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Cette grossesse...
[E-mail] Article publié le 28 février 2016. oOo Obtenu avec OHOH - Site [TELEVISION] cette grossesse. Il demanda des explications. Elle mentit. Elle avait passé ces neuf mois dans sa famille. Neuf ? dit-il en se frottant le menton. Il examina l’enfant qui toussait. Il le trouvait beau. Il provoqua des sourires. Elle eut peur encore, peur qu’il ne se doutât de quelque chose et elle s’embrouilla dans une explication qu’il n’avait pas recherchée. Elle en savait plus maintenant sur la sexualité et sur la reproduction. À Paris, elle était entrée dans une librairie universitaire et elle avait acheté tous les livres qui lui avaient paru susceptibles d’augmenter son savoir. Elle lisait en cachette. Il l’aurait tuée sinon. On pardonne toujours à l’homme offensé. Elle donnait le sein à l’enfant comme elle l’avait donné aux filles mais une nourrice la relayait. Il payait la nourrice sans songer à lui demander ce qu’un peu d’imagination lui aurait inspiré. Ses érections étaient foudroyantes. Il l’inondait. Il lui demanda même de se laisser aller au plaisir. Elle gémissait comme s’il la torturait doucement. Il donna son nom à ce premier fils. Elle détesta cette confusion mais c’était une tradition familiale. La famille se réunit plusieurs fois autour de cet héritier. Il n’avait pas douté un seul instant que ce fût son fils. Ensemble, ils avaient acheté la première fille. Ils avaient pensé à une fille pour ne pas attirer les soupçons. Elle ne s’était pas révoltée contre cette complicité obligatoire. Il avait inventé la scène du sein et l’apparition de la nourrice. Il était l’inventeur de ce mensonge. Jamais elle ne lui inspira une idée capable d’améliorer la crédibilité de toutes les scènes qu’elle jouait pour ne pas devenir la victime. Ils achetèrent une seconde fille. Elle ne comprit pas pourquoi il fallait que ce fût encore une fille. Il se déplaça lui-même et revint avec l’enfant. Il convoqua un sorcier qui s’exprima toute une nuit sur le corps immobile de l’enfant. Au matin, l’odeur des fumigènes devint étourdissante. On ouvrit toutes les fenêtres. On avait peut-être manqué de discrétion. Elle eut honte pendant plusieurs jours puis il lui parla d’un fils. Il voulait aller au bout de cette logique. Il avait l’air d’un fou quand il était seul avec elle. Il l’obligeait à dormir nue et elle se souvenait des planches anatomiques. Où as-tu caché ces livres ? lui demandait-il en rêve et la tapisserie de la chambre s’effondrait pour livrer le passage à un nombre incalculable de livres taxés aussitôt d’obscénité. Elle se réveillait. Il lui demandait pourquoi son sommeil était si agité. Elle n’avait rien à se reprocher, continuait-il. Devant Dieu, il prendrait toute la responsabilité de ce mensonge destiné à l’humanité. Ils allèrent à Cordoue. Ce n’était pas leur premier voyage. Elle connaissait Alexandrie et Athènes. Il y avait ce moment suprême où la terre disparaissait. La mer était toujours agitée, avec ses petites déchirures d’affiche, ses bleus |
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