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Article publié le 9 janvier 2007. oOo Par longues saccades le temple de la consommation s’efforce de vomir ses sujets hors de la lumière impérieuse et cruelle qui les a baignés tout le jour. Des sonneries stridulantes trouent le vacarme sirupeux qui coule des haut-parleurs. La grand messe de la consommation se termine, mais la populace obstinée et avide s’étire encore dans les allées, glanant ci et là, à la hâte quelques trésors inutiles tout en se dirigeant à regret vers les caisses enregistreuses... Chavirante, branlante et claudicante elle apparaît au détour d’une gondole et oscille vers moi en traînant ses pieds savatés et incertains. Son sourire ouvert la précède. Sa bouche semble trop étroite pour contenir une langue qui s’impatiente en une danse incompréhensible et baveuse. Sa mise est étrange, mais je suis d’emblée happée par l’innocence de son regard. Oh l’ingénuité des petites âmes qui étouffent dans des corps impensables.... Elle vient, me toise, me sourit encore plus largement au point que s’échappe un filet de bave le long de son menton. Elle semble éblouie, heureuse comme un matin de Noël. Elle s’agrippe à mon chariot comme si elle touchait enfin la terre promise, me regarde encore avec une sorte de vénération joyeuse. Elle pose la main sur mon bras, la glisse vers ma main et serre mon annulaire, celui qui arbore une bague en plastique rouge et bleu, pacotille d’été sans importance... Elle dit : « c’est beau ». Elle est rêveuse, conquise et sereine. Et nous nous dirigeons toutes deux vers l’allée centrale où la récupère la gardienne qui l’avait emmenée faire des courses et l’avait égarée... Juin 06 |
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