pour LUCE
Les slips de flics,
C’est dur
Parce qu’ils sont rarement lavés.
Les slips de poètes,
C’est mou.
Ça se lave en machine
Ou à la main,
Ça dépend de l’inspiration
Et des compromis.
On trouve des slips
Dans toutes les bonnes rues
De la culture.
Je ne sais pas
Quels sont les plus recherchés.
Ceux que les flics égarent
Dans le feu de l’action.
Ou ceux que les poètes
Ne quittent pas
De peur d’être jugés.
Je ne les ramasse pas
Quand j’en trouve.
Je ne suis pas un amateur de slips.
Les slips de flics sont seuls.
On les reconnaît d’abord
A leur solitude
Sur le trottoir.
Les slips de poètes,
Il faut les arracher.
Ça se déchire facilement.
Il paraît que ça fait mal.
Il semble que le poète,
À force de se chier dessus
Dans les grandes circonstances,
Crée en quelque sorte
Un lien entre son cul
Et le slip.
Je ne sais pas si c’est ça,
La poésie,
Mais je n’ai pas vraiment envie
D’y mettre la main.
Que le poète garde son slip.
Et que le flic le perde.
C’est tout ce que je souhaite
A cette société de mythomanes.