Babelin est né,
Comme tout le monde,
Un jour ou une nuit.
Sa mère a crié
Comme toutes les mères
Qui ne dorment pas
Au moment de donner
La nuit et le jour.
La clinique était sombre
A cause
D’une panne d’électricité,
D’un orage
Et de la malchance.
Quelqu’un mourut ce jour-là
Ou cette nuit.
Femme ou enfant,
Quelqu’un cessa
De vivre.
Et Babelin poussa un cri
Qui prouvait
Qu’il avait envie
De vivre.
Le cadavre traversa
Le long couloir
Vers la porte
De sortie.
Et la lumière revint.
Babelin était gris.
Sa mère épouvantée
Poussa un autre cri.
Et Babelin surpris
Avala sa salive
Pour la première fois.
Elle avait un goût
De fraise trop mûre,
Mais Babelin ignorait tout
De la fraise.
Il en savait un peu plus
Sur le goût des choses
Qui arrivent à cheval
Sur le cri de la mère.