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Article publié le 30 avril 2017. oOo On creuse des trous au bas de l’immeuble. On ne reconnait pas l’asphalte que l’on regardait penché à la fenêtre. La fenêtre est ouverte comme un bâillement devant cette urbaine et laborieuse éventration qui donne un air plus désolé à l’avenue. On change les anciennes canalisations de gaz de ville ou d’eau ou peut-être des deux. Celui qui s’est penché à la fenêtre pense à écrire une prose évoquant cette action et le chantier d’activité qui est le sien en se creusant la tête à pelletées de mots. Les hommes sont casqués de jaune et parlent haut comme d’une tribune en bas de son immeuble. Le chantier silencieux du quatrième étage bruisse sans un son accoudé au soleil à la barre d’appui de sa fenêtre où parle fort un géranium. De gros engins perturbent de leurs ronflements et des chocs saccadés des lourdes pelleteuses cette activité délicate qu’on nomme un peu naïvement inspiration. Et le crépitement du clavier bien plus tard percera cet asphalte intime et encombré de travailleurs casqués du soleil échotier d’une émeute sans leurre.
Cette cohue entre, part, avec le manche, à l’épaule, de la pioche et de la pelle : or, elle invite, en sa faveur, les émotions de derrière la tête et force à procéder, directement, d’idées dont on se dit c’est de la littérature ! Stéphane Mallarmé |
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