DIEU, comme au coquillage
où mon oreille absorbe l’éternité sonore
de la vague dans le corps abandonné d’une algue.
DIEU, et comme au creux de la main,
la respiration lointaine et la mémoire alambiquée
de ceux dont les reliques sont ici.
DIEU, grand reliquaire du désespoir,
Dieu fourmilière,
Dieu termitière,
Dieu ruche,
Dieu collecteur de prépuces,
Dieu bon et miséricordieux,
Dieu sturm und drang,
Dieu du fond de la nuit,
Dieu des voyages,
Dieu des tombes,
Dieu : la terre est une autre relique.
Dieu : l’air est encore une relique.
Dieu, et l’eau, et le feu.
Dieu des bons et des méchants sur cette terre
où je me sens unique parce que je suis solitaire
ou parce que j’ai un nom.
Dieu du sacré et de l’écrit sur cette terre
où je cultive le pouvoir et l’argent.
Dieu,
avec la guerre,
avec la douleur,
avec la mort,
avec la maladie,
avec l’infirmité,
avec la vieillesse,
Dieu aux quatre portes de l’univers et de la ville,
comme l’algue et la vague.
Dieu, et la mémoire alambiquée
de ceux dont les reliques sont ici,
sans nom, sans fleurs, sans visiteur, sans amour.
Dieu, ce sont les reliques des compagnons d’enfer,
un à un,
ou deux par deux,
ayant tous accepté la nécessité du secret,
avec quoi se meurt l’enthousiasme d’abord supposé.
Immédiatement après les jours,
les quatre portes du prince
qui sut si bien s’expliquer sur les raisons de son acte.