Je suis l’élixir d’éloquence
Qui s’insinue dans tes cris

De tes cris, la musique prend l’essor
Qui bat dans les lames de ton cœur océanique

Le rivage enregistre ton ressac,
En ressasse les sourds accords

Dans l’étroite mélodie du sel,
L’épaisse harmonie des ondes ductiles

Créant ainsi le parfait contre-chant du monde
En toi, en toi qui vaques dans les vagues à en mourir de plaisir

Alentour moutonne le ciel capricieux,
Dessus les mousses du vieux muret le givre étincelle

Au matin, dans les brumes, l’écureuil agile,
Ce follet des bois, saute de branche en branche

Hêtres et chênes pactisent dans la froidure,
Au lierre liés tous deux de toute éternité,

Tandis que sous les neiges percent les premières fleurs,
Tendres vigiles de ces taches de morilles apparues durant la nuit

Aromates des airs, épices des terres,
Folles herbes cornues et chênes centenaires,

Aïl des ours et myrtilliers hêtres et noisetiers,
Merisiers, viornes et sureaux, dans ce dédale

Quel ramage ! A l’orée du bois sacré pour moi,
Temple d’éloquence, surgit dans l’air sucré

Le souffle de tes seins qu’un rayon de lune lutine
J’édifie dans le froid le plus pur

La promesse faite aux rives, jette l’ancre dans l’épaisse fournaise,
Balbutie en rythmes multiples la scolie serpentine

S’impose alors à nous la parole tordue du vin
Qu’à tort l’abstème dit retorse,

Le pur élixir monte à la gorge,
Entame sa marche goulue dans les rires étranglés

A gorges déployées l’amour sans fard
Et enflent les poitrines sous la houle des paroles délicieuses

Doucement, je pose ma main sur le triangle velu de ton sexe,
Entame l’entame voyageuse

Mais rien d’amer dans cette mouvance heureuse,
Des vagues, une à une, monte la béance qui disperse

Jean-Michel Guyot
17 décembre 2015