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Article publié le 25 juin 2017. oOo Il est des auteurs qui savent parler de leur œuvre. De leur travail. De leur littérature. Certains sont même beaucoup plus éclairés que la critique, les exégètes, les lecteurs. L’un des axes de la modernité, c’est la conscience de son travail. L’auteur est capable d’avancer sinon des données rationnelles du moins un sens élaboré sur ce qu’il est en train de faire. Louis-Ferdinand Céline est de ceux-là. Il sait que sa prose, composée de différentes registres de langue, de multiples rythmes - développements, synthèses, fulgurances … - , touche le lecteur dans son intimité, quitte à le déstabiliser totalement. Il sait que sa prose est novatrice et en parle avec ses mots. Consciemment. Mais il ne dit pas tout … Car l’auteur novateur ne peut tout expliquer puisque son œuvre est en cours, puisque la recherche de ses formes narratives le conduit vers une direction qui ne porte pas de nom et dont le sens est sans cesse projeté. En avant. L’explication, le sens sur l’œuvre s’arrêtent donc à un certain niveau, c’est ce qu’Alain Robbe-Grillet évoque à juste titre. Conscient, ainsi, d’un certain nombre de choses sur son travail - le style, la prosodie, les obsessions fantasmatiques, le sado-érotisme … - , il sait en parler avec pédagogie de surcroît, sur tous les continents … étant reconnu plutôt comme un philosophe, d’ailleurs. Pourquoi pas ? Il en est de même pour mon œuvre en cours. Je peux dire un certain nombre de choses sur le fond, la forme, sur l’essence et l’évolution de la nouvelle, sur l’identité de la nouvelle abstraite que je suis en train d’inventer … sur la littérature, bien sûr … Mais au-delà, c’est le lecteur curieux, le lecteur dynamique, le lecteur amateur qui prolongera le sens ou les données, les repères, pour compléter, accroître … ou révéler. Ainsi, il y aurait deux sortes d’écrivains : les conscients et les autres. Les premiers étant d’une part le reflet de la modernité, d’autre part d’une élévation prochaine des consciences. C’est du moins ce qu’il me semble, là, maintenant, au moment où je termine cet essai … |
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