La maison de mon père
Arrue l’a peinte
un matin de printemps
et Jammes l’a chantée
un soir de veillée
à une époque
que je n’ai pas connue
mais que personne
ni rien
n’effacera
de ma mémoire
La maison de mon père
demeurera
un tableau de peinture
sur le mur de ta maison
éternellement
Et au piano
j’interprèterai
un peu de Ravel
La nostalgie
une petite douleur intime
sous la chemise
la perspective
la lumière
l’orientation
et toute mon enfance
revient
avec ce que je n’ai pas possédé
mais qui demeure mien
parce que mon père
dure plus que les rois
et que la destruction
que les royaumes imposent
à ceux
- peuples et libertins -
qui ne reconnaissent pas les rois
La maison est peinte
par Arrue
et chantée
par Jammes
et je joue
du Ravel
sans tristesse
une petite douleur
mais je n’ai rien perdu
et j’ai plus d’avenir
que les rois
- Voilà comment j’explique
mon bonheur