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Article publié le 9 novembre 2006. oOo
L’œuvre de Florence Bachelier s’intègre dans la suite d’une voie d’évidence artistique de haute qualité ouverte dès l’époque de la tabula rasa dada par Paul Klee. A notre époque, où le grand problème de la peinture n’est plus lié au prétexte de l’image, mais à celui des espaces de signes en tant qu’ensemble esthétiquement qualifiés, l’œuvre de Florence Bachelier prend une place normale et particulière dans cette aventure de l’art actuel en ce qu’elle comporte de hautement essentiel. En Art, la grande aventure structurelle a été, plus que tout, l’importance qu’a prise l’espace par rapport à la forme : classiquement parlant la forme tri-dimensionnelle était pleine et l’espace vide. Or depuis longtemps la science savait que la forme n’était pas aussi pleine ni l’espace aussi vide que cela...et que la solution euclidienne était une belle convention à notre échelle, mais pas nécessairement la seule. L’Art ne pouvait pas rester dans les scléroses académiques. L’espace rayonnant de tourbillons de couleurs qui semblent jaillir des œuvres de Florence Bachelier n’est que l’expression d’un enthousiasme, d’une émotion individuelle non figurative, d’une fantastique proposition d’aventure des espaces en tant qu’ensemble esthétiquement qualifié. Elle peint la vie, le monde dans son mouvement le plus fantasque ; elle plonge à pleines mains dans l’univers des signes, des lignes, des farandoles, de la lumière et les réunit à sa manière avec une audace et une singulière poésie que seuls les farfadets se risqueraient à imiter. Pour elle, les espaces sont des ensembles disponibles, esthétiquement qualifiables et aventureusement excitants. Si le signe fixe artistiquement notre perception, ses ensembles de signes complexes et même hypercomplexes, demeurent clairement perceptibles et nous apportent la paix de la beauté. Dans une liberté multivalente , comme un magicien qui ferait apparaître dans un halo de clarté un ballet d’étoiles multicolores, elle réunit à enclore, à noyer, à immobiliser des poussières précieuses, des fils de fer, de cuivre, et autres éléments des plus insolites. Elle y incruste ses fleurs de nacre, ses broderies de métal, ses guirlandes ajourées. Il n’y aura pas une seule arabesque de ses pensées qu’elle ne tente d’exécuter Si Florence Bachelier s’inscrit dans l’Abstraction lyrique, elle nous donne aussi cette impression, éprouvée en rêve, des choses à la fois connues et aperçues pour la première fois. On a besoin de nouveau Aladin comme Florence Bachelier pour nous emporter vers la lumière à travers le chaos du monde actuel, en nous dévoilant les beautés des bonheurs oubliés. Elle peint, elle colle avec volonté d’incorporer l’imaginaire dans le réel. Sa peinture appelle l’aventure ; elle s’amuse à décliner les mouvements et nous nous laissons entraîner vers de nouveaux rivages. Tout est question de plaisir, grâce à une palette de couleurs éclatantes depuis longtemps disparue du monde de l’art. Elle réconcilie le public avec l’art ; elle est l’exemple de formes, de lignes et de couleurs qui s’harmonisent à l’ordre de la nature. La plus haute classe, dans l’aventure artistique lui est possiblement accessible, et dans ce sens Florence Bachelier est déjà très loin. Suivons donc, en amateur d’art, ses envoûtantes propositions. Nelly Chadirat |
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