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Le consentement
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 Article publié le 25 février 2018.

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Un bien-être soudain, une décision heureuse, un bonheur en suite de quoi.

Peut-être plane sur toutes les lignes croisées-décroisées, entrecroisées ou parallèles. Peut-être est une réelle puissance qui suspend la puissance, la sous-tend, maintient vive la flamme promise dans la braise du possible.

La philosophie toute entière pose la question irrésolue du consentement à philosopher. Tout se passe dans l’espace clos du texte et de l’œuvre entière comme si tout était acquis-en cours d’acquisition : effort et constance, patience des jours, lente maturation des pensées stimulantes qui entraînent dans des dédales sans fin, la seule issue étant, pour le nomade, la continuité du voyage, son infini prolongement.

L’acquis - les connaissances acquises et les pensées gagnées sur l’absence de pensée -est en constante évolution, un dynamisme interne est à l’œuvre qu’alimentent le cours de l’histoire intime, personnelle et les aléas historiques qu’on nomme actualité.

Qui ne dit mot consent, dit-on. Qui ne philosophe pas en reste aux illusions de la grande machinerie platonicienne mis en place à Athènes et continuée-transformée par l’avatar chrétien multiforme.

Ceci pour ce qui longtemps concerna ce qu’il est convenu d’appeler l’occident. D’autres traditions proches ou lointaines dans l’espace et le temps se surajoutent, disons depuis les décolonisations, à la complexité d’un débat séculaire.

Des voix se font entendre qui remettent en cause et la tradition occidentale et sa contestation interne initiée par Nietzsche, elle sont explicitement religieuses sur le fond et la forme. Avec elles, point de discussion possible : elles appartiennent à l’ancien monde et elles nous menacent physiquement.

L’ennemi n’est dont plus seulement la tradition platonienne et chrétienne qui nous a rendu malades, mais des forces extérieures qui nous rabattent sur le monothéisme moutonnier de l’Islam politique ou sur des traditions nationales polythéistes respectables mais par essence abstruses et étrangères à notre sensibilité.

Si les forces en présence s’affrontaient seulement sur le terrain des idées, cela serait stimulant et fort enrichissant, mais l’Islam politique veut la puissance, l’hégémonie, la suprématie totale sur les corps et les esprits. C’est tout à fait inacceptable et à combattre fermement sur tous les fronts : philosophiques, journalistiques, politiques et militaires

Deux fleuves alimentés par d’innombrables affluents ont convergé, sans qu’il soit possible de distinguer nettement leurs eaux, même si le grand courant qui en résulta affirme le monothéisme au détriment du polythéisme grec, celtique et germanique, étouffe l’idée démocratique pour des siècles et des siècles au profit d’une théocratie déléguée : le souverain de droit divin soutenu par l’église catholique que le souverain soutient.

Vielles histoires des monarchies mérovingiennes, carolingiennes, anglaises et scandinaves pour en rester à mes ères et aires de prédilection.

Ecoutant un philosophe avec beaucoup d’intérêt, j’entends toutes les nuances de sa pensée, lorsqu’il commente le Gai Savoir de Nietzsche. J’entends ses analyses et j’adhère à sa pensée, j’y retrouve le Nietzsche que j’aime, dont les formules m’ont frappé, m’ont donné à réfléchir, ont infléchi ma réflexion vers des pentes à remonter que je ne soupçonnais pas. Idéalement, si chacun consentait à lire Nietzsche, j’ai l’impression que le monde serait meilleur, seulement voilà la philosophie ne sort pas des cercles philosophiques.

Nous sommes devant un paradoxe : platonisme et christianisme, philosophie et religion ont imprégné et formaté toutes nos pensées, l’on peut donc affirmer que la philosophie informe les actes et les actions de tout un chacun depuis des siècles, que les non-philosophes, à défaut de philosopher, acceptent des schèmes dont ils ignorent souvent jusqu’à la provenance.

Ceci donc : la philosophie a eu et a toujours un réel impact, historiquement constatable, très profond et pérenne, mais dans le même temps toute philosophie qui propose une rupture avec la tradition platonicienne et chrétienne laisse indifférent le grand nombre.

Question de diffusion des savoirs et des pratiques philosophiques, certes, mais pas que. La résistance provient des institutions qui n’ont aucun intérêt à la diffusion de la pensée initiée par Nietzsche, même si elles concèden une marge de manœuvre à quelques universitaires qu’elles stipendient.

On peut supposer qu’une large diffusion de la pensée nietzschéenne n’aurait pas l’effet escompté, car les résistances sont de plusieurs ordres : indifférence et inculture des uns, effroi des autres attachés à leurs valeurs chrétiennes et sans doute aussi constitution d’une sclolastiquenietzchéenne fort dommageable au dynamisme intrinsèque d’une philosophie vivante qui appelle la contradiction.

Aux hommes et aux femmes de bonne volonté, je me contenterais de dire : n’ayez pas peur de tenter l’aventure du grand large, la traversée sera rude, les déceptions nombreuses, les calmes plats innombrables, mais au moins vous aurez voyagé.

Consentir à philosopher n’a rien d’une sinécure. On n’a rien sans rien !

 

Jean-Michel Guyot

12 février 2018

 

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