Furtive, cette femme endeuillée à la figure appuyée que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, et tout de noir dévêtue.
Bas noirs, jarretelles et guêpière violette lui font de l’effet, à elle la superlative qui ose s’avancer dans le matin calme, pieds nus sur les chaumes, une ombrelle fermée dans sa main gauche, tandis que la droite folâtre, pianote dans le vide comme à la recherche d’une mélodie naguère entendue.
La musique inaudible poursuit ses saccages, défriche l’aube riante, absorbe ce petit coin d’univers qui verse dans les rythmes ternaires.
Prélude à l’après-midi d’un faune.
La nudité obtuse du soleil à l’aube révèle ses parures perverses, en font cette tache noire qui déambule. Je suis si loin de l’atteindre, et l’attendre ne conduirait qu’au désastre.
Nonchalance oblige.
Ses chairs roses n’appartiennent qu’à elle, pas même le soleil à son zénith n’en dispose.
Ainsi vaque-t-elle presque nue, divagante et solitaire sous une pluie de rayons jaunes.
Et poudroie en elle le souvenir ailé qui la ramène aux rives heureuses.
Jean-Michel Guyot
11 juillet 2017