le canon féminin :: : « un jour vous reviendrez parmi nous… » et Karogne à la barre :: : encourageait l’équipage :: : composé de couleurs :: : il n’en manquait pas une :: : et la peau couleur d’ivoire de la belle Karen brillait sur le roof :: : massé par un de ces esclaves :: : tandis que le flot battait les flancs du beau navire en partance :: : toujours en partance :: : on ne l’avait jamais vu aller au-delà de l’horizon : règle number one ô CIA
le gosse ébouriffé monta la carte postale et la glissa sous ma porte . je buvais en cachette . arak précieux . sous le manteau de l’Islam . l’arak et l’herbe . le fourneau se chargeait d’avaler mes odeurs . le pain aidant . et la carte a glissé jusqu’u tapis . goélette en plein soleil d’une mer bleu comme une pierre . c’était l’écriture de Karen :: : « j’ai croisé Karim… il est triste… il n’écrit plus… » mais alors qui écrivait ses lettres d’amour et de songe ?... je posais la question à la surface glacée de la carte postale . à même ses voiles blanches et gonflées . ô vent moteur des voyages plus que les pistons des machines . mais Karen ne disait rien de l’endroit où elle avait « croisé » Karim . rien sur ces lieux sacrés . rien sur leurs conversations . s’il y eut des conversations entre cette voyageuse du désir et cet aristocrate des murs . rien d’autres que le bonheur des surfaces . Venise et son petit lion . un cadavre sur la plage . le café noir à Florence . toutes choses que je connaissais moi aussi . chocolat le soir à Alicante devant la mer frisée de moutons . les hommes promenant leur queue à moitié gonflée . quelques-uns sous la douche se donnant en spectacle aux femmes des terrasses :: : elles n’ont pas encore fait leur choix ô lui
« ils veulent nous changer par le langage… l’amour de Dieu contre la publicité et ses fictions… une seule langue est celle de Dieu !... » ô Tiffany’s
ô squelette !... tes dents me regardent :: : ô Islam
La Jonquera :: : trois mille euros en une journée :: : je voulais rester :: : Jim aussi :: : ah ! les belles journées au soleil !... le LongSong à l’amarre . quelle fête perpétuelle !... le paradis sur terre :: : et payant avec ça !... Karogne tenait la caisse… je pensais que ça ne finirais jamais :: : comme un roman circulaire mais sans début ni fin :: : le désir descendait du ciel comme Louis XIV de Henri IV — tu t’appelleras luce car tu est lumière : luce est le singulier de luces : : enfin… d’après moi :: : et ces lits de fleurs pendant la semaine sainte !... « jouons à papa et à maman !... » dressant la croix des bras et des jambes . petite douleur ascendante . solos des blancas . « oui oui ô ma femme de sapin !... » tu auras tout ce que tu désires : ainsi va la vie : : jusqu’à la mort :: : qui est résurrection ::: : la vie après la vie ::: : comme si la mort donnait la vie :::: : nous sommes tous nés de la mort… ! sans la mort ô Pénélope nous ne sommes plus rien que poussières d’étoiles . « ne plaisante pas avec ça… des fois la mort… — Hé ben quoi la mort… ? — je sais pas ce que c’est… mais je sais… — et comment que tu le saurais… ? — je suis une femme !... » ô genres
Lettre de Karim (5) BRANLETTE DU BALADIN OCCIDENTAL finis
Ton Karim, court toujours. »
:: : attention au larbin :: : graine de collabo :: : le serviteur de Dieu comme le domestique de l’État . ils cherchaient à « déchiffrer » ces lettres . ce poète français les avait-il écrite ?... notre hiérarchie est-elle son mentor ?... nous ne les aurons pas :: : et moi au pétrin :: : au four :: : et au camion pour la farine turque :: : le fuel turc aussi pour le feu :: : ma cheminée ronflait comme à l’usine :: : je n’avais jamais vu autant de pains :: : ? ? ? // il ne pleuvra jamais dans ce pays . sauf des bombes occidentales . enfant déchiqueté en affiche sur le mur :: : puis l’ode à la branlette de mon ami :: : mon seul ami en ce monde que la haine détruit :: : aimez-vous les uns contre les autres :: : il fallait sortir de la ville pour refaire les chemins entre les dunes :: : nous sommes bien loin de la mer :: : ô pétrole
quand la Justice veut guérir l’anarchisme de ses enfants :: : anarchisme . trotskisme . islamisme ? ? ? « qu’est-ce qu’on a pu se marrer… ! et ces cons de salariés enculés par le préfet et ses bites . ah ! papa n’était pas content !... mais alors pas content du tout !... et la jugesse de me faire la leçon . la jugesse ma sœur . brandissant la morale et même l’esthétique :: : — ah mais c’est que vous pouvez pas ! . c’est interdit par la Loi !... et la Loi c’est la République !... la République c’est la Démocratie !... et la Démocratie c’est l’Humanisme ! le seul !... le vrai !... — on verra plus tard, conasse ! des fois on change et des fois non !... vive l’Action ! — qu’on la condamne ! papa l’a dit !... oh ! comme j’ai de la chance d’avoir été une adolescente conforme !... mauvaise en maths mais bonne en foi !... Vive le Droit et les Colonies… ! » ô maman
il n’y a pas plus immobile que le temps :: : je m’explique :: : le temps, c’est le temps :: : connaissance figée semble-t-il pour toujours (j’expliquais ça à un croyant dur comme fer :: : du fer il en avait dans la peau :: : et la nuit ça le réveillait :: : on l’avait envoyé en Turquie pour la qualité de l’hospitalisation dans ce pays de merde) et je continuai : le temps, à force de s’immobiliser depuis toujours et pour toujours . le temps c’est notre perte de connaissance . bon pour l’horaire et les rendez-vous . et après ? la logistique . la civile come la militaire . tu veux que je te dise, Mokhtar ? on est nous aussi des statues . on a du mal à se plier pour se jeter sur nos tapis . et dans le bon sens sinon ça vaut pas . ou c’est une manière de blasphème . on ne montre pas son cul à l’Arabie . fais-toi pas chopé dans cette position . même si le fer que t’as dans la peau joue la boussole . on est pas des voyageurs . avec ou sans fer dans la peau, on des ermites . toi le balai et moi le pain :: : voilà nos temps persos . yen a pas d’autres ô saints
à Paris la jugesse ne m’en voulait pas . disait-elle . mais je ne pouvais pas continuer de trahir les convictions de ma classe . même Bakounine reconnaissait la nécessité d’un État . il justifiait la fatalité policière . ô providence partout dans toutes les idéologies !... disant cela elle jetait des regards d’adjudant au gendarme qui caressait son unique galon d’argent :: : un mois que j’ai pris ô Mokhtar !... et papa est venu me chercher au troisième jour . cette fois il ne m’a pas ramonée avec un cierge . il l’a enfoncé dans un trou à l’église . et le bedeau lui a fait de pas l’allumer . y avait assez de fumée comme ça !... ô todafé
du pain et de la viande . je chiais des cailloux . boïng ! boïng ! dans la faïence toute neuve . l’appartement sentait la peinture fraîche . et puis il s’est mis à sentir la suie du fourneau . et maintenant je me bats avec la poussière du dernier bombardement . on a eu de la chance ou Dieu lui-même l’a voulu . j’ai jamais pu concevoir un Dieu qui veut ou qui veut pas :: : pour moi Dieu ne voulait rien :: : il ne désirait pas :: : il n’avait pas de projet :: : il n’aimait personne :: : il ne haïssait pas non plus :: : il ne reconnaissait pas les siens :: : il ne se connaissait pas d’ennemis :: : il n’existait que pour exister :: : il n’expliquait rien :: : on le croisait ou pas :: : il n’était nulle part :: : il n’avait rien à voir avec ce qui nous arrivait :: : il était tellement rien et tout à la fois qu’il pouvait très bien ne pas exister :: : ou exister sans vie :: : exister mort :: : mort comme le temps :: : que de temps perdu à retrouver ces traces !... ô fouilles de ma robe
« mieux vaut chier dans cette blancheur immaculée que de poser son cul dans la broussaille du désert » dit-il . en reluquant ma cuvette . il en a une mais elle date de Hafez . à cette époque il conduisait son propre taxi . maintenant il conduit celui des autres . jamais il ne s’était autant laissé faire « des fois je me sens esclave et des fois non… » comment je me sentais quand j’étais anarchiste à Paris ?... bien… j’étais bien… je crevais pas de faim… ni d’autre chose… la question de crever ne se posait pas à mon esprit :: : j’étais déjà morte :: : extases opiomanes :: : « t’as déjà goûté au trottoir, Mokhtar… ! » le trottoir jonché de bris de verre . pas une trace de cervelle de flic . « qu’est-ce qu’ils ont à la place de la cervelle… ? plus la moitié d’entre eux vote à l’extrême droite… avec l’armée… la magistrature… essence pétainiste… le gaullisme est un pétainisme… qu’est-ce qu’ils ont à la place de la cervelle… ? bonne question, Mokhtar ! » ô élections
adhérer — être d’accord — souscrire — organisation — ah ! je pouvais pas !... mieux vaut retourner chez papa :: : comme ma sœur-jugesse-flic-députée . revenir dans le giron qui m’a vu naître :: : avec ma sœurette et mon frérot :: : et mes cousins et mes cousines :: : et la flopée de domestiques :: : les élus et les autres :: : tous ces petits culs en mal de collaboration !... ah ! ça me ferait mal !... mais moins mal que d’a-dhé-rer !... mettre ma chaise entre les chaises et m’asseoir dessus comme si rien ne pouvait se passer de cruel à mon endroit .et à mon envers donc !... non !... je ne franchis pas les portes . je ne les entrouvre pas non plus . je passe devant . sur le trottoir . je traverse hors des clous . je défie les bagnoles . et surtout les camions !... ah ! les camions !... comme à Nice !... ces corps broyés :: : craquements sinistres !... pas de pitié pour l’Occident !... pas de pitié pour l’Empire occidental :: : chkraoutch ! l’enfant transformé en pâté immonde :: : l’homme en femme :: : et la femme en tapis . comment voulez-vous que j’adhère ?... même en cas de promesse paradisiaque non opiomane… jvrack ! si ça n’adhère pas à la terre natale . et pour jamais . c’est que Dieu existe !... ô Bernadette
« comment qu’ils font pour renoncer aux plaisirs de l’existence ?… » cette chasse aux sybarites :: : insensée :: : Dieu le goinfre n’a pas voulu ça !... Dieu qui s’empiffre comme un épicurien // « ya pas tant de morts que ça… » // forcément, le nombre de morts n’atteint pas celui des vivants . tout compte fait . la vie a de l’avance . et elle augmente . pas dans des conditions idéales . mais ça avance . jusqu’à l’équilibre :: : on y travaille :: : tous les jours :: : que Dieu :: : veut :: : ça avance par milliards :: : toutes races confondues :: : cerveau commun :: : le jour où ils découvriront (si ce n’est déjà fait) que le cerveau de la race X est supérieur en connexions à celui de la race Y :: : alors adieu humanisme :: : bonjour religion unique :: : « vive la poésie qui ne fait de mal à personne . surtout si elle est de mauvaise qualité… ! » // on finira par tomber sur quelque chose… me disait le triste mollah qui m’accompagnait ô schisme
Lettre de Karim
« Ma chère et aimée luce, que penseras-tu de cette nouvelle branlette… ?
(6) BRANLETTE DE L’ÉMIGRÉ finis
Je suis sans nouvelle de toi… rien dans les journaux…
Ton adoré Karim.
:: : ils sont venus m’interroger . à propos du poète français . :: : Jarive :: : ou Tarive :: : « j’me rappelle p’us ! — t’es sûre qu’il était français ce poète… ? — on n’est jamais sûr de rien… les mecs… — mais moi je te demande de l’être… — quelle importance ça peut avoir… ? — ça c’est pas ton affaire !... — vous avez un bissness ô les mecs ! — fais pas la conne ô luce !... tu vas morfler… — comme Jim… — tu le connaissais trop bien… Jim ! — je connais un tas de monde dans le milieu… je rends des services… et je ramasse pas mal de pognon pour la cause… — on n’a pas dit le contraire… mais maintenant on veut savoir comment il s’appelle… le poète français… — j’en sais rien moi si c’est Karim qui m’écrit ou si c’est un autre qui se fait passer pour lui… — et pourquoi il se ferait passer pour Karim… ? — je n’ai aimé que Krim à cette époque… on a fait des conneries… — ça on le sait… — je sais pas pourquoi on m’a pas jetée en prison… et je me suis retrouvée là… j’y crois pas — moi — à votre dieu vengeur… ! — ne blasphème pas ! — j’ai rien à faire ici… ou alors c’est ma prison… Karin est en cavale… et il m’écrit des lettres d’amour… — t’en connais pas le chiffre… alors… — parce que vous le connaissez, vous… ? — on en sait plus que toi… et on a pas trouvé de Tarive ni de Jarive dans la liste des poètes français… — ils ont une liste en France… ? ah ! si j’avais su !... — qu’est-ce que t’aurais donc fait si t’avais su ô luce… ? — je sais pas… à quoi sert une liste… et puis s’il m’a dit qu’il s’appelle Jarive c’est qu’il s’appelle Tarive… et inversement… ! — déconne pas ô luce… c’est du sérieux cette fois… — qu’est-ce qu’il y a de pire que la prison… ? et avec un dieu à la clé… que j’y crois pas et même que je m’en fous !... — blasphème ! blasphème ! — coupez-lui les couilles ! — mais j’ai pas de couilles !... et j’en aurais jamais !... » et on m’a posé des tas d’autres questions . j’avais pas la télé . le journal était jaune pisseux . et il manquait des pages . « d’où viens-tu ô luce ?... — je viens de Paris… mes amis étaient tous anarchistes . j’ai fait trois jours de taule . mon père… — on sait déjà tout ça… quand as-tu baisé avec Jarive (Tarive) la première fois… ? — on n’a pas baisé !... J’étais avec Karim… l’enquête n’a pas pu établir si c’était moi qui avais tiré.. ah ! ce que j’ai souhaité n’avoir jamais tué quelqu’un !... — c’était quoi ton rôle à bord du LongSong… ? — j’étais coq… personne l’a regretté… autant que je me souvienne… — Karim dit le contraire… — il ment !... il se régalait lui aussi !... j’ai fait cuire un douanier de Marseille… quel con ce pauvre type !... ils embauchent que des ratés !... des mecs et des meufs qu’ont pas de scolarité… alors je les pinçais au bon endroit et Karim les faisait parler… celui-là en est mort et je l’ai donné à bouffer aux petits poissons d’un élevage… ya pas d’mal !... ô Mohammed ! »
je sais pas si :: : vous savez ce que c’est :: : que d’avoir des cadavres :: : sur la conscience :: : mais le fric était partagé :: : entre la cause :: : et le plaisir :: : Karim savait y faire :: : je crois même qu’il a inventé ce poète français // lequel n’a jamais existé . pourquoi aurait-il existé… ? ? ? // ah ! mais qu’est-ce qui m’a pris d’entrer dans cette église à Jérusalem… ? un curé pas plus haut que ça se paluchait dans le confessionnal . si on peut appeler ça se palucher . et il m’a fait signe . et j’ai tout avoué :: : sale Juifs !... ils m’ont demandé si je racontais des salades ou j’étais musulmane :: : pas d’autres alternative :: : ou tu racontes des craques ou t’es musulmane :: : or il se trouve que j’ai des racines juives :: : même que la cousine Sarah est morte au Konzentrationslager Auschwitz . le 26 janvier 1945 . pas de pot ô Sarah . et quand je suis revenu dans cette église . des années plus tard . un autre curé m’a appris que mon curé était mort et enterré . son cadavre avait rejoint les siens dans la campagne française du côté de Vitré . ah ! tu parles si je connais ô Vitré
Karim… écrivis-je dans mon journal intime le 7 janvier 2015 :: : Karim je voudrais écrire le roman de notre aventure qui ne s’est pas encore terminée :: : à moins que je n’aie rien compris à la manœuvre :: : mais je sais pas raconter :: : je sais que brailler :: : en aveugle :: : avec le mégot au ras de la peau :: : mais pas sur les bras que j’ai quelquefois nus :: : quand je pétris :: : // si jamais ils m’enlèvent la culotte : je suis bonne pour l’asile ou la lapidation ? ? ? // mais tu ne dis rien de mon talent dans tes lettres . tu n’es peut-être pas Karim . et donc tu ne sais pas ce que je vaux quand j’écris . lui le savait . il m’en parlait . mais raconter je ne sais pas :: : j’ai besoin de toi pour ça :: : et pour autre chose aussi :: : j’en ai assez de me branler sans photo de toi nu sur le roof du LongSong ô phallus
et puis ils m’ont laissée tranquille . et même seule . à part ce gosse qui m’apportait le journal . avec quelle fréquence ?... pages jaunies par le soleil du désert ou les années :: : j’en sais rien !... // j’ai même eu droit à un pétrin mécanique :: : le fil électrique montait l’escalier et pénétrait chez moi par le trou de serrure :: : il ne manquait plus qu’un monte-charge pour les sacs . j’en ai parlé à Mokhtar qui s’y connaît en monte-charge . et il m’a dit qu’il en avait parlé . et que l’idée ne leur déplaisait pas . et que si j’avais encore des idées j’avais qu’à en parler à lui //Mokhtar// « le temps existe ô luce !... le temps existe !... le premier que tu rencontreras à l’entré du paradis ce sera ce sale flic juif qui t’as fait dire n’importe quoi au sujet de ta tante Sarah… — ma cousine… Konzentrationslager Auschwitz… pas de pot !... oh ! pas de pot… ! — alors tu lui planteras un couteau dans le cœur… — retuer Sarah… ? tu n’y penses pas… ! avec ce qu’elle a souffert… de crever la veille du jour… — je te dis de le planter dans le cœur de ce sale Juif !... ah ! et puis pourquoi pas dans celui de la tante Sarah si elle est pas tout à fait morte… ils n’ont pas bien terminé le travail… les Chleus !... » ô Berbères et Wisigoths
dans le grenier de la maison familiale . y avait les souvenirs de granpapa . la francisque et ces sortes de chose qu’on ne sort plus aujourd’hui . mais qui restent . des souvenirs d’antan . souvenirs de l’espoir . de changer les choses par une révolution . non pas individuelle . mais nationale !... nationale… ! même papa y croyait . et maman qui n’aimait pas cette odeur . qui répandait les siennes . à Paris nous respirions ses roses et ses jasmins . et je jouais avec les reliques de Vichy . en circuit fermé . parce que papa fréquentait maintenant des communistes ô que oui
ah la méfiance !... chaque fois que je croise quelqu’un et qu’on s’arrête pour dire du mal des autres :: : je chasse les signes d’une idéologie . mais je tire pas . j’absorbe . je mets de côté . c’est bon pour la poésie . et on a beau s’asseoir sur un banc, sur l’herbe ou à la table d’un café :: : je collectionne les signes . ah on dirait que je m’en nourris :: : que je vais en faire des personnages . et que le roman s’annonce enfin . que je n’ai plus besoin des autres . et que je vais arriver à la fin toute seule . sans l’aide de la nation ni de ses sbires . à peine payant son dû au régime opiomane qui fonde mon acratie interne . bonjour monsieur madame !... hello madame monsieur !... et sin on forniquait devant un café crème ?... là :: : devant tout le monde :: : à deux pas des librairies :: : luce cautèle // ah le beau pseudonyme :: : voyons ce que á donne en titre :: : Luce Cautèle /// Prix du roman algébrique :: : ? ? ? mais posez-vous la question mes sœurs !... le Polistar et le Babel !... rien que du neuf et du très-haut !... mais non !... mais non !... c’est moi que je paye !... vous l’avez bien mérité !... ah ! les personnages !... des personnages-textes comme j’en rêvais ado !... la scène avec les textes dessus… les textes entrant et sortant… les répliques des textes… leurs costumes… leurs caractères… sans comédie… sans comédien… rien que du texte… et du théâtre !... // tout ça parce que je vous rencontre . et qu’on suçote un café à la crème de banlieue . vous et moi ô adepte
