La matrone, du temps de Rome, est avant tout une jeune femme qu’il faut songer à marier. Dans la domus, elle est proche de son père qui la protège. Et lui cherche un bon parti.
Au Sénat, à la Curie, c’est en quelque sorte une monnaie d’échange, les femmes de l’aristocratie faisant et défaisant les alliances. Les généraux concluent des pactes qu’ils espèrent sinon renforcés du moins durables en mêlant l’affect et la raison. A la recherche d’une double stabilité qui n’est qu’illusion.
Car les rues de Rome s’éclairent à la démarche des matrones, de cette placide transgression dont le seul but, plus ou moins conscient, plus ou moins avoué, est de s’approprier un peu de liberté. Les coiffes, les vêtements, les bijoux venus de l’Orient se laissent happer par le regard urbain …
Les voix masculines diffusent leur sobre logos à l’encontre de ces dames, de sobres compliments à l’égard de ces nouvelles dames qui maintenant se rendent au cirque. Ou l’ambiance en devient surchauffée …
Le désir d’appartenir irrigue toujours le cortex de la femme occidentale, dans une aire où la séduction s’est développée, où la séduction est partout. Tandis que le droit la protège, elle étend son influence ou sa présence. Au sein des bureaux, des édifices patrimoniaux, à l’intérieur des espaces bancaires, dans les établissements scolaires … sa seule présence déclenche la mobilité du regard masculin et inspire peut-être quelque spéculation, voire intention.
Depuis les vœux, depuis les conférences de Choderlos de Laclos, elle a acquis de l’instruction, oui, elle a appris beaucoup de choses. Et son enveloppe charnelle, et ses gestes demeurent soumis à l’attention plus ou moins appuyée du masculin qui peut-être accentuera la distinction dans la décision.
Oui, proposer pour prendre. Proposer pour rejoindre.
Ses cheveux ondulés, tressés – gréco-romains en somme - , investissent l’espace, à l’image des lauriers.
Péplum, fard, robe, corset, pantalon, jupe ... minijupe …
Cuissardes, bottes, chaussures à talon …
Longue chevelure ou chignon ...
Pyramides, colonnes, marbres … béton, verre, carbone …
Encadrements vierges, balcons …
Statique ou disjonction …
Sa silhouette prompte et docile traverse les cadres urbains.
L’attente et la délicate proposition, l’attente et la suggestion continuent de la définir. Invariablement.