DECONSTRUCTION

Chante le poète
Dans un grand ululement

Au milieu des boums boums
Mal à l’âme que la parole
Proclame la base

Mais la nuit ajoute sa cuillère
De plaintes

Le poète doit embrasser le cri
Dans le paroxysme du silence

A l’idée d’y mettre de l’ordre
Les reptiles prennent la fuite

& le mot est un sceau imprimé
au visage du blâme

& le chant rentre dans la bouche
comme autant de sifflets

ETOILES

Depuis toujours
L’aube éclaire
Le processus

Les étoiles
S’ensablent
Dire que la Poésie
Feint

Je cherche à mettre au jour
Ce qui n’est pas dit mais oublié

On prend le cheval pour une traversée
Arbitraire

Et la somme de paroles dans la bouche des
Bouches

C’est un chien qui
Tourne sur lui-même

Quand le théâtre
Plonge dans le ravin

Les demoiselles aiment à s’habiller
Pour l’hiver

La Poésie partagée
Par les humbles

LE FLACON DU TEMPS

Un moment où le soleil brise la glace et la nuit sépare les îlots de verdure entre les zones de construction

Un instant où l’homme rentré du travail coupe le bois imaginaire de son enfance et chante des chansons de geste

Un moment comme les autres où les enfants se retrouvent à veiller tard et à caresser des chiens placides

Un instant quand le jour n’est plus qu’une faible lueur d’été fragile quand le charbon de la cave se met à débouler

Un moment où tu parcours avec des yeux mouillés des vieilles photos jaunies comme papier peint de ton ennui

Un instant où tout vacille comme le parfum des jours dans le flacon du temps