ils avaient bien capturé Jim :: : quelle torture face à la mort !.. ils finiraient par trouver le poète français :: : dit PF :: : parce qu’on ignorait son identité occidentale . pas pef !... pf :: : comme pffff :: : onomatopée islamiste en usage dans les mosquée ralliée . pffff !... ils l’amènerait ici . et on aurait droit à un décollement du chef . par cisaillement lent du cou . à la télé dans le monde entier . même dans la campagne la plus reculée de la RF . rffff !... pas besoin de lui couper la langue comme le recommande le Prophète :: : envoyez sa tête à Pasteur // sa peau servira de parchemin . une sourate laïque pour commencer cette nouvelle ère de l’homme-dieu ô 1789
la perversion narcissique à tous les étages :: : auteurs en gésine :: : face au commerce du livre :: : « ici, peu de schizophrènes, beaucoup de paranos et surtout énormément de cons… » écrit PC . la lignée (je simplifie) andrébreton / pauléluard / jackkérouac / charlesbukovski / philiproth / et tant d’autres qui doivent tout à l’écriture automatique et au hasard objectif // finalement peu d’enquêtes // fenêtre ou écran :: : l’auteur se prend pour un écrivain . on lui facilite les choses :: : mais qui ça « on »… ? mais là !... les librairies + les municipalité + les maisons et autres centres et printemps !... et moi je suis là (pas même auteur) à fabriquer du pain pour les terroristes . pain d’opium et de chanvre . pain d’extase et de shoot . ô bon pain ma boutique de parisienne occidentale (je précise parce que n’est pas parisien qui veut) :: : ô te souviens-tu du douanier de Marseille empalé comme un hot dog . des gosses chez lui . et une veuve avec sa médaille . il a tiré sur nous . quel crétin !... on ne leur demande même pas de se cultiver aux mamelles universelles . avec ou sans dieu . des cons à tous les étages . manipulateurs manipulés :: : ô wc
faites-vous soigner au rythme des pubs et des infos !... la Clinique Républicaine Sentimentale vous accueillera dans son salon d’explications sans faille . vous aurez le Sentiment de vivre en société . et pour pas cher . le prix d’une croisière dans les îles grecques et turques . les billets sont à l’office . et moi dans les chiottes pour évacuer les petits pains de ma production . Jim m’attendait toujours devant un taxi « John est à l’hôtel… » et à trois dans un lit de luxe on s’envoyait des messages instantanés. « faites-vous soigner » :: : vous sauter directement du seuil de vos usines sur la passerelle qui mène à tout sauf à rien !... petits commis de commerce et d’administration . et tous ceux qui se croient en mission . les profiteurs moyens du système . lâches et Cie . « il en faut ô luce . je t’assure qu’il en faut… — je peux pas vivre dans ce monde !... je… — tu… ? — moi… ce monde… ces larbins… ces échelles de la réussite et du devoir… ah ! non !... très peu pour moi… — retourne à tes petits pains ô luce !... il faut nourrir le terrorisme… et ça c’est une chose que tu fais bien !... — et sans médaille à la clé… je sais… » ô mes conversations avec l’amour
la colère comme seule cause :: : du simple coup de pied dans une poubelle à l’explosion en joie au milieu d’une foule qui s’est rassemblée là pour commercer . ? ? ? toute la gamme des colères . « c’est fou ce qu’on peut être prudent quand on a la place… ! » // « collez-vous-y ! une fonction utile à tout le monde . n’importe quoi qui mérite le qualificatif d’humain . après études ou sans études . devenez ingénieur ou flic selon vos capacités d’enregistrement . pas besoin de courage . on en a pour vous… » // seule cause :: : rien d’autres à se mettre sous la dent :: : sauf les substances :: : les petits pains comme le pinard de l’ouvrier . qui d’ailleurs en boit de moins en moins . et qui boit de plus en plus :: : ouvrier base et ouvrier cadre dans le même sac :: : semence des collaborations nationales et internationales « nous sommes faits pour vivre ensemble / sinon tu ne vis pas / prenez un billet pour Istanbul ou Tel-Aviv » et j’écoutais ça sans broncher . le feu en moi . « tuez-moi maintenant ! » // ne pas finir en prison pour alimenter leur chronique du Bien . crever comme un poisson dans l’eau . au spectacle d’un effondrement :: : n’importe quel effondrement :: : l’estropié comme la veuve . chair humaine revisitée au fer . c’est là qu’il faut frapper !... et mes petits pains nourriciers… ? qui qu’en veut de mes petits chéris… ? ô toi
on le sait depuis toujours (valery) :: : c’est aux extrêmes qu’on trouve la vérité . et la joie d’être pris la main dans le vrai // le milieu est pourri :: : lâcheté – abandon – trahison – carrière – retraite – patrimoine – femme battue – enfant déçu /// depuis toujours la vérité est suspendue aux extrêmes :: : comme le temps aux cadrans . les autres forment le contenu de la poubelle humaine . nuances et variations dans la soumission . ces voyageurs du métro et du covoiturage . ces géniteurs patriotiquement conçus eux-mêmes :: : racaille du milieu . ni gauche ni droite . ou l’une dans l’autre . « trouvant » le travail . ou en panne dans les marges . du SDF au cadre supérieur :: : le milieu où ça « prend » :: : comme le ciment de vos murs :: : laïques et orthodoxes /// marginaux et adeptes . comment mais comment le rêve de vos enfants devient le vôtre ?... la trouille expliquerait cette sordide situation…/ phobies en tous genre… et au journal télévisé et dans les discours parlementaires la phobie dévient synonyme de haine :: : mais comment arrivez-vous à changer le sens des mots ?... des quiddités ?... quel chemin de la peur à la haine dans vos esprits journalistiques ?... ô pivot
on s’est amusé comme des folles dans le pétrin :: : moi et les filles . dans le pétrin formant les petits pains de la joie et du courage terroriste :: : elles ne portent pas encore le voile . il faut les deviner . et j’ai fermé la fenêtre pour ne pas entendre les sentences . sur le toit, la cheminée devait fumer noir . « pourquoi n’aimes-tu pas ton prochain ? — n’importe quel prochain ?... tu charries… — tu n’aimeras jamais personne… pas au point de mourir pour le dire… » ô encore toi
(7) BRANLETTE DU VIOLEUR finis
ma luce ô ma toute luce !... je ne sais même pas si tu lis mes lettres — les Turcs sont de bien méchantes personnes quand ils font profession de geôliers !... je ne te reverrai peut-être jamais — ou là-haut — si tu crois encore à ces fables — moi je ne crois plus à rien — j’ai faim de viande et de chair — et de boissons aussi — nos shoots sur la grève !... t’en souviens-tu ô luce — nous n’étions pas encore des assassins — la vie sentait bon les murs remplis de soleil et de traditions — nous sous la treille — buvant frais et sans soif — nus comme au premier jour — expérimentant la moindre faille du système — connaisseurs d’ombres — mangeurs des fruits de la passion — ô ma luce dans ce lit de draps si doux — draps si vieux aussi — de la fenêtre de ma cellule (si on peut appeler ça une fenêtre) je vois les grands navires de croisière qui transportent l’Occident et la Chine et peut-être aussi la Russie — qui sait de quoi la Russie est capable ? — navires comme des prisons de la liberté — frôlant les rivages andalous — la chemise d’Alberti au vent des nouveaux départs — et j’écris que tu ne me lis pas — énumérant les raisons de cette douleur — une page par douleur et un jour par page — le geôlier a des racines anatoliennes — il emporte mes écrits dans ses poches — mais ne rêve-t-il pas lui aussi de croisière ? — ne me trahit-il pas chaque jour que Dieu renonce à polir comme l’argent de nos coupes ? — ici les procès n’ont pas lieu — le Turc trahit l’Occident comme l’Orient — c’est sa fonction géopolitique — mais je ne manque pas de papier ni de mines — les tourterelles de nos toits ne sont plus mes messagères — mais j’y crois — credo in unam — je n’arrête pas d’y penser — jours et nuits — cette seule pensée me fortifie — je ne suis rien sans toi ô luce
Ton Karim.
admettons :: : nous sommes les mitrons du terrorisme :: : nous élisons ceux qui votent la guerre sans nous consulter « mitronnez, petits animaux domestiques, mitronnez dans vos chaumières . les parisiennes comme les profondes . il en restera quelque chose !... » d’après quincey l’assassinat est une grossièreté du point de vue moral et un art selon la perspective esthétique // admettons :: : mais en dehors de la morale et de l’esthétique :: : vous n’avez rien d’autre dans votre chapeau claque ?... c’est bien ou mal // ou c’est beau ou pas // « va falloir trouver autre chose si on veut continuer d’exister !... » allons !... au travail !... ni morale ni esthétique !... formez vos petits pains dans cet esprit et vous serez considérés :: : ni bien ni beau ni bien ni mal qu’est-ce que c’est… ? :::::: : songez à la douleur . ça fait mal ou ça fait du bien :: : je regarde les images :: : alors, mes petits pains ::: : ça te procure du plaisir ou pas… ? sinon éteint l’écran — et va jeter un œil sur les pousses de ton jardin — rêve que c’est facile ou au contraire que ça pourrait devenir difficile :: : hemingway mort dans l’après-midi avec le quinto toro . ô pâton
â que la syntaxe est tournoyante mais ô â que c’est facile à lire :: : romans affiches . l’auteur réécrit le compréhensible avec les moyens de l’intelligible . ô virtú !... â ô ?
coquilles vides des écrits de chercheur :: : académistes fouteurs de merde au moment de s’en prendre à la vitrine d’une banque ou d’un commerce de luxe :: : limogez les savants et les cons !... comme il ne peut plus être question de bien, de mal, de beau et de pas beau !... videz le poulet par l’aine . étirez ses boyaux de larbin inculte . mangez la soupe populaire à la place du peuple . et les fruits des grandes écoles sur le trottoir en putes vierges . forcez les entrées vierges et celles qui résistent . et faites entrer l’artiste :: : le troubadour pas le trouvère . lâchez les ours dans la cohue du marché patriotique . coquilles vides : pas d’œuvres à cette altitude :: : des « travaux » destinés à honorer leurs ouvriers . « regardez-les se pavaner sur le seuil de la République : » ? ? ? // concevoir l’assassinat dans la seule perspective du plaisir :: : l’acte comme le spectacle ô apo ô apolo ô apologie
« écrivez pour empêcher les autres d’écrire » dit Matorral sur le seuil de sa maison . de l’écriture considérée comme un assassinat . colère ou lassitude . même force tangente . le couteau à la main . promenez vos gorges sur ces chemins et vous verrez . instituteurs en missions littéraires nationales . verrez la violence alors qu’il n’est question que de cruauté . pâles imitateurs . verrez le plaisir comme rideau . le théâtre du plaisir . comme dans l’ancien bordel . attirer les cons et les traiter comme tels . verrez comme c’est beau finalement . et comme c’est bien ce qu’il fait faire . ô connaissance ô action ô vous les proxos les dealers les killers // verrez la nuit comme de jour . seule la violence a un sens :: : ô timides
« ils ont capturé le poète français !... ils ont capturé celui qui a pris la place de Karim dans le cœur de luce !... » que de gosses sur la place ! à couper le souffle :: : ils tenaient le poète par la manche . il avait dû courir longtemps pour tenter de leur échapper . ses cheveux noirs éclaboussaient la foule . que de gosses !... il portait une chemise blanche (qui avait été blanche) et allait pieds nus sur l’asphalte brûlante de Raqqa . poète poussé hors du printemps . maintenant plus vrai que nature . et ils l’amenaient chez moi . moi et mes petits pains . « tu le reconnais ô luce ?... est-ce bien lui qui a pris la place de Karim… ? tu ne peux plus te tromper ô luce… » et le type qui frottait ses genoux sur mon tapis était bien celui qui m’avait fait un enfant !... « un enfant de toi ô luce ?... un enfant de chair et d’os… là-bas entre Málaga et Sevilla… ou peut-être dans une rue de la Judería… face à l’hôtel où Garaudy reprenait les qasidas du Fou d’Elsa en connaisseur du monde arabe . juif . chrétien . ô troglodytes
je lui ai donné à manger un de mes petits pains . les gosses en sont témoins :: : « parle-moi de mon enfant ô toi » il avait faim et soif . il pensait encore à l’amour . à l’aventure des mots qui sourdent des choses . matière à poésie . ça il le savait . et il savait aussi tout le reste . il avait traversé tous les écrans . de tragédie en Histoire et d’Histoire en comédie . comme Shakespeare . pas moins . il m’offrit un volume sans couverture . « j’en arracherai les pages une à une ! — pas toi ô luce ! — moi du haut de mes petits pains nourriciers ! — je ne suis pas venu pour ça ! » parce qu’il croyait venir :: : venir :: : alors qu’ils l’avaient molesté durement pour qu’il marche devant . et maintenant mordant dans un de mes petits pains il me fait la leçon . français donneur de leçon . la vocation de pédagogue missionnaire français . colonialiste dans l’âme . « et en plus je t’ai apporté un livre où il est question de moi » :: : et en effet il en était question . tandis que Karim croupit dans une prison turque . « mais Karim c’est moi !... ou mieux dit : Karim est mon personnage !... — et alors je suis qui moi… ? » ô Montagne
une bonne planque : un salaire garanti : jusqu’au cercueil gratuit : tranquillité locative ou acquisitive : de quoi baiser (chair ou écran) : toxicité libre : limitée au pinard et dérivés ou similaires : des flics à proximité : disponibilités des soins : en intensif comme chroniques : des vitrines en tous genres : des propositions à intervalles de plus en plus étroit : ça va vite : « on a tout ce qu’on veut » dit la petite noire privilégiée : vous avez même la campagne : si jamais vous manquez d’air : avec ses retraités : fonctions publiques aux conseils : réseaux associatifs : élus foireux : la « france Profonde » : si vous aimez mériter jouez avec eux au perroquet sur le comptoir : chiens de garde : planqués des guerres coloniales : pères blancs et noirs : des vierges au coin de rues : idéal féminin : et pas une bite au cul : dégradation = blasphème : « or je ne blasphème pas puisque la religion est une abjection : je dégrade faute de pouvoir détruire » : liberté = autorisation : égalité = privilège : fraternité = piston : mon interlocuteur avait raison :: : j’ai tort : « c’est pas que j’aime ça… mais j’en ai marre… je ne lutte plus… et je veux vivre… profiter au mieux… vivre le plus longtemps possible… et dans les meilleures conditions possibles… merde !... je suis née au bon endroit… malgré tout… je suis pas noire ni pauvre… je suis couci-couça… faute de grives on mange des merles… ya des merles dans mon jardin… j’en mange pas trop sinon les merlettes quittent les nids… je leur donne même à bouffer… ils engraissent… je les pèse du regard… je les élève… l’État c’est moi !... en tout cas chez moi… dans mes limites… la chance que j’ai d’avoir des limites !... et tant pis pour ceux qui n’en ont pas !... à eux la rue !... les flics en maraude… les donneurs de leçon… les pourboires sociaux… » et mon interlocuteur me gratouillait la plante des pieds des fois que le diabète menacerait mon intégrité… » ô jouir — c’était quand ô luce… ! ça… tout ça… ? — ya bien longtemps que je m’en souviens niet !... — faut se souvenir ô luce… ! la mémoire !... ah ! la mémoire… ! — n’oublie pas qu’à force de contrainte ô juju :: : on s’amuse plus !... on vit plus !... on est plus rien de bon à quelque chose… — si je le sais ô luce !... tiens :: : moi :: : par exemple… — et moi donc !... […] tu veux du pain ?... pour la sauce… j’ai plus d’cochon à la maison… — tumamoi !... et cochon je suis si on m’pousse !... — t’as pas connu Karim… une bite comme ça… et pas sous la loupe !... pas dans l’écran qu’avec un écran et photoshop tu fais ce que tu veux des bites et des porte-monnaie !... non… moi je te parle d’un karim de chair et d’os… Karim !... sa bite !... — et cochonne avec ça… ! au pays du mouton et de ses soumissions laineuses… même la Gauche n’en veut pas… et qu’ils préviennent :: : on est des insoumis français… ! le drapeau rouge dans les traces du drapeau tricolore :: : j’en vomis chaque jour… — laisse-toi enculer par Dieu… quel que soit son nom… et donc par plusieurs dieux uniques… pas d’unicité s’il n’y en a pas plusieurs !... tu veux pas goûter à mon pain terroriste… ? — j’ai plus faim ô luce !... suce-moi plutôt la bite… ya rien comme un orgasme après bouffer !... ensuite je me carapate dans la sieste… un si beau pays !... avec des soleil et du pétrole !... J’en ai rien à foutre de la bite de ton karim !... — je te le fais à la sauce ou à la mie… ? ô juju
on était là juju et moi :: : dans la cuisine :: : avec les petits pains : et la sauce coranique :: : et le poète français était sous bonne garde :: : un peu sanguinolent :: : mais pas plus :: : pas de plaies profondes :: : dans sa conscience de linguiste reconnu :: : par la faculté :: : la petite bite de juju (treize ans) sous ma langue des langues // j’en ai appris des choses depuis que je sers à quelque chose !... // je pourrais recracher ça dans ma chatte : « c’est ça la poésie ô juju !... le shoot avant la sieste : et après la sieste tu vas chercher un sac de farine sinon y aura pas de pain demain :: : et je serais fouettée : mais pas toute nue :: : sur la place publique :: : comme dans les médias en démocratie : les fesses à l’air mais seulement dans l’imagination :: : pissant parce qu’on peut en crever de ces manières de crétins convertis !... ah ! des fois je me vois en justine : ou en juliette je sais plus : justine en trois versions : que c’est interdit ici !... sous peine de décollation !... et qui c’est qu’a le plusse peur de crever de cette manière atroce si c’est pas ta luce ?... ecul… pensant une dernière fois… l’œil collé à la terre d’Arabie… l’Arabie éternelle à qui je dois mon cœur… ô chevaux d’arçon… arçonnage de la bite en cuir qui me harcèle maintenant que la peur de la mort a remplacé l’amour de la vie !... luce le cul… cul la luce… dire que j’ai été une enfant !... avec une culotte et sans voiles… et des jouets de Noël !... à Paris montrant mes cuisses nues… phénoméride… — t’en veux pas de mon pain ô poète français… ? — j’en ai voulu… mais maintenant que je vais crever… sans doute… à moins que… ô miracle… ! maintenant j’ai plus faim :: : et je trouve même plus l’incipit de ce qui devait constituer mon prochain ouvrage… ! — ah ! ce que je te crois ô allah
Lettre de Karim
« Ma douce luce luce ma douce je pense à toi à nos amours ah et puis merde tant pis pour toi ! je me masturbe !
