Devant la vitrine de confection s’arrête une femme. Au dessus au fronton de la boutique on lit : « La femme moderne ». La femme regarde et devient si moderne qu’elle entre dans la boutique où les astres scintillent. Ses cheveux de comète ajoutent leur blondeur à la constellation de prix et d’étiquettes. Son esprit file à toute allure sur les choses qui soulèvent une poussière de tissus multicolores et taillés en guêpier. C’est un bourdonnement dans les yeux de la femme qui ne sait pas sur quelle planète atterrir. Son tour de taille virevolte dans sa jolie cervelle qui s’échantillonne. Elle jette son dévolu sur un foulard aux motifs corinthiens qu’elle enroule aussitôt autour de son cou. Se regarde dans le miroir qui la regarde en pensant oh oui c’est vraiment çà. C’est ce que je préfère. Elle paye à la caisse et sort de la boutique. Et quand elle en sortît elle y rentra. On se dit bon elle sort et quand elle sort la femme rentre. Bon. Elle est dehors vêtue en moderne avec du corinthien sur sa gorge moderne comme une Vénus. Elle est à son zénith et croise son reflet dans la carrosserie d’un modèle récent de coupé bleu azur qui arbore à sa proue un Mercure dansant. 

la mode, entrouvrant les rideaux se montre, subitement à nous, métamorphosée, neuve, future ;

Mallarmé