Si mes mots ne vous troublent pas
Qu’entrebâillez-vous vos persiennes
Voici ma troupe musicienne
Ivre de valse de samba
Voici pour chanter vos appas
Des vers mijotés à l’ancienne

Si mes mots ne vous touchent pas
Que m’intronisez-vous trouvère
Troubadour barde entre deux verres
Chantre à la fin de vos repas
Des pensées poussent sous mes pas
J’irai au bout de mon calvaire

Si mes mots ne vous mordent pas
Que me taxez-vous de cynique
Que caviardez-vous mes chroniques
Pour me pendre la tête en bas
Vous prétextez des beaux sabbats
De mes vieux pianos mécaniques

Si mes mots ne vous hantent pas
Debout repartez à la guerre
Fleur au fusil comme naguère
Morts aux pluches morts au combat
Sur vos tombes le tambour bat
Dans mes nuits un joueur d’orgue erre

Si mes mots ne vous gênent pas
Que débitez-vous des rosaires
Ces rengaines de la Misère
Que faites-vous mea culpa
Des grands crus et du bon tabac
Des harangues qui vous grisèrent

Si mes mots ne vous bercent pas
Que m’embarquez-vous pour Cythère
Ce n’est pas le bout de la terre
Vos manigances vos ébats
Dames tristes jusqu’au trépas
Gâchent mes flânes solitaires

Si mes mots ne t’émeuvent pas
Ô muse qui lave mes nippes
Dans la fontaine d’Aganippe
Qu’ôtes-tu ta chiffe et tes bas
Quand je reviens de mes noubas
Flanqué d’arrogantes guenipes

1998