J’en écris des conneries en ce moment ! Et on me laisse écrire. Ou je conserve dans mon tiroir ou ça part à la poubelle. Comme ça ils sont coulants. Et des fois, ma lettre suit un autre chemin, qui n’est même pas celui de la révolte : je paie avec mon cul et quelquefois avec ma bite : c’est le prix à payer pour espérer que tu me lises ô luce luce luce ! Dire qu’on aurait pu se marier civilement s’entend et avoir des enfants qui nous ressemblent : avec de la chance : celle que nous n’avons pas eu : des enfants au cul verni comme des icones ! On me dit — mais les langues sont si mauvaises :: : et particulièrement la langue turque — que tu fréquentes un poète et qu’il est français et que tu n’as pas encore d’enfants… tous les poètes font des enfants : ils les sèment : sinon à quoi servirait la femme ?... Note que je n’écris pas « les femmes »… J’aurais bien du mal à te souhaiter tout le bonheur… que tu mérites sans doute… mais tu aurais pu épouser plutôt un ministre turc… un musulman modéré façon turque… et je t’aurais pardonné de coucher avec l’étranger ! Ô extase de l’immobilité ! Les tourterelles conchient le rebord de mon vasistas. J’en nourris ma plante verte. Mais je ne mange pas de pigeon. Je ne suis pas sur les traces de ton ami Hemingway. Ô fureur de la paralysie ! Comme la poésie s’enchaîne chaque fois qu’on la libère ! Où en es-tu de ta connaissance des petits pains du terrorisme ? Un jour tu exploseras sur une terrasse parisienne ou dans une épicerie villageoise. Je te connais. Tu es faite pour ça. Tu ne crois en rien, mais tu sais ce que tu veux. Vive les journaux et les écrans qui annoncent ta mort ! Et vive le procès médiatique qui l’accompagnera au son du canon politique !... luce ma douce action sous les douleurs de la connaissance ! Ceci :
(8) BRANLETTE DE LA MÉMOIRE finis adieu ma luce (je ne sais pas pourquoi j’écris ce que j’écris — tu connais Jarive — il est sorti il y a au moins un an maintenant — je n’ai pas vécu ce temps — peut-être l’ai-je vécu — de branlette en branlette — plus les conflits — les menaces jamais mises à exécution — on me craint — fais-moi du mal et tu paieras à la sortie — une p’tite croisière à bord du LongSong — par ici les esclaves !... travaillez pour papa Allah — la mort est la porte du Paradis — mais si vous en prenez à Karim le Sourdingue… votre sort est jeté — à la poubelle de l’existence — vous qui avez ou avez eu une maman pour vous dorloter ou vous vendre au plus offrant — ne travaillez pas pour les ennemis de papa — suivez l’exemple du meilleur des poète français — transmettez l’ouvrage de Karim à sa sœur luce — et continuez de fermer votre gueule — sous peine de finir sur l’étal du boucher coranique — chantez les vers de la Qasida de la Soumission en Rose — l’anus bien ouvert à toutes les propositions honnêtes émanant des bordels de la bande à Gaza — Gaza le Fou dans sa Citroën 11 CV — un jour de Libération à Paris — avec des nègres violeurs et des ratons sans foi ni loi — aimez-vous plus que les autres — et jugez de votre valeur spirituelle et politique dans les mêmes chiottes de l’Histoire — vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine — si les Ricains n’était pas v’nus… et les Berbères… ? et les Noirs… ? et les Caracoles… ? — et le poète français notait tout ça dans son carnet façon Gallimard — à la pointe du stylo — expérience fournie par cette vieille crapule d’Erdogan — jamais rencontré un Turc honnête — peuple de colonialistes — peuples à exterminer un jour ou l’autre d’une manière ou d’une autre : Turcs, Arabes, Anglais, Français, Ricains, Espagnol et j’en passe des Chinois !... — « mais alors tu veux la mort de notre Monde… ! tu veux que j’écrive ça… ! tu veux que luce sache ô ton inspiratrice assassine !... » — laisse aller !... encore trente ans à purger… trente ans de poésie et de brain storming — une phrase par jour !... non… une proposition principale par semaine… et six subordonnées… relatives et adjectives — mon roman !... premier chapitre jusqu’à Istanbul — le deuxième en cours — et le troisième — ô Aristote !... — le troisième au cul des imbéciles comme le pied de Jacques !... — mais irai-je jusque-là ô luce — loin du Monde et de ses petits pains terroristes — luce en croix sans larrons — sur le mont Vénus — cette croix que je trace sur les murs de mon enfermement — symboliquement — symbole parce qu’il ne me reste rien d’autre que le symbole — vivants piliers !... — à odeur de Dardanelles — fond marin des marins — « je sors demain » me dit le poète français — et au lieu de le tuer je lui confie mes pages — celles que tu liras au fil des ans — une par an — envoyée depuis le pont du LongSong — ce roof ensoleillé façon Rita et Orson — te souviens-tu ?... et l’autre me demandait comment je m’y prenais pour délirer ainsi — l’autre en phase copulatoire lui aussi — l’enfant est-il né ?... envoie-moi les résultats du test de paternité — j’ai hâte de le savoir — papa Allah aussi veut savoir — avec modération — sur la route de l’Europe parmi les migrants — la terre est à tout le monde — et la Lune à celui ou celle qui y pose ses pieds — et s’envoie en l’air avec le premier venu — « jamais nous ne serons heureux ô ma poule » — pliant la page pour ne lire que le contenu du triangle ainsi obtenu — laissant tout autre possibilité à la poubelle — trash qu’on tire comme la charrue — et tu y mettais le feu — au risque de nous envoyer par le fond — requin garanti !... ô mon pauvre amour déchiqueté comme cette feuille !... nous n’aurons pas la chance — elle ne nous sourira pas !... les baleines nous précédaient — et au matin elle avaient disparu dans laisser de traces — les pages de Moby Dick dispersée dans le vent des mouettes criardes — à ce point proches des Côtes qu’on pouvait en compter les guérites — périscopes coupeurs de route — sur une plage nous avions rêvé à un ordre nouveau — sourate sur la langue comme le miel du Ramadan — écris !... écris encore !... laisse pisser !... ta langue !... ta queue !... le sang de ton adversaire !... le robinet… — cercle jamais traversé — on vous pousse sur la circonférence des habitudes — branlette après branlette — j’ai inventé un nouveau genre ! s’écrie le pisse-copie doublé d’un songe-creux — REVENEZ DE LA GUERRE — revenez sans rien — médailles et remords — chagrins et prières usées jusqu’à la corde — revenez ! ne vous laissez pas emporter par les vagues qui lèchent nos rivages dévastés — soyez obscur comme nos nuits sans Lune ni rues — rien que la piste désertique aussi sèche que la peau de ses cadavres — enfin retournés au point de départ — entre les lèvres — comme il sied à tout langage digne de ce nom !)
oui oui oui oui !... comme la Molly au seuil de sa résurrection :: : je t’entends ô mon Karim :: : j’entends ta voix de verte prairie américaine :: : les mots indigènes aux tipis en feu :: : raclures d’Histoire !... nous ne sommes rien soyons tous !... pas tout !... tous !... le Monde en chaleur comme chienne au printemps de sa vie :: : et mes petits pains de Parisienne en rut moi aussi :: : la chatte comme l’étal du poissonnier mort la semaine dernière sans avoir pu donner un dernier signe d’existence :: : par les rues parisiennes aux terrasses ciblées :: : braoum ! braoum ! glissades de vivants sur la piste de ce cirque ambulant !... par le Monde circulant de zone en zone :: : imagine le concert de douleurs aussi diverses que probables… ? ? ? braoum ! j’ai vu une tête parcourir toute la longueur de cette rue d’ordinaire si paisible :: : briser notre tranquillité de salariés // un jour tu glisseras toi aussi — le cul filant comme aux Jeux d’hiver !... toi le petit provincial aux espadrilles noires de la crasse de tes vignes :: : entre les fonts baptismaux et l’adresse des perroquets — le Monde est l’abattoir des idées — tu me le disais avant que je devienne la « boulangère diabolique » :: : avant le procès que me fait la justice irakienne :: : dixit le journal :: : dies irae — pars ! oui ! pars ! mais pas sans moi ô marathonien furtif
[pourvu que personne ne me demande quelque chose !... — je ne sais pas moi : une rue… une direction… une opinion… — je ne parle pas leur langue — et je suis là parce que je veux être là — ils ne me reconnaîtront pas parce que je ne suis pas célèbre — j’ai faim — j’ai soif — j’ai envie d’un orgasme — je lirais bien un bon bouquin — un Houellebecq par exemple — il est interdit de fumer — de regarder sous les femmes — de ne rien faire — de ne pas se jeter dans la poussière des tapis à l’heure du muezzin — je ne porte pas d’armes — j’ai l’air de quoi ? de qui ? — qui sont ces enfants ?... etc. Et le poète français avançait dans la poussière soulevé par les missiles — l’adresse était gravée dans sa mémoire — il ne pouvait pas oublier une pareille promesse d’évènement à ne pas rater sous aucun prétexte !... mais il ne parlait pas cette langue — il ne pouvait donc pas leur demander de le guider — il se fiait à sa mémoire — il avait retenu les moindres détails de ce plan — tracé dans une prison turque — il reconnut la place et ses angles — les hautes tours des angles — les nids de la défense anti-aérienne — il portait sur l’épaule un sac de victuailles — elle a peut-être faim, se dit-il, depuis le temps qu’elle t’attend !... joli distique, pensa-t-il avant de pousser la porte — dans une autre vie, on lui sautait dessus et il était terrassé avant d’être conduit en salle d’interrogatoire — il chantonna — trois étages avait précisé Karim — c’était son appartement — un bien de famille — il pressa le bouton de la sonnerie — c’était ainsi qu’il apparaissait sur l’écran — spectateurs dans l’ombre — comme en guérilla — mais cette fois il ne jouait pas :: : la porte s’ouvrit et un gosse le questionna dans la langue locale :: : il ne s’attenait pas à tomber sur un autochtone — il se mit à suer : habitait-elle encore ici ?... tant d’années avaient passé… il recula en marmonnant dans sa langue mais de façon à ne pas être entendu — le gosse se tourna vers l’intérieur et dit quelque chose — la fin !... qui allait apparaître ?... un homme ?... il le tuerait — une femme ?... il s’excuserait et redescendrait en quatrième vitesse — sauf si c’était la femme qu’il était venu voir — l’odeur du pain chaud l’étourdit :: : il y avait longtemps qu’il n’avait pas mangé de pain :: : et cette charcuterie qui faisait partie de sa rue — bon cochon salé à point !... en saucisse sèche ou en tranche toute fraîche — putain d’Islam ! pensa-t-il avant de mourir — du moins s’était-il imaginé qu’il allait mourir et ce parfum du poivre et du lard l’avait accompagné dans la mort — et alors […] alors il vit qu’elle n’avait pas changé — à part le voile et les naïls — et l’absence de fard — les yeux maintenant aux cils courts et drus — une dent était gâtée entre les lèvres entrouvertes — c’était elle :: : ô luce !...]
