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Article publié le 23 avril 2017. oOo Parfois des livres reviennent et entrent sans frapper. Les étagères les retiennent par les dos mais c’est en vain. L’un d’eux laissé pour compte me surprit un jour pour m’annoncer son intention de se donner une seconde chance. Je l’ouvris et le lu comme on fait sa b a et je fus très surpris de mon indifférence de jadis et même de mon jugement. Il me revient que ce ne fut indifférence mais bien un rejet comme on dit pur et simple. Aujourd’hui il s’est bien vengé car sa lecture m’a appris que mon moi actuel n’est pas le moi qui fut si critique avec lui. Depuis je fais serment de ne pas m’étonner si un jour de nouveau il me tombe des mains. Il en est qui depuis la première lecture ne m’ont pas quitté : Pantagruel Tristam Moby Dick Don Quichotte et bien sûr quelques autres. Quel moi de tous ces moi est resté inchangé ou du moins a gardé une certaine part d’immuabilité ? Faire le compte des livres qui m’ont chût des mains serait l’affaire de ce moi actuel qui les a oubliés parce qu’il a aussi oublié l’autre moi dont ne subsiste que l’imprécis souvenir mal imprimé sur le mauvais papier couleur sépia du temps.
Chaque auteur contient quelque chose que je n’eusse jamais voulu écrire. Et moi-même. Paul Valéry |
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