LES MOTS SONT LACHES
Détalez rhapsodes
Je crains pour vos odes
Les mots sont lâchés
Diseurs d’horoscopes
La Misère écope
De tous les péchés
Semeurs d’émeraudes
Des troupes maraudent
Les mots sont lâchés
Vrilles coins tenailles
Ces gueux dépenaillent
Fêtes et marchés
Fuyez mandolines
Gagnez les collines
Les mots sont lâchés
Que les roux troubades
Ne trouent vos aubades
Dans les bois hachés
Dans les houles blondes
Sur l’irascible onde
Les mots sont lâchés
Moulins et navires
Impuissants chavirent
Sous des ciels fâchés
Les jardins se plombent
Comme des colombes
Les mots sont lâchés
Notre joie fut brève
Nos habits de rêve
De sang sont tachés
A mort Feu Qui-vive
Camps charniers chaux vive
Les mots sont lâchés
L’Oiseau qui reprise
Nos rengaines grises
Où s’est-il niché
Garçonnets fillettes
A la gribouillette
Les mots sont lâchés
Cessez vos querelles
Laissez vos marelles
Et vos chats perchés
Un poète muse
Au bras de sa muse
Les mots sont lâchés
Ils hantent mes sommes
Mon amour nous sommes
Leur portrait craché
L’automne délabre
Mon arbre à palabres
Les mots sont lâchés
Ma mie fais-toi belle
Pour ton vieux rebelle
Use ta psyché
Verse guitariste
Une valse triste
Les mots sont lâchés
Enfant de la balle
Ta musique emballe
Les coeurs ébréchés
Une voix touchante
Toute la rue chante
Les mots sont lâchés
Unpierrot lunaire
Piètre violonaire
Prend des airs penchés
Sus aux videurs d’âmes
Aux joueurs de dames
Les mots sont lâchés
Spectateurs vous n’êtes
Plus des marionnettes
Les fils sont tranchés
1998