Ah ! ça fait un bien fou de se faire enfiler par une bite occidentale !... ça faisait longtemps ô allah !... j’en ai redemandé mais il a fini par renoncer :: : j’en ai mangé pendant au moins une heure :: : et puis il m’a demandé si je n’avais pas autre chose à lui mettre sous la langue :: : le pain :: : pas de lard, non !... il ne tenait pas à se faire remarquer de cette manière . « le problème dit-il c’est la langue » . et il la sortait en se référent au prophète :: : pas question de la couper « ne pas parler » « faire le sourd » « ils vont te prendre pour un espion !... » j’exhibais le couteau en riant . « qu’est-ce que je coupe » ? ? ? mais je me faisais su mouron . couper la langue . crever les oreilles . le réduire au silence et au crétinisme . ah ! la poésie !... et je n’avais pas d’explication à fournir :: : il était passé comment entre les mailles du filet djihadiste… ? non mais quel phénomène !... j’hallucinais . mais quelle bite !... Karim m’envoyait une bite !... en mieux !... une bite française et même parisienne si j’en croyais ce gallimardien […] j’ai coupé les petits pains en deux en quatre avec ou sans sucre . « du pain ! » grognait-il . ce chien de Français !... bon pour la langue . rien d’autre !... et comme il l’avait dans la bouche et que ce n’était pas la bonne :: : j’ai flippé . à mort . et juju qui a l’esprit collaborateur !... juju qui aime les récompenses !... j’allais tout de même pas tuer juju pour sauver un poète français en cavale islamique !... mais il fallait le faire taire le juju !... et j’avais pas les moyens :: : ça crie fort quand ça crie un autochtone !... et un fils à papa !... que papa n’est pas le dernier des Mohicans !... ah ! je savais pas quoi faire !... avec deux créatures qui doivent se taire et même ne pas être entendues !... juju et jarive !... ma tragédie shakespearienne :: : moi qui sait pas rimer plus que ça : tra la la / tra la la . ah ! si je continuais sur cette voie qui mène pas à Rome :: : j’avais des ennuis :: : et pas que dans la perspective !... dedans et jusqu’à expiration du dernier regret !... et c’était pas jarive qui allait me conseiller !... il avait même bouffé le petit pain bien cuit que j’avais donné à juju !... furax le juju !... œil pour œil !... deux ennemis dans ma maison :: : et bien des fournées à alimenter si je voulais vivre vieille ô la la
juju n’était pas con au point de pas comprendre que jarive et moi on parlait la même langue :: : et que même on la faisait ensemble et à poil :: : il allait sur Internet le juju . en clandestin coranique . certes . mais il y allait // il avait même pris des photos :: : je lui saute dessus pour détruire son smartphone :: : mais c’est déjà en ligne !... deux corps blancs en goguette dans des draps moins blancs qui accentuaient notre blancheur native et naturelle :: : juju n’est pas poète mais il sait chanter la Marseillaise :: : il a appris à l’école en prévision d’une migration patriotique :: : « qu’est-ce que tu veux juju ?... de moi et de ce mec qui hélas n’est pas pédophile… ? — je veux que tu m’aimes !... — mais je t’aime mon juju !... comme si que t’étais mon propre fils !... Ah ! si j’avais retenu le nom de ton papa !... » ô nappe de communion
bref j’étais dans une situation narrative :: : moi qui passais la journée à tailler dans la réflexion et les petits pains . j’avais pas connu ça depuis longtemps . depuis l’Andalousie et les croisières du LongSong :: : sans j’arrive : j’avais juju pour moi seule : un bel enfant qui promettait de mourir sur le front occidental en criant maman avant d’expirer sur le champ !... et sans juju : je pouvais envisager l’existence sous l’angle de la bite : même si jarive finirait par de trouver à l’étroit dans mon appartement islamique /// avec les deux sur le même plancher je courais un grand risque de lapidation !... Ah ! cette première nui à trois j’ai pas dormi :: : jarive n’en pouvait plus et il s’est endormi la bite entre les cuisses :: : juju avait mangé trop de pain et il dormait sur mon dos parce que j’étais à plat — ô shit
le lendemain matin — bouffie d’insomnie — je les ai laissé dormir et je me suis mis à la recherche d’une planque pour le poète :: : les meubles étaient trop étroits :: : pas de conduit de cheminée :: : les murs c’était du béton :: : et le plancher et le plafond ne se laissaient pas percer // ça me faisait mal de réfléchir à ce genre de connerie :: : mon esprit construisait des critiques du Monde — l’occidental comme l’oriental — et même celui du milieu — alors me creuser l’esprit pour trouver le moyen de creuser un trou pour y mettre le poète : ça me le rongeait . et je devenais dingue comme un arbre sans écorce et sans cagna en plein soleil — et en plus j’avais pas d’outil !... que mes dents et des ongles qui me servaient à rien depuis longtemps et que je réservais à la peau du poète français en cavale linguistique au pays des rois du langage des langages !... avec quoi que je le creuserais ce trou assez grand pour contenir un poète et sa bite en érection ?... ô mais
et voilà comment on glisse de la pensée en fusion au récit qui se cherche une raison d’être compris par le commun des mortels — l’héroïne en proie à ce qui n’aurait pas dû se passer si Karim était resté dans sa prison turque au lieu de m’envoyer un émissaire chargé de me communiquer les effets psychologiques de la branlette sur sa production littéraire !... :: : je cherchais comment faire un trou :: : et non plus pourquoi le faire :: : juju ne verrait peut-être pas cet ouvrage d’un bon œil — c’est qu’il a l’œil coranique le juju !... et il change pas d’avis comme de position anale !... et le poète avec sa bite statuaire et son corps de femmelette qui n’a jamais soulevé que ses doigts de fée pour caresser les poils d’un clavier de PC !... à moi le marteau et le burin !... et pour des jours à ne pas compter avant que Dieu décide de me foutre dedans sans l’aide de Gabriel !... je connais ça ô papa
moi qui avais la belle vie :: : mes forums et mes petits pains :: : et juju pour me servir d’enfant et d’orphelin :: : et les lettres de Karim pour mettre en branle clitoris et vagin !... on avait des raisons de couper la langue au poète, même si c’était pas celles que le Prophète a jeté en pâture aux ennemis de la Poésie :: : mais on en ferait quoi de cette langue… ? juju et moi ?... quid de cette langue de poète ?... et quid du poète lui-même ?... autant lui couper la queue et la conserver dans le formol avec sa pression sanguine !... Ah ! j’en avais déjà marre de pas pouvoir penser rien qu’à moi !... et tout ça parce que Karim se plaisait pas en Turquie !... ô abricots
des personnages qui font des trous dans le roman . des tas… ! et ça creuse !... et ça creuse !... que quand ça creuse plus on cherche le trou :: : et évidemment on le trouve pas . on passe pas par là . c’est pas par là que le lecteur se reproduit !... que de trous !... pire que le Koran !... des trous mais pas moyen de s’y mettre !... même que des fois on creuse nous aussi :: : on en perd la boule . et même plus si la boule n’est pas tout :: : mais qu’est-ce que c’est « tout » . qu’est-ce qu’on perd si on en arrive là : creusant avec le personnage ou à sa place . identification gallimardienne . du cinéma là où on était dans le roman :: : seul ou en compagnie . avec ou sans attentat terroriste . en France ou ailleurs . riche ou pas riche . veinard ou guignard . intoxiqué ou rien :: : la comédie de la tragédie humaine :: : comme si y avait pas autre chose à concevoir pour être en harmonie avec la nature et même avec ce qui est joli . troulala des journaux construits entre les gouttes des matins et des soirs :: : même papa voulait devenir écrivain :: : t’en souviens-tu juju ?... qu’est-ce qu’on était heureux du temps de papa !... ah ! foutez-moi ces moyens salariés dans les trous des romans parisiens !... et qu’on referme ô allah . qu’on referme le livre . qu’on referme la librairie . et les tombeaux qui vont avec . ô bilan
zavez déjà mangé un de mes petits pains… ? j’ai commencé à Paris dans le phénoméride… les cuisses, le ventre et puis tout le reste… en vrac le corps féminin et ses revenus !... ah ! papa n’était pas content !... « tes petits pains ! tes petits pains !... de la merde terroriste tes petits pains !... » il était lucide papa… et toujours là pour me sortir des griffes de l’autorité qui n’était pas la sienne mais sur laquelle il avait les moyens d’exercer une influence salvatrice :: : j’ai le petit pain fauteur de troubles :: : et j’y suis fidèle :: : la même recette depuis l’adolescence :: : tous les terroristes sont mes frères et mes sœurs… je les aime autant que mes créatures romanesques… ! — et même des fois plus !... comme à Raqqa avec juju sans son papa mais avec les lettres de papa et alors ce poète est arrivé sans s’annoncer — pas jésus le poète ! — en clandestin migrant des terres musulmanes tous schismes confondus — et voilà le juju sur le point de mériter des images à l’école coranique — et moi le couteau à la main regardant la langue du poète s’agiter — petit conard de catho socialiste — en voyage depuis sa planque municipale — il a un mot de Karim — genre branlette — et il relit tout ce que j’ai reçu — de la première à la dernière — il en revient pas que je l’ai reçu :: : et pas une trace de censure « ah ! si tu savais ce qu’il s’en foutent de tes branlettes ô poète de Karim !... mais alors ce qu’ils s’en foutent !... mais si jamais juju te trahi (et je pense que ça finira par arriver . c’est que je le connais mon juju !...) – alors tu vas jouer de la douleur comme je joue de la flûte avec mes doigts et tes trous… ! ô prépuce
je pouvais tout de même pas clouer juju au mur . et laisser mon poète-bite lui tirer la langue !... j’avais une décision à prendre . même si ce poète avait la voix de Karim chaque fois qu’il poétisait ma chatte :: : je surveillais juju quand il jouait avec ses petits potes islamiques :: : je lui faisais des signes qui pouvaient m’attirer des ennuis si ça finissait par passer pour un code destiné aux drones qui scintillaient dans le ciel :: : et derrière le rideau le poète parlait ma langue si bien que je me lassais aller à pousser des cris heureusement pareils à ceux que la tôle du four m’arrachaient quand j’avais le cul occupé à autre chose :: : c’était pas une vie possible ça !... mais sans ÇA est-ce que vivrais encore longtemps sans la tenir : ma langue ?... ah ! il faut se mettre à ma place pour comprendre que j’étais ordinaire malgré la qualité incontestable de mes petits pains… ! une femme comme les autres :: : mais épouse d’un poète à qui la Turquie avait quasiment coupé la langue :: : et maîtresse de la doublure nécessaire : et sans trou dans la maison pour la dissimuler et donc la protéger des atteintes mortelles de la Loi — mais fallait que ça se finisse ce chantier !... fallait que je change de vie sans toucher aux petits pains de ma conscience politique !... // sacrifier juju ?... pas questions !... réduire mon poète français à la taille d’un fada sans langue ni oreille pour écouter celle des autres ?... ma foi pourquoi pas si ça voulait dire que sa bite demeurait ma propriété exclusive — ah ! je cogitais !... j’avais des nuits blanches et des jours noirs — des tentations et des paralysies providentielles — le cœur battant la chamade au moindre soupçon :: : allant même jusqu’à m’adresser à Dieu pour le prier de m’épargner le cornélien et le suicide :: : même que ça me rendait insensible aux caresses //des fois/// et que je regrettais d’avoir vécu tout ça pour finalement me retrouver devant un choix :: : juju ou la bite envoyée par Karim :: : le fils de Karim ou la poésie de Karim :: : clandestin arrivé ici comme par miracle :: : sans une égratignure :: : la bite en forme de bite et la voix à l’unisson du Monde — notre Monde-virgule et ô point à la ligne
Lettre de Karim
Jarive ouvrit sa serviette en cuir marocain (triste saloperie artisanale) :: : il lut la dernière branlette de Karim sans l’introduction habituelle . « on se branle beaucoup en prison : » dit-il : moi-même… — continuez voyons !...
(9) BRANLETTE DE L’AMITIÉ (comme ça : direct : sans introduction :: :)
finis
— c’est tout… ? — dans le genre branlette oui… — Karim n’aime pas les femmes… — il aime pas les enfants non plus… — il n’aimera plus personne :: : trente ans qu’il a pris… — Erdogan crèvera avant… il sortira avant que juju soit majeur… — j’y crois pas… (un temps) :: : merci pour la branlette… — c’est pas moi qu’il faut remercier… — merci qui alors… — oh… ce n’était que paresse narrative… — un nouveau genre… ou pas de genre du tout… — ils en sont tous là ces auteurs qui se prennent pour des écrivains… — est auteur qui veut :: : écrivain qui peut… — c’est la loi ô luce
c’est james joyce qui s’est interrogé sur le rapport écrivain/épouse :: : lire les exilés en exil soi-même . sans homme mais avec un enfant . et cette espèce d’homme qu’est le poète :: : planqué dans un trou imaginaire : parce que impossible creuser trou dans maison béton islamique :: : le gosse finirait par parler . je connais les gosses . ya pas plus bavard qu’un gosse . vous détruisent la vie les gosses . si on n’y prend pas garde :: : moi-même : gosse : naguère : trahir papa dans un tribunal : papa abus de bien sociaux : au nom d’un parti politique : mon cul ! avait dit la juge :: : connasse qui se branlait sous le pupitre royal . papa aux anges parce qu’il savait . la trahison des gosses : ah ! le beau : le bon : titre de roman ou dans le genre moi-je-sais-j’ai-étudié . papa n’était pas poète : aussi son épouse n’a rien à faire dans la présente ô confession…
:: : car je me confessais :: : j’avouais mais pas tout :: : avouer ce qu’ils attendent de l’émigré de Raqqa (comme la Presse m’appelle) :: : « la traîtresse et c’est pas la première fois : son père… » :: : qui j’avais tué ? mais tout le monde !... sauf mon juju fils de terroriste . oui oui j’assume tous mes crimes !... je sais pas me servir d’une arme mais appuyer sur un bouton c’est dans mes cordes :: : non non ça n’a pas marché… hé merde !... comme Abdel Slam le râpeur :: : pfuittt !... et personne n’est mort ce jour-là :: : heureusement que j’avais pas crié allah ou akbar (je sais plus lequel) :: : sinon j’aurais attiré l’attention :: : mais le flic soupçonneux (un provincial collaborateur) :: : m’a interpelée et « zêtes pleine ou c’est-y une ceinture…. ? ma femme voudrait la même… » :::::::: : bizarre ces Toulousains qui prennent l’accent parigot :: : le doigt sur la couture du drapeau tricolore :: : vive de gaulle, massu debré et toute la clique des profiteurs de l’Histoire — « je l’ai achetée chez tati… — tatie qui… ? — pas chère mais faut bricoler… — ah ! c’est pas mon fort… — y f’ront jamais des flics débrouillards comme des ouvriers… doit y avoir incompatibilité… Dieu le sait… ! » et j’ai appuyé encore sur le bouton : là : sous mes seins :: : en vain !... pas moyen d’exploser !... alors je soulève mon t-shirt et je retire le détonateur :: : seulement j’en ai pas de rechange :: : et voilà-t-y pas qu’il pète !... mais pas un pet islamique… un pet de nonne… sans crème ni petit verre :: : un pet sans sulfure et sans hydrogène :: : deux doigts arrachés et le sang qui gicle sur mon flic :: : ah ! il a cru que c’était lui le saigné !... il en est tombé par terre :: : hurlant comme fillette à qui on a piqué sa culotte pour la donner aux pauvres :: : un coup de tatane que je lui ai donné à ce flic forcément raciste !... que ça lui a faussé la dentition :: : ce con de détonateur !... qui pète quand il faut pas !... mon œil aussi avait morflé :: : ça dégoulinait sur le t-shirt métallique :: : j’en ai pissé sur la chaussée ô commune
à Paris :: : ils ont l’habitude . terrasses aux petits bourgeois fonctionnarisés d’une manière ou d’une autre :: : « ah t’écoute encore black sabbath hé ben c’est bien fait pour ta gueule de mitron des valeurs républicaines ! » — pendant que le flic croyait agoniser dans la rigole . un type m’a ceinturé . et tout le monde a reculé . terrasse vidée de sa substance jubilatoire . on eût entendu une mouche voler si le flic avait été mort :: : mais il était tellement vivant qu’on le croyait blessé !... que mon sang était son sang :: : et le type voulait pas me lâcher des fois que j’eusse un détonateur de rechange (ils sont pingres chez daesh) — ô salariés
:: : c’est alors que c’est arrivé :: : je sais pas comment :: : pourquoi : ils foncent dans le tas et tirent sur tout ce qui bouge à la manière d’un musulman :: : sur un tapis et le cul tourné vers l’Occident :: : le type qui me ceinturait a pris une belle de 9 mm en plein dans l’œil droit :: : sang de l’innocent :: : side effect :: : et comme il me retient plus :: : je m’écroule sur le flic . je lui mords la jugulaire . il hurle de terreur !... c’est la terreur qui sort de sa gorge !... enfin !... ah ! si j’ai pas réussi mon coup :: : c’est que vous avez rien compris !... ô Presse
« c’est elle ! » qu’il criait dans mes dents . « c’est elle !... elle a une ceinture !... l’explosion !... ma chair !... elle me mord la jugulaire !... arrêtez-là !... une balle dans la tête !... vous vous êtes gourés ! c’est elle qui a explosé !... » — mais il a eu beau crier :: : j’ai fini par lui arracher les carotides . ça pissait comme un homme en pleine possession de sa prostate :: : deux morts !... ô daesh !... deux innocentes victimes de la barbarie islamique !... et ils m’auraient tuée si je m’étais pas débarrassé de la ceinture !... et j’ai eu droit aux soins hospitaliers de la France « éternelle et magnanime » — ah ! le rêve !... la fiction aux petits pains !... moi bien confortablement installé dans les pénates parisiennes :: : avec papa qui m’en voulait plus :: : et qui prenait soin de moi :: : dans son appartement élyséen — maman encore grosse et pâle comme une morte qui vient de sortir de sa divine léthargie :: : qu’est-ce que j’ai pu rêver quand je suis sortie de l’enfance !... moi l’héroïne de mes propres fictions romanesques !... il fallait que j’invente une suite à cette situation sartrienne :: : moi la salope ou la pédante :: : pas philosophe pour un sou !... devenue méchante à force de bourgeoisie révolutionnaire :: : et j’ai raconté ça à mon poète français qui m’a cru ô classicisme
et je continuais de creuser :: : pour enfin le cacher :: : ils ont les yeux des enfants de leur côté :: : et juju en fréquentait des enfants !... des natifs de l’islam et des toulousains :: : des petits français comme vous et moi… et je creusais dans ce qui se laissait creuser . à commencer par ma tête . cacher ce poète était devenu une obsession :: : et si ça se fait il existait pas !... pas plus que vous et moi !... ô confession de pauvresse aux pauvres d’esprits !... creusant à la fois dans les murs de sa prison :: : et dans les matelas de l’asile :: : tout ça pour planquer un poète peut-être fruit de son imagination de révoltée larvaire et pituitaire !... et je leur posai la question ô de juris : « mais qu’est-ce que je fous ici bordel de merde !... » :: : à quoi ils répondaient que mon prochain livre serait publié chez Gallimard ô si
c’est compliqué :: : la folie :: : quand elle se mêle de vérité :: : et que la vérité :: : est politique — « voyons ! voyons ! ô luce ! vous avez eu une enfance heureuse… papa ne vous a pas aimée comme une femme… maman vous a lu charles de gaulle… tous les soirs au coucher après la prière catholique… charlie la marionnette des églises — ne dites pas le contraire ô luce :: : le bonheur avait des bras :: : et vous en profitiez :: : à deauville comme à paris :: : bras poilus du devoir et de la discipline :: : luce ! luce ! luce ! et ces cons qui sont morts pour la patrie… ? vous en faites quoi ô luce la garce des paranos !... » — complexité :: : les schizos se font rares :: : signalement des sexualités hors normes :: : curseurs des moralistes qui veulent qu’on leur foute la paix :: : la paix des moralistes :: : et les guerres lointaines et autofictionnelles — mon petit coin de paradis !... sur terre les zones à jouissance immédiate :: : cartes de crédit en main :: : clichés instantanés des publicités forcément mensongères :: : bill composant la nova avec les spots :: : le roman du bonheur :: : ticket comme la peau de bébé :: : douceur pour pédophilie enfin reconnue comme principe parfaitement naturel et même honorable :: : « l’enfance heureuse que vous avez eue ô luce !... y pensez-vous chaque fois qu’un djihadiste explose… ? y pensez-vous luce ?... dites merci à papa et à maman… » — le cul verni des pétroleuses qu’on ne fusille pas contre un mur parisien… ! jupettes au ras des fesse…/ passerelle des filles à papa…/ chez gallimard et ailleurs…/ même en province occitane…/ dans le trou du cul de la France…/ passage des tourismes du pauvre…/ dites merci à papa…/ saluez la statue de la vierge…/ jouez avec les bedeaux municipaux…/ ô billets sortis de la carte…/ quel bonheur même seule…/ goûtant les boues rurales…/ les cartes postales géopolitiques…/ laissez venir les petits enfants…/ petits culs tout neufs…/ petites bites dressées dans les fonts…/ chattes au pipi culotté :: : chez les riches comme chez les pauvres :: : et la domesticité bourgeoisie de la classe dite moyenne :: : le bonheur comme une aiguille dans une botte de foin :: : foin des ânes et des chevaux de course — « ne dites pas que vous n’avez jamais été heureuse ô luce — et ne mentez pas sur la pertinence de nos questions :: : savoir si nous sommes flics ou psys :: : si nous adhérons au parti ou si nous agissons en sectaires des dessous de la société — un jour vous nous remercierez de vous avoir comprise avant la catastrophe qui guettait votre existence — cessez d’inventer ! et cherchez avec nous !... l’intuition aura raison de l’impression !... ne dites pas non ô luce !... le oui de molly est la seule issue… ô fatalité »
comment voulez-vous construire une littérature populaire… et donc commerciale par essence… sans recours aux aspects de la connaissance ni aux principes de l’action… ? — comment voulez-vous conserver un minimum d’intelligence si vous ne la nourrissez pas… ? — comment voulez-vous atteindre le premier barreau de l’échelle si vous n’introduisez pas les citations perpétuelles dans le cut-up publicitaires… ? — comment voulez-vous projeter vos œuvres dans le futur si vous n’avez pas le passé de votre côté… ? — et toutes ces questions qui brûlaient les lèvres de la société qui m’accueillait :: : je venais de pousser la porte :: : croyant pénétrer dans une boutique quelconque :: : comme on en trouve dans toutes les rues :: : habitants des momies :: : voyant la porte entrouverte sans gardien sur le seuil — comment voulez-vous ne pas entrer… ? — « je suis luce… fille à papa… violée comme maman… mais pas heureuse de l’avoir été par papa… est-ce que je peux entrer… sans déranger la communauté… ? » — croyez si vous entrez !... vous n’en sortirez pas de toutes façons !... — j’avais juju dans les bras . lui la bouche refermée sur mon sein . moi pieds nus dans mes sandales à semelle de pneu . la tignasse hirsute . pas lavée depuis Istanbul . je hais les Turcs !... — « si vous avez un poète dans votre culotte… déposez-le ici… Fonts Islamique de la Langue… nous ne rendons pas la marchandise avariée par le voyage !... » ô ben
