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De haute stature
Presque une statue
Hiératique et conventionnelle
Au fin sourire tourné vers l’intérieur
Tandis que les yeux scrutent intensément le monde
Au bout du bout de l’escalier
Une lourde porte de chêne
Donne sur une seule et unique chambre
Logée dans le cerveau qui chante nuit et jour
Fatal fanal pavoisé de fanions défraichis couleur de cendre
L’escalier a le plus souvent le vertige
Je le sais d’expérience
Hésite à porter son marcheur
Tâtonne fébrilement le long des hauts murs
De ce qui sembla longtemps n’être qu’unvieux donjon abandonné
Aux intempéries
Marches inégales polies par les ans
Un vrai casse-gueule
Ces marches
La chambre est nue, ne s’y tiennent
Qu’une grande tablée et deux rangées de bancs
Chopes d’étain et vaisselle en bois impeccablement disposées
Couteaux et cuillères cliquètent
Les agapes y font rage
Echansons et dapifers s’activent comme des fous
Pour des invités qui tardent à venir
-2-
A tout prix maintenir
La flamme
Déplaisante
Du venin plein les yeux
Le point de non-retour atteint depuis toujours
L’impossible escarpement
Le vol plané imposé
La figure de style délogée
Traînée dans les boues
Moquée, raillée, conspuée, honnie
Puis bannie
Libre comme l’air
Maintenant
Dans le feu
Du ciel
-3-
Pauvre masse amorphe contractée-tassée sur elle-même
Baille au ciel
Fumerolles jaunes et blanches stagnent dans l’air lourd
On la dirait prête à exploser à tout instant
On la sent avide de s’exposer au plus offrant
En coulées de lave rougeoyante
Si hâtivement solidifiée
Tels les vers de ce poète chagrin
Qui arpente ses pentes
A la recherche d’une paire de sandales
Encore chaudes
Une femme passa par là
A ce qu’on dit
Le fétiche ultime tarde à venir
Comme tout le reste ici
Ce n’est que cendre
Coulées de basalte
Noirceur impure
Vide de fleurs
Pauvre lieu
Jean-Michel Guyot
15 octobre 2017