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Comment on devient premier ministre
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 Article publié le 24 janvier 2016.

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Vous n’allez pas me croire,
Mais j’ai rencontré
Le président de la République.
Ah je ne m’y attendais pas !
J’étais dans mon bouiboui
En train de me morfondre
Et voilà ce sacré pantin articulé
Qui entre sans frapper !
Je me redresse d’un coup,
Je commence à pleurer,
Je sors mon mouchoir…
Il entre encore un peu
Et allume une cigarette
Sans m’en offrir une.
Il a l’air content d’entrer chez moi.
Il prend la parole :
« Tu sais, Renaud. Je t’aime.
Mais celui que j’aime le plus
Est mon premier ministre.
Ah j’en aurais rêvé
Que j’y aurais pas cru !
Trouver un pareil… sans nom
N’est pas donné à tout le monde.
Il se bat, il bat, il grogne,
Pète, chie, mange sa merde…
Il fait tout ce que je veux
Et en plus il travaille pour lui.
C’est ce qu’on appelle servir la patrie.
C’est chouette, hein ? de trouver
Quelqu’un d’aussi serviable ?
Mais voilà que maintenant
Que je te connais,
Cher Renaud,
J’en veux plus de ce larbin à la con !
Si tu n’as rien à faire,
Deviens mon premier ministre.

— Ah ça par exemple,
Monsieur le Pré… le Président !
Si je m’attendais à trouver du boulot
Sans même avoir cherché !
Les promesses c’est bien,
Mais à force d’attendre,
Je n’attendais plus !

— Et bien serre-moi la main, ami !
Et laisse-moi te montrer le chemin
Du mérite national.
Ça te plaît-il d’être premier ministre ?

— Et l’autre… on en fait quoi… ?

— C’est le côté obscur de la manœuvre…

— Me dites pas que je dois le tuer !
C’est beaucoup plus grave de tuer un immigré
Que de ne pas le tuer !
Ah je sais pas si je vais accepter…

— Il est déjà mort, couillon !
Tu ne le tueras donc point.
Mais tu diras que c’est toi…

— Ah mais c’est que non je ne peux pas
M’accuser d’un crime commis
Par le chef de l’État en personne !

— Mais je n’ai tué personne, gros bêta !

— Mais alors…

— Et oui ! Il s’est suicidé.
Tu ne risques donc pas
Qu’on te croie sur parole
Quand tu avoueras
Ce crime contre la personne
Du premier ministre
De notre chère patrie.

— Oui mais alors…
Si on ne me croit pas,
On va me prendre pour un fou…

— C’est comme ça
Que ça a commencé
Pour ton prédécesseur… »

Je ne savais plus quoi dire.
Le président de la République
En savait plus que moi
Au sujet de la mort
Des premiers ministres
De notre chère patrie
De chômeurs et de profiteurs.
Je ne suis pas devenu premier ministre.
Je suis mort avant
D’un accident du travail au chômage.
La vie continue
Et je n’y suis pour rien.
Alors continuons, ô Patrie bien aimée !

 

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