:: : quelle nuit obscure !... l’enfant endormi… le poète dans le four éteint… il en sort pour laisser la place aux petits pains… ô métaphore !... bruits des chaînes dans la rue… comme fantômes de l’Arabie… ô palais andalous… ! colonnes de Cordoue… aux orangers peints sur les murs… comme je me sens seule quelquefois !... seule et sans amour… tout est loin… inaccessible… sans silence ni néant… seule au Monde… ou mieux dit : seule avec le Monde… ce monde que j’enfante tous les jours et dont la nuit me prive… du coup l’enfance revient comme le boomerang des Aborigènes — lancée depuis cet étage… l’enfance qui n’explique rien et dit tout… pourquoi ne suis-je pas devenue un objet sexuel ?... une compagne ménagère ?... une gardienne de troupeau… ? — comme la nuit est obscure à Raqqa !... à Paris les rues éclairaient ma conscience… vitrine à briser… actes symboliques en rut… et aux fenêtres des écoles les putes pédagogues de la République enfonçaient les clous de la Résistance dans le crâne des enfants… pauvres enfants du Monde !... ils deviennent vite les jouets de leurs propres enfants… et ainsi de suite… la bite éjaculant la nécessaire semence… dans et hors les murs… la science y pourvoie… alignez les hommes pour éjaculer et faire la guerre… le Parlement se chargera du reste… ô nuit obscure… tes sardines ne veulent rien dire… ta croix est une fiction à vendre… et les azulejos des mosquées… cette beauté qui se perd… je ne reviendrai plus la nuit !... le jour est bien assez clair ô chasse au sens
le monde est baroque :: : perfectionnistes et puristes — les uns croient à l’excellence / les autres à la foison — et moi dans tout ça… ? — j’avance au rythme des croisières . de port en port . à quai mais pas sur terre . jetant l’ancre mais la levant avec la marée — un enfant sur le sein et un poète entre les cuisses…/ poète de rechange car le mien est en taule :: : ni amateur de beauté travaillée à la pointe ni adepte des spontanéités saisonnières :: : un poète de prison :: : faut bien pallier son absence :: : et son copain de cellule est entré dans mon existence . pas par effraction . ayant frappé à ma porte digitale . porteur de bonnes et mauvaises nouvelles . diverses branlettes carcérales . sous la menace de l’enfant du poète . l’enfant au cerveau lavé par le Koran des conquistadores . quelle famille !... petits pains et poèmes . et prières sur le palier . tout Orient . la bonne odeur de la cuisson ne descend pas . il faut descendre avec elle . les petits pains sous le bras . dans la rue argumentant . et ça monte avec les sous dans la main . cliquetis de la nouvelle monnaie . car Dieu musulman exige un État . comme celui des Juifs . les chrétiens n’évoquant plus cette question depuis qu’ils dominent le Monde . et chaque semaine je déposais les fruits de mon travail dans l’escarcelle de la mosquée . « luce des petits pains… à Paris comme à Raqqa… luce ira au Paradis où les hommes satisferont enfin sa libido !... » — summum et débauche enfin ô féminité
à l’école juju jouait à la guerre :: : poésie du combat :: : les mots du combat :: : mort et patrie en chapitres de Dieu — moi aussi je jouais à le tuer . sous les yeux du poète clandestin . tuer l’enfant qui me trahira tôt ou tard . comme j’ai trahi papa au tribunal de la Nation . mais j’avais pas de poète sous la main moi !... j’avais pas cette référence française !... je lisais le Lagarde et Michard : pas plus !... et encore : quand j’avais le temps :: : la colère nourrissant le désir de révolte :: : imaginant les meurtres exigés par l’action — même que le poète lui a fabriqué un fusil avec une vieille planche arrachée à un vieux meuble :: : « ah ! ce qu’il est fidèle ton fusil abbou juju !... — tu parles s’il l’est !... c’est un poète qui me l’a fait ! — avec ou sans sa langue… ? — si on allait lui demander ? » et vingt gosses sont entrés dans ma maison . vingt vecteurs de la foi . cherchant un poète avec ou sans sa langue . « un type qui fabrique un tel fusil à partir de rien comment c’est-y possible qu’il soit poète… ? le prophète nous a-t-il menti à propos de poètes… ? » — ah ! si vous trouvez un seul gosse capable de se poser la question :: : contactez-moi sur facebook ô glamour
c’est ça :: : la dramaturgie : dérivée d’une fonction qui tend vers l’infini (linguistique) . à le frôler de si près qu’on en éprouve des sentiments au lieu de s’en faire une idée . yúpala en Andalousie / le gosse / la Turquie / Paris / et j’en passe tellement qu’il faudrait me relire !... me voilà au bord d’un nouveau précipice et : la page se plie à cet endroit : apparaît alors l’envers : bill à l’ouvrage : billie la luce : le Monde approché avec les moyens de la page (me font marrer les charlies qui brandissent leur crayon à la con) — soit tu ajoutes soit tu gonfles — ah ! ce que je suis dans le roman (comme cet autre bill dans le tableau) — ô shoot de la pliure !... pas facile d’en rendre compte dans un livre façon glutinator . ni jack dans son rouleau . ni même ubu dans ces tentatives de dépasser l’écran — et je réfléchissais à tout ça pendant que le sommeil agitait mon enfant et mon poète :: : j’imaginais le lecteur : la lectrice : aux prises avec mes menstrues : en proie à mon empire des sens : lectura : cet inconnu car les amis ne vous lisent pas : et la famille sent à quel point vous mettez en péril sa relation au Royaume :: : « père qui n’êtes pas / ne me possédez pas ! » — où que je crèche :: : ici, ailleurs, en face ou de l’autre côté // loin // sous terre un de ces jours /// ma cendre ô ma cendre mes
l’extinction de l’espèce à la mode :: : et c’est dans le passé : dans la trace archéologique : qu’on cherche les moyens de savoir : ce qui va se passer : tôt ou tard :: : et dieu la vache se ramène sur son vélo à versets racistes :: : il a tout dit :: : alors pourquoi chercher à en dire plus ?... comme s’il était possible d’aller au-delà de ce qui est achevé !... l’infini est une façon de parler !... nous l’avons toujours su . ça va mal se terminer :: : 1) parce que nous avons le cul sur un volcan 2) parce que nous sommes potentiellement sur d’autres trajectoires 3) parce qu’il n’est pas impossible que Dieu lui-même veuille en finir avec tout ça :: : comme toi un de ces jours :: : comme marius en veine terminale :: : ce n’est que ça le temps :: : ta mort ici et à l’heure !... ô boum
ces nuits !... et pas du musset à venise… à en perdre le sommeil et ses hordes de rêves synthétiques :: : un gosse sur les bras et un poète de remplacement — le vrai étant jeté dans l’oubliette de l’Islam — mieux vaut un tien… faute de grives… je relisais Benjy sous la couverture (car les nuits sont fraîches à Raqqa : demande-leur ô juge !) :: : et le Monde revenait exactement comme s’il existait (sacré Benjy !) — et le Quentin… et Jack à la Saint-Firmin — cette écriture nécessaire :: : sans elle tu existes où ils veulent que tu construises ta maison :: : et cette vie qui tient à un fil : une seule raison : braoum des fusions internes :: : ou un arbre tombé en travers de la route : mort : sans sommeil à la clé : ou simplement le repos du guerrier : à même la terre des champs de bataille : — cette ter et pas une autre !... je n’ai jamais participé à un combat :: : ni pour ni contre :: : je suis dans le petit pain — pas un combat !... de la farine, du levain et de l’eau… et le feu qui m’absorbe disant où vais-je ? ô Vico
ces nuits !... ne trouvant rien à me mettre dans le corps pour en sortir au moins un instant :: : la peinture des murs peut-être… on sait jamais… je la gratte quelquefois mais avec une discrétion de clandestine :: : on ne peut pas se jeter sur les pots d’échappement : les camions roulent si vite en ce moment : ô débâcle des idées les plus mal partagées : je suis donc on m’a pensé : jamais écrit sur les murs : ni à Paris ni à Raqqa : en sortant du confessionnal maman s’agenouillait sur son prie-Dieu personnel et personnalisé : privilège de classe : j’entendais les drones : ou croyais les entendre : le glissement d’une sentinelle sur l’horizon : le soleil venait à peine de se coucher : violet de l’ombre — rien sur les murs :: : pas même un mot d’amour . de cet amour qui ne promet rien mais tient !... ouvriers de la guerre !... moi les petits pains . d’autres les balles . la maintenance des véhicules qui multiplient les projections à une vitesse telle que l’ennemi applaudit !... l’extinction de l’espèce après les rêves d’extermination :: : mon texte veut raconter mais il s’en prend à sa langue :: : « c’est ça la poésie !... » — ce que c’est que d’avoir un poète à la maison . même si c’est pas le même qu’à Paris ou en Andalousie où les vacances nous rapprochent de l’Arabie :: : et ce que c’est que d’avoir un enfant qui ressemble à son père mais sans son esprit critique :: : ce que c’est de ne plus savoir où donner de la tête :: : je vous confie tout ça, mes juges !... ô que je sois pendue par le cou si je mens !... à Bagdad pendue long drop !... reçue ensuite par Allah lui-même dans son palais où tout me sera expliqué par ses doctes sbires en haillons : aumône enfin délivrée de toute intention belliqueuse :: : « yo soy que soy… » disait le lycanthrope sans chapeau sous le soleil des Colonies… je suis à vous et au Monde s’il veut de moi !... boulangère du terrorisme queue de comète :: : ah ! mes synapses !... que Faulkner soit avec vous ô prix Nobel
Lettre de Karim Ma luce et mon juju : je ne vais pas bien. Témoin cette branlette que je joins à la présente :
(10) BRANLETTE DE L’ÉPECTASE (comme ça : direct : sans introduction :: :)
finis
…pensez ce que vous voulez… je ne pense plus… Votre papa Cowards die many times before their deaths, The valiant never taste of death but once.
… puis plus rien…
:: : me voilà seule avec l’enfant d’une nuit son seis señora toujours ? siempre à moins que : bois de la plaza de Ronda : una noche sin tí des mouettes sur la grève // nous venions de tuer un quidam pasar de hambre mais tout n’a pas commencé avec me lis-tu ? l’enfant est né de sol y sombra « je n’ai vraiment aucune idée de l’endroit où » no me entra ni una gota nuit exacte au rendez-vous : « voulez-vous qu’on ramène le corps ? » con qué estas soñando je lui dis que je m’appelle l « je le savais déjà » huir la bagnole peinait dans la sierra morena :: : « on ira chercher le corps madame » hay que pensar en traer mucha une mouette sur la balustrade este niño no tiene la faim à Paris en attendant la décision : « on ira chercher le c » « elle ne parle pas autre chose que l’espagnol : parle-lui dans cette langue : tu as étudié toi : mais pas trop : dommage que personne ici ne parle le français : hier encore un Toulousain : mort ce matin en allant : parle-lui en espagnol : à peu près : elle comprendra : » donde señora donde « vous reviendrez avec le corps ? mais dans quel état ? Oh cette pourriture… je ne sais pas… » iremos a buscarlo lui et ses papiers… n’oubliez pas ses papiers… le poète français… no hay ningún poeta francés aquí ni allá pourtant mon enfant : cette nuit : rêve par bluetooth : il faut que je me connecte no hay red señora el desierto la huida no somos lo que somos il va nous manquer tellement :: : dicen que se murío de placer / no le digas nada a esta pobre mujer / no se lo diré no se lo diré / seguro / son corps dans le désert :: : œuvre ensevelie :: : toute une vie sous terre maintenant :: : si vous le trouvez :: : s’ils acceptent de vous le donner :: : le robaremos señora por esto estamos hechos // ce n’est qu’une nuit de plus… seule avec l’enfant :: : et la perspective d’un cadavre qui disparaîtra dans le désert :: : ils ont cherché toute la nuit à me parler clairement…/ iremos señora eso se lo prometemos…/ tandis que l’ennemi nous encercle :: : pas un Français ici : le dernier est mort ce matin : « éteignez le four !... » la dépêche sur le lit… et l’enfant comme mort… de temps en temps agité par je ne sais quel rêve :: : « vous serez condamnée à être pendue par le cou long drop… » mais ils m’avaient promis de ramener le corps de Turquie « compreniez-vous qu’il était mort ?... » on vous annonce ça en pleine débâcle !... « compreniez-vous que c’est pendant un orgasme qu’il… » rien de plus orgasmique qu’un verset du Koran !... éteignez le four à petits pains à ma place :: : je ne reverrai jamais son museau de chien errant :: : nous n’avons pas assez tué !... une mouette sur le balcon à Málaga… buenas noches señora… si necesita algo cual que sea… ce cri déchirant ou ressenti comme tel :: : il en écrivit le poème : « maintenant plongeons ensemble dans cette morose évocation d’une traversée des mythologie :: : » goguettes nasillardes :: : de Paris à la Sicile en feu…/ quels voyages peut-on se permettre d’envisager ?... il n’y a pas de réponse à cette question tant que :: : il faut payer maintenant hay que pagar ahora et la mouette s’emmêla dans le fil de nylon…/ il sauta sur le balcon pour l’empêcher de chuter…/ et coupa le fil en plusieurs endroit :: : elle le becquetait ay ay ay et le leurre portait plusieurs hameçons en couronne…/ elle était mortellement blessée :: : voilà pour la mouette à Málaga : …/ j’y pensais en les écoutant me parler en espagnol parce que le dernier Français avait perdu la vie ce matin en combattant contre l’Occident dont je suis la sujette…/ no se preocupe señora volveremos con el cuerpo…/ et ils se mirent à préparer la bagnole…/ ils étaient trois…/ je ne les connaissais pas…/ je peux avouer ça maintenant ô mes frères shiites !... « je viens avec vous… muy peligroso señora muy muy que muy… » mais je tenais déjà l’enfant dans les bras…/ sac de rêve maintenant :: : comme s’il était mort lui aussi :: : mort en plein rêve :: : mais sans la dérisoire métaphore du père…/ ô mes frères shiites !... « il faut absolument que je vienne !... » ils se concertaient en silence/ regards des uns et silence des autres/ no es posible señora dites-le-lui en français… elle ne comprend pas vraiment l’espagnol turista turista :: : pero de que me estás hablando idiota Karim mort en épectase :: : comme d’autres debout ou en croix :: : sans courage ni lâcheté :: : mort simple du poète qui ne sait pas toujours ce qu’il veut :: : racines au cul des exilés :: : des fuyards :: : des condamnés de la langue :: : « dites-leur que je n’ai pas peur !... » miedo tendrá señora seguro que miedo tendrá conozco la música !... et le moteur s’est mis à tousser dans la nuit cuidado con la luz nous partirons sur ce cheval ô luce
« vous ne comprenez pas qu’il est mort ô luce… — ne me parlez pas sur ce ton !... — il était mort depuis deux jours quand je suis sorti… — ne dites plus rien à son sujet !... — mais vous devez savoir ô luce que… — ne parlez pas devant son enfant… — il ne parle pas français… — il porte peut-être un micro… — il n’en porte pas… j’ai vérifié… — vous avez touché à mon enfant !... — je ne dis pas que je n’en ai pas profité pour… — espèce de salaud !... — je suis comme ça… je n’ai pas été condamné pour avoir tué des innocents sur la place publique, moi… ! — érastes et éromènes !... — la prison ne m’a pas changé… et ce n’est pas elle qui l’a tué… — taisez-vous !... faites-le taire !... — celui qui aime et celui qui est aimé !... — rien de tout ça dans son œuvre !... — comment pourriez-vous le savoir ô luce !... vous n’avez pas tout lu… seul moi… — vous et Karim !... tout ceci n’est que le fruit de mon imagination !... hypothèses d’amour… ! — pourtant je suis convoqué… — vous n’êtes que le plagiaire… pas le messager !... — vous ne comprenez pas qu’il est mort… — je ne veux pas mourir pendue long drop !... — vous mourez alors dans l’enfermement… triste fin pour une mère… — je n’ai pas tué mon enfant non plus !... — c’est à la justice de le décider !... » ô Bagdad
oui oui/ je me souviens/ nous sommes partis en pleine nuit/ long voyage jusqu’en Turquie/ un chauffeur et deux hommes de main/ moi et l’enfant/ la nuit à travers le front/ la nuit illuminée par ces feux/ une heure d’angoisse dans le feu/ les cahots dans le noir absolu/ le chauffeur jurait/ pardonné aussitôt par celui qui semblait tout savoir de son dieu/ puis la nuit s’est tranquillisé/ comme si l’homme avait cessé de la harceler de combats/ le ronronnement du moteur/ la piste plus facile/ le chauffeur cessa de jurer/ l’autre se mit à raconter sa vie/ pas une seule question sur le cadavre qu’on allait chercher si loin/ et si dangereusement/ pas un seul des trois ne me demanda si je l’aimais à ce point/ ou s’il était porteur d’un message subliminal/ l’enfant dormait toujours/ rien ne le réveillerait plus/ « vous êtes sûre qu’il dort madame ? » en espagnol/ pas un ne parlait ma maudite langue natale/ et le même parlait le turc/ je lui ai demandé s’il était professeur or something like that/ algo parecido/ et il m’a répondu dans la langue de Cela que oui il avait enseigné la langue française et ses littératures dans une université dont il préférait taire le nom// j’ai dit why ?/ et il s’est enfoncé dans la nuit/ « un jour nous serons aussi célébrés que les héros de la guerre vivile espagnole » mais il ne disait pas de quel héros/… dure nuit ô ça oui
on peut raconter ce qu’on veut une fois que c’est fait : êtes-vous revenue avec le cadavre ? on revient toujours avec un cadavre… ce n’est pas la réponse à ma question ! chaque fois que je suis revenue un cadavre m’accompagnait… répondez à ma question ! j’y ai répondu !... n’attendez plus !... et le cadavre de votre enfant ?... qu’en avez-vous fait ? quel rapport avec ce procès ?... si vous êtes responsable de la mort de cet enfant… que d’enfants morts dans ce feu !... Imaginez leurs souffrances ! nous n’imaginons rien !... reprenez votre récit : [je ne sais pas combien de temps a duré la nuit :: : sans doute plusieurs jours : nous dormions pendant la journée/ je dormais/ l’enfant dormait-il… lui qui avait dormi toute la nuit… ? et eux… peut-être comme à bord d’un bateau : le quart ou quelque chose comme ça : je me réveillais pour manger boire et parler à l’enfant pour l’endormir/… une injection aussi/… genre diazépam… il finirait comme son père si ça durait aussi longtemps que nos pérégrinations andalouses/… je ne sais pas combien de temps a duré la nuit…/… est-ce que j’ai parlé de ce cadavre comme on évoque l’existence ?... je ne dis pas non… mais vous ne m’avez pas posé la question :: : je veux bien qu’on me juge pour ça…] — mais pour quoi donc ?... — pour avoir négligé la portée de cet homme… — portée… ? — fruit… incidence… — continuez… — impact… impact est le mot juste !... — non !... continuez le récit : [l’existence se charge de la longueur des nuits : croyez-en une ancienne voyageuse…/ et pourtant les frontières sont nettement tracées sur le sol…/ le jour : je les voyais (entre deux rêves) l’un posté l’œil dans la lunette de son fusil : et les deux autres recroquevillés dans l’ombre de la voiture : possiblement endormis : mais je n’en savais rien : je me rendormais : et je voyais Karim comme je vous voie :: : lui retenant son compagnon de cellule par la manche : celui qui sort enfin après avoir ravalé ses enfants :: : comme poison de son existence : enfin libre de retourner chez lui…/ mais malgré la noirceur de son âme : il tient sa promesse : et clandestinement rejoint mon appartement :: : vous savez :: : mon appartement aux petits pains :: : à Paris ou à Raqqa… je ne me souviens plus de quelle frontière il s’agissait…/ j’avais perdu le Nord /…/ mais lui tenait sa promesse et il entrait chez moi :: : avec les manuscrits sous le bras…/ saluant le fils comme le fruit de mes entrailles…/ porteur de la mauvaise nouvelle : la dernière branlette de mon Karim dans cette maudite prison istanbuliote :: : tu parles d’une joie !... je me suis jetée par terre pour ne pas commettre la faiblesse de le faire dans un lit…/ me sentant la proie d’un démon : celui qui vous fait rire sainement de la mort des innocents de l’autre camp : et il m’a cru folle :: : ou il le savait :: : Karim n’avait pas pu lui cacher ça ô poésie
tout de suite il m’a prévenue : « c’est la dernière branlette de Karim — il n’y en aura pas d’autres — ou alors je m’y mets — là ! — devant l’enfant — j’adore le spectacle des yeux d’enfants — je le nourris de mes actes — veux-tu ô dis veux-tu ?... » et je lui ai envoyé mon mixer à pâton dans la gueule :: : bruit d’enfer au troisième !... ameutez les gardiens !... luce se bat avec quelqu’un :: : « on a entendu une voix d’homme » — et quand ils sont entrés l’homme n’était plus là : seul l’enfant avait l’air d’avoir conversé avec le Diable :: : moi j’avais l’air de rien :: : « pas d’homme ô non pas d’homme je le jure !... » — peuvent-ils sonder les murs ?... rien sous les tapis . sous le lit . derrière les portes : pas d’homme dans cette maison : ni diable ni queue !... « ces folles délirent !... » — et ils m’ont laissée seule avec ce que je voyais ô tracas la nuit : chez moi : dans le sac : nue comme un ver : seule avec moi-même : répétant à haute voix le dernier texte : « il n’y en aura pas d’autre » : « je vous assure que je suis seule… mon enfant… » — mais ils ne voyaient rien de ce que je voyais…/ je creusais la nuit pour obtenir de l’ombre :: : « son pain est bon… et elle travaille dur… tout le reste est littérature… » dirent-ils — et les femmes se sont éloignées :: : les enfants se sont éparpillés :: : et comme la nuit tombait : je me suis presque cachée dans mon sac : doux duvet : et j’ai inventé tout le reste : — pourtant… ce corps… il a bien existé… — rien n’existera plus désormais… long drop… — cessez de parler de votre mort !... continuez : [comme on était heureux du temps du LongSong !... il est bien loin ce temps :: : Karim revenait toujours avec le butin : il n’en avait soustrait que le prix d’une nouvelle arme . « veux-tu détruire encore ô luce ?... » . et je me jetais dans ses bras . et la goélette fendait la mer en deux lacs séparés par notre écume : l’Orient et l’Occident — vagues provoquées par les noyades des golfes :: :] — vous appelez ça ô bonheur
[en France ils font des lois : dans le seul but de combattre : les zones contradictoires :: : magistrature élevée dans cette perspective exterminatrice : chassez l’indésirable !... qu’il aille vivre ailleurs !... pourtant (disait …) la société est un débat constant :: : le Parlement est une aberration : c’est dans la rue que se jouent notre existence et son futur : qui ne joue pas à ce joue n’est pas digne de vivre : encore un intrus : sinistre intercession : à la fenêtre des habitants crache sur le trottoir : disant : la Terre est à tout le monde : ce qui est parfaitement vrai !...]
les déserts et les villes de daesh comme dernière chance de connaître la mort telle que Dieu l’a conçue :: : nous croisâmes des aspirants sombres et joyeux…/ l’un d’eux m’interpella : « luce ô luce ô toi que je connais !... » — il citait : mais je lui appris que Karim était mort : mort enfin : la main à la plume : n’écoutez pas ceux qui salissent sa mémoire : tribunaux où l’homme tourne le dos aux prophéties…/ et il répéta sans se lasser (nous préparions la suite de notre voyage :) « luce ô luce ô toi que je connais !... » — et je dus réciter la suite afin que la mémoire du poète croise le chemin des vérités pour ensuite aller se perdre dans le désert :: : et nous traversâmes d’autres villages :: : porteurs d’eau :: : d’autres esprits alimentèrent notre fatigue…/ et enfin la frontière s’annonça par des tirs : balles traçantes dans la nuit…/ l’un de nos compagnons (celui qui parlait espagnol) fut tué :: : me condamnant ainsi au silence — et nous attendîmes le jour pour suivre une colonne lourdement armée : j’ai soutenu la brûlure d’un canon pendant une minute : stigmates d’été :: : ô suite
nous attendîmes le cadavre :: : il arriverait la nuit…/ mes yeux la scrutait . j’étais assise dans mon sac :: : je n’avais pas mangé malgré les grognements de mes compagnons (le chauffeur et celui qui avait survécu au dernier accrochage : comme il se battait, cet homme !... il était en colère constante… il avait pris ma main en tentant de m’expliquer quelque chose que je ne compris pas…) — il s’est enfoncé dans la nuit comme un plongeur dans le noir cenote de l’œuvre inachevée — me lissant seule avec le chauffeur qui étreignait son fusil…/ l’enfant muet ou réduit au silence — je ne me souviens pas — et nous avons attendu : des heures . des nuits . entre le froid et la chaleur : limites du possible…/ attendu le cadavre qui devait arriver dans son cercueil de tôle soudée — [un instant possible : je crus que le chauffeur n’était autre que ce poète français qui harcelait mon imagination… je lui dis : « toi qui as connu mon poète… parle-moi de sa dernière mort… celle qui l’a emporté à jamais au-delà du possible… » et il me regarda comme si je venais de perdre la raison…/ il m’a tenu la main pendant toute la nuit…/ elle était chaude et humide…/ et il fallait que je me taise si je ne voulais pas le réduire à une autre fiction…] « regardez !... » — deux phares projetaient leurs fissures sur les dunes — au passage ils éclairèrent d’autres attente . ne s’arrêtant pas à leur hauteur :: : venant droit sur nous : cette fois porteurs de la seule nouvelle qui m’importait : le cadavre :: : celui que j’attendais :: : ni enfant ni poète de substitution :: : le corps désiré entre tous :: : « c’est pour nous !... » dit simplement le chauffeur ô fleur
« voilà ce que j’ai trouvé… me dit plus tard le poète français…/ — mais oh mais c’est la malle de Cervantés !... » m’étonnai-je en parlant du cercueil. :: : faut que j’m’explique : le cercueil ne contenait pas le corps de Karim « zêtes folle ou quoi !... ah ! mais c’est qu’elle a rien compris !... » avait grogné notre chauffeur qui en fait était notre mentor : c’est lui qui avait tout financé : mais les plans étaient l’œuvre de Karim lui-même : je n’avais pas ce testament entre les mains : le chauffeur . qui s’appelait José Alcalá de Linares . me promis que le fils de Karim en hériterait le jour venu : « le jour venu de ta mort… » précisa l’autre . celui qui était encore en vie : « et les cendres !... murmurai-je car on était à deux pas du front : les cendres nom de Dieu !... — ne blasphème pas ô femme convertie !... — qu’est-ce qu’il y a là-dedans alors ?... que le testament… ? rien d’autre… ? merde !... — ces crapules de Turcs ont fait disparaître son cadavre… expliqua José en sourdine : il fallait s’y attendre :: : un tel poète de la Résistance !... l’honneur des poètes !... — ils l’ont assassiné !... j’en suis sûre… ! — on va dire ça comme ça : ô luce : à force de privation : il est mort privé : le cœur s’est arrêté en plein effort pour atteindre… — il n’était si croyant que ça le Karim !!!... — bref : il est mort mais il avait confié ses manuscrits à un poète français : pedro phile qu’il signe dans son pays de merde… — si je le connais !... il habite chez moi… même que je les ai lues . les lettres de Karim le Branleur : — ah mais pas toutes ô luce !... il en reste !... et des tas… là-dedans… — des tas de branlettes !... c’était donc pas dix . mais plus : combien ô mollah… ? — c’est là-dedans : comme on peut plus retourner à Raqqa… — que dis-tu ô mollah : on peut plus retourner à Raqqa ?... et mon fils que j’ai laissé aux soins du poète français… pedro phile… ? (comme vous l’appelez parce que moi je le connais sous un autre nom : mais je ne veux trahir personne :) — on peut plus rien pour ton fils : il est entre les mains d’un pédophile : et à Raqqa qui n’est plus chez nous depuis que : — l’avons-nous perdue cette guerre… ? ai-je perdu mon fiston ?... tout ça pour quelques branlettes de plus !... — tu n’avais qu’à l’amener ton fils !... rouspéta José à voix su basse que l’autre ne comprit pas. — mais c’est que je croyais l’avoir avec moi emporté !... — c’était une poupée : dit José : pour ça qu’il pleurait plus : ce braillard qui va gueuler encore plus fort quand il aura la bite de pedro dans le cul !... — ah ! le salaud !... » :: : ô la haine
et :: : ô la séparation de ma chair en deux lieux dont la distance m’était inconnue : // d’un côté mon fils entre les mains d’un poète pédophile . dans une ville où ses amis iraniens avaient dû le monter en grade . et juju parmi eux endoctriné à la haire et à la discipline : je plantai une aiguille dans la poupée . en plein cœur . en espérant que madame Bobo ne m’avait pas menti à Paris… // de l’autre le cercueil de Karim . mais sans Karim . pas même des cendres à répandre dans le désert de l’amour : impossible à ouvrir pour l’instant vu qu’il était en tôle soudée : et qu’il était pas question de taper dessus vu qu’on était à deux pas du front : et cette poupée que José m’avait mise dans les bras pour me tromper sur ses véritables intentions : on roulait tous feux éteints croisant les blindés qui revenaient salement amochés : et comme le cercueil de Karim était peint en vert . on ne nous a pas posé de question à son sujet : qui c’était : et pourquoi cette femme : et la poupée : et mes larmes : et le cadavre de l’autre complice qui commençait à parler du cul…// ô charmes
voilà comment c’est un roman :: : que je l’écrive à Raqqa . à Paris . ou ailleurs sur cette maudite terre qui ne m’enchante pas autant que Salah Stétié :: : rien ne s’y passe comme prévu : et la mixture fiction/réel n’arrive pas à prendre forme : enfin : j’avais perdu un fils mais je retrouvais le père sous forme de papier à lire : papier à se torcher les yeux et les oreilles : …/ ah ! pedro phile je t’en veux !... mais ne lui fais pas de mal comme je pense : comme tout le monde le pense ici : à Raqqa . à Paris . ou ailleurs dans les déserts de la philosophie :: : on s’éloigne les uns des autres : pedro et juju d’un côté // moi et les branlettes de Karim de l’autre :: : on ne saura jamais qui avait raison et qui a tort : d’après José Alcalá de Linares : on n’est pas loin de la mer . la mer turque ou arabe . j’en sais rien . l’une ou l’autre . déjà en guerre coloniale sur les terres des anatoliens et des berbères…/ des égyptiens et des soudanais…/ des je t’en passe comme j’en viens : culs vernis en face : des tribus d’Occident : à croire que Dieu pratique le favoritisme : ou qu’il veut faire des occidentaux les grands criminels de l’Histoire : pas émus plus que ça par les massacres parisiens . juste ce qu’il faut pour qu’on puisse en parler politiquement et sur le zinc . à la table des minus habens qui mangent pas de ce pain : et qui boivent !... ah ! ce que ça boit dans les chaumières hexagonales !... ô résistance
alors comme ça je peux plus vous raconter des choses à propos de juju et de son pédophile de poète : j’y suis pas à Raqqa : et si étais : ce serait en taule avec des promesses de supplices : ah ! je vois ça d’ici : pedro justifiant la pédophilie du Prophète : et juju mon fils de Karim tenant le fouet pour battre sa propre mère !... ça s’est déjà vu !... qu’est-ce qu’on voit pas dans ces merdes de pays !... // je peux pas vous parler de Paris parce que j’y suis plus depuis des lunes :: : et même si j’y suis en ce moment écrivant ce que vous êtes en train de lire : j’ai droit à la fiction non ?... // José conduisait vite : le LongSong était à quai : le capitaine Karogne n’attendait que nous : et même Karen était à bord…/ pas Jim parce que je l’avais vu crever sous ma fenêtre : John peut-être… je l’aimais bien John… John et moi pourquoi pas… ? à moins que Karen… cette salope qui n’est jamais arrivé à se vêtir vraiment :: : ah ! j’en avais des projets !... j’écrirai plein de choses dans la préface : sur mon fils et son poète qui avait été le mien : sur Karim et sa prison : sa mort en pleine branlette : le corps du livre étant formé par lesdites branlettes . je sais plus dans quel ordre :: : c’était en tout cas le projet de José Alcalá de je sais plus quoi :: : rien sur pedro phile qui se faisait appeler jarive ou tarive . je sais plus . je veux pas savoir . je veux revivre . ailleurs si possible . et même pas à Paris . d’ailleurs John est américain : elle est quoi Karen ?... à part ma prochaine victime ??? ô moi ah pour rouler on a roulé !... des milles et des milles !... et du sable et des cadavres… ! des villes surpeuplées et leurs habitants qui finiront par repeupler le Monde : dixit le mollah : qu’il en a bavassé pendant tout le voyage : de pompe en pompe et de guitoune en hôtel : et des fois chez l’habitant parce qu’il connaissait du monde :: : José le mollah, moi, la poupée, le cercueil et ce type qui n’avait pas de nom mais qui parlait pas français ni espagnol :: : des flics et des soldats chaque fois qu’on se croyait tranquilles : des morts reconnaissables . petits anges souriant . et d’autres qui n’avaient plus que la chair et les os pour exister encore dans la puanteur des gueules d’oiseaux :: : ça n’en finissait pas…/ heureusement que le cercueil ne contenait rien de pourrissable !... des fois qu’il explose !... « manquerait plus que ça !... » …/ « z’en connaissez que dix… ? » dit le complice dans sa langue : « pedro en a peut-être d’autres : dis-je : il les publiera un jour ou l’autre : si ça froisse pas l’idéologie shiite…/ que des fois ils se sentent froissés !... moi qui croyait que la douleur nous rapprochait du seul plaisir clitoridien (je parle pas pour les autres) :: : — et nous on publiera celles que contient notre cercueil : dit José : ça vous embête pas si je dis notre… ? — j’en ai rien à foutre des œuvres complètes de ces messieurs : ne l’un ni l’autre ne m’a jamais convaincue… si vous voyez ce que je veux dire… à ce propos : j’en ai une de branlette : — ¡ no me digas ! — que si !... sans mentir… ! — vous l’avez piquée à pedro… ? — que non !... — alors… ? — elle date de Málaga : deux jours avant qu’on tue ce quidam hollandais : … — vous l’avez apprise par cœur… ? je vous crois pas… mais dites toujours… si ça se fait : la version originale se trouve dans le cercueil… ah ! qui sait !... dites toujours… je traduis pour mon ami von rich : — c’est son nom : je veux dire son pays : ? — zinquiétez pas pour ça : Ulrich sait écouter : — et l’autre qu’est mort pour moi… ? comment qu’il… — il s’appelait pas… oublions-le… (on avait largué son cadavre vert dans un fossé) — ça s’intitule
(11) BRANLETTE DU PÈRE-QUI-ÊTES-AU-CIEL (¡ no me digas !)
finis
ah ! du Karim tout craché !... je reconnais là sa patte !... s’écria Ulrich von Rich dans sa langue : avant de se prendre une balle en plein dans le front qu’il avait haut et fort :: : si on fait abstraction de juju et de son poète pédophile : puisque j’en sais plus rien au moment où le Hollandais décède : restait plus que José et moi : je compte pas la poupée : les soldats lui ont ouvert le ventre et la tête : mais elle ne contenait rien d’illicite ou de secret : …/ comme je parle pas la langue du coin je gueule « french !... » en espérant ne pas m’en prendre une là où ça fait mal :: : et qui qui sort des rangs si c’est pas un officier français genre leclerc mais encore plus minus !... on n’a même pas pris le temps de se regarder en chiens de faïence : c’est lui le premier qui a gueulé : « c’est une salope de française !... laissez-la moi ! » …/ ah ! j’en étais pas fière : on m’a jetée à ses pieds : il s’en est servi pour se venger . façon épuration : toujours dans la politique de l’indésirable le Français !... et que des coups de pieds dans le ventre : des fois que je sois en train de fabriquer un terroriste : « ah ! la salope !... la salope !!! laissez-moi en finir avec cette racaille de banlieue !... ya une justice et elle est française !... » heureusement pour moi : un autre officier . dans le genre irakien bien élevé et connaisseur du pays de France : il s’est interposé en vainqueur : « non ! monsieur ! la justice est irakienne ! ici, séparation de la France et du reste !... j’ai une de ces envies de la faire parler que vous m’en direz des nouvelles, Frenchie ! — justement… bafouillai-je dans ma bave sanguinolente… en parlant de nouvelles… — vous les trouverez dans le cercueil… avoua José qu’on avait de la peine à reconnaître mais qui était toujours au volant : — ya personne dedans… ? dit un caporal qui voulait en découdre jusqu’à la mort. — c’est que des papiers… dit José : c’est tout ce qui reste de Karim le Branleur : — j’en ai aussi dans ma mémoire : ajoutai-je pour plaire : le reste est entre les mains d’un terroriste : …/ il tient mon enfant… et les dix premières branlettes de Karim :: : à quoi j’ajoute celles qui me trottent par la tête : en effet, en Andalousie… — vous feriez mieux de la fermer : dit leclerc o’clock : c’est pas maintenant qu’il faut parler… si ça tenait qu’à moi… — mais je vous retiens dit l’officier irakien qui avait l’air d’un prince du désert…/ — pas besoin dit leclerc o’clock :: : je file envoyer un message au PC : vous permettez… ? — du moment que le message ne contient pas ce que contient ce cercueil : allez-y… je ne vous retiens plus… » :: : qu’est-ce qu’il a filé le leclerc !... il en avait la tourelle sur l’œil : les soldats riaient discrètement sous la bonne garde du sourire non moins ravi de leur officier : voilà comment on s’est fait arrêter José et moi…/ adieu ô LongSong
:: : sinon on serait en route vers l’océan indien : où Karogne avait rendez-vous avec le Pequod . et de là on filait vers la Colorado via la Californie pour se ravitailler . et reprendre cette histoire où on l’avait laissée — ah ! si cette fripouille de Yúpala ne s’en était pas mêlé !... et son collègue frenchie de l’Internationale Parisienne !... l’IP qu’ils appellent ça chez Internet… « où on va ?... » avait demandé DOC en me fouillant le bars à la recherche d’une voie royale… ah ! ce qu’on en aurait eu des conversations sur le Monde et ses salariés-fils-de-pute !... si on me demandait de choisir entre un ouvrier de chez Peugeot et un bidasse du 5e régiment de chasseur // je choisis le chasseur : sauf si ya un chien pour rétablir l’équilibre entre mon cerveau et ce qu’il doit subir pour continuer à perdre ses neurones en nombre raisonnable : ya des normes !... merde… mais j’y étais pas à bord du LongSong . et José léchait ses blessures en dénonçant le système qu’on avait construit pour être riche et heureux…/ « …on va vous torturer à l’américaine, disait l’officier irakien : ça fait tellement peu mal qu’on en devient fou !... » et la valetaille shiite de se gondoler : les baïonnettes brillaient dans le ciel étoilé de Bagdad…/ « …à la fin ils vont enculent et les images sont vendues à l’industrie pornographique : ça vaut 3 F35 dernier cri : mais on m’a peut-être raconté des conneries… » — on avait atteint les faubourgs de la ville… on croisait de temps en temps une patrouille de scaphandriers : ça sentait comme la croûte d’une cicatrice qu’on se met dans la bouche à dix ans… dix ans que j’avais quand… ah cette mémoire !... ça me revenait sans cesse :: : plus tard le juge m’avait recommandé d’oublier tout ça et de me concentrer sur les faits qui expliquaient ma présence dans un tribunal irakien…/ « je suis comme ça ou je ne suis plus… avait pleurniché dans ma cage cette fois pas dorée. — je m’en fous de votre papa !... hurlait le robin. Tenez-vous-en aux faits qui… » pour m’en tenir je m’en tenais !... et une bonne !... pour avoir fabriqué des petits pains : tant à Raqqa qu’à Paris…/ « des petits pains de plastique, oui !... — est-ce que je savais si ça se mangeait ou si ça donnait à manger aux vermisseaux de l’Islam !... gueulai-je à mon tour parce que mon avocat se faisait les ongles. — vous finirez de vous moquer de l’Humanité au bout d’une corde long drop !... —… hum… pour le plaisir ya pas comme la short : monsieur le juge… mais si vous avez les outils de l’empalement, je suis partante… — on n’a jamais empalé à Bagdad !... faites-la taire ou je l’expulse !... » je me rappelle plus le mot irakien pour expulse… mais je l’avais trouvé tellement porno que j’en avais secoué mes mains pour tenter une introduction dans le cul de mon gardien : qui m’a expulsée… mais sans plaisir aucun ô Freud
« alors comme ça vous avez eu une vie de voyages et d’aventures… » me dit-il (mon gardien) — les journaux le disaient : mais avec des commentaires philosophiquement correct (du point de vue du Prophète et de son successeur schismatique) / « ach ! parisse ! ach ! raqqa !... la mer… les mers… les villes… j’ai pas eu cette chance moi !... je suis un citadin… terne comme un vieux miroir… heureusement que je peux pas me regarder dedans !... et quand je me vois dans le miroir des autres : je vois les autres !... savez pas ce que c’est que d’être obligé de gagner sa vie en servant à quelque chose : j’ai toujours rêvé de servir à rien : comme au Parnasse !... mais même ma queue sert à quelque chose : queue patriotique au service de l’Islam :: : j’ai des gosses et une femme que je m’en sers pas autrement : elle m’est tombée dessus comme la pluie : en gouttes que si j’avais pas su ce que c’était une femme j’aurais pu me croire avec un mec : la chance que vous avez eu… ! — …mais que j’ai plus… hélas… — :: : c’est le plus dur : perdre ce qu’on a gagné…/ qu’est-ce que je perds si je perds… ? — …certainement pas une place au Paradis !... Winner takes nothing… écrit Papa…/ — :: : mais pisque je suis pas un winner !... des fois qu’en perdant ce que je possède pas : je gagne à perdre, quoi !... — t’es complètement dingue, l’ami !... si tu perds : tu perds… ya que quand tu gagnes que tu gagnes :: : et alors tu finis pas perdre… mais reconnais qu’il vaut mieux perdre après avoir gagné que perdre alors qu’on a déjà perdu… — !... c’est ça que vous avez apporté dans ce tribunal de merde ô m’ame luce !... une éthique !... — :: : une éthiquette que tu veux dire !... et il paraît qu’il vont me l’accrocher au cou quand je serai montée long drop !... — ah ! j’aurais pas cette veine ô m’ame »
yen a des ceusses qui construisent leur texte dans la logique : à l’ancienne quoi !... : et que même ils ont la langue pendue au chambranle de la cheminée postmoderne :: : que ça te fait des effets de vocabulaire et de syntaxe que t’en reviens pas du talent qu’ils ont !... ah ! ça m’en fait des choses la fornication textuelle du raisonnable et de la langue de la déraison : on dirait du racine antique poussé dans le fumier des villes !... :: : et pis yen a des ceusses :: : que ça fait pas racine ni corneille dans les champs de la terre charnelle : on se demande par où qui passent !... ça commence avec la langue et ça finit avec la langue :: : et c’est pas dans le fumier des villes que ça pousse : ni même dans celui de la cambrouse : d’ailleurs ça pousse pas : ça se laisse pousser : vers où on sait pas : ya pas de conclusion : ça va et ça vient au rythme des messages : et on en perd beaucoup : des vertes et des pas mûres : et pas de nostalgie sur le seuil de la maison-qui-vole :: : ah ! comme ces conards de français sont catholiques : même quand ils sont communistes !... la recherche de la perfection !... et qu’on a les systèmes les plus parfaits de la Terre : langue, constitution, rafale, leclerc, soins hospitaliers, caresses à domicile, retraite aux p’tits oignons, mein kampf avec commentaires et céline sans céline… etc. — de la perfection dans tous les poils qui poussent sur le dos du citoyen : le poilu français : belle connerie que pourtant c’est vrai comme je vous parle !... le français est un animal à poil… laineux !... « à poil laineux ! à poil laineux ! à poil !... » ah dis donc ! on arrivait chez leclerc o’clock :: : ils étaient sous la tente : la gamelle à la main et le bidon bien empli : que ça donnait des envies à mes amis irakiens : « c’est l’hymne national de la france… ? — que non !... c’est panurge à l’échelle de la nation… — ah ! quel champ militaire les amis !... s’écria le juge en babouche. — et avec les racines, les corneilles, la bouse et le fumier !... » : manquait plus que l’État ô baladins
c’est que le juge irakien voulait en savoir plus sur les mœurs françaises comme les avaient connues de près ses voisins syriens et libanais :: : leclerc consulta son manuel du gaulliste toujours à l’heure : ô Horloge !... c’était écrit en français moyen : la version clus n’existait pas :: : l’armée française d’intervention limitée au budget de l’État ne disposait que d’une version ric, dite moyenne mais pas con du tout . et d’une version leu destinée aux plus-con-que-moi (ici : difficulté de la langue française : ou que je le mets le s à con ou à moi… that is the question…) — bref le visage de leclerc était serein . ce qui rasséréna le juge babouch qui était venu pieds nus pour profiter du sable chaud et des ses légionnaires :: : je vous raconte comme je l’ai vécu : vous n’en saurez pas plus que moi :: : le trouvère leclerc et le troubadour arabe babouch s’était réunis autour d’un feu dont ils occupaient les points diagonaux : nous : la troupe : buvions du thé dans l’ombre : écoutant des chansons western sans se poser des questions qui ne concernaient que mon avenir de vivant ou de mort selon le point de vue — mais pas une seconde il ne fut question de moi dans notre assemblée de gardien et de prévenue : nous pouvions voir à quel point le débat entre leclerc et babouch était animé de bonnes intentions ô merci
qu’est qu’ils avaient fait de José : j’en savais rien : sauf qu’il résidait en zone américaine : ce qui était peut-être une chance : ou alors il avait quelque chose à voir avec l’Empire : et il était reparti en mission pour le compte du Consortium :: : je vous encore rien dit du Consortium… c’est que j’en sais pas grand-chose :: : actuellement (à l’heure où JE vous parle — qu’on pourrait aussi écrire : je VOUS parle ou simplement : PARLE si on cultive encore quelques pensées ou soucis…) — actuellement je suis entre les mains de la justice irakienne qui, comme tout le monde le sait, n’est ni la meilleure ni tout à fait juste : mais enfin : je l’ai pas fait exprès : quand je pense que mon enfant est entre les mains d’un pédophile de renommée internationale : pedro phile : passeport français d’origine iranienne — je risque le long drop sans anesthésiant ni euphorisant ni rien pour m’enlever de la tête l’idée que je vais vivre une dernière fois dans les affres qui ne sont rien à côté des doublures de l’enfantement mais quand même… ! la douleur c’est la douleur : je la connais mais pas encore à ce point : et tout au long de cette maudite instruction de mon procès perdu d’avance : ça monte en moi comme la lave dans le goulot du volcan qui sait comment ça va se terminer mais pas vraiment comment :: : j’en ai connu des ceusses* qui pouvaient en imaginer textuellement les paroxysmes : mais entre l’idée que peut s’en faire même le meilleur des dramaturge et l’acte subi comme dernière connaissance :: : ya un gouffre qui s’appelle procès et quand ce gouffre est irakien et qu’un ministre français vous enfonce dedans sans pitié ni raison (ô le salaud sartrien & ô les pédants gouvernementaux) : l’invivable devient le seul moyen de vivre et d’espérer survivre à toute cette merde humaine… * l’enfer c’est les ceusses
dire… dire encore et peut-être toujours : (mais ça j’en suis moins sûre) : qu’on aurait pu : José et moi : serrer enfin la pogne du capitaine Karogne sur le pont du LongSong briqué à mort pour l’occasion : dire qu’on aurait tout recommencé : depuis le début : mais pas des lunes avant ma rencontre avec Karim : « la veille du jour » : le douanier avait une petite bite que la peur n’arrivait pas à gonfler de ses poisons existentiels : et la cargaison était arrivée à bon port : en avoir ou pas : y avait du champagne sans les bulles et des bulles sans champagne : je croyais être heureuse : mais comme les sergent et les capitaines d’omaha beach : j’en avais pas pour longtemps avant de tomber entre les mains d’une justice long drop : heureuse mais foutue d’avance : hein harry ?… la cargaison filant sur les fines chaloupes dans la clarté impeccable d’une nuit sans lune : à la lumière des étoiles : celle qui ne parvient qu’à la rétine : et ce stupide douanier de secouer son pétard sous notre nez : « …fabrication française pas bonne ! riaient les indigènes — coup pas parti : « faut bander pour ça !... » grognait Karogne en collant son front de lutteur homérique contre celui du fonctionnaire qui chérissait déjà tous les membres de sa famille sans exception : bave du rond-de-cuir sur le menton du capitaine qui montrait des dents de spécialiste de la mort lente…/ oui… tout recommencerait la veille du jour où Karim s’est interposé pour signaler ma beauté du dire : il venait de lire mon Ode définitive : dans un journal de Séville : une seule colonne mais alors quelle colonne !... sans elle, tout l’édifice de la page (qui parlait d’autre chose) se serait écroulé sur ce qui reste du royaume bourbon d’Espagne : et le douanier à poil sur sa croix se demandait qui pouvait être ce raton aux yeux de sombre lendemain : « c’est Karim… dit Karogne en interrompant ses gestes de tortures (le douanier se tut soudain) …/… Karim rame comme personne à bord de ces canots qu’in dirait tout droit sortis des pages de Moby Dick : je te présente Karim avec toi rendez-vous málaga puis la route d’almería et enfin à alcalá de linares : ce mec un peu louche qu’on appelle josé el chaval : c’est un agent américain : zone ECA : nouvelle agence née du cerveau d’un noir : j’ai du mal à imaginer ça : mais le monde est ce qu’il est : et je n’y puis rien changer : eh merde !... eca empire contre attaque : avec ou sans le tiret qui ne change rien au massacre genre bagatelle : luce ô luce si tu veux on recommence ici même et jamais aucun leclerc ni babouch ne te mettra la main dessus… ! » tu parles ô charles
« si vous voulez qu’on vous comprenne, madame luce… va falloir mettre de l’eau dans votre vain… heu… vin… pas de l’ô ! non, non ! je dis : il faut commencer par le commencement et, sans ennuyer personne, aller vers la fin… — je refuse d’anticiper mon long drop… ! — ne refusez rien, madame luce !... laissez le récit suivre son cours… petite barque ira aussi loin que le panier de moïse… vous verrez comme j’ai raison… et c’est ce raison dont je voulais vous entretenir avant que… — je veux bien tout recommencer… mais en vrai !... le LongSong dans le port de Séville… amarré au quai de l’angoisse… c’est comme ça que ça a commencé…/ le yacht LongSong os de cachalot anus de Jim John comme une huître et Karen qui se pâme cadavres sur l’eau Karen envoie en l’air une fusée signal attendu la barque pirogue se lance entre deux vagues Jim vomit il en a assez à la barre Karogne gueule d’ici je vois le Monde j’ai l’intention d’en profiter ô sirènes d Vive l’Islam cria l’ami de toujours… — je sais ! je sais !... nous savons !... mais vous ne savez pas… moi je sais… eux ils savent !... vous êtes bien la seule… je vous en prie : reprenons tout à zéro :: : — mais il n’y a pas de zéro !... rien entre 1 et -1… ! la zone de franchissement est no way !... que vous la preniez d’un côté comme de l’autre… ah ! j’en ai vu des mecs soi-disant cultivés dans le genre flic ou robin qui essayaient de « comprendre pourquoi j’en étais arrivé là où tout le monde m’attendaient alors que je me croyais seule au monde !... et pas un ne m’a procuré le plaisir que j’éprouve à la lecture des lettres de Karim… — mais c’est pedro phile qui les écrit !... pedro phile alias jarive ou tarive selon les versions de windows… — Ah ! vous avez des nouvelles de mon enfant… ? l’enfant de Karim… jusqu’où l’a-t-il outragé ?... mon petit anus si délicat !... ma source à merde enfin lisible… et sans intervention divine ni diaboliquement conçu en république !... — vous délirez madame luce… vous êtes folle… — je ne délire pas…/ je ne suis pas folle…/ vous êtes de ridicules donneurs de leçons !... vos existences ne sont que leçons de morales…/ — alors revenez avec nous : racine : corneille : la révolution : le lagarde et michard : les poilus : l’idéal colonial : et enfin la raison : le récit bien équilibré : les actes : et rien entre les actes !... ô nom d’allah
—
(12) BRANLETTE DES RELIGIONS
:: : qu’est-ce que j’ai pris !... « comment !... dans un tribunal !... un tribunal laïque mais musulman !... long drop !... et sans procès !... pas de procès :: : « c’est vrai quoi !... nous aussi one st laïque !... vive la France !... » gueulait leclerc o’clock en brandissant un missel . et babouch el babouchi grattait le dos du général américain gonzalez mem sanchez :: : un héros !... même que si j’avais été une héroïne il m’aurait épousé : blague prononcé dans les coulisses de la justice babouchi : « hé !... ho !... vous allez où comme ça… ? — ben… je rentre chez moi… — c’est plus chez toi !... hurle leclerc de la tourelle. — nous on en veut pas !... — j’habite sur mer hé flasques !... à bord du LongSong : capitaine : Karogne : José et moi on est dans le canot qui nage vers le large : on peut voir la voilure de la goélette : malgré le temps pourri : « on a gagné ma poule !... » — même si j’étais pas sa poule : j’appréciai la main au cul : et Karogne à bâbord ajuste la focale de ses jumelles : « ils franchiront pas les récifs si on les aide pas !... John !... un canot à la mer !... et à la rame !... » — mais on avait beau s’entregratter José et moi : on allait droit sur un roc en forme de baleine : et rien pour lui crever le cœur !... tandis que le canot piloté par John avançait vers les récifs : et le ciel qui devenait noir comme la nuit : la vague écume jaune crevée de cadavres de crustacés et de poissons : une dent de cachalot : j’arrêtais pas d’y penser : le type qui prétendait sculpter ma tête dans cet ivoire : « même qu’hier j’ai collé ce qui me restait d’ambre gris sur la poitrine d’une touriste américaine : enfin… je crois… » — coraux : Karim avait traversé une vitrine à Cordoue pour m’offrir ce bijou : mais à Raqqa on m’a piqué tous mes bijoux : j’en avais plus besoin pour prier… — est-ce que quelqu’un va lui fermer sa gueule !... » ô convulsions
c’est pas une bonne idée de se convulser dans un tribunal : surtout si vous êtes l’accusée : et si sous avez envie d’être belle malgré les voiles et les tongs : ah ! qu’est-ce que je dis… ? « on voudrait bien le savoir… regrette babouch en mordillant le manche de son marteau. — vous voyez bien qu’elle n’est pas jugeable… — ouvrez le cercueil !... — oui c’est ça !... ouvrez-le ce maudit cercueil !... — comme dans Massacre à tronçonneuse !... » à la place du corps de Karim : le tronc d’un jeune acacia . et dans la sacoche de cuir marocain mauvaise qualité : les manuscrits de Karim : revus et corrigés par pedro phile qui signe jarive ou tarive — « et il est où ce pedro… ? demande babouch. — il est avec mon fils !... — elle n’a pas de fils ô babouchi !... — ce qui ne répond pas à ma question… — j’y réponds moi !... — faites-la taire ô nom d’Allah !... » je voyais mon avocat sombrer dans la mélancolie : un avocat parisien : avec l’accent des faubourgs improvisé : il plongeait sa grosse tête bouclée de noir dans sa mallette cuir marocain mauvaise qualité : son assistant avait connu ma famille : à Paris et dans plein d’autres endroits :: : il croyait me connaître . aussi : quand je l’ai montré du doigts en l’appelant : Pedro !... la salle s’est agitée comme dans une ruche enfumée : et je l’ai menacé de lui couper la gorge s’il ne conduisait pas la Cour sur les lieux de son crime : « j’en ai assez… râla babouch el babouchi : j’en peux plus : leclerc !... Et vous le gonze à l’aise même sans chaise : approchez-vous que je vous en conte une autre : mais cette fois de mon cru : — nous sommes tout ouïe ô Grandeur de l’Arabie !... :: : s’écrièrent le général leclerc o’clock et son collègue américain du texas… : il était une fois une conasse d’emmerdeuse de française parisienne qui passait ses vacances de merde en andalousie en compagnie d’un terroriste que les turcs ont fini d’achever sans toutefois mettre la main sur son œuvre littéraire considérée aujourd’hui comme l’expression la plus nationale de l’idéal musulman :: : est-ce que quelqu’un connaît le fin mot de l’histoire… ? ô svp » ] Il était une fois la femme que j’ai aimée.
finis Post-scriptum
(13) BRANLETTE DU PRIVÉ
finis
hé non les amis !... celle-là est de moi : Karim ne peut plus se branler : alors je fais ça à sa place : je dis pas que ça me fait mal : et quoi encore… ? — oui on m’a libérée mais je vous préviens : les années ont passé : juju a grandi : on se voit plus très souvent : et je reçois toujours des lettres du poète français : pedro phile qu’il signe…/ mais je ne les lis plus…/ j’en ai marre de lire les autres…/ je me lis même pas moi-même : je ne lis rien : plus rien !... j’essaie d’exister avec le poids de ces années . la mort . la parano . schizo . juju pédé . et pedro en cavale : je prends la relève : pas difficile de se branler : et ça donne ce que vous venez de lire :: : ma vie…/ ben oui j’en ai une avec des rails : et pourtant je vagabonde : d’un bout à l’autre du monde : et dans son sens je m’abonde…/ des chansons tout au plus :: : qui prétend être poète en ce Monde qui n’en est pas un ?... conteurs et chansonniers au premier plan des spectacles…/ et le « langage des langages » dans la poubelle des crises…/ c’est fou ce que je m’aime !... je ferais bien ça plusieurs fois par jour comme mon ami Alfred quand il est inspiré : mais j’accumule : une de temps en temps : au boulot si j’en ai ou dans ma chambrette si je couche pas dehors…/ dehors… ? des fois…/ mais alors en compagnie : qu’est-ce que je m’ennuie dehors !... rien d’autre à faire que de proposer la branlette au premier venu : « zêtes une vraie poétesse ô ma’me luce !... » et je compte les perles du chapelet au lieu de prier pour mon salut…/ ce que des fois j’en veux à Dieu de pas exister !... Ah ! quelle bonne idée ils ont eu nos ancêtres de l’inventer !... mais pouvaient-ils se débrouiller autrement ?... est-ce qu’on se débrouille mieux maintenant qu’on en sait plus… ? ô bière
…/ tiens allez !... une autre !... et sans compagnie… à moins que vous…
|
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |
FORUM
Pour participer, voir en bas de page>>
Commentaires :
Notre condition... de phénomérides
« Il fut un temps, pas si lointain, où la pratique de l’écriture, du français en ce qui nous concerne, pouvait raisonnablement témoigner du sérieux de l’écrivain ou au contraire le démystifier dans un temps qui dépendait uniquement de la volonté de réduire la littérature à ce qu’elle produisait de meilleur. Chose curieuse, cette littérature, chemin faisant, perdait facilement le sens des réalités pour créer des modèles dans le genre des moules mâliques de Marcel Duchamp. On y entrait, et on en sortait, à volonté, jamais par dépit, car alors il n’y avait aucun intérêt à détruire ce qui avait été si patiemment construit. Cette littérature était sans toujours le savoir, une littérature ’schizophrénique, c’est-à-dire qu’elle était composée d’œuvres dont on ne pouvait pas dire qu’elles ressemblaient à une réalité connue au moins de tous. Et la part de ’schizophrénie est allée croissante jusqu’à récemment. Ainsi, des œuvres sont nées de l’intérieur, prenant le pas sur celles qui s’enracinaient encore dans les apparences de la vie sociale et de ce qui se passe sur les écrans. On passait de la pensée qui pense quelque chose, comme chez Victor Hugo, à une expression correspondant à une sorte de projection de soi sur les autres. La modernité se trouvait dépassée par quelque chose de plus ancien encore que ce qui faisait loi question composition. Et ce n’était pas divertissant du tout, à moins d’être complètement fou.[...] »
Citation juste pour attirer l’attention sur un article assez éclairant sur notre condition... de phénomérides...
[Ici, peu de ’schizophrènes beaucoup de ’paranos et surtout énormément de ’cons...]
LUCE aux sources de l’inspiration par Patrick Cintas
Auteure d’un recueil de poésies (En voyage), de deux longs poèmes (sous le titre générique de Grandes Odes : Histoire de la femme en poésie et Pornocacographieen langue kinora - Colicus et Yleus) et d’un roman (Phénomérides), celle qui écrit sous le nom de LUCE (en majuscule) est exclusivement publiée par la RALM depuis quelques années déjà.
Avec ces quatre ouvrages livrés intégralement au public, LUCE s’expose maintenant, avec joie dit-elle, à la critique… On la lit, si je ne me trompe pas, depuis cinq ans, dans le cadre d’un Projet Babelin qu’elle partage avec Renaud Alixte, Romain Gambois et moi-même. Pierre Vlélo a consenti à participer à ses Phénoméridesoù il s’est d’ailleurs répandu sans décence.
LUCE est régulièrement lue dans la RALM. Certains de ses poèmes reviennent chaque jour à la surface et son roman a fait l’objet de centaines de téléchargement.
Trois bouquins, c’est assez pour qu’on se fasse une idée de la cohérence de l’ensemble. Les titres sont d’ailleurs significatifs : voyage, femme, poésie, langue, strip-tease.
Le voyage est d’emblée conçu comme celui qu’on ne fait pas, mais aussi comme le seul moyen de sortir d’une situation sociale sans autre issue que la pratique du jeu qui conduit à s’aventurer dans la relation sentimentale pas folichonne, dans la consommation des biens à la portée du crédit, des activités à partager en vacances, enfin de tout ce qui est proposé aux citoyens ordinaires des deux sexes par la république commerciale. Le voyage organisé est de la partie si l’occasion se présente ou si on a l’espoir de tomber dessus en pleine croisière. Mais, comme il en est longuement question dans Phénomérides, c’est dans la guerre que tout finit par se jouer, loin de chez soi ou seulement en rêve devant les spectacles soi-disant informatifs de la télé.
La femme est le sujet de la femme. Sa beauté est accessoire, mais bien utile en cas de situation inextricable à la guerre comme au travail des jours. Toute l’histoire consiste à trouver les moyens de « s’en sortir ». La pensée féministe, qui a connu des jours meilleurs, effleure l’esprit dans les moments d’apaisement, mais la femme reste la femme, comme si aucun effort citoyen ni aucune révolution ne pouvait changer cette fatalité. La femme n’a pas de futur, et surtout pas dans l’homme. Il s’ensuit une série de déconvenues, dont quelques tragédies personnelles, pas toujours chez soi, souvent ailleurs en territoire ennemi. La femme est prise dans son propre piège, sans qu’on sache vraiment ce qu’elle s’est mis dans la tête de chasser sans la compagnie de l’homme. Mais ne pourrait-on pas en dire autant de cette sorte d’alter ego ?
La poésie est une pratique de la rupture. Loin de toute idée de chanson ni d’épopée personnelle, la poésie de LUCE est trop proche de la prose pour s’en détacher à la faveur d’une trouvaille ou d’un rythme. C’est une poésie qui parle, autrement dit une poésie qui ne propose rien de poétique. Mais elle parle sans interlocuteur ni miroir. On dirait qu’elle s’essaie. Le poème court trouve toujours sa chute ; l’ode sinue et même charrie, entre deux rives et sans châteaux. Au fond, cette poésie particulière, qui appartient d’ailleurs à d’autres voyageurs en chambre, n’est pas le moyen d’entreprendre le voyage ni celui de devenir aussi libre que l’idée de la femme. C’est une poésie de prise de plume, qui s’interrompt aussi sauvagement que le cri de douleur ou de rage, sans explication et sans excuses. Elle existe ou n’existe pas, peu importe au fond. Et c’est la raison pour laquelle :
la langue est jouée (et même empruntée) pour se moquer non pas d’elle-même, mais de soi, de la voix qui se propose de se mêler aux concerts donnés sur la place publique. Une femme-orchestre fait irruption dans une formation symphonique juste pour faire chier le monde. Il est évident que cet exercice du spectacle provoque d’autres histoires moins jouissives sur le plan de la satire ou plus méthodiquement de la critique. Cette langue ne croit pas, n’est pas faite pour croire, ni pour prouver d’ailleurs ou seulement pour chercher à le faire.
Strip-tease : nul doute que LUCE prend plaisir à pratiquer cette version nocturne de l’autofiction à la mode. La femme (pas toutes les femmes !) y traîne son homme « pour lui donner des idées ». Car le pauvre semble en manquer au moment de devenir la femme de sa femme. Là encore, LUCE joue avec les mots et, à défaut de leurs sens qui lui échappent, avec ce qu’ils contiennent de détails imités de l’existence la plus sommaire qui soit. Qui n’a pas senti, ou rêvé, que la folie arrive le lendemain ? Cette question est au cœur de ce qui n’est pas la pensée de LUCE, mais sa manière d’être. Cernée par Pierre Vlélo et Patrick Cintas dans le cadre de son roman Phénomérides, elle tourne les pages de ce qui pourrait être un journal de bord, un blog comme on dit aujourd’hui. Indifférente aux implications littéraires trouvées chez elle par l’un et aux hypothèses narratives que l’autre lui attribue sans trop savoir de quoi il retourne ni ce qu’elle est vraiment une fois dépouillée de ses ornements.
L’œuvre est encore limitée. Trois ouvrages à lire, c’est une sinécure. De quoi passer un moment avec une auteure qui clame tous les jours son innocence dans autant d’affaires, sentimentales et professionnelles, qui la définissent peut-être mieux que son œuvre. Mais elle se cache derrière un pseudonyme, ce qui ne rend pas facile la tâche d’en savoir plus sur les sources exactes de son inspiration.
Cher exégète (Patrick Cintas) par LUCE
Avec vous (je le sais pour avoir travaillé avec vous à ma Pornocacographie et à Phénomérides — titres que j’emprunte à vos vers), il n’est jamais question de se laisser embarquer dans les justifications qui patchent les défauts de la cuirasse textuelle. Je me suis fait tirer dessus, mais pas au point de nécessiter des soins. Il est vrai que, comme vous le soulignez, j’en suis encore à l’ébauche de ce qui voudrait, pourrait devenir une œuvre — un concept qui vous tient à cœur et que vous ne dédaignez pas de partager si l’occasion se présente. Mes « trois bouquins » vous paraissent d’ores et déjà constituer une bonne base et en effet, c’est une sinécure ! L’hypothèse est donc que la suite de mes travaux compliquera au moins un peu mon entreprise que vous qualifiez de littéraire — non sans tergiverser d’ailleurs. Je vous rassure en vous confirmant que mon prochain ouvrage est en route. Par contre, comme il s’agit de vacances sabbatiques, je ne peux absolument pas vous donner une date d’achèvement ni vous promettre d’en finir avec lui. Je ne cultive aucune ambition, trop consciente des limites que m’imposent ma connaissance du terrain littéraire et la portée de mon savoir-faire en l’occurrence.
Mais la thématique que vous pensez déceler dans mes livres est-elle si significative que ça ?
En jetant un œil sur cette succession de termes porteurs, je n’y rencontre rien que de banal au fond :
voyage/ femme/ poésie/ langue/ strip-tease
Contrairement à vos espérances à l’égard de mon devenir d’auteure, je n’ai jamais suivi pareil chemin ! Pour couronner le tout, vous le bornez dans un ordre qu’il ne vous vient pas à l’esprit de discuter. Vous décrivez un itinéraire que je n’ai jamais emprunté.
Certes, libre à vous, comme à tout lecteur qui s’invite, de vous jeter à l’eau de mes écrits dans la tenue qui convient à votre imagination.
Mais je n’ai pas l’impression (avez-vous dit le contraire ?) de cheminer ou de voguer dans un sens ou dans l’autre, voire en rond pour titiller l’intelligence des empêcheurs qui habitent en étrangers la géographie incertaine de la RALM. Je me vois enfermée, comme tout le monde : je n’ai pas le choix et c’est cette calamité qui s’attache depuis toujours à ma famille. L’ensemble (vous aimez ça, les ensembles) ne se décrit pas comme l’abracadabra qui donne forme et progrès à ce qui ne possède ni l’un ni l’autre. Je veux bien croire qu’il se dégage de tout ça une… atmosphère, mais comme dans un film — pas comme dans un roman aux tapisseries poétiques.
Pourtant, je n’écris pas un livre, un seul, dont les fragments seraient chargés de structurer l’idée d’ensemble. Toute cette histoire (la mienne si vous voulez) n’a ni queue ni tête. Des queues, en pagaille ! Mais les têtes, c’est par terre qu’on les ramasse…
Les « sommes » me paraissent aussi vaine que les structures. Je ne dis pas que ces lieux de mise en ligne sont des poubelles que l’on peut fouiller quand tout le monde dort, mais je ne me suis pas proposée, moi qui connais la nuit, pour finir sur une table de dissection en vue d’une leçon d’anatomie. Je préfère, et de loin ! la voix.
La mienne n’a pas l’apparence trompeuse de mes formes corporelles, aussi me passerai-je d’en donner le spectacle. Mais c’est elle que j’entends quand je me relis. Sans autosatisfaction ni ambition mal placée. Les analyses verbales s’adressent à l’esprit, pas à ce qu’il sait faire quand il se tait. Il n’est donc pas utile ni urgent d’en rajouter, de coller d’autres mots à ceux qui ne demandent qu’à être dits.
Cher exégète... par LUCE
Je crains de m’être mal fait comprendre (si j’en juge par un récent courrier d’un de nos lecteurs).
Évidemment : si je ne me vois pas cadavérisée sur la table en question, c’est à table que je veux me mettre. Je suis d’accord avec vous : sans une bonne explication à la clé (car sinon comment ouvrir la porte ?), l’œuvre (ou ensemble comme vous dites) risque le feuilletage ou (comme vous dites) l’effeuillage. Se retrouver dans la « situation de l’arbre en automne » n’est pas digne d’une sinécure ou en tout cas de sa conclusion pré-hivernale. Les passants foulant ces sols « jonchés » à la recherche de champignons comestibles ont l’air de se ficher de l’unité au profit de l’élément.
Je m’explique : votre souci de projeter sur le mur éditorial l’ombre de l’ensemble, créant ainsi un nouveau récit auquel je croyais échapper (pourquoi ?), n’a pas l’air, mine de rien, de détourner l’attention du passant au profit du texte dans son ampleur. Au contraire, il en découvre des fragments à la pointe de son bâton, et voici que certains d’entre eux lui paraissent dignes de s’intituler poèmes. On voit naître alors un recueil. Et il en est l’auteur, comme le chaland des rayonnages qui remplit son chariot. C’est ainsi que va le monde aujourd’hui et, comme vous le disiez autour d’un verre, cette culture de l’élément au détriment de l’œuvre (ensemble) est inévitable. Du coup, votre personnalité autotélique (je vous connais bien) n’y voit pas inconvénient ni malice de la part de ce marché qui s’impose au glaneur comme à l’indifférent.
Pourtant, vous n’êtes pas aussi satisfait que vous le conseille votre cœur. Et vous persistez à interposer cette idée d’unité comme seul récit capable de figurer son auteur (excusez les italiques mais je n’en manque pas). Je comprends mieux maintenant…
Le passant, en termes clairs, ne déconstruit pas : il choisit en passant, selon la technique du puzzle qui consiste à emboîter la prochaine pièce ou à la rejeter en marge, quitte à l’oublier si le temps se fait long. L’impatience lui sert de hâte. Se soucie-t-il de sa propre unité ? Ou de son apparence ? Ou du paroxysme recherché selon des rituels appris dans les réseaux ? Il y a un monde entre lui et moi : entre l’ensemble narratif que je suis et sa propriété hétéroclite où mes morceaux trouvent sans doute à s’emboîter avec les débris choisis d’autres ouvrages de l’esprit.
Les questions de savoir, comme vous le souligniez lors de notre dernière rencontre, ce que je suis et ce que je possède passent au second plan : me voilà tourneboulée, pour ne pas dire pochardée (ennuyée), par cette obsession nouvelle pour moi à l’heure de paraître : Que pense-t-on de moi ? Ou plus exactement dit : Qu’est-ce que je représente à leurs yeux ? — Vous avez noté que le « il », en passant par le « on », s’est multiplié… comme les champignons de son (leur) mycélium.
Certes, je ne prétends pas vendre du voyage, de la femme, de la poésie, de la langue, ni du strip-tease.
Mais c’est pourtant (et sur ce point vous avez vu juste) ce que je fais, pire : ce que j’entreprends en cédant à la tentation de paraître. Je suis allée un peu vite en confondant l’exégèse et l’anatomie. Souvent (ou toujours) se présenter nu sur la scène épargne à cet auteur d’autres spectacles plus proches de sa nature. Il fait son numéro et (applaudissements ou pas) il retourne dans son enfer, heu : dans les coulisses du théâtre prêté par une âme généreuse. Là, il revient à ses moutons : sa sécurité de l’emploi ou son chômage, entre autres choix ou aléas. Cette exposition des surfaces doit finir aussi par lasser, après que la tentative d’exégèse ait contrarié le confort intérieur auquel on s’était promis de se tenir coûte que coûte.